À Paris, la pâtisserie Masmoudi à l’heure du ramadan

Il est midi passé et la pluie n’en finit pas de tomber à fines gouttes sur Paris. Cela n’empêche pas les clientes de franchir la porte de la pâtisserie Masmoudi sur le boulevard Saint-Germain. Photo Anne Ilcinkas
Il est midi passé et la pluie n’en finit pas de tomber à fines gouttes sur Paris. Cela n’empêche pas les clientes de franchir la porte de la pâtisserie Masmoudi sur le boulevard Saint-Germain. Photo Anne Ilcinkas
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Publié le Mercredi 27 avril 2022

À Paris, la pâtisserie Masmoudi à l’heure du ramadan

  • «Cette année, il y a eu une grande affluence dès la semaine précédant le ramadan»
  • «Nous avons une importante clientèle tunisienne et algérienne, et contrairement à leurs parents, les nouvelles générations préfèrent la qualité à la quantité»

PARIS: Il est midi passé et la pluie n’en finit pas de tomber à fines gouttes sur Paris. Cela n’empêche pas les clientes de franchir la porte de la pâtisserie Masmoudi sur le boulevard Saint-Germain. «Cette année, il y a eu une grande affluence dès la semaine précédant le ramadan», explique Safia Hamiche, la gérante de la pâtisserie tunisienne, se rappelant les longues queues qui s’étiraient à l’extérieur de la boutique à la fin du mois sacré les années précédentes. «Les gens ont peut-être moins peur de venir en boutique cette année à cause de la pandémie de Covid. Pendant la période du ramadan, nous réalisons entre 30 à 40 % de notre chiffre d’affaires annuel», estime la gérante, qui travaille pour la pâtisserie fine tunisienne depuis 2013.

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Bounafej, oudhin el-kadhi et kaak youyou sont les incontournables du ramadan, en vente pour l’occasion dans la boutique bleu-violet, aux couleurs de Sidi Bou Saïd. photo Anne Ilcinkas

Bounafej, oudhin el-kadhi et kaak youyou sont les incontournables du ramadan, en vente pour l’occasion dans la boutique bleu-violet, aux couleurs de Sidi Bou Saïd. Le zlabia, un gâteau au miel, est lui aussi typique du ramadan, mais la maison Masmoudi n’en propose pas, car il faut le cuisiner et le vendre sur place, or toutes les douceurs de la maison Masmoudi sont fabriquées à Sfax, en Tunisie, là où tout a commencé.

«Moufida Masmoudi faisait des pâtisseries chez elle, à Sfax, pour ses invités et sa famille», indique la gérante, lunettes dorées et tablier noir signé Masmoudi. «Les mlabes (amande meringuée) et le gâteau typiquement sfaxien, le kaak warka, douceurs de tous les événements festifs en Tunisie, étaient tellement bons, fins et raffinés que la pâtissière en herbe commença à avoir de plus en plus de commandes. L’histoire raconte d’ailleurs qu’elle en aurait offert au Bey de Sfax.»
En 1972, ses enfants, trois garçons et une fille, ouvrent avec elle leur première boutique. Désormais, la pâtisserie Masmoudi est leader en Tunisie sur le marché de la pâtisserie fine et tout est toujours produit à Sfax. «On a l’impression que c’est notre maman qui fait le gâteau, mais elles sont mille», précise Safia Hamiche qui revient d’une visite dans les usines. «Elles préparent des produits artisanaux à l’échelle industrielle. Tout est fait main. C’est impressionnant!»

La pâtisserie tunisienne est à l’image du pays, carrefour entre Maghreb et Machrek (Orient arabe), entre la cacahuète et l’amande des pâtisseries du Maroc et de l’Algérie à l’ouest, et la pistache et le pignon des pâtisseries du Levant. La maison Masmoudi est fidèle aux recettes traditionnelles, mais elle revisite et réinvente aussi ces classiques. Pendant le ramadan, les gâteaux les plus sucrés ont le plus de succès, comme le hersa, le makrout, les baklavas.

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La maison Masmoudi est fidèle aux recettes traditionnelles, mais elle revisite et réinvente aussi ces classiques. Photo Anne Ilcinkas

Pour la gérante, d’origine algérienne, le ramadan est le mois saint, celui de la piété, du partage, de la famille, celui au cours duquel elle se recentre sur l’essentiel. «Pour nous, c’est compliqué aussi, car c’est un mois durant lequel on est affaibli, on manque de concentration alors que c’est la période où l’on doit fournir le plus d’efforts. Il faut s’accrocher, mais la majorité des clients sont compréhensifs.»

«Nous avons une importante clientèle tunisienne et algérienne, et contrairement à leurs parents, les nouvelles générations préfèrent la qualité à la quantité», précise Safia Hamiche, devant les pâtisseries dorées parfaitement alignées de la boutique parisienne. «Mais nous avons également de nombreux clients fidèles, sans attaches avec le Maghreb, qui viennent une fois par semaine acheter leurs douceurs favorites. Et comme nous possédons aussi une boutique dans le duty free de l’aéroport de Tunisie, les gens nous découvrent pendant les vacances et savent qu’on a un point de vente à Paris, donc ils reviennent ici.»

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La pâtisserie Masmoudi, boulevard Saint Germain. Photo Anne Ilcinkas

Si la boutique parisienne connaît une augmentation de ses ventes au moment du ramadan et les fêtes de fin d’année, elle commence à bien vendre à Pâques également: «Nos clients “français” ou “occidentaux” se disent: “Tout le monde commande du chocolat, pour changer nous allons offrir de la pâtisserie orientale”», révèle ainsi Sofia Hamiche. «D’année en année, le chiffre d’affaires augmente à la saison de Pâques.»

Dans la boutique, une cliente hésite entre les différents coffrets. Elle en achète pour toute sa famille, pour le pédiatre de sa sœur… «Pour l’Aïd, évitez le dernier moment», lui conseille la vendeuse, Sonia Mhiri, originaire de Sfax.

Après une longue concertation avec sa sœur, la cliente ressort de la boutique avec cinq petits coffrets et trois grands coffrets remplis de douceurs orientales, de quoi ravir les papilles de tous. Dehors, il pleut toujours.

 


Diriyah: écrin d’histoire, une exposition qui transporte les parisiens au cœur de l’Arabie Saoudite

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale. (Photo Arlette Khouri)
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  • D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle
  • Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale

PARIS: À peine franchi le seuil du Grand Palais Immersif à Paris, le visiteur de l’exposition « Diriyah : un écrin d’histoire » quitte le tumulte parisien pour se retrouver transporté au cœur de l’Arabie saoudite.
Le parcours débute par un long couloir aux murs sobres, délicatement éclairés, recouverts de tapis tissés artisanalement et ponctués de chants d’oiseaux.
À son terme, une porte massive en bois brut, sculptée selon la tradition ancestrale de Diriyah : l’immersion commence, dans une atmosphère d’apaisement et de sérénité.

D’emblée, l’exposition plonge le public dans une expérience multisensorielle. Les projections géantes des portes sculptées des maisons de la cité, décorées de pigments minéraux aux motifs simples et joyeux, rappellent le raffinement discret de l’architecture locale.
Plus loin, un salon inspiré des habitations traditionnelles accueille les visiteurs. Assis au son apaisant du oud, ils dégustent café et figues, un goûter authentique qui évoque l’hospitalité saoudienne.

L’exposition déroule ensuite une série d’images monumentales retraçant la vie quotidienne d’autrefois : cavalerie, danses, vannerie et artisanats. Mais le point d’orgue du parcours est une immersion totale d’environ quatre minutes dans les rues de Diriyah.
Le spectateur se retrouve au milieu des habitants, partagé entre marchés animés, activités agricoles et scènes de fête : une expérience surprenante, qui donne l’impression de voyager sans quitter Paris.

Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.

Cette exposition n’est pas seulement une prouesse visuelle : elle incarne l’esprit d’une cité majeure de l’histoire saoudienne. Diriyah, berceau de l’État saoudien, est en effet le lieu où la dynastie Al Saoud a vu le jour au XVIIIᵉ siècle, au sein du site d’At-Turaif.
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, At-Turaif est un ensemble exceptionnel de palais et de demeures en briques de terre crue, restaurés avec soin et visités aujourd’hui par des millions de personnes. Il permet de revivre les origines politiques et culturelles du Royaume.

Mais Diriyah ne se limite pas à son passé. Située aux portes de Riyad, elle est aujourd’hui au cœur de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, un vaste plan de développement qui fait du patrimoine et de la culture des leviers de rayonnement international.
Diriyah s’étend sur 11,7 km² et se compose de quartiers mêlant espaces résidentiels, commerciaux et culturels. Le projet de développement prévoit plus de 30 hôtels, des parcs, des zones de loisirs, ainsi que la création de 178 000 emplois.

Depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.

Parmi ses joyaux contemporains, les terrasses de Bujairi séduisent par leurs restaurants raffinés et leurs boutiques, tandis que le wadi Hanifa, une vallée verdoyante transformée en oasis moderne, invite à la promenade entre arbres nouvellement plantés, pistes cyclables et sentiers équestres.
Ce mélange de patrimoine et de modernité fait de Diriyah une destination unique, alliant mémoire historique, innovation et respect de l’environnement.

« Nous voulons que les visiteurs s’imprègnent pleinement de la vie de Diriyah, qu’ils ressentent son passé, son présent et son avenir », explique Saeed Abdulrahman Metwali, directeur général de la stratégie d’orientation touristique et du design.
Selon lui, l’expérience immersive proposée à Paris est une manière de donner un avant-goût de la richesse culturelle et humaine que Diriyah réserve à ses visiteurs : « À travers ces images, on découvre les habitants, les marchés, les maisons et l’âme de la cité. L’idée est d’offrir une perception vivante et authentique, qui incite à venir découvrir Diriyah sur place. »

Les chiffres confirment d’ailleurs cet engouement : depuis son ouverture au public en 2022, Diriyah a déjà attiré plus de trois millions de visiteurs.
L’objectif est ambitieux : en accueillir 50 millions d’ici 2030, grâce à une offre hôtelière et culturelle sans cesse enrichie.

L’exposition parisienne, de courte durée (du 12 au 14 septembre), illustre la volonté de Diriyah de s’ouvrir à l’international et témoigne de sa stratégie visant à se positionner comme un lieu mondial du tourisme culturel, où se conjuguent tradition et modernité.


Un documentaire met en lumière le patrimoine environnemental des monts Al-Arma

La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
La chaîne de montagnes Al-Arma est située dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad. (SPA)
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  • Le film présente de superbes images panoramiques des montagnes d'Al-Arma
  • Le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid

RIYAD: L'Autorité de développement de la réserve royale Imam Abdulaziz bin Mohammed a annoncé la production d'un nouveau film documentaire sur les monts Al-Arma, un point de repère environnemental situé dans la réserve royale du roi Khalid, au nord-est de Riyad.

Sami Al-Harbi, directeur de la communication de l'autorité, a déclaré que le film présente des images panoramiques époustouflantes des monts Al-Arma, ainsi que des points de vue d'experts et de chercheurs qui discutent de leur importance environnementale et historique particulière.

Il a ajouté que le film sera diffusé sur la chaîne Thaqafiya et disponible sur la plateforme Shahid.

M. Al-Harbi a déclaré que cette production médiatique s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés par l'autorité pour sensibiliser à l'environnement et promouvoir l'écotourisme durable, conformément aux objectifs de la Saudi Vision 2030.


Rare découverte d'un tableau de Rubens que l'on croyait disparu

Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte. (AP)
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  • "C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat
  • "C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

PARIS: Un tableau du célèbre peintre Pierre Paul Rubens (1577-1640), que l'on pensait disparu depuis 1613, a été retrouvé à Paris dans un hôtel particulier, a indiqué mercredi le commissaire-priseur à l'origine de cette découverte.

"C'est un chef d'oeuvre, un Christ en croix, peint en 1613, qui avait disparu, et que j'ai retrouvé en septembre 2024 lors de l'inventaire et de la vente d'un hôtel particulier du 6e arrondissement à Paris", a précisé à l'AFP Jean-Pierre Osenat, président de la maison de vente éponyme, qui mettra le tableau aux enchères le 30 novembre.

"C'est rarissime et une découverte inouïe qui marquera ma carrière de commissaire-priseur", a-t-il ajouté.

"Il a été peint par Rubens au summum de son talent et été authentifié par le professeur Nils Büttner", spécialiste de l'art allemand, flamand et hollandais du XVe au XVIe siècle et président du Rubenianum, un organisme situé à Anvers près de l'ancienne maison-atelier de Rubens et chargé de l'étude de son oeuvre, selon M. Osenat.

"J'étais dans le jardin de Rubens et je faisais les cent pas pendant que le comité d'experts délibérait sur l'authenticité du tableau quand il m'a appelé pour me dire +Jean-Pierre on a un nouveau Rubens !+", a-t-il raconté avec émotion.

"C'est tout le début de la peinture baroque, le Christ crucifié est représenté, isolé, lumineux et se détachant vivement sur un ciel sombre et menaçant. Derrière la toile de fond rocheuse et verdoyante du Golgotha, apparait une vue montrant Jérusalem illuminée, mais apparemment sous un orage", a-t-il détaillé.

Ce tableau "est une vraie profession de foi et un sujet de prédilection pour Rubens, protestant converti au catholicisme", a poursuivi M. Osenat, précisant que l'oeuvre est dans un "très bon état" de conservation.

Sa trace a été remontée à partir d'une gravure et il a été authentifié à l'issue d'une "longue enquête et d'examens techniques comme des radiographies et l'analyse des pigments", a encore précisé le commissaire-priseur.

Si le peintre a réalisé nombre de tableaux pour l'Eglise, ce chef d'oeuvre, d'une dimension de 105,5 sur 72,5 centimètres, était probablement destiné à un collectionneur privé. Il a appartenu au peintre académique du XIXe siècle William Bouguereau puis aux propriétaires de l'hôtel particulier parisien où il été retrouvé.