Le renouvellement du mandat d’aide transfrontière en Syrie est un «impératif moral», selon Guterres

M. Guterres a déclaré que les infrastructures s'effondrent après des années de guerre (Photo, AFP).
M. Guterres a déclaré que les infrastructures s'effondrent après des années de guerre (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 21 juin 2022

Le renouvellement du mandat d’aide transfrontière en Syrie est un «impératif moral», selon Guterres

  • La représentante des États-Unis a demandé aux membres de ne pas politiser une question humanitaire
  • Son homologue russe a accusé Washington de traiter les civils syriens de manière inhumaine

NEW YORK: Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi les membres du Conseil de sécurité à faire preuve d'unité et à prolonger d'un an l'acheminement d'aide humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie.
Il a décrit la nécessité du renouvellement de l'autorisation comme un «impératif moral» pour aider les 4,1 millions de Syriens de la région qui ont besoin d'assistance et de protection pour survivre, dont 80 % sont des femmes et des enfants.
«Les besoins sont à leur plus haut niveau depuis le début de la guerre il y a 11 ans», a déclaré António Guterres aux membres du conseil.
«La plus grande crise de réfugiés au monde continue d'avoir un impact sur la région et au delà».
Selon le plus récent rapport de l'ONU sur la question, 14,6 millions de personnes en Syrie dépendent de l'aide humanitaire, parmi lesquelles 12 millions souffrant d'insécurité alimentaire. 90 % de la population du pays vit désormais sous le seuil de pauvreté.
M. Guterres a décrit des infrastructures défaillantes après des années de guerre et une activité économique en berne en raison de la poursuite du conflit, des crises financières régionales, des sanctions occidentales et des effets de la pandémie de COVID-19.
«Les gens vivent au bord du gouffre, ils ne sont plus capables de faire face», a-t-il ajouté.
L'ONU a besoin d'un financement de 4,4 milliards de dollars pour fournir une assistance aux personnes à l'intérieur de la Syrie et de 5,6 milliards de dollars supplémentaires pour soutenir les réfugiés syriens vivant dans la région.
«Les généreuses promesses faites lors de la conférence des donateurs de Bruxelles VI doivent être honorées», a déclaré António Guterres. «J'appelle les donateurs à donner suite et à accroître leur soutien.»
La réunion du Conseil de sécurité de lundi était la dernière concernant la situation en Syrie avant un vote sur la prolongation du mécanisme d'aide transfrontière, qui doit expirer le 10 juillet.
Les divergences de vues des membres du Conseil au sujet de l'aide transfrontière restent une caractéristique constante de ses discussions sur la Syrie. Plusieurs membres, en particulier les États-Unis et les Européens, affirment que l'aide transfrontière est d'une importance vitale pour des millions de personnes vivant dans le nord-ouest du pays.
Cependant, la Russie et la Chine affirment que ce mécanisme viole la souveraineté de la Syrie et que les groupes terroristes manipulent le système et confisquent les livraisons d'aide. Ils préconisent en revanche que toute l'aide soit acheminée par le biais du régime de Damas, un processus connu sous le nom d'assistance transversale, plutôt que l'aide transfrontière qui va directement aux zones qui en ont besoin.
Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, a demandé à ses collègues du Conseil de «faire abstraction de la politique» et de se réunir pour répondre à «un besoin humanitaire évident».
Elle est récemment rentrée de sa deuxième visite au point de passage de Bab al-Haoua, le seul point d'entrée transfrontalier pour l'aide internationale dans le nord-ouest de la Syrie. Elle a dressé un tableau sombre de la situation sur place, notamment des enfants au bord de la famine, et a prévenu que «des bébés mourront» si le poste de contrôle est fermé.
«Certains votes sont difficiles et complexes, mais ce vote ne pourrait être plus simple», a déclaré Mme Thomas-Greenfield aux 15 membres du Conseil.
«C'est notre chance d'être à la hauteur des idéaux de la charte des Nations unies et de fournir une aide à la vie et à la mort au peuple syrien.»
Elle a conclu ses propos en remerciant les autorités turques d'accueillir «tant de réfugiés syriens».
Dmitry Polyanskiy, représentant permanent adjoint de la Russie auprès des Nations unies, a regretté que le rapport du secrétaire général n'attribue pas la responsabilité de la crise alimentaire et énergétique en Syrie à «l'occupation américaine en cours» dans le nord-ouest du pays.
Il a déclaré que les organisations humanitaires déplorent les sanctions occidentales, et a accusé les États-Unis du «traitement inhumain des civils en Syrie».
M. Polyanskiy a répété l'allégation selon laquelle l'aide transfrontière enrichit les groupes terroristes, notamment Hay'at Tahrir al-Cham. Il s'est également dit étonné par le «manque de réaction» de certains membres du Conseil face à la frappe aérienne israélienne sur l'aéroport international de Damas le 10 juin, à la suite de laquelle les pistes d'atterrissage sont toujours hors service, et à ses répercussions sur les opérations humanitaires dans le pays. Il a qualifié leur silence de «deux poids, deux mesures».
Pendant ce temps, la Norvège et l'Irlande, les principaux défenseurs au sein du Conseil de sécurité de l'effort humanitaire en Syrie, ont entamé des négociations pour une nouvelle résolution qui renouvellerait le mandat du passage de Bab al-Haoua pour une année supplémentaire, a déclaré une source de la mission irlandaise à Arab News.
La diplomatie internationale, en particulier entre les États-Unis et la Russie, s'étant pratiquement arrêtée depuis le début de la guerre en Ukraine, beaucoup craignent que Moscou n'utilise son droit de veto pour bloquer le renouvellement et fermer le dernier point de passage.
Toutefois, des sources à Washington ont déclaré à Arab News que l'administration est convaincue que la Russie n'utilisera pas son droit de veto de cette manière.


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le président syrien à la Maison Blanche le 10 novembre

Le président syrien Ahmad al-Chareh rencontrera le président Trump à la Maison Blanche lundi. (Reuters/Archives)
Le président syrien Ahmad al-Chareh rencontrera le président Trump à la Maison Blanche lundi. (Reuters/Archives)
Short Url
  • Le président syrien Ahmad al-Chareh sera reçu lundi à la Maison-Blanche par Donald Trump, une première historique qui s’inscrit dans les efforts américains pour la paix mondiale
  • Les discussions porteront sur la levée des sanctions, la lutte contre l’État islamique et la reconstruction de la Syrie, après plus de 14 ans de guerre

WASHINGTON: La porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt a indiqué mardi que le président syrien Ahmad al-Chareh serait reçu lundi à la Maison Blanche par Donald Trump.

Il sera le premier chef d'Etat syrien à faire cette visite, qui "fait partie des efforts" du président américain "pour la paix dans le monde", a déclaré la porte-parole pendant une conférence de presse.

Elle a rappelé que Donald Trump, pendant un voyage dans le Golfe en mai, avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie, un sujet qui figurera très haut sur l'ordre du jour de la réunion lundi.

Karoline Leavitt a par ailleurs jugé que la Syrie avait fait "des progrès" sur la voie de la paix avec ce nouveau dirigeant.

Ce sera la deuxième visite aux Etats-Unis d'Ahmad al-Chareh après son passage en septembre à l'ONU à New York, où cet ancien jihadiste est devenu le premier président syrien depuis 1967 à s'adresser à l'Assemblée générale.

Selon le ministre syrien des Affaires étrangères Assaad al-Chaibani, la discussion avec Donald Trump portera aussi sur la lutte contre le groupe Etat islamique et sur la reconstruction en Syrie, après plus de 14 ans de guerre.

Le président américain avait dressé en mai un portrait élogieux d'Ahmad al-Chareh, parlant d'un "gars costaud" et assurant que leur première rencontre, qui a eu lieu en Arabie saoudite, s'était "très bien passée".

Il l'avait pressé à l'époque de rejoindre les accords d'Abraham, une initiative diplomatique dont Donald Trump est particulièrement fier, et qui avait vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël en 2020.


Soudan: le ministre de la Défense affirme que la guerre va continuer

Des Soudanais déplacés blessés qui ont fui les violences à El-Fasher sont soignés dans une clinique de fortune gérée par Médecins Sans Frontières (MSF), alors que les affrontements entre la RSF et l'armée soudanaise se poursuivent à Tawila, dans le nord du Darfour. (Reurters)
Des Soudanais déplacés blessés qui ont fui les violences à El-Fasher sont soignés dans une clinique de fortune gérée par Médecins Sans Frontières (MSF), alors que les affrontements entre la RSF et l'armée soudanaise se poursuivent à Tawila, dans le nord du Darfour. (Reurters)
Short Url
  • Le ministre soudanais de la Défense, Hassan Kabroun, a annoncé la poursuite de la guerre contre les paramilitaires des FSR, malgré une proposition américaine de cessez-le-feu
  • Depuis la chute d’El-Facher, des exactions massives sont rapportées, tandis que l’aide humanitaire reste bloquée

PORT-SOUDAN: Le ministre soudanais de la Défense a affirmé mardi que la guerre contre les paramilitaires allait continuer, après une réunion gouvernementale qui a discuté d'une proposition américaine de cessez-le-feu.

"Les préparatifs pour la bataille du peuple soudanais sont en cours", a déclaré le ministre, Hassan Kabroun, dans un discours télévisé.

"Nous remercions l'administration Trump pour ses efforts et ses propositions afin de parvenir à la paix", a-t-il dit, tous en affirmant que la guerre était "un droit national légitime".

Aucun détail sur la proposition américaine n'a été rendu public.

Le gouvernement américain "est tout à fait impliqué" pour tenter de trouver une issue "pacifique" au conflit qui ravage le Soudan, a assuré mardi la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, tout en reconnaissant que "la situation sur le terrain est très compliquée".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée du général Abdel Fattah Al-Burhane à son ancien allié Mohamed Hamdane Daglo, chef des Forces de soutien rapide (FSR) qui ont pris le 26 octobre El-Facher, dernière ville de la vaste région du Darfour, dans l'ouest, qui échappait à leur contrôle.

Les combats se concentrent désormais sur la région voisine du Kordofan, dans le centre du Soudan, où l'ONU a fait état d'exactions et de déplacements massifs de population ces derniers jours.

- "Incontrôlable" -

Mardi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a exhorté les belligérants à "venir à la table des négociations" et "mettre fin à ce cauchemar de violence, dès maintenant".

"La crise terrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il prévenu, alors que le Conseil de défense et de sécurité présidé par le général Burhane s'est réuni dans la journée pour étudier une proposition américaine de trêve.

L'émissaire américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a mené ces derniers jours des entretiens au Caire dans le but de finaliser une proposition de trêve humanitaire formulée mi-septembre sous son égide par un groupe de médiateurs incluant l'Egypte, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.

Le groupe de médiation, dit du Quad, travaille sur un plan global de paix pour le Soudan, mais ses dernières propositions, présentées mi-septembre à Washington, sont restées lettre morte. Jusqu'à présent, le général Burhane a accueilli négativement ce plan prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.

- "Ne tuez pas les enfants" -

Depuis la chute d'El-Facher, après 18 mois de siège par les paramilitaires, les informations et les témoignages se multiplient sur les exécutions, les pillages, les viols, les attaques contre des humanitaires, documentés par des images satellite et par des vidéos publiées par les combattants eux-mêmes.

Le général Burhane a affirmé sa volonté de "se venger" de la prise de cette grande ville, tandis que le chef des FSR s'est dit déterminé à poursuivre les conquêtes sur le terrain.

Mardi, la représentante de l'ONU en charge des questions humanitaires, Denise Brown, a déploré que la ville d'El-Facher reste "barricadée" et fermée à l'aide humanitaire.

"La livraison d'aide de survie cruciale reste bloquée par les FSR contrairement à leurs obligations à l'égard des lois internationales", a-t-elle déclaré.

Près de 71.000 civils ont fui la ville depuis sa prise par les FSR, certains ayant trouvé refuge à Tawila, à environ 70 km à l'ouest.

"Ne tuez pas les enfants, ne tuez pas les femmes", pouvait-on lire en arabe sur une pancarte écrite à la main lors d'une manifestation lundi d'enfants à Khartoum, la capitale du pays sous contrôle de l'armée.

Le conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts et près de 12 millions de déplacés, selon l'ONU, se joue sur fond de rivalités régionales.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, d'après des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient leur implication.


Le chef de l'ONU appelle à mettre fin au «cauchemar de la violence» au Soudan

Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Antonio Guterres appelle à des négociations immédiates pour mettre fin au conflit au Soudan, avertissant que la crise humanitaire et sécuritaire devient « incontrôlable » après deux ans de guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR)
  • La situation à El-Facher, au Darfour, illustre la gravité du drame, avec des civils pris au piège, des milliers de morts, des violations massives des droits humains et près de 12 millions de déplacés selon l’ONU

DOHA: Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à des "négociations" pour un arrêt immédiat du conflit au Soudan, mettant en garde contre une crise "en train de devenir incontrôlable".

Le secrétaire général des Nations unies a exhorté les parties au conflit à "venir à la table des négociations, (et) mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant".

"La crise horrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en marge du deuxième sommet mondial pour le développement social à Doha.

Le conflit entre l'armée et les paramilitaires dure depuis deux ans et a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Le 26 octobre, après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris la ville d'El-Facher, dernier verrou stratégique de l'armée au Darfour (ouest du Soudan).

Depuis, les informations et témoignages se multiplient sur les cas d'exécutions, viols, attaques contre des humanitaires et pillages qui y sont commis, documentés par des images satellites et par des vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-même.

"El-Facher et les zones environnantes du Nord-Darfour ont été un épicentre de souffrance, de faim, de violence et de déplacements" a souligné M.Guterres, ajoutant que depuis l'entrée des FSR dans la ville, "la situation s'aggrave de jour en jour".

"Des centaines de milliers de civils sont pris au piège par ce siège. Les gens meurent de malnutrition, de maladie et de violence. Et nous continuons à entendre des rapports sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a affirmé M.Guterres.