L’anniversaire du génocide yézidi, un triste rappel des crimes de Daech

Funérailles de victimes yézidies tuées par Daech, dans le nord de l’Irak (Photo, AFP).
Funérailles de victimes yézidies tuées par Daech, dans le nord de l’Irak (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 03 août 2022

L’anniversaire du génocide yézidi, un triste rappel des crimes de Daech

  • Le 3 août 2014, le groupe terroriste a envahi le foyer des Yézidis en Irak, déclenchant des violences et des meurtres de masse
  • Aujourd’hui, la plupart des survivants du génocide sont des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, vivant une vie misérable dans des camps rudimentaires

DUBAÏ: Le 3 août, les Yézidis du monde entier se rassemblent pour pleurer leurs frères, sœurs, parents et proches qui ont été massacrés par Daech il y a huit ans.

Ce jour-là, en 2014, des hordes de terroristes de Daech ont envahi Sinjar, le foyer historique des Yézidis, en Irak. Le groupe a assassiné 1268 personnes le premier jour, et au cours des semaines suivantes, 6417 Yézidis ont été enlevés, dont 3548 femmes et filles mineures qui ont été contraintes à l’esclavage sexuel et aux travaux forcés.

La communauté entière a fui, cherchant refuge dans les montagnes de Sinjar. Plus de 65% des Yézidis ont été déplacés.

Le 3 août de chaque année, les survivants du génocide se remémorent les milliers de Yézidis tués (Photo, AFP).

«Je suis en mesure d’annoncer que, sur la base d’enquêtes indépendantes et impartiales, conformes aux normes internationales et aux meilleures pratiques de l’ONU, il existe des preuves claires et convaincantes que les crimes contre le peuple yézidi constituent clairement un génocide», avait déclaré Karim Khan, le chef de l’équipe d'enquêteurs des Nations unies chargée d’amener Daech à répondre de ses crimes (Unitad), au Conseil de sécurité en 2017.

Quelques mois après le début du génocide de 2014, des Yézidis basés à Sinjar et aux États-Unis ont créé l’organisation Yazda. Il s’agit d’une unité d’intervention d’urgence visant à sauver leur communauté de l’extinction. Il est devenu évident, après la libération et l’évasion de certaines femmes, que Daech ciblait délibérément les Yézidies et les soumettait à l’esclavage sexuel en raison de leur identité religieuse. Dabiq, le magazine en ligne utilisé par Daech à des fins de radicalisation islamique et de recrutement, a publié des fatwas appelant les combattants à asservir les Yézidis, considérés comme des «adorateurs du diable».

Des femmes irakiennes lors de l’exhumation d’une fosse commune de Yézidis tués par Daech, en mars 2019 dans le nord de l’Irak (Photo, AFP).

Yazda a rassemblé les témoignages de survivantes qui racontent que des combattants leur ont dit que leur communauté «ne les accueillerait jamais à nouveau après ce qui leur a été fait». À ce jour, 3 545 Yézidies sont revenues vivre au sein de leurs familles, dont 1205 ont risqué leur vie pour échapper à la captivité. Les survivantes ont été dévastées physiquement, sexuellement, mentalement et spirituellement. Yazda leur a donc offert un accès complet aux services psychosociaux et de protection, tout en recueillant leurs témoignages.

Certaines ont évoqué des avortements forcés, ont raconté comment elles se sont automutilées pour faire une fausse couche après avoir appris que les militants tenaient à garder les enfants. D’autres ont même décidé de mener leur grossesse à terme et ont fait de leur mieux pour élever leurs enfants grâce à des programmes de rééducation.

Aujourd’hui, la plupart des survivants sont des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, vivant une vie misérable dans des camps. Ils se plaignent de l’état lamentable des installations et de l’absence d’accès aux services essentiels tels que la nourriture, l’eau, l’électricité et les logements sûrs.

Il n’existe pas d’espaces de loisirs pour encourager les activités de renforcement de la communauté, et les femmes et les enfants ne peuvent pas non plus terminer leur éducation.

Contre toute attente, les femmes yézidies continuent de se défendre.

Des femmes yézidies manifestent devant l’antenne de l’ONU à Erbil suite à l’enlèvement de membres de leur communauté par Daech à Sinjar (Photo, AFP).

Yazidi Survivors Network (YSN), une plate-forme créée au sein de Yazda, donne aux femmes de la communauté la possibilité de défendre leur cause, car elles estiment qu’il est vital que leurs voix soient entendues lors de la prise de décisions. «Je veux être capable de parler pour moi-même et ne pas laisser les autres parler pour moi», indique une survivante et membre du YSN.

«Nous voulons participer à toutes les décisions qui nous concernent en tant que survivantes. Nous voulons être notre propre voix dans tous les projets qui nous concernent, car nous sommes les seules à savoir ce que nous avons traversé et ce dont nous avons besoin pour obtenir la paix et la sécurité que nous souhaitons, et pour nous remettre de nos souffrances», souligne une autre.

Cependant, les survivantes peuvent obtenir justice de différentes manières. Les Yézidis plaident pour que les combattants de Daech soient traduits en justice et poursuivis pour crimes contre l’humanité, notamment pour génocide. Bien que de nombreuses requêtes judiciaires aient été déposées et soient financées, les Yézidis ne disposent pas de l’assistance juridique suffisante pour s’engager dans toutes les affaires qui se sont accumulées.

Outre les poursuites judiciaires, le retour en toute sécurité à Sinjar est une autre forme de justice que les Yézidis espèrent depuis leur exil, afin de pouvoir retrouver les membres de leur famille disparus et enterrer dignement ceux qu’ils ont perdus.

Les cercueils couverts du drapeau irakien de Yézidis tués par Daech (Photo, AFP).

La reconnaissance mondiale de leur génocide est également une forme de justice. À ce jour, la communauté internationale n’a pas donné suite à l’aide apportée à la communauté yézidie. Plus surprenant encore, aucun pays du Moyen-Orient, hormis l’Irak, n’a officiellement reconnu le génocide.

Même en Irak, où le génocide est légalement reconnu en vertu de l’article 7 de la loi, la reconnaissance n’a pas été pleinement réalisée. Lors d’un événement commémoratif, Nasrin Hassan Rasho, membre du YSN, s’est dite insatisfaite. «J’exige que l’État irakien adopte un projet national de justice transitionnelle qui inclut explicitement et clairement une reconnaissance légale du génocide des Yézidis et de celui des autres minorités», a-t-elle souligné.

De nombreuses femmes survivantes ont fait part de leur crainte d’être traitées comme des citoyennes de seconde classe. Malgré leur passé commun de violence sous la brutalité de Daech, il n’y a eu aucun effort de réconciliation ou de travail sur les discriminations dont sont victimes les Yézidis. Sur le plan personnel, pour les survivantes, le manque d’inclusion affecte leur productivité, leur indépendance et leur estime de soi, entravant leur réhabilitation et leur traitement psychologique.

De nombreuses femmes survivantes ont fait part de leur crainte d’être traitées comme des citoyennes de seconde classe (Photo, AFP).

«Cette marginalisation, cette insouciance et cette négligence de la cause de Sinjar de la part du gouvernement nous font sentir et nous donnent l’impression que, malheureusement, nous sommes des citoyens de seconde classe», affirme Suzan Safar, survivante du génocide des Yézidis et fondatrice de l’organisation Dak qui œuvre pour le développement des femmes yézidies. «C’est ce que nous ressentons face aux actions que nous constatons de la part du gouvernement irakien.»

Dans sa présentation de 2017 au Conseil de sécurité, le chef de l’Unitad, Karim Khan, a reconnu qu’un génocide avait eu lieu, ce qui constitue en soi un grand pas en avant dans la quête de justice. Les membres du YSN ont précisé que «la qualification des crimes de génocide est d’une grande importance car c’est le seul moyen d’empêcher que d’autres génocides contre les Yézidis et d’autres minorités ne se reproduisent à l’avenir».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Reconnaissance de la Palestine: Israël accuse Macron de déstabiliser le Proche-Orient

Un colon israélien pénètre dans une maison située à l'entrée du marché palestinien dans la vieille ville d'Hébron, qui aurait été confisquée la nuit précédente par des colons, le 3 septembre 2025, dans la ville divisée d'Hébron, en Cisjordanie occupée. (AFP)
Un colon israélien pénètre dans une maison située à l'entrée du marché palestinien dans la vieille ville d'Hébron, qui aurait été confisquée la nuit précédente par des colons, le 3 septembre 2025, dans la ville divisée d'Hébron, en Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Macron tente d'intervenir de l'extérieur dans un conflit auquel il n'est pas partie, d'une manière complètement déconnectée de la réalité sur le terrain après le 7 octobre" 2023
  • "Macron sape la stabilité de la région avec ses actions", ajoute M. Saar, pour qui "ses actions sont dangereuses [et] n'apporteront ni la paix ni la sécurité"

JERUSALEM: Emmanuel Macron "sape la stabilité" du Proche-Orient et ses actions sont "dangereuses", a accusé Israël après une mise en garde du président français contre toute tentative israélienne d'annexer des territoires en riposte à la reconnaissance de la Palestine envisagée par Paris.

"Macron tente d'intervenir de l'extérieur dans un conflit auquel il n'est pas partie, d'une manière complètement déconnectée de la réalité sur le terrain après le 7 octobre" 2023, date de l'attaque du Hamas sur Israël ayant déclenché la guerre en cours à Gaza, a écrit le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar dans un message sur X publié mardi soir.

"Macron sape la stabilité de la région avec ses actions", ajoute M. Saar, pour qui "ses actions sont dangereuses [et] n'apporteront ni la paix ni la sécurité".

"Aucune offensive, tentative d’annexion et de déplacement des populations n'enrayera la dynamique que nous avons créée avec le Prince héritier [saoudien et dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane] et à laquelle de nombreux partenaires se sont déjà joints", avait déclaré un peu plus tôt le président français sur X.

Dans ce message, M. Macron rappelle qu'il coprésidera le 22 septembre avec le prince saoudien une conférence au siège de l'ONU à New York sur la "solution à deux Etats" au cours de laquelle Paris doit formaliser, de concert avec plusieurs autres pays comme l'Australie, la Belgique ou le Canada, sa reconnaissance de l'Etat de Palestine.

Selon plusieurs médias israéliens, le gouvernement israélien a débattu récemment de l'opportunité d'annexer des territoires en Cisjordanie (territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967) en réponse à cette initiative.

Israël considère que reconnaître un Etat palestinien revient à accorder "une récompense au Hamas", après les massacres du 7 octobre 2023 commis par le mouvement islamiste palestinien, quand M. Macron affiche l'objectif de "rassembler la plus large contribution internationale à la solution à deux Etats, seule à même de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens".

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 63.633 morts dans la bande de Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon des chiffres du ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués.


Un ministre israélien d'extrême droite appelle à l'annexion de la Cisjordanie

Le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, a appelé mercredi à l'annexion de larges portions de la Cisjordanie occupée, après l'annonce par plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat palestinien. (AFP)
Le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, a appelé mercredi à l'annexion de larges portions de la Cisjordanie occupée, après l'annonce par plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat palestinien. (AFP)
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  • "Le moment est venu d'appliquer la souveraineté israélienne en Judée-Samarie", a déclaré M. Smotrich, utilisant le nom qu'Israël emploie pour désigner la Cisjordanie, un territoire palestinien qu'il occupe depuis 1967
  • Il a ajouté que l'administration des colonies au sein du ministère de la Défense dont il est chargé avait, ces derniers mois, élaboré des cartes qui permettraient d'appliquer la souveraineté israélienne à environ 82% de la Cisjordanie

JERUSALEM: Le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, a appelé mercredi à l'annexion de larges portions de la Cisjordanie occupée, après l'annonce par plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat palestinien.

Mardi, la Belgique a annoncé qu'elle reconnaîtrait l'Etat de Palestine lors de l'Assemblée générale de l'ONU ce mois-ci, ajoutant son nom à la liste des pays partageant ce projet, comme l'Australie ou le Canada et la France.

"Le moment est venu d'appliquer la souveraineté israélienne en Judée-Samarie", a déclaré M. Smotrich, utilisant le nom qu'Israël emploie pour désigner la Cisjordanie, un territoire palestinien qu'il occupe depuis 1967.

Il a ajouté que l'administration des colonies au sein du ministère de la Défense dont il est chargé avait, ces derniers mois, élaboré des cartes qui permettraient d'appliquer la souveraineté israélienne à environ 82% de la Cisjordanie.

Selon ce ministre, cette mesure permettrait "de retirer de l'agenda, une fois pour toutes, l'idée de diviser notre minuscule terre et d'y établir en son centre un Etat terroriste".

L'Autorité palestinienne, qui exerce un contrôle limité sur certaines parties de la Cisjordanie, a promptement condamné "dans les termes les plus forts"les propos de M. Smotrich, "en particulier ses appels incendiaires à intensifier l'activité de colonisation".

Fin juillet, le président français Emmanuel Macron a annoncé que la France allait reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU. Dans la foulée, plus d'une dizaine de gouvernements occidentaux ont appelé d'autres pays du monde à faire de même.

"L'application de la souveraineté en Judée-Samarie est une étape préventive face à l'attaque politique planifiée contre nous et face aux tentatives de mettre en danger notre existence et l'avenir de nos enfants", a encore déclaré M. Smotrich.


Israël promet «les dix plaies» aux rebelles du Yémen après de nouveaux tirs de missiles

"Les Houthis ont de nouveau tiré des missiles sur Israël (...) Nous infligerons les dix plaies" aux Houthis, a écrit M. Katz sur X, une allusion aux dix plaies d'Egypte évoquées par la Bible. (AFP)
"Les Houthis ont de nouveau tiré des missiles sur Israël (...) Nous infligerons les dix plaies" aux Houthis, a écrit M. Katz sur X, une allusion aux dix plaies d'Egypte évoquées par la Bible. (AFP)
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  • L'armée israélienne a déclaré jeudi matin qu'un missile tiré par les Houthis était tombé dans une zone dégagée hors du territoire israélien, sans déclencher de sirènes d'alerte
  • Les rebelles ont affirmé dans un communiqué avoir visé l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, à l'aide d'un missile balistique

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a promis jeudi "les dix plaies" aux rebelles houthis du Yémen qui ont revendiqué un nouveau tir de missile en direction d'Israël.

"Les Houthis ont de nouveau tiré des missiles sur Israël (...) Nous infligerons les dix plaies" aux Houthis, a écrit M. Katz sur X, une allusion aux dix plaies d'Egypte évoquées par la Bible.

L'armée israélienne a déclaré jeudi matin qu'un missile tiré par les Houthis était tombé dans une zone dégagée hors du territoire israélien, sans déclencher de sirènes d'alerte.

Les rebelles ont affirmé dans un communiqué avoir visé l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, à l'aide d'un missile balistique.

Ils avaient revendiqué mercredi deux attaques de missiles, qu'Israël avait dit avoir interceptés.

Les Houthis ont juré samedi de venger leur Premier ministre, tué la semaine dernière avec d'autres ministres dans une frappe israélienne dans la capitale Sanaa qu'ils contrôlent.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs de drones et de missiles contre Israël et des navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

En représailles, Israël a frappé leurs positions à plusieurs reprises.