Quelles perspectives pour le Liban, désormais sans président?

Le président libanais sortant Michel Aoun salue ses partisans depuis une voiture alors qu'il quitte le palais présidentiel de Babda à la fin de son mandat, à l'est de la capitale Beyrouth, le 30 octobre 2022 (Photo, AFP).
Le président libanais sortant Michel Aoun salue ses partisans depuis une voiture alors qu'il quitte le palais présidentiel de Babda à la fin de son mandat, à l'est de la capitale Beyrouth, le 30 octobre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 01 novembre 2022

Quelles perspectives pour le Liban, désormais sans président?

  • Le pays est désormais dirigé par un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs réduits, qui ne peut pas prendre de décisions importantes
  • Les profondes divisions font craindre que le Liban ne se retrouve à nouveau sans président pendant des mois

BEYROUTH: Le Liban en pleine déroute économique et financière se retrouve mardi sans président, le mandat de Michel Aoun s'étant achevé sans que le Parlement, profondément divisé, n'élise un nouveau chef de l'Etat.

Le pays est désormais dirigé par un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs réduits, qui ne peut pas prendre de décisions importantes ou appliquer les réformes exigées par la communauté internationale pour obtenir une aide économique.

Les profondes divisions font craindre que le Liban ne se retrouve à nouveau sans président pendant des mois, ce qui minerait davantage la confiance des créanciers.

Pourquoi le Liban est-il sans président?

Depuis fin septembre 2022, le Parlement s'est réuni à quatre reprises pour tenter d'élire un successeur à Michel Aoun, mais aucun candidat n'a recueilli un nombre suffisant de votes.

L'hémicycle est divisé entre le camp mené par le Hezbollah et les députés opposés au puissant parti pro-iranien, mais aucun des deux camps ne détient une claire majorité.

Sans accord entre les différentes forces politiques, aucun candidat à la présidence n'a donc des chances d'être élu dans un avenir proche.

L'élection de Michel Aoun en 2016 avait eu lieu après une vacance de 29 mois au sommet de l'Etat, les parlementaires ayant tenté en vain, à 45 reprises, de parvenir à un consensus sur un candidat.

En vertu du système confessionnel de partage du pouvoir en vigueur, la présidence est réservée à un chrétien maronite, le Premier ministre un musulman sunnite et le président du Parlement un musulman chiite.

Qui gouverne le pays?

En l'absence d'un président de la République, c'est le gouvernement qui doit diriger le pays.

Le Premier ministre Najib Mikati, qui a présenté sa démission à la suite des législatives du printemps dernier, a de nouveau été choisi par les députés pour former un gouvernement.

Mais les divergences politiques, notamment entre M. Mikati et le camp du président Aoun, ont depuis empêché la constitution d'une nouvelle équipe.

C'est donc un gouvernement démissionnaire, chargé uniquement d'expédier les affaires courantes, qui doit gérer le pays en plein effondrement économique.

Il ne peut pas réunir le Conseil des ministres, ni décider de nominations ou promulguer de décrets, explique une source gouvernementale.

"Cela affecte grandement le travail du gouvernement, qui ne peut pas prendre de décisions importantes", ajoute cette source, alors que le pays doit entamer la prospection de gaz en Méditerranée et appliquer les réformes exigées par le Fonds monétaire international pour obtenir une aide économique.

Une issue est-elle possible?

Aucune solution ne semble à portée de main pour élire un président.

Le président du Parlement, Nabih Berri, envisage d'appeler à un dialogue national réunissant les différentes forces politiques, selon un député proche du chef du législatif ayant requis l'anonymat.

"Aucune partie n'est capable pour le moment d'imposer un candidat, par conséquent, la seule issue est une entente sur un candidat, sinon la vacance présidentielle risque de durer", souligne-t-il.

Mais de telles réunions de dialogue national ont déjà échoué par le passé.

Jusqu'à présent, le candidat Michel Moawad, fils d'un président assassiné en 1989, a pu recueillir le plus grand nombre de voix du camp opposé au Hezbollah. Mais ce dernier rejette sa candidature et appelle à trouver un "candidat de compromis".

Des analystes estiment que le Hezbollah, principal acteur militaire et politique dans le pays, cherche à parvenir une entente avec les autres forces politiques, à l'instar de celle qui avait permis l'élection de Michel Aoun.

Le parti chiite pro-iranien n'a pas indiqué qui était son candidat, mais l'ancien ministre et député Sleimane Frangié, allié du Hezbollah et du régime syrien, est son candidat favori selon des analystes.

Il se heurte cependant à l'opposition de Gebran Bassil, gendre du président Aoun et chef du Courant patriotique libre (CPL) qui aspire également à la présidence.

Certains experts évoquent le nom du commandant en chef de l'armée Joseph Aoun comme possible issue à la crise.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com