Epargnée par la guerre, la ville syrienne de Jableh rattrapée par le séisme

Un jeune habitant d'un bâtiment encore debout observe les opérations de recherche en cours au milieu des décombres d'un bâtiment effondré dans la ville de Jableh, contrôlée par le régime, dans la province de Lattaquié, au nord-ouest de la capitale syrienne, le 10 février 2023, à la suite d'un séisme meurtrier. (AFP).
Un jeune habitant d'un bâtiment encore debout observe les opérations de recherche en cours au milieu des décombres d'un bâtiment effondré dans la ville de Jableh, contrôlée par le régime, dans la province de Lattaquié, au nord-ouest de la capitale syrienne, le 10 février 2023, à la suite d'un séisme meurtrier. (AFP).
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Publié le Samedi 11 février 2023

Epargnée par la guerre, la ville syrienne de Jableh rattrapée par le séisme

  • Avec son port phénicien, ce bastion du régime dans la province de Lattaquié (nord-ouest) a été relativement épargné par les hostilités. Mais la violence du séisme l'a rendue méconnaissable
  • «C'est la première catastrophe du genre à Jableh»

JABLEH : Immeubles effondrés, habitants piégés sous les décombres, maisons abandonnées: le séisme semble avoir lié le sort de la ville côtière de Jableh, autrefois paisible, à celui d'autres villes syriennes, ravagées elles par douze ans de guerre.

Avec son port phénicien, ce bastion du régime dans la province de Lattaquié (nord-ouest) a été relativement épargné par les hostilités. Mais la violence du séisme l'a rendue méconnaissable.

"C'est la première catastrophe du genre à Jableh. J'ai 52 ans et je n'ai jamais rien vécu de tel", raconte Abdelhadi al-Ajji. Selon ce père de quatre enfants, dont la maison en parpaing fissurée surplombe les restes d'un immeuble réduit en miettes, la cité a toujours été un refuge, même au plus fort de la guerre civile qui perdure depuis 2011.

Lorsque les rebelles gagnaient du terrain à Damas et dans le nord, Jableh a envoyé ses fils se battre aux côtés des forces gouvernementales, mais la ville n'a pas été le théâtre d'affrontements.

"Même ma mère, qui a 80 ans, m'a dit que rien de tel ne s'était jamais produit ici", poursuit Abdelhadi, menuisier de profession.

Le séisme qui a frappé lundi la Syrie et la Turquie voisine a fait plus de 24 000 morts, dont plus de 3 500 en Syrie, essentiellement dans le nord du pays.

Dans la province de Lattaquié, sur le littoral méditerranéen, au moins 623 personnes ont été tuées par le séisme et 795 blessées, selon les autorités locales.

A chaque minute qui passe, le bilan macabre augmente, indique à l'AFP Alaa Moubarak, à la tête de la Défense Civile dans la ville.

«Nul part où aller»

Dans les quartiers résidentiels de Jableh, bien que délabrés depuis des décennies, aucun impact de balles ou cratère d'obus n'est visible, contrairement à la plupart des autres villes syriennes.

Plus de cinquante immeubles dans la ville et ses environs ont cependant cédé aux secousses et une cinquantaine d'autres risquent de connaître le même sort, avertit M. Moubarak.

Quelque 4 000 à 5 000 personnes ont été contraintes de se réfugier dans des mosquées, des hôpitaux et le stade de la ville, souligne-t-il.

Vendredi, une équipe de secouristes émiratie était mobilisée sur les décombres d'un bâtiment qui a été scindé en deux, tuant au moins quinze personnes.

Imad el-Daou a échappé de peu à une mort certaine avec sa femme et ses deux enfants, lorsqu'il a senti le sol céder sous ses pieds.

"Ils ont dû m'évacuer à l'aide d'une pelleteuse", confie ce commerçant de 42 ans.

La province de Lattaquié, dont est originaire le président Bachar al-Assad, et la province voisine de Tartous, largement acquises au régime, sont les moins touchées par le conflit.

La région fait office de réservoir humain pour les forces du gouvernement syrien, et son allié, la Russie, y est stratégiquement implantée.

La base aérienne russe de Hmeimim se situe à cinq kilomètres de Jableh et le base navale de Tartous à une soixantaine de kilomètres au sud.

«Tente dans la rue»

La guerre en Syrie, déclenchée par la répression brutale de manifestations antirégime, a fait près d'un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes.

La plupart des régions ont eu leur lot de déplacés en raison du conflit. Mais à Jableh, c'est le séisme dévastateur qui pousse désormais les habitants à fuir.

Dans le quartier al-Fayed, des dizaines de personnes évacuées s'entassent dans une mosquée qui fait office d'abri, en attendant de savoir si leurs maisons sont assez sures pour y retourner.

Elles y vivent toutes depuis cinq jours, entre dénuement et angoisse. "Je planterai une tente dans la rue" si je ne peux pas rentrer chez moi, lance ainsi Fatima Hammoud, qui a fui sa maison endommagée lundi, avec son mari et ses trois enfants, craignant que le toit ne s'effondre sur leurs têtes.

"Je ne peux pas dormir. Chaque fois que je ressens un petit mouvement, je me souviens de toutes les secousses", murmure-t-elle.

Étendue sur le sol à proximité, Halima al-Aswad confie elle aussi que la peur la hante depuis la catastrophe.

"Où vais-je aller? Le seul lieu sûr est la mosquée", dit cette mère de trois enfants, retenant à peine ses larmes.

"J'irai n'importe où, tant que c'est sûr".


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.


L'armée israélienne annonce le lancement d'une «vaste opération» dans le nord de la Cisjordanie

L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien
  • Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien.

Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'un déploiement dans le cadre de son "opération antiterroriste" lancée en janvier 2025 et visant principalement les camps de réfugiés palestiniens de la région, mais d'une "nouvelle opération".

Elle n'a pas fourni plus de détails dans l'immédiat.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les violences n'ont pas cessé en Cisjordanie depuis l'entrée en vigueur de la trêve à Gaza le 10 octobre.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a recensé en octobre un pic des "attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en près de deux décennies de collecte de données dans ce territoire palestinien.

Le 10 novembre, un Israélien a été tué et trois autres ont été blessés lors d'une attaque au couteau menée par deux Palestiniens rapidement abattus par des soldats près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie.


Le Conseil de sécurité de l'ONU en Syrie et au Liban la semaine prochaine

 Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
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  • Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive
  • Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre.

Quelques jours avant le premier anniversaire de la chute de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, les ambassadeurs des quinze Etats membres doivent se rendre le 4 décembre à Damas où ils devraient rencontrer notamment les nouvelles autorités, dont le président par intérim Ahmad al-Chareh, et des représentants de la société civile, a précisé la mission à des journalistes.

Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive.

Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027 après avoir fait tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978.

Ce déplacement intervient alors qu'Israël a poursuivi ses frappes au Liban malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 pour mettre fin à un conflit avec le mouvement libanais Hezbollah, un allié du groupe islamiste palestinien Hamas.