Retraites: la gauche Nupes va faire feu de tout bois après le 49.3

Jean-Luc Mélenchon a annoncé vendredi que le groupe la France insoumise (LFI) allait soutenir la motion de censure du groupe des indépendants (Liot) à l'Assemblée nationale. (AFP)
Jean-Luc Mélenchon a annoncé vendredi que le groupe la France insoumise (LFI) allait soutenir la motion de censure du groupe des indépendants (Liot) à l'Assemblée nationale. (AFP)
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Publié le Vendredi 17 mars 2023

Retraites: la gauche Nupes va faire feu de tout bois après le 49.3

  • Mélenchon a annoncé que le groupe LFI, et probablement toute la coalition de gauche Nupes, allait soutenir la motion que déposerait le groupe des indépendants Liot à l'Assemblée nationale
  • La barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît toutefois difficile à atteindre

PARIS: Aussitôt le 49.3 dégainé par la Première ministre Elisabeth Borne jeudi, la coalition de gauche Nupes a prévenu qu'elle utiliserait "tous les moyens à sa disposition" pour faire échouer la réforme contestée des retraites, du soutien au mouvement social à un référendum d'initiative partagée.

Motion de censure

Jean-Luc Mélenchon a annoncé vendredi que le groupe LFI, et probablement toute la coalition de gauche Nupes, allait soutenir la motion que déposerait le groupe des indépendants Liot à l'Assemblée nationale.

Il a reconnu que cela "donnait les plus grandes chances possibles à la censure", par rapport à une motion Nupes, que rechigneraient à voter ceux des députés de droite défavorables à la réforme.

La barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît toutefois difficile à atteindre. Une certitude: aucun membre de la Nupes ne signera une motion de censure du RN, ont assuré plusieurs membres.

LFI va soutenir la motion de censure du groupe des indépendants à l'Assemblée

Jean-Luc Mélenchon a annoncé vendredi que le groupe la France insoumise (LFI) allait soutenir la motion de censure du groupe des indépendants (Liot) à l'Assemblée nationale afin de "donner les plus grandes chances possibles à la censure" du gouvernement d'Elisabeth Borne après l'utilisation du 49.3.

La coalition de gauche Nupes, incluant LFI, envisageait de déposer une motion de censure mais ses dirigeants expliquaient ces derniers jours qu'une motion de Liot aurait davantage de chances d'être votée par ceux des députés de droite qui sont défavorables à la réforme des retraites.

"Nous avons décidé de donner les plus grandes chances possibles à la censure, et donc de retirer notre motion de censure au profit de celle de Liot", a expliqué Jean-Luc Mélenchon sur France inter.

Voter la motion de censure "ne signifie rien d'autre que le refus de la réforme des retraites", "ceux qui ne votent pas la motion de censure sont pour la réforme", a-t-il prévenu.

Le groupe Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot) compte 20 députés de diverses tendances politiques mais revendiquant un fort ancrage territorial.

L'ancien candidat à la présidentielle a par ailleurs "encouragé" les "mobilisations spontanées dans tout le pays" car "c'est là que ça se passe", tout en appelant à manifester aussi à l'appel de l'intersyndicale pendant le week-end et jeudi prochain.

Avec le 49.3, "nous avons atteint notre objectif, ce texte n'a aucune légitimité, on a raison de se révolter", a-t-il ajouté.

"La lutte il n'y a que ça qui compte, qui est important", a assuré Jean-Luc Mélenchon.

Interrogé sur les violences qui ont émaillé certains rassemblements jeudi soir, donnant lieu à 310 interpellations, l'Insoumis a appelé au calme: "Notre force principale c'est pas quatre poubelles qui brûlent, c'est la force du nombre".

Manifester

La gauche veut faire grossir les rangs de la contestation en profitant du signal "autoritaire", à ses yeux, lancé par le gouvernement avec l'article 49.3.

Et pas simplement dans le sillage de l'intersyndicale, puisque Jean-Luc Mélenchon a dit "encourager" les "mobilisations spontanées dans tout le pays", comme celles qui se sont déroulées jeudi, car "c'est là que ça se passe". Il a aussi appelé à manifester à l'appel de l'intersyndicale pendant le weekend et jeudi prochain.

La cheffe des Verts Marine Tondelier répète à l'envi que le "49.3 n'existe pas dans la rue".

Les dirigeants de gauche vont aussi continuer à tenir ensemble des meetings tous azimuts. Plusieurs sont déjà programmés, notamment dimanche à Paris avec l'insoumise Danièle Obono, le socialiste David Assouline et l'anticapitaliste Olivier Besancenot.

Référendum d'initiative partagée

Les membres de la Nupes évoquent cette option depuis plusieurs jours. Cette procédure, complexe, "permet de bloquer pendant neuf mois la mise en oeuvre de cette réforme", a souligné la députée socialiste Valérie Rabault, qui "y croit".

Le référendum d'initiative partagée (RIP) prévoit la possibilité d'organiser une consultation populaire sur une proposition de loi "à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement", soit au moins 185 des 925 parlementaires (577 députés, 348 sénateurs). Elle doit aussi être "soutenue par un dixième des électeurs", soit 4,87 millions de personnes, dont les signatures doivent être recueillies dans un délai de neuf mois.

Mais "si un RIP est déclenché sur les retraites, il faut qu’il le soit avant la promulgation de la loi retraite", a précisé Mme Rabault.

Le député PCF Stéphane Peu a assuré dès mardi avoir les 185 parlementaires nécessaires. Sa proposition de loi proposera que "l'âge de départ à la retraite ne puisse pas excéder 62 ans", a-t-il précisé.

Les Insoumis s'y joindront, mais sont moins persuadés qu'un RIP soit la solution, car ils visent un "retrait de la réforme à court terme", explique leur coordinateur Manuel Bompard.

Conseil constitutionnel

La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a promis que la gauche saisirait le Conseil constitutionnel. La coalition va faire valoir que la réforme, insérée dans un projet rectificatif du budget de la Sécurité sociale, tient du cavalier législatif, puisque les finances ne sont pas le seul aspect abordé dans le texte.

Dissolution

S'il est plus discret sur ce thème, Jean-Luc Mélenchon pensait une dissolution inéluctable encore récemment. Quand le président Emmanuel Macron a fait planer la menace au début de la bataille des retraites, Manuel Bompard, proche du tribun, a répliqué "chiche".

Trois fois candidat à la présidentielle mais assurant qu'il ne le serait pas une quatrième fois, Jean-Luc Mélenchon a très envie de retourner aux urnes. Il a eu beau jeu vendredi de renvoyer au président: "C'est lui qui a rajouté la dissolution (dans le débat, NDLR) mais ce n'est pas dans la Constitution" pour le cas d'une motion de censure adoptée.

En cas de dissolution, l'insoumis entend mener à nouveau la campagne "Mélenchon Premier ministre". Reste à savoir ce qu'en pensent ses partenaires, alors que les tensions internes à la Nupes se sont multipliées ces derniers mois.


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
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  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, Guillaume Ancel répond à Arab News en français. Il confie avoir espéré « ne plus jamais voir, ou avoir à témoigner » sur pareilles horreurs.

Mais le voilà de nouveau face à la guerre de Gaza, qu’il décrit dans un article publié sur son blog comme étant « le champ de la mort », depuis l’attaque du 7 octobre.

 


Paris et Alger s'enfoncent dans la crise diplomatique

La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
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  • Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques
  • Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois

PARIS: La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi Jean-Noël Barrot lors d'un point presse à Pont-L'Evêque (ouest) où il était en déplacement.

"Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts", a-t-il ajouté.

Malgré une tentative de réconciliation début avril orchestrée par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux pays ont échoué à reprendre langue de manière apaisée et durable, Alger ayant expulsé mi-avril douze fonctionnaires français du ministère de l'Intérieur.

Le chargé d'affaires de l'ambassade de France en Algérie - en l'absence de l'ambassadeur Stéphane Romatet, rapatrié à Paris pour consultations - a été convoqué dimanche au ministère algérien des Affaires étrangères pour lui notifier cette nouvelle demande des autorités algériennes, avait-on appris plus tôt de sources diplomatiques françaises.

"Manquements flagrants" 

Les fonctionnaires concernés étaient en mission de renfort temporaire, selon ces mêmes sources, qui n'étaient pas en mesure de préciser leur nombre, ni quand l'expulsion sera effective.

"C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a également commenté Jean-Noël Barrot.

A ce stade, le ministère algérien des Affaires étrangères n'a pas publié de communiqué officialisant cette demande qui a été annoncée par une dépêche de l'Agence de presse algérienne (APS).

L'Algérie exige "le rapatriement immédiat" de tous les employés français nommés dans des "conditions irrégulières", affirme APS.

"Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie", poursuit l'agence, "sans que ces affectations n'aient fait, au préalable, l'objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d'accréditation appropriées comme l'exigent les procédures en vigueur.

Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois.

Mi-avril, les autorités algériennes avaient déjà déclaré persona non grata douze fonctionnaires français, tous travaillant pour le ministère de l'Intérieur. Ils avaient dû quitter l'Algérie en 48 heures.

Alger avait alors justifié cette décision par le fait que les autorités françaises avaient arrêté et mis en détention un agent consulaire algérien.

La France avait immédiatement riposté en prenant une mesure similaire - l'expulsion de 12 agents consulaires algériens - et en rappelant Stéphane Romatet pour consultations. Le diplomate est toujours à Paris.

Gravité inédite 

Dimanche, Jean-Noël Barrot avait souligné que la relation bilatérale restait "totalement gelée" depuis mi-avril, lors d'un entretien aux médias français France Inter/France Télévisions/Le Monde.

La récente crise, d'une gravité inédite entre l'Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962), a démarré à l'été 2024 lorsque Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L'Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

A l'automne, l'arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l'Algérie, "atteinte à l'intégrité du territoire", avait fait monter d'un cran les tensions.

Les tensions se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l'expulsion d'influenceurs algériens, refusée par Alger.

Les autorités françaises reprochent, elles, le refus d'Alger de reprendre ses ressortissants qui sont frappés d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).


Expulsions de fonctionnaires français d'Algérie: la France répondra «de manière immédiate», «ferme» et «proportionnée» 

 La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
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  • La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien
  • "C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest)

PONT-L'EVEQUE: La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest). "Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts (...) C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a-t-il ajouté.