L'enlèvement d'un Saoudien, nouveau chapitre d’une saga de crime et d’impunité au Liban

Le Liban endure depuis des décennies des enlèvements, des prises d'otages et des vols à main armée; des crimes qui ont commencé avec la guerre civile des années 1970 et qui sont en hausse depuis la crise financière de 2019 (Photo, AFP).
Le Liban endure depuis des décennies des enlèvements, des prises d'otages et des vols à main armée; des crimes qui ont commencé avec la guerre civile des années 1970 et qui sont en hausse depuis la crise financière de 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 31 mai 2023

L'enlèvement d'un Saoudien, nouveau chapitre d’une saga de crime et d’impunité au Liban

  • Malgré la rapidité du sauvetage de Machari al-Mutairi, l'incident ravive les souvenirs d'enlèvements, de détournements et de vols à main armée
  • L'Arabie saoudite est déterminée à ramener le Liban dans le giron arabe, déclare le chercheur saoudien Salmane al-Ansari

DJEDDAH: Malgré la rapidité record avec laquelle les services de sécurité libanais ont sauvé mardi un citoyen saoudien enlevé, l'incident rappelle une fois de plus les nombreux cambriolages, enlèvements et détournements d'avions, qui ont frappé le pays arabe depuis les années 1970.

Machari al-Mutairi, un employé de la compagnie aérienne saoudienne Saudia Airlines qui vivait dans la banlieue d'Aramoun à Beyrouth, a été enlevé dimanche vers 3 heures du matin. La Direction des renseignements de l'armée libanaise l'a retrouvé et libéré après une opération de sécurité à la frontière avec la Syrie.

Il a été reçu à l'ambassade saoudienne à Beyrouth par l'ambassadeur, Walid Bukhari, qui a déclaré dans un communiqué: «Le citoyen saoudien libéré est en bonne santé et nous remercions l'armée et les forces de sécurité intérieure. Les efforts de sécurité confirment la volonté des autorités libanaises d'assurer la sécurité du tourisme.»

La nouvelle de l'enlèvement d’Al-Mutairi n'aura guère surpris les millions de Libanais qui ont enduré des décennies de disparitions, de prises d'otages et de vols à main armée similaires; des crimes qui sont de nouveau en hausse alors que le pays est aux prises avec des difficultés économiques chroniques.

L'ambassadeur saoudien au Liban, Walid ben Abdallah Bukhari (à droite), et le ministre de l'Intérieur intérimaire du Liban, Bassam Mawlawi, participent à une conférence de presse à l'ambassade d'Arabie saoudite à Beyrouth, au Liban (Photo, Reuters).

Au cours des dix premiers mois de 2021, le nombre de vols de voitures a augmenté de 212%, les cambriolages de 266% et les meurtres de 101% par rapport à la même période en 2019, selon les chiffres d'International Information, un cabinet de conseil indépendant basé à Beyrouth.

Depuis la guerre civile de 1975-1990, le Liban est un pays de transit, d'origine et de destination pour le trafic d'armes. Ces mêmes réseaux sont aujourd'hui utilisés pour acheminer des marchandises volées, contrôler le marché noir et faciliter le commerce florissant de la drogue –beaucoup étant contrôlés par le groupe armé chiite Hezbollah qui continue de dominer la vie publique libanaise.

«Tout pays qui compte un acteur non étatique en son sein est considéré comme un "État défaillant"», a déclaré à Arab News, Salmane al-Ansari, chercheur politique saoudien. «Le Liban n'a jamais été dominé à ce point par une milice qui travaille pour une puissance extérieure.»

«La criminalité, le trafic de drogue, l'effondrement de l'économie et le déclin de la monnaie ne sont que des symptômes du véritable problème de fond, à savoir l'absence de souveraineté nationale. Il ne sert à rien de remédier aux symptômes tant que le problème de fond existe. C'est comme espérer traiter une maladie grave avec un antidouleur.

«Le Liban doit changer de cap et se rendre compte que son avenir est très sombre s'il laisse un acteur non étatique dicter sa trajectoire», a-t-il ajouté.

Les événements qui se déroulent aujourd'hui au Liban rappellent le mauvais vieux temps des années 1980, lorsque les enlèvements, la torture, les meurtres et le trafic de drogue atteignaient des proportions endémiques dans le contexte de la guerre civile qui a dévasté le pays.

À l'époque, les Occidentaux étaient souvent pris pour cible. En 1982, des extrémistes pro-iraniens ont enlevé Davis S. Dodge, alors président de l'université américaine de Beyrouth, à l’intérieur du campus de l'université. Il a été transporté par avion dans une prison près de Téhéran où il a été détenu jusqu'à sa libération un an plus tard.

En 1984, le successeur de Dodge à la présidence de l'université américaine de Beyrouth, le Dr Malcolm Kerr, a été abattu par deux hommes armés devant son bureau. L'organisation du Jihad islamique (OJI) a revendiqué l'assassinat, évoquant la présence militaire américaine au Liban comme mobile.

La même année, William Francis Buckley, un agent de la CIA travaillant à l'ambassade des États-Unis à Beyrouth, a été enlevé par le Hezbollah, puis assassiné. L'une des raisons de son enlèvement aurait été le prochain procès de 17 militants soutenus par l'Iran, au Koweït.

À plusieurs reprises au cours de cette période, des avions entiers de voyageurs ont été pris en otage. En 1984, un vol de Kuwait Airways reliant Koweït City à Karachi, au Pakistan, a été détourné par quatre Libanais et dérouté vers Téhéran.

En raison de demandes non satisfaites, les pirates de l'air ont abattu les passagers américains Charles Hegna et William Stanford, tous deux fonctionnaires de l'Agence américaine pour le développement international, avant de se débarrasser de leurs corps sur le tarmac.

Moins d'un an plus tard, le 14 juin 1985, le vol TWA 847 a été détourné peu après son décollage d'Athènes. Pendant trois jours, l'avion a fait des allers-retours entre Alger et Beyrouth. Le plongeur de la marine américaine Robert Stethem a été assassiné à bord de l'avion.

Des dizaines de passagers ont été retenus en otage pendant les deux semaines suivantes, avant d’être finalement libérés par leurs ravisseurs après que certaines de leurs demandes ont été satisfaites. Les pirates de l’air avaient exigé la libération de 700 musulmans chiite détenus en Israël.

Les analystes occidentaux ont accusé le Hezbollah d’avoir détourné l’avion; une déclaration que le groupe a rejetée.

En 1987, Terry Waite, humanitaire et négociateur d’otages britannique s’est rendu à Beyrouth afin de négocier avec l’OJI qui avait pris plusieurs otages. Cependant, il a été lui-même kidnappé par le groupe et est resté en détention pendant mille sept cent soixante-trois jours – les quatre premières années en isolement.

Un an plus tard, le colonel William Higgins, un marine américain travaillant dans les forces de l'ONU au sud du Liban, a été enlevé et assassiné par un groupe dissident du mouvement Al-Amal, la «Résistance des croyants», allié au Hezbollah.

Malcolm Kerr, président de l'Université américaine de Beyrouth, abattu par des hommes armés alors qu'il arrivait à son bureau dans le campus (Photo, AUB).

Bien que le Liban ne soit plus en proie à une véritable guerre civile, la crise financière qui a débuté en 2019, combinée à l'incapacité de la classe politique à mettre en place un nouveau gouvernement, a créé un environnement où l'anarchie et le désespoir sont de plus en plus présents.

En effet, certains éléments indiquent que l'enlèvement d'Al-Mutairi pourrait avoir été orchestré par une organisation criminelle impliquée dans la production et le commerce du Captagon, qui sévit dans toute la région.

La chaîne d'information libanaise MTV a récemment rapporté qu'un trafiquant de drogue connu sous le nom d'Abou Salle, décrit comme l'un des chefs de cartel les plus importants de la région, était à l'origine de l'enlèvement d'Al-Mutairi.

Le raid de l'armée libanaise sur une usine de Captagon en relation avec l'enlèvement appuie cette théorie.

Des réseaux criminels transportent des marchandises volées, contrôlent le marché noir et facilitent le commerce florissant de la drogue au Liban, beaucoup étant contrôlés par le Hezbollah (Photo, AFP).

Bien que les responsables libanais aient rapidement condamné l'enlèvement, certains craignent que cet incident n'entrave les efforts de normalisation des relations entre l'Arabie saoudite et le Liban, qui sont depuis longtemps tendues à cause de l'influence du Hezbollah.

Toutefois, Al-Ansari est convaincu que l'enlèvement n'entravera pas les progrès de la normalisation.

«Cela pourrait être considéré comme un petit obstacle, mais en fin de compte, l'Arabie saoudite est déterminée à ce que le Liban revienne dans le giron arabe afin qu'il puisse jouir de sa propre souveraineté, loin de l'hégémonie iranienne», a-t-il expliqué.

En mars, l'Arabie saoudite et l'Iran ont rétabli leurs relations diplomatiques dans le cadre d'un accord conclu sous l'égide de la Chine. L'impact de ce nouvel accord sur les activités des proxys de l'Iran dans la région reste toutefois mal défini.

Le commandant de bord du Boeing 727 de la TWA, John L. Testrake, originaire de Richmond (Missouri), sort du cockpit de son avion détourné, le 19 juin 1985, à l'aéroport de Beyrouth, pour s'adresser aux journalistes (Photo, Getty Images/AFP).

«On ne connait pas encore les répercussions de la médiation chinoise entre l'Arabie saoudite et l'Iran sur le dossier libanais», a signalé Al-Ansari. «Elle permettra de désamorcer la tension, mais ne résoudra pas ce problème du jour au lendemain.»

Bien que le Liban soit loin d'atteindre la stabilité, Al-Ansari pense que l'Arabie saoudite «travaillera dur avec les dirigeants libanais afin de trouver un moyen de mettre en place des réformes politiques et économiques, de lutter contre la corruption et la contrebande de drogue, et d'instaurer le bon type de gouvernance».

Les observateurs internationaux ont mis en garde contre le risque de vacance du pouvoir après le départ en octobre, du président de longue date, Michel Aoun. À ce jour, le Parlement libanais n'a toujours pas élu de nouveau président, ce qui prolonge la paralysie politique du pays.

«L'ambassadeur saoudien à Beyrouth s'est exprimé à ce sujet et a soutenu la recherche d'une solution à la vacance du pouvoir, la promotion des réformes et la nomination d'un gouvernement, car en fin de compte, l'Arabie saoudite ne peut rien apporter s'il n'y a pas de gouvernement solide à Beyrouth», a précisé Al-Ansari.

«L'Arabie saoudite ne veut rien d'autre que la stabilité politique et la prospérité du Liban. Il faudra beaucoup de temps pour atteindre ces objectifs, mais en fin de compte, c'est aux Libanais de décider de leur avenir, et les Saoudiens les aideront autant qu'ils le pourront.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Deuxième point de vente duty-free ouvert à Dhahran

Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
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  • Un deuxième magasin duty-free a ouvert à Dhahran, offrant des produits détaxés aux diplomates accrédités, un an après l’ouverture du premier point de vente à Riyad
  • Le dispositif vise à améliorer l’accès des diplomates aux biens hors taxes et à simplifier les procédures de remboursemen

RIYADH : Un deuxième magasin duty-free a récemment ouvert dans le complexe résidentiel d’Aramco à Dhahran, proposant des produits détaxés aux diplomates accrédités en Arabie saoudite.

Cette ouverture fait suite à l’inauguration du premier point de vente, lancé en juin 2023 dans le quartier diplomatique de Riyad.

Le magasin vise à offrir ses services aux diplomates et représentants des missions diplomatiques de la région, en proposant une expérience commerciale complète et des produits hors taxes, conformément à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961.

Il entend également faciliter l’accès des diplomates aux biens exemptés de taxes et simplifier les procédures de remboursement, qu’elles soient effectuées périodiquement, à la fin de leur mission officielle ou durant leurs congés saisonniers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La France plaide pour l'application du cessez-le-feu au Liban face à la recrudescence des attaques israéliennes

Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
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  • Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à œuvrer à la stabilisation de la région sud
  • La visite de Mme Legendre intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, faisant craindre un conflit plus large

BEYROUTH : La France a réaffirmé jeudi son engagement en faveur de la stabilité du Liban et a promis un soutien accru à ses forces armées et à ses efforts de reconstruction, alors que les attaques israéliennes dans le sud du pays continuent de s'intensifier.

Lors d'une visite officielle à Beyrouth, Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à "travailler à la stabilisation de la zone sud".

Cette visite intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, ce qui fait craindre une extension du conflit.

Lors d'une réunion avec de hauts responsables libanais, Mme Legendre a réaffirmé l'intention de la France d'organiser deux conférences internationales pour soutenir les efforts d'aide et de reconstruction du Liban et renforcer l'armée libanaise.

Elle s'est également engagée à activer le comité de surveillance de la cessation des hostilités (mécanisme), en réponse à la demande du Liban de mettre en œuvre le cadre du cessez-le-feu.

La visite de l'envoyée française s'inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques urgents visant à alléger la pression sécuritaire croissante exercée par Israël sur le Liban et à relancer la dynamique de l'accord de cessez-le-feu du 20 novembre, qui est au point mort et qui vise à mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, initialement rédigée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Les violations continues par Israël de l'accord de cessation des hostilités comprennent des frappes sur ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah dans le sud, ce qui alimente les craintes au Liban qu'Israël ne prépare le terrain pour une nouvelle guerre sous le prétexte d'arrêter le réarmement présumé du groupe.

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré à M. Legendre que la poursuite des hostilités par Israël et son occupation de cinq positions stratégiques empêchaient l'armée libanaise de se déployer pleinement au sud du fleuve Litani, comme le prévoyait l'accord de cessez-le-feu.

Les hostilités quotidiennes d'Israël, a-t-il ajouté, entravent également les efforts de reconstruction du Liban après la guerre.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a affirmé que l'armée libanaise poursuivait ses opérations dans les zones où elle s'est déployée au sud du Litani, saisissant les armes et les munitions et inspectant les tunnels et les entrepôts.

Il a ajouté : "L'armée remplit ses fonctions avec précision, en dépit de la propagande qu'Israël diffuse pour saper ses capacités et son rôle - un rôle qui continue de bénéficier du soutien de tous les Libanais."

Il a précisé qu'une douzaine de soldats avaient été tués jusqu'à présent dans l'exercice de leurs fonctions.

M. Aoun a réaffirmé à l'envoyé français que l'option des négociations diplomatiques avec Israël, qu'il avait proposée il y a plusieurs semaines, constituait la voie la plus viable pour rétablir la stabilité dans le sud et dans l'ensemble du Liban.

Il a toutefois confirmé que son pays "n'a pas encore reçu de réponse à sa proposition de négociations".

Dans un communiqué de son bureau de presse, M. Aoun a déclaré : "La poursuite de l'agression ne donnera rien : "La poursuite de l'agression ne donnera aucun résultat. Les expériences passées dans de nombreux pays ont montré que la négociation est la seule alternative durable aux guerres futiles."

Il a souligné que le soutien international, en particulier celui de la France et des États-Unis, peut contribuer à faire avancer les négociations avec Israël. Le comité du mécanisme fait partie des organes capables de parrainer de tels pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Aoun a souligné auprès de l'envoyé français que les conférences internationales que la France entend organiser, aux côtés des États-Unis et de l'Arabie saoudite, pourraient aider l'armée libanaise à obtenir l'équipement militaire dont elle a tant besoin pour son déploiement et faciliter le retour des habitants du sud dans leurs maisons et villages détruits.

Il a salué "toute contribution européenne au maintien de la stabilité après le retrait de la FINUL du sud, en coordination avec les unités de l'armée libanaise, dont le nombre passera à 10 000 soldats d'ici la fin de l'année".

Les raids israéliens sur le sud du Liban se sont poursuivis jeudi.

Un drone israélien a frappé une voiture à Toul, près de Nabatieh, tuant son conducteur. Plusieurs raids aériens ont également frappé des installations à Aitaroun et Tayr Felsay.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'armée israélienne a effectué un raid sur un dépôt d'armes et sur des infrastructures du Hezbollah situées près de résidences civiles, sur la base de directives des services de renseignement".

Entre-temps, la 13e réunion du Comité du mécanisme, présidée par le général américain Joseph Clearfield, s'est tenue mercredi à Ras Naqoura.

Lors de cette réunion, le Liban a présenté un exposé sur les récentes violations israéliennes, notamment l'utilisation renouvelée des avertissements d'évacuation émis avant de viser plusieurs bâtiments, actions décrites comme une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu.

Le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Naim Qassim, a déclaré que le groupe avait l'intention de conserver ses armes au nord du fleuve Litani, une position qui viole les termes de l'accord de cessez-le-feu.

Après la déclaration de Qassim selon laquelle "il n'y a pas de menace ou de danger pour les colonies du nord", nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la raison pour laquelle le Hezbollah conserve ses armes au nord du fleuve Litani.

En réponse, le parti phalangiste a déclaré que le fait de rassurer Israël sur le fait que les colonies du nord ne sont pas menacées, tout en exprimant la volonté de débarrasser le sud de ses armes, soulève de sérieuses questions quant à l'objectif de la conservation de ces armes.

Le parti a demandé : Où est la soi-disant "résistance contre Israël" si sa priorité aujourd'hui est de rassurer Israël plutôt que de l'affronter ?


Cisjordanie: deux adolescents palestiniens abattus, l'armée israélienne dit avoir déjoué une attaque

 L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque". (AFP)
L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque". (AFP)
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  • L'armée israélienne avait indiqué plus tôt que des soldats en opération dans le secteur de Karmei Tzur, colonie juive voisine du village palestinien de Beit Omar, à quelques kilomètres au nord de Hébron, avaient "éliminé deux terroristes"
  • L'armée israélienne n'a pas fourni plus de détails sur cette affaire intervenant sur fond de recrudescence des violences en Cisjordanie, qui ont atteint en octobre un pic inédit en près de deux décennies selon l'ONU

DAYR ISTIYA: L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi que des soldats israéliens avaient tué dans le sud de la Cisjordanie deux adolescents de 15 ans, présentés par l'armée israélienne comme des "terroristes en passe de perpétrer une attaque".

Le ministère de la Santé palestinien a annoncé sans plus de détail "le martyre de Bilal Bahaa Ali Baaran (15 ans) et Mohammad Mahmoud Abou Ayache (15 ans) tués par des balles de l'occupation [Israël, NDLR], cet après-midi, jeudi, près de Beit Omar, au nord de Hébron", grande ville du sud de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

L'armée israélienne avait indiqué plus tôt que des soldats en opération dans le secteur de Karmei Tzur, colonie juive voisine du village palestinien de Beit Omar, à quelques kilomètres au nord de Hébron, avaient "éliminé deux terroristes en passe de perpétrer une attaque".

L'armée israélienne n'a pas fourni plus de détails sur cette affaire intervenant sur fond de recrudescence des violences en Cisjordanie, qui ont atteint en octobre un pic inédit en près de deux décennies selon l'ONU.

Jeudi également, le ministère des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne, basée à Ramallah, a accusé des colons israéliens d'avoir incendié la mosquée Hajja Hamida à Dayr Istiya, dans le nord de la Cisjordanie.

Un photographe de l'AFP sur place a vu des murs noircis, des corans brûlés et des graffitis sur un mur de la mosquée.

"Cela viole, et de façon flagrante, le caractère sacré des lieux de culte et reflète le racisme profond des colons qui agissent en se plaçant sous la protection du gouvernement de l'occupation", a déclaré dans un communiqué le ministère.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré que des forces de sécurité avaient été dépêchées sur les lieux après avoir reçu "des informations et des images [...] concernant des suspects ayant incendié une mosquée et tagué des graffitis".

Les soldats n'ont identifié aucun suspect sur place, a ajouté l'armée, condamnant "toute forme de violence".

"Schéma de violences extrémistes" 

Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné l'attaque de la mosquée, jugeant "que de tels actes de violence et de profanation de lieux de culte sont inacceptables", a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric, dénonçant "un schéma de croissance de violences extrémistes qui attisent les tensions et doivent cesser immédiatement".

La veille, le lieutenant général Eyal Zamir, chef d'état-major de l'armée israélienne avait affirmé vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie, territoire palestinien où vivent désormais plus de 500.000 Israéliens - dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international - au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

"L'armée ne tolérera pas de comportements criminels de la part d'une petite minorité qui ternit l'image d'une population respectueuse des lois", a déclaré le général Zamir, alors que nombre de témoignages accusent les soldats israéliens de rester passifs face à la violence de ces colons.

Ces dernières semaines, les attaques attribuées à des colons, jeunes, et de plus en plus violents et organisés, se sont multipliées en Cisjordanie, visant des Palestiniens mais aussi des militants israéliens ou étrangers contre la colonisation, des journalistes, et parfois des soldats.

Les violences ont explosé dans ce territoire depuis le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.005 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.