Le nouveau cabinet d'Erdogan s'attaque aux défis locaux et mondiaux

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avec les nouveaux membres de son cabinet lors de la cérémonie d'investiture au complexe présidentiel d'Ankara, en Turquie. (AFP)
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avec les nouveaux membres de son cabinet lors de la cérémonie d'investiture au complexe présidentiel d'Ankara, en Turquie. (AFP)
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Publié le Dimanche 04 juin 2023

Le nouveau cabinet d'Erdogan s'attaque aux défis locaux et mondiaux

  • Les choix du président turc tournent autour l'économie et la politique étrangère, selon un expert
  • Erdogan est favorable à l'Occident et moins hostile aux pays de la région

ANKARA : Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dévoilé son nouveau cabinet samedi soir lors de la cérémonie d'investiture et les nominations donnent des indications sur l’orientation du nouveau gouvernement en matière d'économie et de politique étrangère.

Le fait que le nouveau vice-président, Cevdet Yilmaz, ait de l’expérience en matière de gouvernance économique pourrait indiquer que l'économie sera une priorité pour Erdogan, qui entame sa troisième décennie à la tête de la nation.

Mehmet Simsek, partisan de politiques économiques orthodoxes et favorables aux investisseurs, et perçu positivement par les marchés financiers, a été nommé ministre du Trésor et des Finances.

Simsek, ancien responsable de l'économie et vice-premier ministre entre 2009 et 2018, sera chargé de restaurer la confiance des marchés après les élections.

Dans sa précédente fonction, il avait préconisé un resserrement de la politique monétaire, mais il a été remplacé par Berat Albayrak, le gendre d'Erdogan.

Il reste à voir si sa présence au sein du cabinet permettra de s'éloigner des politiques économiques peu orthodoxes actuelles, avec leurs faibles taux d'intérêt.  Mais sa nomination est un signal important de changements pour les marchés.

Plutôt qu'un revirement brutal de politique économique, on s'attend à ce que des mesures graduelles soient prises dans un contexte où la livre est en train de tomber à des niveaux records par rapport au dollar.

Dans son discours post-électoral, Erdogan a déclaré : « Nous sommes en train de concevoir une économie axée sur l'investissement et l'emploi, avec une équipe de gestion financière qui jouit d'une réputation mondiale. »

L'économie turque a connu une croissance de 4 % au cours du premier trimestre de l'année, dépassant de peu les prévisions.

Soner Cagaptay, chercheur au Washington Institute, a déclaré à Arab News : "S'il dispose d'une certaine marge de manœuvre pour ajuster les taux d'intérêt ultra-bas, l'économie turque peut se redresser. Mais je m'attends d'abord à une dévaluation de la livre, qui rendra la Turquie très bon marché pour les touristes et abordable pour les exportations ».

« Si Simsek bénéficie d'une flexibilité suffisante, les marchés penseront qu'il a le pouvoir de faire ce qu'il doit faire pour restaurer l'économie turque », a déclaré Cagaptay.

Avec la diminution des réserves, certains changements dans la gouvernance économique à court terme sont inévitables.

Mais l'ampleur et la durabilité de ces changements dans une structure décisionnelle centralisée restent incertaines et dépendent de la nouvelle feuille de route annoncée.

Les experts estiment que si Erdogan insiste pour maintenir des taux d'intérêt bas plutôt que de prendre des mesures d'austérité avant les élections locales qui auront lieu dans dix mois, la nomination de Simsek n'entraînera pas de grands changements dans la politique économique.

Selon Wolfango Piccoli, co-président de Teneo Intelligence, basé à Londres, le retour de Simsek entraînerait un réajustement partiel de la politique économique actuelle de la Turquie, alors qu'un revirement radical en faveur d'une approche de politique monétaire totalement conventionnelle reste improbable.

« On ne sait pas non plus combien de temps Erdogan pourra tolérer une position plus pragmatique sur le front économique, étant donné la priorité qu'il accorde aux élections locales de mars 2024 », a déclaré Piccoli.

Entre-temps, l'ancien chef des services de renseignement, Hakan Fidan, a rejoint le cabinet en tant que nouveau ministre des Affaires étrangères. Fidan est connu pour avoir initié des rapprochements avec de nombreux pays, en particulier l'Égypte et les pays du Golfe.

« Il est très respecté à Washington et est considéré comme un interlocuteur fiable », a déclaré Cagaptay.

« Il s'est également occupé de portefeuilles internationaux clés, en particulier des politiques relatives à la Syrie et à la Russie. Sa nomination est très importante. Il est désormais aux commandes ».

Cagaptay s'attend à ce que le nouveau cabinet soit plus ouvert sur les pays occidentaux et moins antagoniste avec les pays de la région.

Fin avril, Fidan a participé à une réunion avec ses homologues russe, iranien et syrien à Moscou, dans le cadre d'un processus de rapprochement avec le régime de Bachar Assad.

L'année dernière, la poignée de main entre Erdogan et le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi en marge de la Coupe du monde de football au Qatar aurait également été le résultat de réunions entre les services de renseignement et les ministères des Affaires étrangères des deux parties.

Selon Cagaptay, Erdogan souhaite disposer d'experts de premier plan en matière de politique économique et étrangère, afin de pouvoir se concentrer sur les domaines intérieurs qui nécessitent une macro-gestion quasi quotidienne, notamment les questions sociales et la rédaction d'une nouvelle charte.

« Le fait qu'il ait préservé des sièges parlementaires lors de la formation de son cabinet nous indique qu'il souhaite arriver rapidement à un referendum qui aboutirait à une majorité législative », a-t-il ajouté.

Entre-temps, bien que la Turquie ait déjà entamé le processus de normalisation des liens avec la Syrie et le régime Assad par le biais de plusieurs réunions de haut niveau sous la médiation de la Russie, la présence militaire turque dans le nord de la Syrie ne devrait pas disparaître de sitôt.

Mais de nouvelles mesures visant à faciliter le retour en toute sécurité des réfugiés syriens dans leur pays d'origine pourraient être prises pour tenir les promesses faites par Erdogan lors de sa campagne de réélection.

Les campagnes de lutte contre le terrorisme dans le nord de l'Irak et en Syrie devraient également se poursuivre à la lumière de la composition du nouveau cabinet.

Dalia Ziada, directrice du Centre d'études du Moyen-Orient et de la Méditerranée orientale (MEEM), basé au Caire, estime que Fidan est l'homme de la situation, à un moment où la Turquie s'impose comme un acteur régional de premier plan.

« Il détient toutes les cartes importantes et connaît les coulisses de la politique étrangère turque », a-t-elle déclaré à Arab News.

« Fidan a une connaissance approfondie de la situation dans les points chauds du Moyen-Orient, de la Libye au Soudan et à la Syrie, et il est le seul fonctionnaire turc à continuer à participer aux réunions quadripartites de Moscou qui ont rassemblé des hauts fonctionnaires de Turquie, de Syrie, de Russie et d'Iran au cours des derniers mois », a déclaré Mme Ziada.

Selon elle, le rôle actif de Fidan dans l'appareil de politique étrangère permet d'espérer à court terme des progrès tangibles en ce qui concerne la politique étrangère de la Turquie en Syrie et le rôle de médiateur de la Turquie dans le conflit entre la Russie et l'Ukraine.

Comme Fidan a été l'architecte discret du rapprochement de ces deux dernières années pour réhabiliter les liens rompus avec l'Égypte et les pays arabes du Golfe, Ziada pense que sa nomination pourrait accélérer le processus de réconciliation entre la Turquie et le pays nord-africain.

« Cela permettra d'atténuer les conflits civils en Libye, de faciliter le processus de solution politique et pourrait finalement amener la Libye à des élections plus tôt que nous ne le pensons », a-t-elle précisé.

El-Sisi et Erdogan se sont mis d'accord sur « le début immédiat de l'amélioration des relations diplomatiques et de l'échange d'ambassadeurs », a déclaré la présidence égyptienne dans un communiqué lundi dernier.

Ziada a ajouté que les qualifications de Fidan pourraient renforcer les relations de la Turquie avec les pays arabes du Golfe.

« Je ne serais pas surpris de voir Fidan participer aux discussions entre les pays arabes du Golfe et l'Iran dans un avenir proche. À l'inverse, cela se répercutera positivement sur la Turquie en augmentant les investissements des pays du Golfe et en renforçant ainsi l'économie turque en difficulté », a-t-elle souligné.

« Fidan devrait être le cheval gagnant de la Turquie sur les échiquiers du Moyen-Orient, de la Méditerranée orientale et de la mer Noire. »

Yasar Guler, chef d'état-major général du pays, a été nommé ministre de la Défense dans le nouveau cabinet.

Bien que sa nomination n'ait pas encore été annoncée, le porte-parole de la présidence, Ibrahim Kalin, devrait se retrouver à la tête des services de renseignement.

Le nom du gouverneur de la banque centrale n'a pas encore été annoncé, mais celui de Hafize Gaye Erkan a été évoqué.

Erkan est titulaire d'un doctorat de l'université de Princeton, a travaillé pour de nombreuses institutions financières aux États-Unis, notamment Goldman Sachs en tant que cadre des services financiers, et est l'ancien président de la First Republic Bank.

Au cours des quatre dernières années, la Turquie a connu quatre gouverneurs à la tête de la banque centrale.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Pourparlers jeudi entre l'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh

Dans cette vidéo extraite d'une séquence diffusée par le ministère russe de la Défense le 21 septembre 2023, un casque bleu russe monte la garde alors que des civils arméniens entrent dans une base militaire russe près de Stepanakert, dans la région du Haut-Karabakh. (Photo, AFP /HANDOUT/ RUSSIAN DEFENCE MINISTRY)
Dans cette vidéo extraite d'une séquence diffusée par le ministère russe de la Défense le 21 septembre 2023, un casque bleu russe monte la garde alors que des civils arméniens entrent dans une base militaire russe près de Stepanakert, dans la région du Haut-Karabakh. (Photo, AFP /HANDOUT/ RUSSIAN DEFENCE MINISTRY)
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  • La délégation séparatiste est arrivée dans la matinée à Yevlakh, à 295 km à l'ouest de la capitale azerbaïdjanaise, pour ces négociations, selon l'agence de presse officielle azerbaïdjanaise Azertag
  • Les images de ce média d'Etat montrent une colonne de 4X4 noirs arrivant sur les lieux des discussions, suivie d'un véhicule sur lequel flotte un drapeau russe et portant des plaques d'immatriculation de l'armée russe

BAKOU: De premiers pourparlers entre l'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh doivent s'ouvrir jeudi dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh après une victoire militaire éclair de Bakou pour reprendre le contrôle de ce territoire sécessionniste.

La délégation séparatiste est arrivée dans la matinée à Yevlakh, à 295 km à l'ouest de la capitale azerbaïdjanaise, pour ces négociations, selon l'agence de presse officielle azerbaïdjanaise Azertag.

Les images de ce média d'Etat montrent une colonne de 4X4 noirs arrivant sur les lieux des discussions, suivie d'un véhicule sur lequel flotte un drapeau russe et portant des plaques d'immatriculation de l'armée russe.

La Russie a depuis fin 2020 et une précédente guerre une mission de soldats de la paix au Nagorny Karabakh.

Selon le dernier bilan des séparatistes arméniens, l'opération militaire azerbaïdjanaise qui s'est achevée en 24 heures mercredi à la mi-journée a fait au moins 200 morts et 400 blessés. Le ministère russe de la Défense a quant à lui annoncé que deux soldats russes avaient été tués mercredi lorsque leur voiture a été visée par des tirs.

Acculés par la puissance de feu des unités azerbaïdjanaises et la décision de l'Arménie de ne pas leur venir en aide, les séparatistes ont accepté de participer jeudi à de premiers pourparlers sur "la réintégration" à l'Azerbaïdjan du Nagorny Karabakh. Ils ont également accepté de rendre toutes leurs armes.

En parallèle, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU se déroulera dans l'après- midi, a confirmé la présidence albanaise du Conseil mardi soir.

A la veille des pourparlers, Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev, a assuré que l'Azerbaïdjan avait "pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh" et une "normalisation" des relations avec l'Arménie.

Il a promis "un passage en toute sécurité" aux forces séparatistes arméniennes, assurant que "toutes les actions" menées "sur le terrain" étaient coordonnées avec le contingent de maintien de la paix russe.

Vingt-quatre heures après le déclenchement de son offensive militaire, l'Azerbaïdjan a "rétabli sa souveraineté" sur le Nagorny Karabakh, s'est félicité mercredi M. Aliev.

Cette victoire azerbaïdjanaise nourrit les craintes d'un départ massif des 120.000 habitants du Nagorny Karabakh, tandis que des images diffusées par des médias locaux montraient une foule rassemblée à l'aéroport de la capitale des séparatistes Stepanakert, contrôlé par les Russes.

Plus de 10.000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont d'ores et déjà été évacuées de l'enclave, a fait savoir mercredi soir un responsable des séparatistes.

Les soldats de la paix russes ont affirmé jeudi matin avoir pris en charge environ 5.000 personnes évacuées.

Pachinian sous pression, Aliev renforcé

Après l'instauration du cessez-le-feu mercredi, l'Arménie a accusé l'armée azerbaïdjanaise d'avoir ouvert le feu sur ses positions à la frontière avec l'Azerbaïdjan.

"Des unités des forces armées azerbaïdjanaises ont tiré à l'arme légère sur les avant-postes de combat arméniens près de Sotk", a dit le ministère arménien de la Défense dans un communiqué.

La capitulation des séparatistes a fait monter la pression sur le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, critiqué pour ne pas avoir envoyé d'aide au Nagorny Karabakh.

Au lendemain de heurts devant le siège du gouvernement, des milliers de manifestants, partisans des séparatistes du Nagorny Karabakh, se sont de nouveau rassemblés mercredi soir et des incidents ont éclaté avec la police. Nikol Pachinian "doit partir, il ne peut pas diriger le pays", a déclaré l'un d'eux, Sarguis Hayats, un musicien de vingt ans.

Usant de la manne pétrolière pour renforcer son armée, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev est de son côté en passe de réussir son pari de reprendre le contrôle de cette région majoritairement peuplée d'Arméniens, qui a été le théâtre de deux guerres entre les anciennes républiques soviétiques du Caucase que sont l'Azerbaïdjan et l'Arménie : l'une de 1988 à 1994 (30.000 morts) et l'autre à l'automne 2020 (6.500 morts).

Cette victoire "va assurément augmenter la popularité d'Ilham Aliev", au pouvoir depuis vingt

ans mais celui-ci va désormais devoir "tenir sa promesse" de grantir les droits des Arméniens du Nagorny Karabakh, a souligné Chahin Hajiev, un expert azerbaïdjanais indépendant.

Poutine espère un «règlement pacifique»

Totalement absorbée par la guerre en Ukraine depuis plus d'un an et demi, la Russie a joué un rôle de médiateur dans la signature de ce cessez-le-feu, ont affirmé les séparatistes et Bakou. Mais Moscou, qui juge que la crise au Nagorny Karabakh est une "affaire intérieure" de l'Azerbaïdjan, n'a jusqu'ici rien dit de l'accord.

Mercredi soir, le président russe Vladimir Poutine a toutefois déclaré que les négociations sur l'avenir de cette enclave auraient lieu avec "la médiation" des forces russes déployées sur le terrain.

Craignant que la reprise des hostilités ne déstabilise tout le Caucase, les Occidentaux et la Russie avaient appelé dès mardi à un arrêt immédiat des combats.

Les autorités azerbaïdjanaises avaient déclenché ce jour-là leur opération "antiterroriste", à la suite de la mort de six personnes dans l'explosion de mines posées, ont-elles affirmé, par des "saboteurs" arméniens.


Niger: Le président déchu Mohamed Bazoum saisit la justice ouest-africaine pour sa libération

Une femme tient l'image du président nigérien déchu Mohamed Bazoum, détenu avec sa famille dans sa résidence officielle de Niamey depuis le 26 juillet, lors d'une manifestation devant l'ambassade du Niger, à Paris, le 5 août 2023 (Photo, AFP).
Une femme tient l'image du président nigérien déchu Mohamed Bazoum, détenu avec sa famille dans sa résidence officielle de Niamey depuis le 26 juillet, lors d'une manifestation devant l'ambassade du Niger, à Paris, le 5 août 2023 (Photo, AFP).
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  • La requête déposée devant la Cour de justice de la Cedeao nvoque «l'arrestation arbitraire» et «la violation de la liberté d'aller et venir»
  • La Cour de justice de l'organisation est la principale juridiction de la Cedeao, composée de 5 juges choisis parmi les ressortissants des Etats membres

NIAMEY: Le président nigérien déchu Mohamed Bazoum a décidé de saisir la justice ouest-africaine pour obtenir sa libération et le rétablissement de l'ordre constitutionnel dans le pays, près de deux mois après un coup d'Etat opéré par des militaires qui l'ont renversé et le séquestrent toujours.

"Nous demandons (...) au vu de la violation des droits politiques, que l'Etat du Niger soit condamné au rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel par la remise du pouvoir au président Bazoum qui doit continuer de l'exercer jusqu'à la fin de son mandat le 2 avril 2026", a déclaré mercredi à l'AFP son avocat sénégalais, Maître Seydou Diagne.

La requête déposée devant la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) le 18 septembre invoque "l'arrestation arbitraire" et "la violation de la liberté d'aller et venir" du président Mohamed Bazoum, de sa femme Haziza et de son fils Salem, détenus avec lui au palais présidentiel depuis le coup d'État, le 26 juillet.

Selon Maître Diagne, ses "clients sont victimes de graves et intolérables violations des droits de l'homme. Ils ont le droit de saisir les juridictions compétentes. Ca ne peut pas aggraver leur situation, c'est un motif d'espoir que justice leur soit rendue".

En cas de décision favorable, "l'Etat du Niger a(ura) l'obligation juridique d'exécuter la décision", a-t-il assuré.

"Ce qui nous intéresse, c'est d'obtenir une condamnation de l'Etat du Niger par une décision de justice. Le combat de monsieur Bazoum est un combat par le droit", a-t-il souligné.

Maître Seydou Diagne a également affirmé que "le général (Abdourahamane) Tiani (à la tête du régime militaire, ndlr) n'est pas habilité par la loi nigérienne pour procéder à des arrestations. Il a été nommé par décret depuis 2011 pour assurer la sécurité du président".

La Cour de justice de l'organisation est la principale juridiction de la Cedeao, composée de 5 juges choisis parmi les ressortissants des Etats membres.

Mi-août, les auteurs du coup d'Etat avaient de leur côté annoncé leur intention de "poursuivre" Mohamed Bazoum pour "haute trahison" et "atteinte à la sûreté" du pays.

Bazoum et la Cedeao soutenus 
La Cedeao menace les auteurs du coup d'Etat d'une intervention militaire depuis le 30 juillet pour rétablir l'ordre constitutionnel.

Elle avait annoncé que le jour et les modalités de l'opération avaient été décidés, priorisant toutefois la voie diplomatique, mais reste désormais relativement silencieuse, bien que soutenue par plusieurs pays occidentaux.

L'Union européenne (UE) a rappelé mercredi son "soutien à la position de la Cedeao", appelant une nouvelle fois "à la libération immédiate et inconditionnelle du président Bazoum et de sa famille", et "ne reconnaît pas les autorités issues du putsch", a affirmé à l'AFP Nabila Massrali, porte-parole du chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

Des propos déclarés le lendemain d'une convocation de l'ambassadeur de l'UE à Niamey, Salvador Pinto da França, par le Premier ministre du Niger nommé par les militaires au pouvoir, Ali Mahaman Lamine Zeine.

La Cedeao est également soutenue par la France, engagée dans un bras de fer avec le régime militaire.

Paris a suspendu début août la délivrance de visas à Niamey - suspendue également à Ouagadougou (Burkina) et Bamako (Mali) - pour entrer sur son territoire.

Paris refuse aussi le retour en France de son ambassadeur à Niamey, Sylvain Itté, "pris en otage" selon Emmanuel Macron, et dont l'expulsion a été ordonnée par les généraux au pouvoir fin août.

La France compte quelque 1.500 soldats au Niger, dont l'avenir est incertain.

Le régime militaire, qui prévoit une transition d'une durée maximum de trois ans, cherche des alliés.

Il se tourne notamment vers le Mali et le Burkina voisins, également dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par un coup d'Etat, avec qui il a lancé samedi une coopération de défense, avec la création de l'Alliance des Etats du Sahel (AES).


Les liens militaires «florissants» entre l'Iran et la Russie inquiètent les Etats-Unis

Le lieutenant général Alexus Grynkewich américain s'est dit "préoccupé" par le renforcement de "la coopération et la collusion entre la Russie et l'Iran (Photo, AFP).
Le lieutenant général Alexus Grynkewich américain s'est dit "préoccupé" par le renforcement de "la coopération et la collusion entre la Russie et l'Iran (Photo, AFP).
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  • L'Iran, très proche de Moscou notamment sur le dossier syrien, est accusé par les pays occidentaux de livrer en quantité des drones à l'armée russe
  • L'Iran a dévoilé fin août la nouvelle version d'un drone militaire capable de voler 24 heures et de transporter toutes sortes d'armements

ABOU DHABI: De la Syrie à l'Ukraine, les liens militaires "florissants" entre la Russie et l'Iran inquiètent les Etats-Unis, alors que Téhéran pourrait bénéficier des technologies apportées à ses drones utilisés par Moscou, a déclaré mercredi un responsable militaire américain.

L'Iran, très proche de Moscou notamment sur le dossier syrien, est accusé par les pays occidentaux de livrer en quantité des drones, notamment explosifs, à l'armée russe pour l'aider dans sa guerre en Ukraine, ce que Téhéran dément.

"Il y a un risque que, lorsque la Russie accepte les drones de l'Iran, lorsqu'elle modifie ces armes, une partie de cette technologie soit partagée avec l'Iran (et) lui donne des capacités supplémentaires", a déclaré le lieutenant général Alexus Grynkewich, lors d'un point presse à Abou Dhabi.

"Et je vois un peu les implications de cette relation à l'oeuvre en Syrie. Qui aurait jamais pensé que la Fédération de Russie aurait besoin de l'Iran pour ses capacités militaires ? Et pourtant", a-t-il ajouté devant les journalistes.

Les drones sont devenus un élément central de la stratégie militaire de la Russie et de l'Iran, deux pays faisant l'objet de lourdes sanctions occidentales.

L'Iran a dévoilé fin août la nouvelle version d'un drone militaire capable de voler 24 heures et de transporter toutes sortes d'armements. Le Mohajer 10 est destiné à enrichir les capacités de défense aériennes de la République islamique.

Alexus Grynkewich s'est dit "préoccupé" par le renforcement de "la coopération et la collusion entre la Russie et l'Iran en Syrie", Moscou et Téhéran y étant déjà les principaux soutiens du président Bachar al-Assad dans la guerre civile qui ravage le pays depuis 2011.

Surveiller de très près
Le militaire américain a assuré que les Etats-Unis "surveillaient de très près" cette coopération russo-iranienne, déplorant le "soutien économique, politique et militaire" de Téhéran à la Syrie, le régime de Damas ayant récupéré la plupart des territoires perdus au début du conflit.

"Cette relation florissante me préoccupe sur le plan militaire", a insisté le général Grynkewich.

Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et morcelé le pays.

Selon Alexus Grynkewich, le groupe Etat islamique, dont le califat autoproclamé contrôlait autrefois une partie du territoire syrien, a été "éliminé", après avoir été défait en 2019 par une coalition antidjihadistes emmenée par Washington.

Mais des "menaces et risques persistent" en Syrie et en Irak, a-t-il mis en garde.

"La Russie et le régime syrien feraient bien de se concentrer sur cette menace, pour éviter qu'elle ne revienne", a déclaré le général américain.

«Engagement sans faille»
Alexus Grynkewich s'exprimait depuis les Emirats arabes unis, d'où il a assuré que son pays restait attaché à la sécurité de ses partenaires du Golfe, notamment l'Arabie saoudite et les Emirats, les deux pays les plus riches et influents du monde arabe.

"Nous n'allons nulle part", a affirmé Alexus Grynkewich. "Même sans accord signé, je peux simplement vous dire que nous avons un engagement sans faille en faveur de la sécurité ici dans cette région", a-t-il dit.