Turquie: Une nouvelle opération cible des agents du Mossad

Le directeur de l'Organisation nationale du renseignement (MIT), Ibrahim Kalin, à Istanbul, en Turquie, le 14 mai 2022 (Photo, Reuters).
Le directeur de l'Organisation nationale du renseignement (MIT), Ibrahim Kalin, à Istanbul, en Turquie, le 14 mai 2022 (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 04 juillet 2023

Turquie: Une nouvelle opération cible des agents du Mossad

  • Sept suspects ont récemment été arrêtés en Turquie
  • Cette opération intervient à la veille de la rencontre prévue entre Netanyahou et Erdogan

ANKARA: L'Organisation nationale du renseignement turc a récemment mené une opération ciblée contre une cellule de 56 agents du Mossad soupçonnés d'opérer en Turquie.

Sept suspects, dont des ressortissants turcs, ont été arrêtés à la suite de cette opération.

Les suspects auraient avoué leur complicité.

Cette opération intervient dans un contexte d'amélioration des relations bilatérales entre la Turquie et Israël.

La Turquie s'est également dotée d'un nouveau chef des services de renseignement, Ibrahim Kalin, qui a été pendant des années le principal porte-parole de la présidence.

Selon les autorités, les agents du Mossad étaient supervisés par neuf agents basés en Israël.

La cellule «fantôme» est accusée de s'être livrée à diverses activités d'espionnage, telles que l'espionnage de ressortissants non turcs pour le compte du gouvernement turc.

Leurs méthodes incluraient l'utilisation de techniques de routage en ligne, le piratage de réseaux sécurisés et le suivi des mouvements des personnes ciblées.

La majorité de leurs cibles étaient des Palestiniens et des individus d'origine arabe résidant en Turquie.

Lors d'une opération supervisée par un Israélien d'origine arabe – Soliman Agbaria – les agents ont suivi physiquement certaines cibles repérées par le Mossad pour photographier des rencontres en tête-à-tête.

Ils ont également utilisé de faux sites web arabes pour attirer l'attention des cibles en les poussant à cliquer sur des articles. Un logiciel espion a ensuite été installé sur leurs téléphones.

L'agence de renseignement turque a révélé que le Mossad avait envoyé ses agents d'origine arabe basés à Istanbul au Liban et en Syrie pour recueillir des renseignements essentiels et repérer des lieux qui seraient ensuite frappés par des drones armés.

Les opérations turques ont révélé que les agents du Mossad en Turquie et à l'étranger communiquaient par le biais de lignes téléphoniques mobiles à usage unique appartenant à de fausses personnes basées en Europe, en Angleterre, en Malaisie et en Indonésie.

Gallia Lindenstrauss, chargée de recherche à l'Institut d'études de sécurité nationale en Israël, a commenté l'évolution de la situation, notant que cette révélation faisait suite à des cas précédents de découverte d'agents liés au Mossad en Turquie.

Fin mai, au cours d'une période déjà politiquement chargée en Turquie en raison des élections en cours, les autorités turques ont dévoilé un autre réseau d'espionnage du Mossad.

Lors de cette opération menée à Istanbul, 11 suspects ont été arrêtés pour avoir prétendument surveillé une entreprise et des personnes ayant des liens commerciaux avec l'Iran.

Tous les individus détenus étaient des ressortissants étrangers soupçonnés de travailler pour l'agence de renseignement israélienne. Il a été constaté, en effet, qu'ils avaient été formés en Europe par des cadres du Mossad.

En décembre 2022, la Turquie a révélé l'existence d'un autre groupe de sept agents chargés d'espionner des Palestiniens au service du Mossad afin de lancer des campagnes de diffamation et des menaces en ligne à leur encontre.

Mme Lindenstrauss a déclaré qu'Israël «s'abstiendra probablement de publier une déclaration officielle confirmant ou infirmant ces allégations, comme il l'a fait dans des cas précédents».

Selon elle, la présence croissante de Palestiniens en Turquie – tant pour y résider que pour y suivre des études – pousse Israël et ses adversaires à recruter des agents et à mener des opérations d'espionnage ciblant des individus de diverses nationalités.

C'est, selon elle, la principale raison de la multiplication des révélations de ce type.

Diplomatie houleuse

Les relations entre la Turquie et Israël ont connu des périodes de tension ces dernières années. Toutefois, l'année dernière a été marquée par une évolution importante, Israël ayant nommé un ambassadeur en Turquie pour la première fois en quatre ans.

Irit Lillian est actuellement ambassadrice et incarne la volonté d'Israël d'apaiser les relations tendues entre les deux pays.

En contrepartie, la Turquie a nommé Sakir Ozkan Torunlar ambassadeur en Israël.

Le nouveau ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, qui a dirigé l'Organisation nationale du renseignement pendant des années, a œuvré pour la transformation des services de renseignement turcs et a renforcé l'importance du renseignement et des opérations préventives.

Il a également été l'architecte du rapprochement politique avec Israël grâce à la diplomatie secrète.

Cette dernière opération ne devrait pas avoir nui au processus de rapprochement entre les deux pays.

«Il ne s'agit pas d'un fait nouveau et il ne devrait donc pas avoir d'effet majeur, mais le moment choisi pour cette révélation publique détaillée semble étrange, si la rencontre entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président turc Recep Tayyip Erdogan devrait effectivement avoir lieu ce mois-ci», a ajouté Mme Lindenstrauss.

Netanyahou et Erdogan devraient s'entretenir à Ankara afin d'aborder plusieurs questions, notamment l'exportation potentielle vers l'Europe, via la Turquie, de gaz naturel provenant d'un gisement situé au large de la bande de Gaza.

Netanyahou, ainsi que le président israélien Isaac Herzog, ont félicité Erdogan pour sa victoire aux élections présidentielles de mai, tout en soulignant l'importance de renforcer les liens bilatéraux entre Israël et la Turquie.

Selon le Dr Nimrod Goren, chercheur principal au Middle East Institute, les récentes arrestations effectuées par la Turquie ne devraient pas avoir d'impact durable sur les relations bilatérales.

«Si les individus arrêtés par la Turquie ne sont pas israéliens, et s'il ne s'agit pas d'un cas d'espionnage de la Turquie par Israël, alors de tels cas se sont déjà produits récemment», a-t-il indiqué à Arab News.

M. Goren a déclaré que des rapports, apparus à la fin de 2022 et en mai 2023, faisaient état de la découverte par la Turquie de réseaux d'espionnage israéliens présumés ciblant des intérêts iraniens et palestiniens. Ces cas ont coïncidé avec une amélioration des relations entre Israël et la Turquie.

Il a également souligné l'intérêt évident de la Turquie pour le maintien de la coopération avec Israël, même avec Netanyahou au poste de premier ministre.

Concernant l'éventuelle rencontre entre Netanyahou et Erdogan prévue dans le courant du mois, M. Goren a déclaré que l'escalade israélo-palestinienne constituait une menace plus importante pour les relations israélo-turques que l'arrestation d'espions.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.