Sit-in contre l’arrestation de la militante libanaise Kinda Al-Khatib

Kinda Al-Khatib a été arrêtée en juin 2020 et accusée de «collaboration avec l'ennemi» (Photo, Twitter).
Kinda Al-Khatib a été arrêtée en juin 2020 et accusée de «collaboration avec l'ennemi» (Photo, Twitter).
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Publié le Vendredi 18 décembre 2020

Sit-in contre l’arrestation de la militante libanaise Kinda Al-Khatib

  • Al-Khatib a été condamnée le 14 décembre à trois ans de prison avec travaux forcés, en plus de la suppression de ses droits civils, pour avoir supposément collaboré avec Israël
  • La Cour militaire permanente, dirigée par le général de brigade Munir Shehadeh, a prononcé deux condamnations par contumace contre Fadl Shaker. Le célèbre chanteur écope de 22 ans de prison avec travaux forcés, et se retrouve privé de ses droits civils

BEYROUTH: L'armée libanaise a formé jeudi un cordon de sécurité serré autour du siège du tribunal militaire à Beyrouth, alors que la famille et les amis de la militante libanaise Kinda Al-Khatib manifestaient à l'extérieur. Al-Khatib a été condamnée le 14 décembre à trois ans de prison avec travaux forcés, en plus de la suppression de ses droits civils, pour avoir supposément collaboré avec Israël.

Les manifestants ont brandi des photos de la jeune militante, en plus de pancartes qui citent ses positions, toutes aux antipodes du Hezbollah, comme celle qui lisait: «Les seules armes légitimes sont celles de l’armée libanaises». Les manifestants assurent que la condamnation d’Al-Khatib est purement politique, «car elle s’est révoltée non seulement contre la dictature de l’autorité mais aussi contre les vrais partis au pouvoir».

L'avocate d'Al-Khatib, Joceline Rahi, affirme que sa cliente ferait appel de sa condamnation, ajoutant qu’elle est absolument innocente de tout crime.

Al-Khatib a révélé dans son témoignage qu'une personne appelée Roy Qaisi l'avait contactée sur Twitter, et s’est identifié comme journaliste pour la chaîne israélienne 11. Quand Al-Khatib a appris qu'il est israélien, elle n’a pas hésité à informer les forces de sécurité libanaises.

Quand on lui a demandé pourquoi elle ne l'avait pas bloqué, Al-Khatib dit qu'elle croyait que son téléphone serait mis «sous surveillance de la part des services de renseignement» et qu’elle-même n’a rien à se reprocher.  Tous ses comptes sur les réseaux sociaux sont publics, précise-t-elle.

Al-Khatib nié avoir voyagé en Israël, rencontré des Israéliens ou encore fourni à Tel Aviv des informations de sécurité.

Mercredi, le tribunal militaire permanent, dirigée par le général de brigade Munir Shehadeh, a prononcé deux condamnations par contumace contre Fadl Shaker. Le célèbre chanteur écope de 22 ans de prison avec travaux forcés, et se retrouve privé de ses droits civils.

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Le chanteur Fadl Shaker a été condamné à 22 ans de prison avec travaux forcés pour son «implication dans des actes de terrorisme».

La première décision a condamné Shaker à 15 ans de prison pour «implication dans des actes de terrorisme commis par des terroristes au su et au vu de l’accusé qui leur a fourni des services de nature logistique». La deuxième décision l’a condamné à sept ans de prison, ainsi qu’à une amende de 5 millions de livres libanaises, pour avoir financé le groupe militant d’Ahmed Al-Assir.

Shaker a déjà été condamné en 2017 à 15 ans de prison avec travaux forcés dans la foulée des peines prononcées contre Ahmed Al-Assir pour les batailles d'Abra en 2013. A l’époque,  ce dernier, flanqué de ses partisans à Saida, avait pris les armes contre l'armée libanaise.

Shaker vit dans la clandestinité depuis, mais il a accordé plusieurs entrevues aux médias, et a toujours clamé haut et fort son innocence. Si Shaker se rend à la justice, il sera certainement rejugé pendant qu'il est présent au procès.

Le juge Fadi Sawan, le juge d’instruction dans l'explosion du port de Beyrouth, a par ailleurs suspendu tous les interrogatoires liés à l'affaire pour une période de 10 jours, en attendant la décision de la Cour de cassation. Deux anciens ministres, Ghazi Zaiter et Ali Hassan Khalil, ont tous deux refusés de comparaître, et ont demandé son retrait de l’enquête après que Sawan les ait accusés de négligence et d'avoir causé la mort de dizaines de personnes.

Une délégation des familles des victimes a parallèlement rencontré le Ministre de l’intérieur, le général de brigade Mohammad Fahmy, et lui ont fait part de leur souhait de ne pas politiser l’enquête.

Dans un nouveau scandale lié à l’explosion du port de Beyrouth, l’armée libanaise a découvert près de 700 conteneurs qui se trouvent dans le port depuis 2005. Aucun document d’identification n’en identifie le contenu. Le ministère des Finances en a ordonné l’inspection par l'armée et les autorités douanières.

Le président français Emmanuel Macron avait annulé sa visite prévue au Liban la semaine prochaine, atteint de la Covid-19.

Hossam Zaki, secrétaire général adjoint de la Ligue des États arabes, s'est rendu jeudi au Liban afin de rencontrer un nombre de responsables. Il assure que la résolution des problèmes politiques et économiques du Liban est la responsabilité absolue de ses dirigeants, «car la Ligue arabe ne représente ni parle au nom d’un parti libanais, mais elle offre son soutien inconditionnel au peuple Liban s’il le souhaite».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne annonce des frappes visant le Hezbollah dans l'est du Liban

La plaine de la Békaa après une frappe israélienne. (Photo d'archives AFP)
La plaine de la Békaa après une frappe israélienne. (Photo d'archives AFP)
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  • "Des avions de l'armée de l'air, guidés par le renseignement militaire et le commandement nord, ont commencé à frapper plusieurs cibles terroristes de l'organisation terroriste Hezbollah dans la région de la Bekaa au Liban"
  • Le communiqué précise qu'une opération militaire israélienne menée en septembre 2024 a entraîné la mort des commandants de la force Radwan à Beyrouth et dans le sud du Liban, mais que "depuis lors, l'unité s'efforce de rétablir ses capacités"

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mardi des frappes visant des cibles du Hezbollah dans plaine de la Bekaa, située dans l'est du Liban, malgré un accord de cessez-le-feu en vigueur depuis novembre.

"Des avions de l'armée de l'air, guidés par le renseignement militaire et le commandement nord, ont commencé à frapper plusieurs cibles terroristes de l'organisation terroriste Hezbollah dans la région de la Bekaa au Liban", détaille le communiqué militaire qui mentionne des "camps militaires" de "la force Radwan", l'unité militaire d'élite du Hezbollah.

"Les complexes militaires qui ont été frappés étaient utilisés par l'organisation terroriste du Hezbollah pour former et entraîner des terroristes à planifier et à mener des attaques terroristes contre les troupes (israéliennes) et l'Etat d'Israël", a affirmé l'armée.

Le communiqué précise qu'une opération militaire israélienne menée en septembre 2024 a entraîné la mort des commandants de la force Radwan à Beyrouth et dans le sud du Liban, mais que "depuis lors, l'unité s'efforce de rétablir ses capacités".

"Le stockage d'armes et les activités de l'organisation terroriste Hezbollah sur ces sites constituent une violation flagrante des accords entre Israël et le Liban et représentent une menace future pour l'Etat d'Israël", ajoute encore le communiqué militaire.

Un accord de cessez-le-feu a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah le 27 novembre 2024.

Malgré cet accord, entré en vigueur après plus d'un an d'hostilités, dont deux mois de guerre ouverte ayant fortement affaibli le mouvement soutenu par l'Iran, Israël mène régulièrement des frappes sur le Liban, principalement dans le sud.

L'armée israélienne affirme viser le Hezbollah dans ses bombardements et accuse les autorités libanaises de ne pas agir suffisamment pour le désarmer.

En vertu de l'accord de trêve, le Hezbollah devait retirer ses combattants au nord du fleuve Litani, à quelque 30 kilomètres de la frontière israélienne, seules l'armée libanaise et les forces de maintien de la paix des Nations unies devant être déployées dans le secteur.

Israël, qui devait de son côté retirer complètement ses troupes du Liban, les maintient toutefois dans cinq positions du sud du pays, qu'il juge stratégiques.


Syrie: l'agence officielle dit que l'aviation israélienne vise la ville de Soueïda où les forces gouvernementales sont entrées

Les autorités ont proclamé un couvre-feu dans la ville. Le ministère de la Défense a appelé les habitants de Soueïda "à rester à la maison et l'informer de tous les mouvements des groupes hors-la-loi. (AFP)
Les autorités ont proclamé un couvre-feu dans la ville. Le ministère de la Défense a appelé les habitants de Soueïda "à rester à la maison et l'informer de tous les mouvements des groupes hors-la-loi. (AFP)
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  • Le correspondant de l'AFP a vu une épaisse fumée noire se dégager d'un quartier de la ville, vers laquelle affluaient les forces gouvernementales
  • Des combattants relevant des autorités, certains en civil, pavoisaient en brandissant leurs armes, juchés sur un char, selon les images des vidéastes de l'AFP

SWEIDA: L'agence officielle syrienne Sana a indiqué mardi que l'aviation israélienne avait visé la ville à majorité druze de Soueida, dans le sud de la Syrie, où les forces gouvernementales ont pénétrén plut tôt dans la matinée.

"L'aviation de l'occupation israélienne vise la ville de Soueida", a affirmé l'agence. Israël avait déjà frappé lundi les abords de Soueida où étaient massées les troupes gouvernementales, et le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, avait affirmé qu'il s'agissait d'"un clair avertissement au régime syrien". "Nous ne permettrons pas que du mal soit fait aux druzes en Syrie", avait-il dit.

De violents affrontements ont par ailleurs eu lieu mardi matin à Soueïda, ville à majorité druze dans le sud de la Syrie, où les forces gouvernementales sont entrées, a rapporté un correspondant de l'AFP posté à l'entrée de la ville.

Un communiqué des autorités religieuses druzes avait appelé les combattants de cette communauté à remettre leurs armes sans résistance.

Mais l'un des signataires, l'influent cheikh Hikmat al-Hejri, a par la suite appelé dans un communiqué séparé à "faire face à la campagne barbare", accusant Damas d'avoir failli à ses engagements en continuant de bombarder la ville.

Le correspondant de l'AFP a vu une épaisse fumée noire se dégager d'un quartier de la ville, vers laquelle affluaient les forces gouvernementales.

Des combattants relevant des autorités, certains en civil, pavoisaient en brandissant leurs armes, juchés sur un char, selon les images des vidéastes de l'AFP.

Le ministère de la Défense avait annoncé mardi matin que les forces gouvernementales syriennes avaient "commencé à entrer à Soueïda", jusque-là tenue par des combattants de cette minorité.

Les autorités ont proclamé un couvre-feu dans la ville. Le ministère de la Défense a appelé les habitants de Soueïda "à rester à la maison et l'informer de tous les mouvements des groupes hors-la-loi.

L'entrée des troupes gouvernementales intervient après deux jours d'affrontements, qui ont initialement opposé des combattants druzes à des tribus bédouines de la région, dont les relations sont tendues depuis des décennies.

Les forces gouvernementales étaient intervenues, affirmant vouloir pacifier la région, mais ont pris part aux combats contre les factions druzes aux côtés des bédouins, selon l'Observatoire syrien des droits l'homme, des témoins et des groupes druzes.


Le père d'un Américain tué par des colons israéliens déclare à Arab News que les autorités américaines ne se soucient pas de son sort

Sayfollah Musallet, qui est né et a grandi en Floride, était allé voir sa famille à Al-Mazra'a Ash-Sharqiya lorsqu'il a été confronté à des "bandes de colons" sur leurs terres voisines. (Photo fournie)
Sayfollah Musallet, qui est né et a grandi en Floride, était allé voir sa famille à Al-Mazra'a Ash-Sharqiya lorsqu'il a été confronté à des "bandes de colons" sur leurs terres voisines. (Photo fournie)
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  • Sayfollah Musallet a été battu à mort sur les terres de sa famille en Cisjordanie
  • "Où sont les protestations de l'Amérique pour un Américain ? Nous avons besoin de justice maintenant"

CHICAGO : Kamel Musallet, le père d'un citoyen américain de 20 ans tué par des colons israéliens vendredi, a déclaré à Arab News que les responsables américains devraient traiter le meurtre de son fils "de la même manière qu'ils traiteraient le meurtre de n'importe quel Américain dans n'importe quel pays".

Sayfollah Musallet a été battu à mort par des colons sur un terrain appartenant à sa famille, à l'extérieur du village palestinien d'Al-Mazra'a Ash-Sharqiya, en Cisjordanie occupée.

La famille est composée de citoyens américains d'origine palestinienne qui ont vécu à Port Charlotte, en Floride, la majeure partie de leur vie.

Sayfollah Musallet, qui est né et a grandi en Floride, est allé voir sa famille à Al-Mazra'a Ash-Sharqiya lorsqu'il a été confronté à des "bandes de colons" sur leurs terres voisines.

Kamel Musallet a déclaré qu'il n'avait reçu de condoléances que de la part de "quelqu'un" à l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, mais d'aucun responsable américain aux États-Unis.

"Où est l'inquiétude ? Mon fils est américain", a-t-il ajouté, le décrivant comme "une personne gentille, une bonne personne".

Selon lui, les soldats israéliens ont empêché la famille et les amis d'accéder à son fils, et le personnel médical de le soigner.

"Il est resté là, blessé, mourant, pendant près de trois heures... Les colons l'ont tué et rien n'a été fait", a-t-il ajouté.

"Les colons se rendent sur des terres appartenant à des Palestiniens et attaquent au hasard tous les Palestiniens qu'ils voient, essayant de voler ces terres.

"Ils essaient d'installer des tentes sur ces terres pour créer de nouvelles colonies, détruisant les oliviers et tuant les animaux de ferme... Nous avons demandé une protection, mais nous n'avons rien obtenu... Cela fait des années qu'ils agissent ainsi".

Et d'ajouter : "Toute ma famille est américaine. Qui s'exprime en Amérique pour défendre nos droits et nos vies ? Où sont les protestations de l'Amérique pour un Américain ? Nous avons besoin de justice maintenant.

Il a précisé que son fils gérait un magasin de glaces que la famille avait ouvert un an auparavant à Tampa, en Floride.

"Sayfollah était une âme si bonne, un travailleur acharné. Je suis un entrepreneur, alors il voulait me ressembler... Il a laissé une impression positive à tous ceux qu'il a rencontrés.