Budget 2024: moins dépenser mais soutenir le pouvoir d'achat, la difficile équation du gouvernement

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, quitte le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 20 septembre 2023. (AFP)
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, quitte le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 20 septembre 2023. (AFP)
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Publié le Mercredi 27 septembre 2023

Budget 2024: moins dépenser mais soutenir le pouvoir d'achat, la difficile équation du gouvernement

  • Pour donner des gages de sérieux budgétaire, l'exécutif compte dégager 16 milliards d'euros d'économies dans le projet de loi de finances qu'il détaillera mercredi en Conseil des ministres
  • Privé de majorité absolue à l'Assemblée et probablement de soutiens dans l'opposition, le gouvernement pourrait se résoudre à une adoption sans vote en recourant, comme l'an dernier, à l'article 49-3 de la Constitution

PARIS: Moins dépenser sans renoncer complètement à soutenir le pouvoir d'achat: le gouvernement doit trouver un difficile équilibre dans son projet de budget pour 2024, le premier d'après-crises avec l'ambition d'assainir les finances publiques.

Pour donner des gages de sérieux budgétaire, l'exécutif compte dégager 16 milliards d'euros d'économies dans le projet de loi de finances qu'il détaillera mercredi en Conseil des ministres.

Mais les débats s'annoncent électriques au Parlement. Privé de majorité absolue à l'Assemblée et probablement de soutiens dans l'opposition, le gouvernement pourrait se résoudre à une adoption sans vote en recourant, comme l'an dernier, à l'article 49-3 de la Constitution.

Le gouvernement assure vouloir acter la fin du "quoi qu'il en coûte", confronté à une dette qui a dépassé cet été les 3 000 milliards d'euros, et à un déficit largement en dehors des clous européens qui range la France parmi les mauvais élèves de la zone euro.

«Crédibilité»

Ainsi, 10 des 16 milliards d'économies proviendront de l'extinction progressive, d'ici à la fin 2024, du bouclier tarifaire pour l'électricité permettant d'alléger les factures. S'y ajouteront notamment les réductions des aides aux entreprises (environ 4,5 milliards).

D'autres pistes d'économies ont été avancées ou confirmées comme le report d'une partie de la baisse d'impôts de production (CVAE) pour les entreprises, la suppression de l'avantage fiscal pour le gazole non routier ou une taxation des concessionnaires autoroutiers.

Dans Le Parisien, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a aussi soutenu une réduction de 71% à 50% de l'abattement fiscal pour les locations meublées touristiques, type Airbnb.

L'objectif est de ramener le déficit de 4,9% du PIB cette année à 4,4% en 2024, puis à 2,7% en 2027, sous la limite européenne de 3%.

L'endettement reculerait moins résolument, stable à 109,7% du PIB en 2024 pour atteindre 108,1% en fin de quinquennat, loin au-dessus du maximum européen (60%).

Pour le gouvernement, redresser les finances publiques est une question de "crédibilité" vis-à-vis des partenaires européens de la France et des marchés financiers.

Mais "il y a de moins en moins de marges de manœuvre", estime Christian de Boissieu, vice-président du Cercle des économistes, alors que la croissance économique serait l'an prochain moins dynamique qu'espéré.

Malgré la volonté affichée de dégager des économies, le gouvernement entend aussi continuer à s'ériger en défenseur du pouvoir d'achat face à une inflation tenace, un sujet politiquement sensible.

Confronté à une nouvelle envolée des prix à la pompe, il ressortira le chéquier, sa volonté d'autoriser la vente à perte de carburants n'ayant pas résisté à l'hostilité des distributeurs face à cette idée.

49.3 ?

L'indemnité de 100 euros annoncée par Emmanuel Macron pour les ménages les plus modestes qui travaillent et possèdent un véhicule devrait coûter environ 430 millions d'euros au budget 2024, tandis que l'indexation sur l'inflation du barème de l'impôt sur le revenu (4,8%), des retraites (revalorisées de 5,2% au 1er janvier) et des prestations sociales (4,6% au 1er avril) pèsera 25 milliards d'euros.

Quant au bonus pour l'achat d'un véhicule électrique, il sera augmenté pour les plus modestes, selon Bruno Le Maire.

Un projet de loi avançant le calendrier de négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs sera aussi dévoilé mercredi en Conseil des ministres, avec l'espoir d'accélérer la baisse des prix dans les supermarchés.

S'ajoutent d'autres contraintes freinant la baisse des dépenses: une charge de la dette qui explose sous l'effet de taux d'intérêt élevés; des dépenses en hausse pour l'éducation, la défense ou la justice; la nécessité de financer la transition écologique, créditée de 7 milliards d'euros supplémentaires en 2024.

Du côté des recettes, l'exécutif maintient sa ligne rouge: pas question d'augmenter les impôts; il s'agit même de les baisser ces prochaines années.

Outre le budget, le 49.3 risque d'être aussi dégainé mercredi pour le projet de loi de programmation des finances publiques, texte fixant les objectifs budgétaires jusqu'en 2027. Pour les atteindre, le gouvernement estime à 12 milliards par an, sans les définir, les économies nécessaires dès 2025.

Cette trajectoire des finances publiques a été jugée "peu ambitieuse" par le Haut conseil des finances publiques.


«Ras-le-bol !»: Grève nationale des livreurs Uber, qui réclament une meilleure rémunération

Une cinquantaine de livreurs travaillant pour Uber Eats manifestent place de la Bataille de Stalingrad à Paris  (Photo, AFP).
Une cinquantaine de livreurs travaillant pour Uber Eats manifestent place de la Bataille de Stalingrad à Paris (Photo, AFP).
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  • Malgré le froid, ils étaient quelques dizaines à s'être rassemblés sur la place Stalingrad à Paris
  • «Avec l'inflation, les salaires augmentent partout, on est les seuls à voir notre rémunération baisser»

PARIS: "C'est quoi la prochaine étape, bientôt il faudra payer pour livrer ?" Les chauffeurs Uber ont manifesté samedi à travers la France, pour réclamer une meilleure rémunération après un changement dans l'algorithme du groupe qu'ils estiment désavantageux.

Malgré le froid, ils étaient quelques dizaines à s'être rassemblés sur la place Stalingrad à Paris, chasubles de syndicat sur le dos et pour certains vélo à la main.

"Je suis là pour dénoncer cette nouvelle tarification qui a été faite de manière totalement unilatérale par Uber", a expliqué à l'AFP Adrien, livreur de 37 ans, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. Deliveroo et Stuart, "c'est le même délire", a-t-il aussi critiqué.

Depuis le 10 octobre, un nouveau système a été mis en place par Uber Eats dans les agglomérations de Lille, Rouen et Valence, pour "valoriser le temps passé à réaliser la course", a justifié la plateforme.

Généralisée depuis le 1er novembre, cette nouvelle tarification "peut faire varier certaines courses à la hausse et d'autres à la baisse, mais ne vise pas à diminuer la rémunération moyenne par course", avait assuré vendredi à l'AFP Uber Eats, qui dit avoir même noté "une légère augmentation du revenu moyen par course de 1,4%" dans les villes pilotes.

Mais des livreurs évoquent une autre réalité: "J'ai constaté que les courses à un ou deux kilomètres sont payées 2,85 euros sur Uber, alors qu'avant elles étaient à 3,30 euros", a affirmé Adrien, qui utilise Uber depuis 2020 et récemment aussi Deliveroo. "Il y en a ras-le-bol !"

"Avec l'inflation, les salaires augmentent partout, on est les seuls à voir notre rémunération baisser. Ça sera quoi la prochaine étape? 0,50 euro la course? Devoir payer pour livrer?", proteste celui qui a l'impression d'être la "variable d'ajustement" du système.

«Pas rentable»

L'appel à la grève a été lancé par Union-Indépendants, la fédération CGT Transports et SUD Commerces. Des rassemblements de livreurs grévistes sont prévus samedi et dimanche, notamment à Paris, Bordeaux, Nice, Strasbourg, Lyon, Toulouse, Marseille et Armentières, dans le nord de la France.

Des mouvements de protestation de livreurs indépendants, qui sont en France quelque 65.000 à passer par Uber Eats, avaient déjà eu lieu en novembre.

A Bordeaux, une vingtaine de livreurs, accompagnés d’une dizaine de militants de la CGT et du porte-parole du NPA Philippe Poutou, se sont eux aussi réunis place de la Victoire en fin de matinée pour réclamer l’amélioration de leur rémunération et de leurs conditions de travail.

"Ce n'est pas un travail rentable. Tu vas sacrifier toute ta journée pour avoir 50 euros", a dénoncé auprès de l'AFP Ousmane Doumbia, coursier Uber Eats de 22 ans. Les "courses de 2 km pour 3 euros, qui en réalité sont plus longues", si "tu les fais en moto, si tu comptes l'essence, l'Urssaf, l'entretien de la moto, à la fin tu n'as rien".

"D'après nos estimations, le nouveau système entraîne une baisse (de rémunération) de 10 à 40%", a assuré Lilian Pouill, livreur de 22 ans venu manifester à Paris. Résultat: "Je travaille plus pour compenser la perte."

«Esclavage moderne»

Selon la députée LFI Danièle Simonet, présente au rassemblement parisien, les plateformes utilisent leur promesse de rémunérer au minimum horaire de 11,75 euros pour "faire baisser le prix des courses" pour les livreurs, ces "tâcherons du XXIe siècle".

"C'est 11,75 euros de l'heure effective de course", sans compter le temps d'attente, a-t-elle dit à l'AFP. Donc "vous cumulez des courses pendant une heure pour qu'elles soient rémunérées au total à 11,75 euros, ça veut dire que vous faites fortement chuter le prix de chaque course individuelle."

"Ça crée une situation d'esclavage moderne", a protesté David Belliard, élu à la mairie de Paris, ville où les "livraisons de repas ont explosé ces dernières années". M. Belliard demande à ces plateformes, qui "exploitent ces gens", de requalifier leurs contrats en salariat. Il regrette que ce système de rémunération pousse les livreurs "à prendre évidemment des risques inconsidérés pour eux et ceux qui sont autour".

"La plupart d'entre nous veulent rester indépendants", a affirmé Adrien, mais "avec  un minimum de protection et surtout, une meilleure rémunération!"


A Paris, nouvelle manifestation de soutien aux Palestiniens

Le fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, participe à une manifestation pro-palestinienne à Paris, le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
Le fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, participe à une manifestation pro-palestinienne à Paris, le 2 décembre 2023 (Photo, AFP).
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  • «Nous sommes tous des enfants des enfants de Gaza», scandaient les manifestants
  • Une quarantaine de rassemblements de soutien au peuple palestinien étaient organisés en France

FRANCE: Des milliers de personnes soutenant le peuple palestinien sont de nouveau descendues dans la rue, samedi à Paris, réclamant un "cessez-le-feu permanent" dans le conflit entre Israël et le Hamas et dénonçant un "génocide" des Palestiniens.

"Nous sommes tous des enfants des enfants de Gaza", scandaient les manifestants, au lendemain de la reprise des bombardements de la bande de Gaza par l'armée israélienne et l'expiration d'une trêve avec le Hamas, qui a permis la libération d'otages.

L'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre a entraîné une riposte massive d'Israël avec pour objectif revendiqué "d'anéantir" le mouvement islamiste palestinien.

Volonté génocidaire 

Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, juché sur le camion de tête de cortège, a jugé devant la presse que la reprise des bombardements israéliens à Gaza présentait "tous les indices d'une volonté génocidaire".

La représentante de l'Autorité palestinienne en France, Hala Abou Assira, a insisté sur la nécessité d'un "cessez-le-feu immédiat face au crime de génocide en cours dans la bande de Gaza".

Une quarantaine de rassemblements de soutien au peuple palestinien étaient organisés en France.


Les bombardements à Gaza présentent des «indices d'une volonté génocidaire», selon Mélenchon

Fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI) et ancien député Jean-Luc Mélenchon (Photo, AFP).
Fondateur du parti de gauche français La France Insoumise (LFI) et ancien député Jean-Luc Mélenchon (Photo, AFP).
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  • «Tant mieux s'il appelle au cessez-le-feu durable»
  • «Peut-être qu'il fait ce qu'il peut mais je crois hélas que ça ne pèse plus. Ce qui pèse c'est nous, les opinions publiques»

PARIS: Jean-Luc Mélenchon a jugé samedi que la reprise des bombardements israéliens à Gaza présentait "tous les indices d'une volonté génocidaire" et estimé qu'Emmanuel Macron "ne pesait plus" malgré ses appels renouvelés à "un cessez-le-feu durable".

"Nous sommes extrêmement alarmés du fait que la reprise des bombardements signifie une étape d'aggravation de la guerre et présente tous les indices d'une volonté génocidaire", a déclaré le leader insoumis, juste avant le début, à Paris, d'une "Marche pour la paix et la justice" en soutien aux Palestiniens.

"M. Netanyahou avait demandé à la population de Gaza de se diriger du nord vers le sud, et maintenant que la population se trouve dans le sud, c'est là qu'ont lieu les bombardements", a dénoncé M. Mélenchon.

Le triple candidat à la présidentielle, présent à la manifestation avec de nombreux députés insoumis, a aussi souligné qu'il était "mort autant de monde en 42 jour de bombardements à Gaza qu'il en est péri pendant les quatre ans du siège de Sarajevo" de 1992 à 1996. Le gouvernement du Hamas a fait part d'un bilan de plus de 15.000 morts, quand le siège de la capitale de Bosnie avait engendré environ 12.000 morts civiles.

Dubitatif   

Alors que le président Emmanuel Macron, a appelé samedi à Dubaï à "redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le-feu durable" dans la bande de Gaza, M. Mélenchon s'est montré dubitatif.