Syrie: Plus de 110 morts dans une attaque contre l'armée, les Kurdes visés par des frappes turques

Le ministre syrien de la santé rend visite à des personnes blessées à la suite d'une attaque de drone visant une académie militaire syrienne à Homs (Photo, AFP).
Le ministre syrien de la santé rend visite à des personnes blessées à la suite d'une attaque de drone visant une académie militaire syrienne à Homs (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 06 octobre 2023

Syrie: Plus de 110 morts dans une attaque contre l'armée, les Kurdes visés par des frappes turques

  • L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat
  • Le conflit en Syrie a été déclenché par la répression des manifestations pro-démocratie, fait plus d'un demi-million de morts et morcelé le pays

BEYROUTH: Plus de 110 personnes ont été tuées jeudi dans une attaque contre une académie militaire en Syrie, au moment où la Turquie a mené des frappes contre les zones kurdes qui ont fait au moins 11 morts.

L'attaque contre une cérémonie de promotion d'officiers du régime à Homs (centre) a été imputée à "des organisations terroristes" par l'armée syrienne, qui a promis de "riposter fermement". Elle a été menée "à l'aide de drones chargés d'explosifs", selon l'armée.

L'attaque a fait "112 morts dont 21 civils" et au moins 120 blessés, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une organisation basée au Royaume-Uni disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le ministre syrien de la Santé Hassan al-Ghobash a annoncé un bilan "préliminaire" de 80 morts, "dont six femmes et six enfants", et environ 240 blessés.

L'attaque n'a pas été revendiquée. Des groupes jihadistes qui contrôlent une partie du territoire syrien ont parfois recours aux drones armés.

Les forces gouvernementales ont riposté par des bombardements qui ont visé, selon des habitants, la région d'Idleb, dernier bastion rebelle du pays, dans le nord-ouest. L'OSDH a fait état de huit morts et 30 blessés.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres "est profondément inquiet" après l'attaque à Homs, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric. Il "est également profondément préoccupé par les informations faisant état de bombardements de représailles" dans le nord-ouest de la Syrie.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, cinq membres d'une même famille avaient été tués dans un bombardement des forces du régime sur une zone rebelle dans la province d'Alep (nord-ouest).

Déclenché en 2011, le conflit en Syrie a fait plus d'un demi-million de morts et morcelé le pays, où les Etats-Unis, la Russie, alliée du régime, et la Turquie ont déployé des troupes dans différentes régions.

Drone turc abattu
Les Kurdes ont notamment établi une administration autonome dans le nord-est, qui est régulièrement prise pour cible par l'armée turque.

Jeudi, des drones turcs ont visé dans la journée des sites pétroliers, deux centrales électriques, un barrage et une usine dans la province de Hassaké, contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition dominée par les Kurdes.

Les forces kurdes ont annoncé que la Turquie avait mené 21 frappes qui ont fait 11 morts, dont cinq civils et six membres des forces de sécurité.

En soirée, des médias turcs ont rapporté de nouvelles frappes turques contre les forces kurdes en Syrie, affirmant que "des dépôts d'armes et de munitions des PKK/YPG ont été détruits" lors d'une opération menée par les unités du MIT, les services de renseignement.

La Turquie affirme agir en représailles à un attentat qui a visé dimanche le ministère de l'Intérieur à Ankara, blessant deux policiers.

Selon elle, les auteurs de l'attentat, revendiqué par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc), ont été formés en Syrie, des accusations démenties par le chef des FDS, Mazloum Abdi.

Les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie en 2019 et jouissent toujours de l'appui de Washington.

Ankara considère la principale composante des FDS, les YPG (Unités de protection du peuple), comme une extension du PKK, qualifié d'"organisation terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

A Washington, le ministère américain de la Défense a annoncé que les Etats-Unis avaient abattu jeudi en Syrie un drone de leur allié turc, estimant qu'il représentait une menace potentielle pour des forces américaines sur place.

"Il y a une escalade claire depuis les menaces turques" formulées après l'attentat d'Ankara contre les zones contrôlées par l'administration kurde autonome dans le nord-est de la Syrie, a affirmé le porte-parole des FDS, Farhad Chami.

En riposte à l'attentat, la Turquie a mené également des frappes contre des positions du PKK dans le nord de l'Irak, pays frontalier de la Syrie et de la Turquie.

«La situation empire»
Après les frappes de jeudi, des colonnes de fumée étaient visibles au-dessus du site pétrolier de Qahtaniya, près de la frontière turque, selon des correspondants de l'AFP, tandis que des pompiers se dirigeaient vers la principale centrale électrique de Qamichli, dans la province de Hassaké.

Sur le marché central de Qamichli, les commerçants et les rares clients avaient les yeux rivés sur les écrans de télévision et leurs téléphones portables.

"La situation empire chaque jour. La Turquie ne nous laisse pas souffler et nous vise chaque jour. Nous voulons juste que nos enfants vivent en paix", affirmait Hassan al-Ahmad, un commerçant de 35 ans.

L'administration autonome kurde a appelé jeudi "la communauté internationale, la coalition internationale" anti-EI ainsi que la Russie à "prendre des positions capables de dissuader" la Turquie, qui a mené entre 2016 et 2019 trois opérations d'envergure contre les forces kurdes en Syrie.


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".