Gaza: Israël resserre l'étau, poussant à l'exode des milliers de Palestiniens

Les troupes israéliennes sont photographiées lors d'opérations dans le nord de Gaza le 8 novembre 2023 (Photo, AFP).
Les troupes israéliennes sont photographiées lors d'opérations dans le nord de Gaza le 8 novembre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 09 novembre 2023

Gaza: Israël resserre l'étau, poussant à l'exode des milliers de Palestiniens

  • Une source proche du Hamas à Gaza a indiqué à l'AFP que des négociations menées par le Qatar portaient sur la libération de douze otages
  • L'armée israélienne a indiqué que 50 000 civils ont fui mercredi par le «couloir d'évacuation» ouvert pendant quelques heures

JERUSALEM: Des milliers de civils palestiniens ont fui mercredi le nord de la bande de Gaza pilonnée par les bombardements d'Israël, qui affirme resserrer son étau sur la ville de Gaza et sur les combattants du Hamas, rejetant de nouveau tout cessez-le-feu avant la libération des otages détenus par le mouvement islamiste.

Une source proche du Hamas à Gaza a indiqué à l'AFP que des négociations menées par le Qatar portaient sur la libération de douze otages sur les 239 encore aux mains du Hamas, dont six Américains, en échange d'une trêve humanitaire de trois jours dans le territoire soumis à un blocus total d'Israël depuis l'attaque sanglante du 7 octobre sur son sol.

Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a rejeté de nouveau tout cessez-le-feu, malgré les appels de l'ONU, d'ONG et de capitales étrangères à un arrêt des combats. "Il n'y aura pas de cessez-le-feu sans la libération de nos otages. Tout le reste est futile", a-t-il dit.

L'armée israélienne a indiqué que 50.000 civils ont fui mercredi par le "couloir d'évacuation" ouvert pendant quelques heures sur la route reliant le nord au sud de Gaza, contre 15.000 dénombrés mardi par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

"Ils partent parce qu'ils comprennent que le Hamas a perdu le contrôle du nord et la situation est plus sécurisée dans le sud", a affirmé le porte-parole de l'armée, Daniel Hagari, ajoutant que le couloir serait de nouveau ouvert jeudi.

«Nous sommes épuisés»

Fuyant les bombardements et les combats acharnés au sol, des milliers de Palestiniens désespérés ont quitté leurs foyers les mains vides ou n'emportant que le strict nécessaire. Ils ont pris à pied ou en charrette la direction du sud du territoire où s'entassent déjà des centaines de milliers de déplacés. Selon l'ONU, 1,5 million de personnes sur les 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre.

"C'est une situation difficile", a dit à l'AFP Ehsan Abu Sleem, montrant son fils âgé d'à peine deux mois. "Nous sommes épuisés, nous venons de loin et nous ne savons pas combien de temps il nous reste à marcher."

"Hier (mardi) nous avons pris la décision de partir parce que les bombardements étaient très intenses", a-t-il ajouté. "Les enfants et les femmes étaient terrifiés et nous ne pouvions plus le supporter."

Israël a juré de "détruire le Hamas" en représailles à l'attaque d'une violence et d'une ampleur sans précédent depuis la création d'Israël en 1948, menée par les commandos du mouvement islamiste, au pouvoir dans le territoire palestinien.

Au moins 1.400 personnes sont mortes en Israël depuis le début de la guerre déclenchée par cette attaque, en majorité des civils tués le 7 octobre, selon les autorités israéliennes.

Les représailles d'Israël dans la bande de Gaza ont fait 10.569 morts, dont 4.324 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Tunnels neutralisés

L'armée israélienne a assuré mercredi qu'elle était entrée "profondément" à l'intérieur de la ville de Gaza où les combats au sol font rage et dans lesquels 33 militaires sont morts depuis le lancement de l'offensive terrestre le 27 octobre.

"Gaza est la plus grande base terroriste jamais construite", avait affirmé mardi soir le ministre de la Défense Yoav Gallant, alors que la ville est la partie la plus densément peuplée du territoire où se trouve, selon Israël, le "centre" du Hamas retranché dans un réseau de tunnels.

L'armée israélienne a diffusé mercredi des images montrant ses troupes au sol localisant puis faisant exploser ces souterrains qui s'entrecroisent sur plusieurs centaines de kilomètres selon les experts. Quelque 130 entrées de tunnels ont été découvertes depuis le début de l'opération terrestre, selon l'armée.

L'AFP a pu s'approcher mercredi de l'épicentre des combats dans le nord de Gaza lors d'une incursion organisée par l'armée israélienne et dont les images ont été soumises à la censure militaire. Palmiers brûlés, lampadaires tordus, panneaux de signalisation déformés témoignaient de l'intensité de l'offensive le long de la route côtière en ruine.

Un bâtiment éventré de plusieurs étages, fenêtres et portes ouvertes abritait selon l'armée une "usine d'armes du Hamas", où a été trouvé du matériel de plongée sous-marine, ainsi que du matériel pour fabriquer des drones et des bombes.

Une «goutte» d'aide

De multiples appels ont été lancés en faveur d'un arrêt des combats pour acheminer de l'aide à la population du territoire de 362 km2 privée d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments par le siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre.

Des médicaments et du matériel médical livrés au principal hôpital de Gaza selon l'ONU

Une cargaison de fournitures médicales et de médicaments est parvenue à l'hôpital Al-Shifa dans le nord de la bande de Gaza, ont indiqué mercredi soir les Nations Unies, avertissant toutefois qu'il en fallait davantage.

Dans une déclaration commune, les chefs de l'Agence des Nations unies pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNWRA) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont indiqué que l'aide avait atteint le plus grand hôpital de Gaza "malgré les risques énormes encourus par notre personnel et nos partenaires en raison des bombardements incessants".

Gaza, miné par la pauvreté, était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Treize ONG, dont Médecins sans frontières (MSF) et Amnesty International, ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat" dans la bande de Gaza, à la veille de la conférence internationale humanitaire organisée par le président français Emmanuel Macron à Paris.

Les chefs de diplomatie des pays du G7, réunis à Tokyo, ont eux plaidé pour des "pauses et couloirs humanitaires" à Gaza.

La situation humanitaire s'aggrave de jour en jour, selon les ONG, alors que l'aide internationale arrive au compte-gouttes par Rafah.

Dans le nord, "de nombreuses personnes cherchant désespérément de la nourriture se sont introduites dans les trois dernières boulangeries où il restait des stocks de farine de blé", selon l'OCHA. Dans le sud, il faut "quatre à six heures d'attente en moyenne pour recevoir la moitié d'une portion de pain normale", a précisé l'organisation onusienne.

"L'aide qui arrive n'est qu'une goutte et a une portée géographique très limitée", a constaté le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, en visite mercredi à Rafah.

Pas d'«occupation»

Par ailleurs, l'évacuation vers l'Egypte des blessés palestiniens et des binationaux a été interrompue mercredi, selon un responsable palestinien, malgré une importante affluence au terminal de réfugiés se pressant pour quitter le territoire.

Alors que des questions se posent déjà sur l'avenir de Gaza, le gouvernement israélien a jugé mercredi "très prématuré" d'évoquer des "scénarios" futurs. La bande de Gaza doit être "démilitarisée" pour empêcher un retour du Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Israël devra alors "avoir une responsabilité générale de sécurité pour une période indéfinie", a déclaré mardi soir Ron Dermer, ministre israélien des Affaires stratégiques. Mais "il ne s’agira pas d’une occupation" du territoire d'où Israël s'est retiré en 2005, a-t-il souligné.

La communauté internationale craint une extension du conflit, notamment à la frontière israélo-libanaise, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l'Iran. Selon un décompte de l'AFP, les violences ont fait 83 morts côté libanais (61 combattants du Hezbollah, 11 combattants d'autres groupes et 11 civils).

L'aviation israélienne a également visé mercredi soir des positions en Syrie du Hezbollah, tuant trois combattants pro-iraniens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Les violences se multiplient aussi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où plus de 150 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, d'après l'Autorité palestinienne.


Le chef du gouvernement à Gaza a été tué dans les frappes israéliennes, annonce le Hamas

Les corps des victimes tuées lors des frappes aériennes israéliennes de la nuit sur la bande de Gaza sont transportés sur une charrette à cheval à l'extérieur de l'hôpital arabe Al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste, dans la ville de Gaza, avant leur enterrement le 18 mars 2025. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)
Les corps des victimes tuées lors des frappes aériennes israéliennes de la nuit sur la bande de Gaza sont transportés sur une charrette à cheval à l'extérieur de l'hôpital arabe Al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste, dans la ville de Gaza, avant leur enterrement le 18 mars 2025. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)
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  • Essam al-Dalis, a été tué dans les frappes aériennes israéliennes sur le territoire palestinien dans la nuit, a annoncé mardi le mouvement islamiste dans un communiqué.
  • M. al-Dalis était un membre du bureau politique du Hamas, faisant partie de la direction du mouvement islamiste dans la bande de Gaza depuis 2021.

GAZA, TERRITOIRES PALESTINIENS : Le chef du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza, Essam al-Dalis, a été tué dans les frappes aériennes israéliennes sur le territoire palestinien dans la nuit, a annoncé mardi le mouvement islamiste dans un communiqué.

Il fait partie d'une liste de quatre « dirigeants du gouvernement » de Gaza diffusée par le Hamas dans un « communiqué de condoléances », qui comprend également le patron du ministère de l'Intérieur, le général Mahmoud Abou Watfa, et le directeur général des services de sécurité intérieure, le général Bahjat Abou Sultan.

M. al-Dalis était un membre du bureau politique du Hamas, faisant partie de la direction du mouvement islamiste dans la bande de Gaza depuis 2021.

En novembre 2023, Israël avait affirmé avoir frappé une structure du Hamas dans laquelle se trouvait M. al-Dalis avec d'autres dirigeants qui, eux, avaient été tués lors de l'attaque.

Le général de division Abou Watfa était à la tête du ministère de l'Intérieur du gouvernement du Hamas dans la bande de Gaza. Il avait été vu dans la bande de Gaza en janvier, après la signature de l'accord de trêve, accompagnant des déploiements de la police dans les rues du territoire palestinien.

Mardi, l'AFP a annoncé, deux sources du Hamas à Gaza, que sa mort dans les frappes israéliennes de la nuit avait été confirmée.


Première quinzaine du Ramadan: 11 millions de repas d'iftar servis dans les Deux Saintes Mosquées

Des dattes et de l'eau sont servies lors d'un iftar du Ramadan dans la Mosquée du Prophète à Médine. (SPA)
Des dattes et de l'eau sont servies lors d'un iftar du Ramadan dans la Mosquée du Prophète à Médine. (SPA)
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  • L'Autorité générale pour les affaires de la Grande Mosquée et de la Mosquée du Prophète a déclaré avoir fourni 10 822 999 repas d'iftar jusqu'à présent 
  • Ce mois sacré est une période de culte pour les musulmans pendant laquelle ils jeûnent du lever au coucher du soleil

LA MECQUE: Les autorités saoudiennes ont fourni près de 11 millions de repas d'iftar aux pèlerins de l'Omra et aux autres fidèles des Deux Saintes Mosquées de La Mecque et de Médine durant la première moitié du Ramadan.

L'Autorité générale pour les affaires de la Grande Mosquée et de la Mosquée du Prophète a déclaré, lundi, 17e jour du Ramadan, avoir fourni 10 822 999 repas d'iftar et 10 290 000 paquets de dattes jusqu'à présent pendant le mois sacré, qui est une période de culte pour les musulmans pendant laquelle ils jeûnent du lever au coucher du soleil.

L'autorité a déclaré que le nombre de repas d'iftar qu'elle fournit pendant le Ramadan aux pèlerins accomplissant l'Omra et aux autres visiteurs des mosquées a augmenté cette année en raison de l'accroissement du nombre de pèlerins, a rapporté l'Agence de presse saoudienne. La nourriture est servie dans les zones désignées pour l'iftar dans les mosquées, dans le respect de normes sanitaires strictes afin de garantir la sécurité des fidèles, a ajouté l'agence.

À l'approche du mois sacré, l'autorité a mis en place un service en ligne permettant aux particuliers, aux organisations caritatives et aux fondations de soumettre des demandes de dons de repas d'iftar à la Grande Mosquée, a ajouté l'agence.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Une néphrologue expulsée depuis les États-Unis est de retour au Liban

Des manifestants brandissent des pancartes pour protester contre l'expulsion de Rasha Alawieh, professeur adjoint de médecine à l'université Brown, devant le State House à Providence, Rhode Island, le 17 mars 2025. ( AFP)
Des manifestants brandissent des pancartes pour protester contre l'expulsion de Rasha Alawieh, professeur adjoint de médecine à l'université Brown, devant le State House à Providence, Rhode Island, le 17 mars 2025. ( AFP)
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  • Rasha Alawieh, une néphrologue libanaise expulsée des États-Unis pour avoir assisté aux funérailles de l'ancien chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, est de retour au Liban.
  • Sur X, le Department of Homeland Security (DHS), un service de police chargé entre autres du contrôle aux frontières, de l'immigration et de la lutte contre le terrorisme, a confirmé lundi soir son expulsion.

BEYROUTH : Rasha Alawieh, une néphrologue libanaise expulsée des États-Unis pour avoir assisté aux funérailles de l'ancien chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, est de retour au Liban, a indiqué sa famille mardi à l'AFP.

Rasha Alawieh, une experte en transplantation rénale et professeure à la prestigieuse Brown University, a été arrêtée jeudi à l'aéroport international Logan de Boston et expulsée le lendemain, selon les médias américains.

« Après avoir été interrogée sur sa participation aux funérailles de Nasrallah par les services de sécurité à l'aéroport de Boston, elle a répondu qu'elle avait participé aux funérailles, mais qu'elle était demeurée hors du stade où se déroulait la cérémonie le 23 février », a indiqué un membre de sa famille qui a requis l'anonymat.

Rasha Alawieh, 34 ans, a répondu qu'elle avait participé aux funérailles, mais qu'elle était demeurée hors du stade où se déroulait la cérémonie le 23 février, a ajouté cette source.

Des photos de figures du Hezbollah ont été trouvées sur son téléphone, a ajouté la même source.

Sur X, le Department of Homeland Security (DHS), un service de police chargé entre autres du contrôle aux frontières, de l'immigration et de la lutte contre le terrorisme, a confirmé lundi soir son expulsion.

La jeune femme « s'est rendue à Beyrouth, au Liban, pour assister aux funérailles de Hassan Nasrallah, un terroriste brutal qui a dirigé le Hezbollah, responsable de la mort de centaines d'Américains au cours de quatre décennies d'attentats terroristes », a affirmé ce service.

« Alawieh a ouvertement admis cela... ainsi que son soutien à Nasrallah".

La Maison Blanche a reposté ce message avec le commentaire « Bye-Bye, Rasha ».

La néphrologue, qui venait d'obtenir un visa de résidence accordé aux étrangers possédant des compétences spéciales, délivré par l'ambassade américaine au Liban, était venue en vacances dans le pays, selon sa famille.

« Le rêve de sa vie est de retourner aux États-Unis », a souligné cette source.

Des centaines de milliers de personnes ont pris part le 23 février aux imposantes funérailles de Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne fin septembre dans la banlieue sud de Beyrouth.

Le Hezbollah pro-iranien a attendu le retrait presque complet de l'armée israélienne du sud du Liban, le 18 février, pour organiser ce premier rassemblement populaire depuis la fin de la guerre qui l'a opposé à Israël.