Aide à Gaza: Les espoirs se tournent vers la nouvelle coordinatrice humanitaire de l’ONU

Un secouriste aide une femme portant un enfant qui arrive à l'hôpital européen de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 31 décembre 2023 (Photo, AFP).
Un secouriste aide une femme portant un enfant qui arrive à l'hôpital européen de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 31 décembre 2023 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 11 janvier 2024

Aide à Gaza: Les espoirs se tournent vers la nouvelle coordinatrice humanitaire de l’ONU

  • Sigrid Kaad, vétérane de la politique néerlandaise, prend en charge l'aide de l'ONU à Gaza alors que les forces israéliennes continuent de bombarder l'enclave palestinienne
  • Les restrictions imposées à l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils déplacés ont rendu Gaza «inhabitable»

DUBAI: Sigrid Kaag, nouvellement nommée coordinatrice principale de l'aide humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, est confrontée à une tâche monumentale, prendre les rênes des opérations de secours de l'ONU dans l'enclave palestinienne assiégée.

Douze semaines de bombardements israéliens incessants et de restrictions à l'acheminement de l'aide humanitaire aux civils déplacés ont rendu la bande de Gaza «inhabitable» et au bord de la famine, selon les responsables de l'aide humanitaire.

Les Nations unies n'ayant pas encore été en mesure de fournir une assistance suffisante aux civils, de nombreux membres de la communauté humanitaire espèrent qu'un changement de direction pourrait contribuer à faire avancer la réponse humanitaire, qui est au point mort.

«La paix, la sécurité et la justice ont toujours été mes motivations», a révélé Kaag dans un communiqué à l'occasion de sa prise de fonction au sein des Nations unies. «J'ai accepté cette mission spéciale dans l'espoir de contribuer à un avenir meilleur.»

Sigrid Kaag est chargée de l'aide des Nations unies à Gaza, alors que les forces israéliennes continuent de bombarder l'enclave palestinienne (Photo, AFP).

Toutefois, compte tenu de l'ampleur des défis humanitaires et des obstacles dressés par Israël et ses alliés à Washington, certains observateurs et analystes se demandent si la nomination de Kaag fera une quelconque différence.

Israël a lancé sa campagne militaire à Gaza en représailles à l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas contre le sud d'Israël, qui s'est soldée par la mort de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et par l'enlèvement de 240 autres.

Au cours des mois qui ont suivi le début des combats, plus de 23000 personnes sont mortes à Gaza sous les bombardements israéliens, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas, tandis que près de deux millions de personnes ont été déplacées.

Une jeune fille pleure la mort de ses proches tués par les bombardements israéliens à l'hôpital européen de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 31 décembre 2023 (Photo, AFP).

Dans le sud de Gaza, où la plupart des 2,3 millions d'habitants de l'enclave vivent désormais dans des abris de fortune avec un accès limité à la nourriture, à l'eau et aux soins médicaux, l'armée israélienne a poursuivi ses bombardements, bien que ces zones soient considérées comme des refuges sûrs pour les habitants déplacés de la bande de Gaza.

Kaag, qui a pris la direction de l'opération de secours des Nations unies à Gaza le 8 janvier, a été nommé à cette nouvelle fonction à la suite d'une résolution décisive du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée le 22 décembre, qui appelait toutes les parties à «faciliter et permettre l'acheminement immédiat, sûr et sans entrave de l'aide humanitaire à grande échelle».

Sigirid Kaag a été cheffe-adjointe du gouvernement et ministre des Finances et des Affaires étrangères sous le Premier ministre néerlandais de longue date, Mark Rutte.

EN BREF

  • Sigrid Kaag est la nouvelle coordinatrice principale de l'aide humanitaire et de la reconstruction des Nations unies pour Gaza.

 

  • Son rôle a été créé dans le cadre d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies adoptée le 22 décembre

 

  • Cette politicienne chevronnée a travaillé pour l'Unrwa, l'Unicef et en tant que coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban.

Lorsque le gouvernement de coalition néerlandais s'est effondré et que de nouvelles élections ont été convoquées à la fin du mois de novembre 2023, Kaag a déclaré qu'elle se retirait de la vie politique. Cependant, cette diplômée en études arabes est retournée à son ancien lieu de travail à l'ONU pour assumer l’une des tâches les plus difficiles de sa carrière.

De 1994 à 1997, Kaag a dirigé le département des relations avec les donateurs de l'Unrwa, puis la direction régionale de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Amman, en Jordanie.

En 2013 et 2014, elle a dirigé la mission conjointe des Nations unies et de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques visant à détruire l’arsenal syrien. Par la suite, elle a occupé le poste de coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban.

Sur cette photo prise le 28 juillet 2009, Sigrid Kaag, alors directrice régionale de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, tient une conférence de presse devant les débris de l'école américaine de Beit Lahia (Photo, AFP).

Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a déclaré que Kaag «apporte une grande expérience des affaires politiques, humanitaires et de développement ainsi que de la diplomatie» et qu'elle parle couramment l'arabe ainsi que cinq autres langues.

«Elle facilitera, coordonnera, surveillera et vérifiera les envois d'aide humanitaire à Gaza», a précisé Guterres, soulignant qu'elle mettra également en place un mécanisme de l'ONU pour accélérer les livraisons d'aide «par l'intermédiaire de pays qui ne sont pas parties au conflit».

Antony Blinken, le secrétaire d'État américain, s'est entretenu lundi avec Kaag et a souligné l'importance de renforcer le mécanisme de coordination de l'aide humanitaire apportée aux civils de Gaza, selon un communiqué du département d'État.

Blinken et Kaag ont mis l'accent sur un engagement commun à atteindre les plus vulnérables, notamment en élargissant d'urgence l'entrée de l'aide et des marchandises à Gaza, en augmentant l'utilisation de l'aide localisée afin de répondre aux besoins immédiats et en augmentant le financement de l'aide humanitaire.

Si le CV de Kaag est impressionnant, le défi que représente l'acheminement de l'aide dans la bande de Gaza est immense, frustrant les meilleurs efforts des responsables humanitaires des Nations unies.

Des ambulanciers égyptiens transportent un enfant palestinien blessé vers une ambulance du Croissant-Rouge à son arrivée de Gaza via le poste frontière de Rafah, le 10 janvier 2024  (Photo, AFP).

Selon Martin Griffiths, responsable de l'aide humanitaire des Nations unies, Gaza est devenue un lieu de «mort et de désespoir» pour les Palestiniens. Dans une déclaration spéciale faite le 7 janvier, il a déclaré: «Gaza est tout simplement devenue inhabitable. Ses habitants sont témoins des menaces quotidiennes qui pèsent sur leur existence même, sous le regard du monde entier.»

«Une catastrophe sanitaire est en train de se produire. Les maladies infectieuses se propagent dans les abris surpeuplés où les égouts débordent. Quelque 180 femmes palestiniennes accouchent chaque jour dans ce chaos. La population est confrontée aux plus hauts niveaux d'insécurité alimentaire jamais enregistrés. La famine est imminente», a-t-il prévenu.

«Pour les enfants, les douze dernières semaines ont été traumatisantes: Pas de nourriture. Pas d'eau. Pas d'école. Rien d'autre que les bruits terrifiants de la guerre, jour après jour.»

Au milieu de graves pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments, la maladie et la faim se propagent dans toute la bande de Gaza. Selon l’Unrwa, quelque 40% de la population de Gaza est «menacée de famine».

Un rapport publié fin décembre par 23 agences des Nations unies et ONG indique que sur les 2,3 millions d'habitants de Gaza, 576 000 personnes se trouvent dans une situation catastrophique ou de famine, et que le risque de famine «augmente chaque jour».

Le rapport attribue la crise de la faim à l'insuffisance de l'aide entrant dans la bande de Gaza.

Bien qu'elle soit limitée par les querelles géopolitiques du Conseil de sécurité des Nations unies, l'ONU est largement considérée comme le seul organe capable de répondre aux défis humanitaires massifs posés par la guerre à Gaza.

 «Tout ce qui se passe à Gaza nécessitera un consensus», a déclaré à Arab News Ziad Asali, fondateur et président de l’American Task Force on Palestine, une organisation non partisane à but non lucratif basée à Washington.

«C'est la raison pour laquelle les Nations unies sont le principal lieu où l'on peut faire avancer les choses et pas seulement les proposer», a-t-il souligné.

Toutefois, de l'avis général, la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 décembre sur l'aide à Gaza, adoptée avec 13 voix pour et l'abstention des États-Unis et de la Russie, a été tellement édulcorée qu'elle ne permettra pas de relever les défis posés par le conflit.

Lahib Higel, analyste principale du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'International Crisis Group (ICG), a affirmé à Arab News que seul un cessez-le-feu immédiat et durable permettrait l'acheminement d'une aide suffisante à Gaza.

«Ce que nous avons soutenu à l'ICG dès le début, et ce qui a également été reflété dans la conférence de presse du secrétaire général de l'ONU après l'adoption de la résolution, c'est qu'il n'y aura pas d'amélioration significative de la situation à Gaza sans cessez-le-feu», a reconnu Higel.

«C’est vraiment la condition fondamentale, mais il est entendu que ce n’est pas pour bientôt», a-t-elle éclairci.

Des enfants palestiniens regardent par les fenêtres d'un minibus sur un marché du camp de réfugiés de Rafah, dans la bande de Gaza, le 8 janvier 2024 (Photo, AFP).

Étant donné qu’un cessez-le-feu n'est pas envisageable pour l'instant, les humanitaires et les diplomates doivent trouver des moyens d'aider Gaza.

«Il y a eu plusieurs obstacles tout au long de cette période», a indiqué Higel. «Le principal est, bien sûr, qu'Israël a non seulement fermé ses points de passage avec Gaza, par lesquels passait l'essentiel du trafic commercial et de l'aide, mais aussi tous les services essentiels à Gaza – réseaux électriques, canalisations d'eau.»

Bien que certaines de ces conduites d'eau aient repris leur activité, les dommages causés par les bombardements israéliens sont encore nombreux.

«Elles ne fonctionnent pas à plein temps. Il n'y a toujours pas d'électricité. Il y a des coupures de communication constantes, ce qui signifie que la distribution devient extrêmement chaotique parce que les gens ont été habitués à être informés par des messages SMS, qu'ils ne peuvent plus recevoir», a expliqué Higel.

«Il ne restait plus que le poste frontalier de Rafah, qui était à l'origine un passage pour piétons. Il ne dispose pas de l'infrastructure du poste frontalier de Kerem Shalom», a-t-elle poursuivi.

Alors qu'avant le 7 octobre, environ 500 camions par jour entraient dans la bande de Gaza par le point de passage de Kerem Shalom avec Israël, seuls environ 100 camions par jour peuvent passer par le point de passage de Rafah avec l'Égypte.

Un camion transportant de l'aide humanitaire arrive d'Égypte du côté israélien du poste frontière de Kerem Shalom, avant d'entrer dans le sud de la bande de Gaza, le 10 janvier 2024 (Photo, AFP).

Malgré la réouverture de Kerem Shalom à la mi-décembre, Higel a signalé que l'aide entrant dans la bande de Gaza était toujours insuffisante.

«Cela s'explique en partie par le fait qu'il n'y a pas beaucoup de marchandises que l'on peut faciliter chaque jour, compte tenu des inspections rigoureuses imposées par Israël», a-t-elle déclaré.

«Deuxièmement, les autorités israéliennes continuent de refuser un grand nombre de marchandises en raison de leur potentiel à double usage — combustible, matériaux de construction — dont vous auriez besoin pour vous abriter», a-t-elle clarifié.

«Que peut faire l’ONU dans ces conditions? Pas grand-chose. Il leur a aussi fallu beaucoup de temps pour mettre en place un centre logistique qui fonctionne parce que l’infrastructure de l’ONU était basée en Égypte.»

Le refus de délivrer des visas constitue un autre obstacle au travail des Nations unies à Gaza.

En début décembre, Israël a annoncé aux Nations unies qu'il ne renouvellerait pas le visa de sa coordinatrice humanitaire résidente dans les territoires palestiniens, Lynn Hastings, l'expulsant ainsi du pays.

Les détails précis du mécanisme d'aide que Kaag va mettre au point n'ont pas encore été révélés. Une chose est claire, cependant: elle est confrontée à une tâche colossale, celle de trouver de nouveaux moyens d'acheminer l'aide à Gaza tout en s'affranchissant des bombardements incessants d'Israël et des contrôles stricts sur l'accès à la bande.

Seul l'avenir nous dira si la nomination de Kaag aura un effet transformateur sur la population sinistrée de Gaza ou s'il s'agit simplement d'une continuation de la réponse médiocre de l'ONU à une catastrophe humanitaire qui s'aggrave de jour en jour.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunisie: la famille d'un opposant en grève de la faim dénonce des «violences» en prison

L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
Short Url
  • M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste"
  • Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille

TUNIS: L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture".

M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste". Son procès en appel aux côtés d'une quarantaine d'autres personnalités est prévu le 17 novembre.

Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille.

"Les agents ont ordonné aux détenus de l'agresser. Ils l'ont torturé car il refusait de manger", a dénoncé dans une vidéo sur Facebook, l'avocate Dalila Msaddek, soeur de M. Ben Mbarek qui, la semaine passée, s'était inquiétée de son état "alarmant".

"Des agents et des détenus l'ont frappé, les traces de coups sont visibles sur son flanc avec des ecchymoses. Ils l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Six détenus et cinq agents ont fait cela", a affirmé Mme Msaddek, en pleurant. "Nous avons atteint le stade de la barbarie", a-t-elle dit.

L'avocate Hanen Khemiri, qui lui a rendu visite mercredi matin en prison, a confirmé en conférence de presse des "traces de torture et une côte cassée" et annoncé le dépôt d'une plainte au Parquet.

Le père de M. Ben Mbarek, le militant de gauche Ezzedine Hazgui, a rencontré le directeur de la prison qui a accusé l'avocate d'"exagérer la situation". Mais M. Hazgui s'est dit convaincu que "des gardiens criminels ont tabassé son fils".

En fin de semaine dernière, plusieurs autres opposants emprisonnés dont le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha Rached Ghannouchi, 84 ans, ont annoncé une grève de la faim en solidarité avec M. Ben Mbarek.

Mardi, Mme Msaddek avait déploré une nouvelle détérioration de son état, assurant qu'il avait subi "deux crises au niveau des reins".

Le même jour, le Comité général des prisons, rattaché au gouvernement, avait démenti dans un communiqué "les rumeurs sur la détérioration de l'état de santé de tous les détenus, y compris ceux prétendant être en grève de la faim", affirmant qu'ils faisaient "l'objet d'un suivi médical constant".

Le parquet de Tunis a ordonné mercredi l'ouverture d'une enquête à l'encontre de trois avocats sur la base de plaintes de l'administration pénitentiaire qui a dénoncé la diffusion "de rumeurs et fausses informations" concernant les grèves de la faim en cours, ont indiqué des médias locaux.

Sans divulguer les noms des avocats, les médias citant une source judiciaire ont indiqué que les plaintes portent aussi sur la circulation de données jugées "erronées" relatives à la dégradation de l'état de santé de détenus déclarant observer ces grèves.

Plusieurs ONG tunisiennes et étrangères ont déploré un recul des droits et libertés en Tunisie depuis un coup de force par lequel le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.


Damas va «lutter activement» contre les groupes «terroristes», affirme un émissaire américain

Short Url
  • "Damas nous aidera désormais activement à affronter et démanteler les restes de l'Etat islamique, des Gardiens de la Révolution, du Hamas, du Hezbollah et d'autres réseaux terroristes", a affirmé sur X M. Barrack
  • Le dirigeant des Kurdes de Syrie, Mazloum Abdi, avait affirmé en octobre être parvenu à un "accord de principe" avec le pouvoir central sur l'intégration des FDS au sein des forces de sécurité syriennes

DAMAS: Damas va lutter activement contre les groupes "terroristes" dont l'Etat islamique (EI), les Gardiens de la Révolution iraniens, le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, a affirmé jeudi l'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack.

Le président américain Donald Trump a reçu lundi à la Maison Blanche son homologue syrien Ahmad al-Chareh, une première pour un chef d'Etat syrien et une consécration pour l'ancien jihadiste qui pris le pouvoir en décembre 2024 après avoir renversé Bachar al-Assad.

La coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis a annoncé mercredi que la Syrie était devenue le 90ème membre de ce groupe qui avait été créé en 2014 pour combattre l'EI en Syrie et en Irak.

"Damas nous aidera désormais activement à affronter et démanteler les restes de l'Etat islamique, des Gardiens de la Révolution, du Hamas, du Hezbollah et d'autres réseaux terroristes", a affirmé sur X M. Barrack.

L'Iran, à travers les Gardiens de la Révolution, son armée idéologique, et le Hezbollah soutenaient militairement le pouvoir de Bachar al-Assad avant sa chute, contrairement au Hamas qui n'y avait pas de présence armée.

Une réunion tenue cette semaine à Washington avec les chefs de la diplomatie américaine Marco Rubio, turque Hakan Fidan et syrienne Assaad al-Chaibani a évoqué l'intégration des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et qui contrôlent de vastes pans du nord-est syrien, au sein de l'Etat, selon l'émissaire.

Soutenues par les Etats-Unis, les FDS ont été le fer de lance de la lutte en Syrie contre le groupe EI, qui y a été défait.

Le dirigeant des Kurdes de Syrie, Mazloum Abdi, avait affirmé en octobre être parvenu à un "accord de principe" avec le pouvoir central sur l'intégration des FDS au sein des forces de sécurité syriennes.

Sur X, M. Abdi a indiqué avoir discuté au téléphone avec Tom Barrack de son engagement "à accélérer l'intégration des FDS au sein de l'Etat syrien".

Le pouvoir de M. Chareh et les Kurdes avaient signé un accord en mars pour intégrer dans un délai d'un an leurs institutions civiles et militaires au sein du pouvoir central mais son application a été entravée par des divergences entre les deux parties.

 


Cisjordanie : le chef de l'armée israélienne veut «mettre fin» aux violences de colons

Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
Short Url
  • Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens
  • Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes

JERUSALEM: Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies.

"Nous sommes déterminés à mettre fin à ce phénomène et nous agirons avec fermeté jusqu'à ce que justice soit rendue", a déclaré le lieutenant-général Eyal Zamir lors d'une visite à des troupes en exercice dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, selon un communiqué militaire.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaire de l'ONU (Ocha) a annoncé avoir enregistré en Cisjordanie "264 attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en octobre, soit "le bilan mensuel le plus élevé en près de deux décennies de collecte de données".

Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens en lien avec une descente violente menée contre la localité palestinienne de Beit Lid, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.

Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes.

Le président israélien Isaac Herzog a condamné ces exactions les qualifiant de "choquantes et inacceptables".

"L'armée ne tolérera pas de comportements criminels de la part d'une petite minorité qui ternit l'image d'une population respectueuse des lois", a déclaré le général Zamir, alors que nombre de témoignages accusent les soldats israéliens de rester passifs face à la violence de ces colons.

Ces dernières semaines, les attaques attribuées à des colons de plus en plus jeunes et violents vivant généralement dans des avant-postes (implantations illégales au regard du droit israélien et destinées à créer des faits accomplis sur le terrain) se sont multipliées en Cisjordanie, visant des Palestiniens mais aussi des militants anticolonisation israéliens ou étrangers, des journalistes et parfois aussi des soldats.

Plus de 500.000 Israéliens vivent en Cisjordanie dans des colonies régulièrement condamnées par l'ONU comme illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Les violences ont explosé dans ce territoire depuis le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.003 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.