Quelles sont les causes de l’imbroglio de l’aide humanitaire à Gaza?

Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
Des Palestiniens déplacés fuient Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le30 janvier 2024, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 02 février 2024

Quelles sont les causes de l’imbroglio de l’aide humanitaire à Gaza?

  • L'acheminement des denrées alimentaires et des fournitures médicales à 2,2 millions de personnes dans Gaza est perturbé par une série d'obstacles inattendus
  • Les Palestiniens peinent à accéder à l'aide après que les donateurs ont suspendu leur soutien à l'Unrwa et que les familles des otages israéliens ont bloqué les livraisons

LONDRES: L'aide humanitaire à Gaza pourrait «s'effondrer» d'ici la fin du mois de février si les donateurs occidentaux ne reprennent pas le financement du principal organisme d'aide des Nations unies dans l'enclave palestinienne, ont averti des responsables.

Plusieurs donateurs importants de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (Unrwa), dont l'Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis, ont interrompu leur financement après l'ouverture d'une enquête interne sur 12 membres du personnel de l'Office, accusés d'avoir participé aux attentats du 7 octobre menés par le Hamas.

Pour ne rien arranger, les membres du cabinet de guerre israélien envisageraient de réduire encore la quantité d'aide autorisée à entrer dans la bande de Gaza, après que les services de renseignement israéliens ont affirmé que le Hamas détournait plus de la moitié des camions d'aide entrant dans le territoire.

Des camions transportant de l'aide sont alignés près du poste frontière de Rafah entre l'Égypte et la bande de Gaza, le 1er février 2024, alors qu'ils sont inspectés par les forces israéliennes (Photo, Reuters).

En plus de cela, les familles de plusieurs otages israéliens ont organisé des manifestations quotidiennes au poste frontière de Kerem Shalom entre Israël et la bande de Gaza, exigeant qu’aucune aide ne soit autorisée à entrer dans le territoire tant que leurs proches restent en captivité.

Charlotte Leslie, ancienne membre du Parlement britannique et directrice du Conservative Middle East Council, a condamné la suspension du financement de l'Unrwa et a déclaré qu'elle était «très préoccupée» par de telles décisions.

«S'il y a des allégations sérieuses, fondées sur des preuves, concernant l'implication du personnel de l'Unrwa dans l'attaque terroriste du 7 octobre, elles doivent faire l'objet d'une enquête appropriée et des mesures adéquates doivent être prises», a déclaré Leslie à Arab News.

«Cependant, cela ne justifie pas de priver des milliers de Gazaouis désespérés et innocents de soins humanitaires de base, que seul l'Unrwa est en mesure de fournir», a-t-elle ajouté.

Des Israéliens manifestent du côté israélien du poste frontière de Kerem Shalom avec le sud de la bande de Gaza, le 29 janvier 2024, pour demander la libération d'otages par le Hamas (Photo, AFP).

Faisant écho aux préoccupations de Leslie selon lesquelles la réduction du financement de l'Unrwa n'aboutirait qu'à une «catastrophe humanitaire», un porte-parole d'Action Aid a indiqué à Arab News que la décision des puissances occidentales était «imprudente» et constituait en fait une «condamnation à mort» pour plus de deux millions de personnes déplacées à Gaza.

Un porte-parole d'Oxfam a déclaré à Arab News que la «suspension brusque et arbitraire» du financement avait coupé la principale ligne de vie de l'aide à Gaza.

«Il serait extrêmement imprudent et irresponsable de sanctionner une agence entière sur la base d'allégations concernant 12 personnes sur les 13 000 employés de Gaza, avant qu'une enquête appropriée n'ait été menée sur ces accusations», a insisté le porte-parole.

«Ce dont nous avons besoin, c'est d'une augmentation de l'aide humanitaire à Gaza, et non d'une diminution de l'aide vitale à un moment critique où les enfants meurent de faim et où les malades ne reçoivent pas de médicaments», a-t-il précisé.

Les enfants palestiniens déplacés par l'offensive israélienne à Gaza sont ceux qui souffrent le plus, privés de leurs maisons, de leurs équipements, de leur éducation et de leurs soins de santé (Photo, Reuters).

Les États-Unis, qui sont de loin la principale source de financement de l'agence humanitaire des Nations unies, ont versé environ 343 millions de dollars (1 dollar américain = 0,92 euro) aux opérations de l'Unrwa au cours de l'année 2022. L'Allemagne a fait le deuxième don le plus important, soit 202 millions de dollars au cours de la même période. Le Royaume-Uni, quant à lui, a fait un don de 21 millions de livres sterling.

Bien que les États-Unis aient suspendu leurs versements à l'Unrwa, le département d'État a déclaré qu'il souhaitait voir l'agence poursuivre son travail. Néanmoins, le porte-parole du département d'État, Matthew Miller, a déclaré qu'en tant que principal donateur de l'Unrwa, les États-Unis ont besoin que les Nations unies «prennent l'affaire au sérieux, enquêtent et veillent à ce que toute personne ayant commis des actes répréhensibles soit tenue de rendre des comptes».

L'Unrwa a déclaré avoir licencié neuf des employés présumés impliqués dans les attaques du 7 octobre et avoir lancé une enquête après avoir reçu des preuves d'Israël.

Ces preuves ont été présentées au commissaire général de l'agence, Philippe Lazzarini. Le même jour, la plus haute juridiction des Nations unies, la Cour internationale de justice (CIJ), a ordonné à Israël d'augmenter la quantité d'aide autorisée à entrer dans la bande de Gaza, dans le cadre d'une série de mesures destinées à prévenir un génocide.

Le commissaire général de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a déclaré que l'agence des Nations unies pour les réfugiés avait rapidement pris des mesures en licenciant neuf des employés présumés impliqués dans les attaques du 7 octobre et avait lancé une enquête après avoir reçu des preuves de la part d'Israël (Photo, AFP).

Israël a depuis affirmé que six employés de l'Unrwa faisaient partie de l'opération menée par le Hamas qui a infiltré Israël le 7 octobre, et que quatre d'entre eux auraient même participé à l'enlèvement d'Israéliens.

Qualifiant les actes présumés du personnel de l'Unrwa d'«odieux», le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a néanmoins exhorté les pays donateurs de «garantir la continuité» du financement de l'agence, les implorant à ne pas pénaliser les «dizaines de milliers de personnes qui travaillent pour l'Unrwa» sur la base des actes de quelques-unes d'entre elles.

Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, s'est félicitée de l'enquête menée sur ces allégations et a déclaré que Washington devrait constater des «changements fondamentaux» avant que le financement puisse reprendre.

Un porte-parole de l'Unrwa a prévenu que sans la reprise immédiate du financement par ses deux principaux donateurs, les opérations de l'agence ne pourront pas se poursuivre au-delà du mois de février.

Des réfugiés palestiniens se rassemblent devant les bureaux de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa, à Beyrouth, au Liban, le 30 janvier 2024 (Photo, AFP).

Ces allégations sont les dernières en date d'une longue série d'efforts visant à discréditer l'agence. Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a particulièrement tenu à mettre fin à la politique de l'Unrwa qui permet aux réfugiés palestiniens de transmettre leur statut de réfugié à leurs enfants, perpétuant ainsi le «droit au retour». Les responsables israéliens affirment que cette politique maintient le conflit en vie en empêchant les réfugiés palestiniens de s’intégrer pleinement dans de nouvelles communautés.

Mettant en doute l'efficacité de l'enquête interne, Netanyahou a qualifié l'Unrwa d'agence «infiltrée» par le Hamas.

«Je crois qu'il est temps que la communauté internationale et les Nations unies elles-mêmes comprennent que la mission de l'UNRWA doit prendre fin», a-t-il déclaré mercredi à une délégation d'ambassadeurs auprès des Nations unies.

Des manifestants palestiniens lancent des œufs à l'entrée du bureau local de l'Unrwa dans la ville de Gaza, le 19 septembre 2022, lors d'une manifestation réclamant la reconstruction de leurs maisons détruites lors du conflit de 2014 avec Israël (Photo, AFP).

«L'Unrwa est totalement infiltré par le Hamas. Il est au service du Hamas et de ses écoles, et de bien d'autres choses encore. Je le dis avec beaucoup de regret car nous espérions qu'il y aurait un organisme objectif et constructif pour offrir de l'aide», a signalé Netanyahou.

«Nous avons besoin d'un tel organisme aujourd'hui à Gaza. Mais l'Unrwa n'est pas cet organisme. Il doit être remplacé par une ou plusieurs organisations qui feront ce travail», a-t-il estimé.

Le professeur Kobi Michael, chercheur principal à l'Institut d'études de sécurité nationale de Tel-Aviv et à l'Institut Misgav de sécurité nationale, a indiqué à Arab News que la suspension du financement de l'Unrwa représentait un moment d'optimisme, notant que «si cela est fait de la bonne manière», les civils de Gaza ne souffriraient pas.

«Maintenant, le monde commence à comprendre et à reconnaître que l’Unrwa n’est rien de moins qu’une autre branche du Hamas», a-t-il déclaré.

Une femme palestinienne essaie de réconforter un enfant palestinien blessé lors des frappes israeliennes sur la bande de Gaza (Capture d’écran).

Se référant à un rapport des services de renseignement israéliens communiqué aux gouvernements étrangers, selon lequel 10% du personnel de l'Office seraient des membres du Hamas, Michael a déclaré qu'il n'avait «aucun doute sur les chiffres concernant le personnel de l'Unrwa impliqué».

Il a ajouté: «Le personnel impliqué directement ou indirectement dans le terrorisme est beaucoup plus important. L'agence doit être fermée.»

Compte tenu du moment où Israël a remis les preuves aux Nations unies, l'analyste jordanien Osama al-Charif a expliqué qu'il ne s'agissait de rien d'autre que de la perpétuation de la campagne de Netanyahou visant à faire fermer l'agence d'aide.

Il a révélé à Arab News qu'il s'agissait également d'un effort de la part du gouvernement israélien pour «manipuler» la communauté internationale.

Des Palestiniens se tiennent à l'entrée du Collège universitaire des sciences de l'éducation géré par l'Unrwa, à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 29 janvier 2024 (Photo, AFP).

«Les allégations contre l'Unrwa ne sont pas nouvelles et ont déjà été utilisées par le passé, mais cette fois, elles sont utilisées pour détourner l'attention de la décision historique de la CIJ qui a conclu à la recevabilité du génocide commis par Israël à Gaza», a-t-il éclairci.

«Puis il y a l'objectif principal derrière la disparition de l'Unrwa, qui est d'enterrer le droit au retour des réfugiés palestiniens, ce qu'Israël a toujours rejeté», a ajouté Al-Charif.

Gershon Baskin, directeur pour le Moyen-Orient de l'International Communities Organization, n'a pas rejeté les rumeurs d'un plan conjoint israélo-américain pour remplacer l'Unrwa après la guerre, mais il a estimé qu'avec des pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis et d'autres qui se font de plus en plus entendre sur la nécessité de reconnaître un État palestinien dans le cadre d'une solution à deux États, de tels plans pourraient s'avérer discutables.

Il a déclaré à Arab News que si l'État palestinien était reconnu par les grandes puissances occidentales, la nécessité d'une agence dédiée aux réfugiés deviendrait superflue.

S'il est vrai que le Hamas a volé des fournitures d'aide, il était néanmoins logique qu’Israël respecte ses obligations en vertu de la décision provisoire de la CIJ et facilite l'augmentation des livraisons d'aide à Gaza, déclare un responsable de l'aide (Photo, AFP).

«Vous ne pouvez pas être un réfugié palestinien à l’intérieur de l’État de Palestine, donc avec la reconnaissance de cet État, la Palestine elle-même devrait assumer la responsabilité gouvernementale de la fonction publique et de toutes les tâches que l’Unrwa entreprend actuellement», a-t-il jugé.

«À ce moment-là, l'Unrwa devient un sujet de négociation entre l'État d'Israël et l'État de Palestine.»

Tout en reconnaissant les préoccupations israéliennes concernant les allégations selon lesquelles le Hamas a volé des fournitures d'aide depuis le début du conflit en octobre, Baskin a signalé qu'il était néanmoins logique que le pays respecte ses obligations en vertu de la décision provisoire de la CIJ et facilite l'augmentation des livraisons d'aide à Gaza.

«Ma propre proposition était que l'armée israélienne apporte l'aide à Gaza et la livre sous la protection de l'armée israélienne afin que les marchandises ne soient pas confisquées», a-t-il indiqué.

«Cette aide devrait être apportée dans les régions où Israël affirme aux gens qu'il y aura des zones de sécurité. Il y a des gens en Israël qui commencent à parler de cette possibilité, donc cela pourrait se produire», a soutenu Baskin.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Bethléem renoue avec l'esprit de Noël à la faveur de la trêve à Gaza

Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À Bethléem, Noël retrouve une dimension festive après deux ans de guerre, porté par un message de paix, de solidarité et de renouveau, malgré une crise humanitaire persistante à Gaza
  • Du Vatican au Moyen-Orient, les célébrations de Noël sont marquées par des appels forts à la justice, à la trêve et à l’espérance dans un monde traversé par les conflits

BETHLÉEM: Bethléem, ville de Cisjordanie occupée et berceau du christianisme, a célébré mercredi son premier Noël festif depuis le début de la guerre à Gaza, alors qu'à des milliers de kilomètres de là, le pape Léon XIV célébrait au Vatican la première messe de Noël de son pontificat.

Sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, le pape a délivré dans son homélie un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Le chef de l'Eglise catholique devrait renouveler jeudi, en prononçant sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) ses appels à la paix. Mardi soir, il avait demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

A Bethléem, des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.

Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

- "Solidarité" et "justice" -

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, arrivé mercredi, y a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".

"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, était présent à la messe de Bethléem.

Dans la journée, des centaines de personnes ont envahi les rues de la ville pour assister au défilé des scouts sur l'emblématique place de la Mangeoire, égrenant les chants traditionnels.

"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.

Des hommes déguisés en Père Noël vendaient des pommes d'amour et des jouets, tandis que des familles se faisaient photographier devant une crèche encadrée par une étoile géante.

"Je suis venue en Terre sainte pour réaliser le rêve de toute une vie : passer Noël ici", a déclaré Ursula Whalen, venue de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

- Crise humanitaire -

Comme ailleurs au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185.000 personnes en Israël et 47.000 dans les Territoires palestiniens.

Malgré l'esprit de fête qui règne dans la ville, la municipalité de Bethléem a tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.

La grande majorité des plus de 2 millions de Gazaouis ont été déplacés par le conflit et vivent dans des conditions très difficiles. Des centaines de milliers d'entre eux sont encore sous des tentes, impuissants face aux pluies hivernales.

Carmelina Piedimonte, venue d'Italie avec un groupe catholique, a estimé qu'il était essentiel que les pèlerins et les touristes reviennent dans la ville sainte afin d'aider à relancer son économie en difficulté, qui dépend quasi exclusivement du tourisme.

En Syrie, la communauté chrétienne de Damas a fêté Noël sous haute surveillance dans la vieille ville, après un attentat suicide perpétré en juin dans une église de la capitale.

En Australie, les festivités sont particulièrement assombries par l'attentat antisémite survenu le 14 décembre sur la plage de Bondi, à Sydney.

"Noël sera différent cette année", a écrit sur X le Premier ministre Anthony Albanese, évoquant "une profonde tristesse".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".