A Gaza, une situation «pire que catastrophique», des gens «décharnés»

Un homme pousse un vélo alors qu'il marche au milieu des décombres d'un bâtiment dans la zone dévastée autour de l'hôpital Al-Shifa de Gaza, le 3 avril 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien du Hamas. (Photo par AFP)
Un homme pousse un vélo alors qu'il marche au milieu des décombres d'un bâtiment dans la zone dévastée autour de l'hôpital Al-Shifa de Gaza, le 3 avril 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien du Hamas. (Photo par AFP)
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Publié le Jeudi 04 avril 2024

A Gaza, une situation «pire que catastrophique», des gens «décharnés»

  • «Je pense que la situation est pire que catastrophique. Ce que j'ai vu m'a vraiment brisé le coeur. Gaza est devenu un amas de poussière»
  • «Les salles d'accouchement sont débordées par le nombre de femmes qui accouchent»

JERUSALEM: De retour d'une mission d'une semaine dans la bande de Gaza fin mars, Dominic Allen, représentant du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), alerte sur le manque cruel de médicaments, les difficultés d'accès et de distribution d'aide.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre qui a causé la mort d'environ 1 160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Israël a lancé en représailles une opération militaire dans la bande de Gaza qui a fait plus de 32.900 morts, en majorité des civils, d'après le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

 

QUESTION : Quelle est votre impression générale après cette deuxième mission à Gaza?

REPONSE: Je pense que la situation est pire que catastrophique. Ce que j'ai vu m'a vraiment brisé le coeur. Gaza est devenu un amas de poussière. Les gens que nous avons croisés étaient décharnés, ils nous indiquaient qu'ils cherchaient de quoi manger. Nous sommes très inquiets pour les femmes enceintes et allaitantes. Les médecins et les sages-femmes nous ont dit que leurs patientes accouchaient d'enfants plus petits, et que la malnutrition, la déshydratation et la peur entraînaient des complications.

Les salles d'accouchement sont débordées par le nombre de femmes qui accouchent: 70 accouchements (par voie basse, NDLR) et 10 à 12 césariennes ont lieu chaque jour à l'hôpital Emirati (sud) par exemple. Une sage-femme m'a décrit comment elle avait dû aider des femmes à accoucher à même le sol parce qu'il n'y avait plus de place.

 

Q: De nombreuses organisations internationales ont déploré les difficultés à faire entrer de l'aide à Gaza, qu'en est-il pour vous?

R: Un certain nombre de fournisseurs de l'UNFPA se sont vu refuser l'entrée dans la bande de Gaza aux contrôles et points de passage. Il est essentiel de pouvoir acheminer les fournitures médicales là où les femmes et les jeunes filles en ont le plus besoin. L'accès au nord de la bande de Gaza est très difficile.

Des personnes sont au bord de la famine en ce moment à Gaza. Cette situation est due à un énorme retard dans l'acheminement des denrées à cause de l'impossibilité d'accéder à Gaza, depuis de nombreux mois déjà, ce qui a aggravé les besoins.

 

Q: Comment avez-vous pu livrer vous-même quelques médicaments?

R: Grâce à un véhicule blindé, nous avons pu apporter ce dont un hôpital avait le plus besoin: des anesthésiants, de l'ocytocine, des fournitures médicales dont le transport doit être réfrigéré.

 

Q: Qu'est-ce qui manque le plus dans les hôpitaux?

R: Dans un hôpital, on nous a dit que quand un patient avait besoin d'être opéré, il devait venir avec son bidon de carburant pour pouvoir faire fonctionner les générateurs électriques nécessaires à alimenter le bloc opératoire. Un médecin m'a même dit que par manque de pinces pour les cordons ombilicaux, ils utilisaient parfois de la ficelle. En réalité, il y a des manques pour vraiment tout le matériel de base pour les accouchements et les suites de couches et les soins des nourrissons.

 

Q: Que craignez-vous pour les semaines à venir, notamment à Rafah?

R: Le personnel médical dit que le nombre de complications lors des accouchements a presque doublé, ça veut dire qu'il y a plus d'interventions, et donc qu'il faut plus de fournitures médicales. Ils constatent aussi une augmentation des enfants mort-nés.

Par ailleurs, toutes les personnes à qui j'ai parlé à Rafah (sud) ont vraiment peur de ce qui va se passer en cas d'incursion terrestre. Le directeur médical de l'hôpital Emirati m'a dit que des soignants avaient déjà quitté les lieux pour d'autres parties du territoire.

En réalité, j'ai quitté Gaza terrifié à l'idée de ce qui pourrait s'y passer. Honnêtement, quand on voit de minuscules bébés, tout chétifs, se serrer les uns contre les autres dans une couveuse où ils sont regroupés parce qu'il n'y en a pas une pour chacun, la fragilité de la vie vous saute aux yeux


Gaza: le Hamas rencontre les médiateurs au Caire

L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. (AFP)
L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023. (AFP)
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  • Cette rencontre intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Gaza, Israël ayant accusé le Hamas de violations du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, ce que le mouvement islamiste a réfuté
  • La source a précisé que la rencontre avec les médiateurs au Caire devrait porter notamment sur "les dizaines de frappes aériennes israéliennes" ayant fait la veille "des dizaines de morts dans la bande de Gaza"

LE CAIRE: Une délégation du Hamas, conduite par Khalil al-Hayya, rencontre lundi au Caire des responsables égyptiens et qataris pour évoquer le cessez-le-feu fragile et l'après-guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des négociations.

Cette rencontre intervient au lendemain de frappes israéliennes sur Gaza, Israël ayant accusé le Hamas de violations du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre, ce que le mouvement islamiste a réfuté.

La source a précisé que la rencontre avec les médiateurs au Caire devrait porter notamment sur "les dizaines de frappes aériennes israéliennes" ayant fait la veille "des dizaines de morts dans la bande de Gaza".

L'Egypte et le Qatar sont des médiateurs de longue date dans les pourparlers indirects avec Israël et le Hamas pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023.

"Unifier" les mouvements 

Par ailleurs, "la délégation, aux côtés de plusieurs dirigeants du mouvement, tiendra des réunions avec des responsables égyptiens au sujet du dialogue interpalestinien que l'Egypte doit prochainement parrainer", a précisé la source familière des négociations.

L'Egypte a déjà accueilli plusieurs rencontres entre les mouvements politiques palestiniens, notamment les deux principaux groupes politiques palestiniens, le Hamas et le Fatah de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne.

Ces deux mouvements sont opposés depuis des décennies.

"Ce dialogue vise à unifier le corps politique palestinien et à aborder les grandes questions, notamment l'avenir de la bande de Gaza et la formation d'un comité d'experts indépendants chargé de la gestion du territoire", a déclaré la source, faisant écho à la mise en place d'une autorité de transition formée de technocrates chapeautée par un comité dirigé par le président américain Donald Trump, et proposée par ce dernier.

Le Hamas a déjà fait savoir qu'il ne tenait pas à gouverner la bande de Gaza, ravagée par deux ans de guerre.

Plusieurs responsables politiques palestiniens ont également évoqué ces derniers mois la création d'un groupe de gestionnaires palestiniens, non affiliés, en charge d'administrer le territoire où le Hamas avait pris le pouvoir par la force en 2007.

Une autre source informée a affirmé que "les contacts et efforts des médiateurs ont permis hier soir de rétablir le calme et de réactiver le cessez-le-feu à Gaza", ajoutant que "les médiateurs continueront de suivre et de surveiller les violations israéliennes".


Gaza: la Défense civile annonce un nouveau bilan de 45 morts dans des frappes israéliennes dimanche

La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts. (AFP)
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  • Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés
  • L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a fait état d'au moins 45 personnes tuées dimanche au cours de frappes aériennes israéliennes dans le territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan de 33 morts.

L'armée israélienne a déclaré avoir frappé dans la journée des dizaines de cibles du Hamas à travers le territoire palestinien, Israël et le Hamas s'accusant mutuellement de violer un cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump, en vigueur depuis le 10 octobre.

"Au moins 45 personnes ont été tuées du fait de frappes aériennes israéliennes sur plusieurs endroits de la bande de Gaza", a indiqué Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile, service de secours opérant sous l'autorité du Hamas.

Quatre hôpitaux du territoire palestinien ont confirmé ce bilan de 45 décès à l'AFP, disant avoir reçu morts et blessés.

L'hôpital Al-Awda à Nuseirat a recensé 24 morts, l'hôpital Al-Aqsa à Deir al-Balah 12, l'hôpital Nasser à Khan Younès cinq et celui d'Al-Shifa à Gaza-ville  quatre.

Des dizaines de blessés ont également été pris en charge par ces hôpitaux. L'armée israélienne a déclaré à l'AFP qu'elle vérifiait les informations concernant les frappes.

Parmi les victimes figure, selon M. Bassal, six personnes tuées quand une frappe israélienne a ciblé "un groupe de civils" dans la ville de Zuwaida (centre).

Il a également fait état de deux autres Gazaouis, dont un journaliste, tués dans la partie ouest de cette ville.

Deux frappes distinctes ont par ailleurs tué six personnes, dont des enfants, près de Nuseirat (centre) et blessé 13 autres, a-t-il indiqué.

Il a aussi fait état d'une femme et deux enfants tués dans une frappe de drone sur une tente abritant des personnes déplacées au nord de Khan Younès (sud).

Dans la soirée, l'armée israélienne a annoncé cesser ses frappes et reprendre l'application du cessez-le-feu.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

 


Mohammed ben Salmane et Emmanuel Macron discutent de l'évolution de la situation à Gaza

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  • Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient
  • Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet

RIYADH : Le prince héritier Mohammed bin Salman a reçu dimanche un appel téléphonique du président français Emmanuel Macron, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Les deux dirigeants ont passé en revue la coopération dans divers domaines et ont discuté des développements régionaux et internationaux d'intérêt commun.

Les entretiens ont porté sur la situation dans la bande de Gaza et sur les efforts en cours pour mettre fin au conflit et rétablir la stabilité au Moyen-Orient.

Le prince Mohammed et M. Macron ont souligné l'importance d'alléger immédiatement les souffrances humanitaires du peuple palestinien et de parvenir à un retrait israélien complet.

Ils ont également souligné la nécessité de prendre des mesures concrètes en vue d'une paix juste et durable fondée sur la solution des deux États.