Netanyahou peut-il instaurer un cessez-le-feu auquel Gaza peut se fier ?

Benjamin Netanyahu et Donald Trump participent à un dîner bilatéral à Washington, D.C. (Reuters)
Benjamin Netanyahu et Donald Trump participent à un dîner bilatéral à Washington, D.C. (Reuters)
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Publié le Mercredi 16 juillet 2025

Netanyahou peut-il instaurer un cessez-le-feu auquel Gaza peut se fier ?

Netanyahou peut-il instaurer un cessez-le-feu auquel Gaza peut se fier ?
  • Netanyahou et Trump ont tous deux beaucoup à gagner politiquement d'un cessez-le-feu. M. Netanyahou est plongé dans la tourmente intérieure, aux prises avec des accusations de corruption, des manifestations et une coalition de plus en plus fracturée
  • Pourtant, les Palestiniens ne rejettent pas l'idée de paix, ils rejettent l'hypocrisie. Un cessez-le-feu authentique et durable doit être plus qu'une manœuvre tactique ou un accessoire électoral

Alors que la nouvelle d'un éventuel accord de cessez-le-feu à Gaza circule, négocié lors d'une rencontre très médiatisée entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président américain Donald Trump à la Maison Blanche la semaine dernière, les Palestiniens - en particulier ceux de Gaza - se retrouvent une fois de plus suspendus entre un espoir prudent et un profond scepticisme. La promesse de paix se rapproche peut-être, mais la question qui persiste est la suivante : le monde peut-il vraiment faire confiance à M. Netanyahu pour honorer un tel accord ? Et plus fondamentalement, un cessez-le-feu permanent peut-il tenir face aux antécédents historiques d'Israël en matière de violation de ses propres engagements ?

La bande de Gaza, détruite par des frappes aériennes incessantes et des années de blocus, aspire à une pause, à un sursis. Des quartiers entiers ont été réduits à l'état de ruines, des familles ont été déchirées et les services de base tels que la nourriture, l'eau et l'électricité restent rares. Dans ce désert humanitaire, toute discussion sur un cessez-le-feu suscite une lueur d'espoir, mais cet espoir est profondément gardé.

Netanyahou et Trump ont tous deux beaucoup à gagner politiquement d'un cessez-le-feu. M. Netanyahou est plongé dans la tourmente intérieure, aux prises avec des accusations de corruption, des manifestations et une coalition de plus en plus fracturée. Quant à M. Trump, il tient à se présenter à nouveau comme un homme d'État mondial capable de conclure des accords historiques. Les enjeux sont importants, mais la méfiance l'est tout autant.

Les Palestiniens ont déjà vu cette histoire se dérouler. Cessez-le-feu après cessez-le-feu - négocié par l'Égypte, le Qatar ou l'ONU - s'est effondré en raison des violations israéliennes, de la poursuite de l'expansion des colonies ou de la reprise des opérations militaires. Malgré les déclarations et les séances de photos, Israël a constamment repris des tactiques qui violent la souveraineté palestinienne et les normes humanitaires. Le gouvernement Netanyahou, fortement influencé par ses membres d'extrême droite, a montré peu de volonté de s'engager sérieusement dans la cause palestinienne au-delà des préoccupations sécuritaires.

Pourtant, les Palestiniens ne rejettent pas l'idée de paix, ils rejettent l'hypocrisie. Un cessez-le-feu authentique et durable doit être plus qu'une manœuvre tactique ou un accessoire électoral. Il doit comprendre un arrêt sans équivoque des opérations militaires israéliennes à Gaza, la levée du blocus étouffant et un mécanisme international crédible pour contrôler le respect de l'accord de part et d'autre. Tout accord doit s'attaquer non seulement aux symptômes de la guerre, mais aussi à ses causes profondes : l'occupation, les déplacements de population et la privation des droits politiques.

Alors que les États-Unis continuent de jouer le rôle de négociateur en chef, la communauté internationale ne peut rester spectatrice. Elle doit faire un pas en avant, non seulement pour approuver tout accord, mais aussi pour fournir des garanties contraignantes que les droits des Palestiniens seront protégés et respectés. Le monde arabe, l'Union européenne et les Nations unies doivent exiger des mécanismes de contrôle garantissant qu'Israël respecte ses engagements et que le peuple palestinien ne subisse pas une fois de plus les conséquences de promesses non tenues. Les acteurs internationaux doivent insister sur un cadre qui aille au-delà de la gestion du cessez-le-feu et s'oriente vers une solution politique durable.

La population de Gaza ne peut pas supporter une autre "pause" qui ne fait que remettre à zéro le compte à rebours de la prochaine guerre.

                                                         Hani Hazaimeh

La population de Gaza ne peut pas supporter une nouvelle "pause" qui ne fait que relancer le compte à rebours de la prochaine guerre. Ils ont besoin d'assurance, de responsabilité et, surtout, de dignité. Le cessez-le-feu ne doit pas être une récompense pour la violence ni une désescalade temporaire jusqu'au prochain bain de sang. Il doit être le début d'un processus de paix plus large qui affirme le droit des Palestiniens à vivre librement dans leur patrie, en ayant accès à la nourriture, à l'eau, à la sécurité et à un avenir.

Netanyahou et Trump peuvent chercher à faire les gros titres à Washington, mais l'histoire les jugera en fonction de ce qui se passera sur le terrain à Gaza. Si le cessez-le-feu proposé n'inclut pas de véritables protections, une véritable surveillance et un véritable engagement politique, il rejoindra la longue liste des trêves ratées qui ont laissé les civils palestiniens enterrer leurs morts en silence.

Un cessez-le-feu digne de ce nom doit être fondé sur la confiance - mais la confiance se mérite, elle ne s'impose pas. Et tant qu'Israël ne démontrera pas un engagement cohérent en faveur de la paix et tant que le monde ne le tiendra pas pour responsable de ses actions, les Palestiniens resteront méfiants à l'égard des accords signés avec des sourires à l'étranger et rompus avec des bombes dans leur propre pays.

Les habitants de Gaza nous observent. Le monde ne doit pas se contenter de regarder avec eux, il doit se tenir à leurs côtés.

Hani Hazaimeh est un rédacteur en chef basé à Amman. 

X: @hanihazaimeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com