Tripoli, Liban: le désespoir au coeur du désespoir

 Hamad pose devant des poubelles en feu (© Clotilde Bigot)
Hamad pose devant des poubelles en feu (© Clotilde Bigot)
Les manifestants se retranchent après avoir jeté des pierres, qui jonchent la route (© Clotilde Bigot)
Les manifestants se retranchent après avoir jeté des pierres, qui jonchent la route (© Clotilde Bigot)
L'armée barricadée faisant face aux manifestants qui jettent des pierres (© Clotilde Bigot)
L'armée barricadée faisant face aux manifestants qui jettent des pierres (© Clotilde Bigot)
trois jeunes s'enfuient dans une rue parallèle, afin d'échapper à l'armée qui s'approche (© Clotilde Bigot)
trois jeunes s'enfuient dans une rue parallèle, afin d'échapper à l'armée qui s'approche (© Clotilde Bigot)
L'armée traverse les rues de la ville à la recherche de manifestants (© Clotilde Bigot)
L'armée traverse les rues de la ville à la recherche de manifestants (© Clotilde Bigot)
Un soldat libanais sous la pluie (© Clotilde Bigot)
Un soldat libanais sous la pluie (© Clotilde Bigot)
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Publié le Samedi 30 janvier 2021

Tripoli, Liban: le désespoir au coeur du désespoir

  • Les Tripolitains, dont beaucoup sont des journaliers qui se trouvent sans ressources, victimes de ce nouveau confinement, descendent dans la rue pour crier leur colère
  • “Personne n’a de travail ici, regardez autour de vous!” lance un manifestant, visiblement fatigué par les événements de ces derniers jours

TRIPOLI, Liban : Six nuits d’affrontements avec les forces de l’ordre, l’incendie de la municipalité, un mort et un désespoir qui grandit chaque jour un peu plus. Bienvenue dans la deuxième ville du Liban, l’une des plus pauvre aussi, Tripoli. Ses habitants sont animés par les idéaux révolutionnaires depuis ses tout débuts, en octobre 2019, et prouvent aujourd’hui encore, que les Tripolitains sont des rebelles qui demandent des comptes à l'État. Arab News en français était sur place.

Une armée protégée et équipée jusqu’aux dents

Il est 18 heures, le soleil est tombé depuis maintenant près d’une heure sur la “Fiancée de la révolution”. Il fait froid, le vent souffle et la pluie, qui tombe sporadiquement, manque décourager les manifestants. Des dizaines de journalistes sont là, postés entre les “thouwar” (révolutionnaires) et l’armée. Ils reçoivent quelques cailloux mal lancés, abrités de la pluie sous la devanture d’un magasin. Ces manifestants sont venus pour prouver qu’ils tiennent, encore, face à l'État qui les ignore. En effet, les familles les plus pauvres de Tripoli s’étaient vu promettre une enveloppe unique d’aide de 400.000 livres libanaises (environ 50 dollars) au début de la pandémie et du premier confinement, il y a maintenant 11 mois, mais, malgré l’effet d’annonce, l’aide a été décalée, pour cause de ce même confinement. Les Tripolitains maintenant, dont beaucoup sont des journaliers qui se trouvent sans ressources, victimes de ce nouveau confinement, descendent dans la rue pour crier leur colère, mains nues, face à une armée protégée et équipée jusqu’aux dents.

Éviter que la colère ne s’étende à d’autres villes

Sur la place Al-Nour, au centre de la ville, ils sont une cinquantaine en ce début de soirée. Debout sur le rond-point où trône une énorme enseigne au néon calligraphiant le nom d’Allah, ils attendent d’être rejoints par d’autres manifestants, qui ne seront pas au rendez-vous ce vendredi. Ils représentent les classes les plus pauvres de cette ville où 23% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Des très jeunes comme Ahmad, 11 ans, qui ne cesse de demander si quelqu’un a de la nourriture, à Abdulrahmane, la soixantaine, qui raconte sa fierté d’être Tripolitain, cette ville martyre de la révolution, n’a jamais lâché prise.

Face à ces hommes, une quinzaine de tanks et des dizaines de soldats, envoyés en masse, contenir les manifestants, bloquent les artères du rond-point.

Une demi-heure passe, les rues sont devenues un labyrinthe où armée et manifestants se cherchent, se trouvent, puis le jeu recommence. Les anciens manifestants, eux, restent pour la plupart en retrait, envoient les plus jeunes jeter des pierres, l’arme du pauvre, à l’armée qui se trouve pourtant des dizaines de mètres plus loin, barricadée derrière des boucliers anti-émeute, déjà bien abîmés par les années de manifestations. Le jeu du chat et de la souris transforme cette ville fantôme en terrain de guerre civile, avec, à chaque coin de rue, un bruit qui monte. Il s’agit soit de hurlements de manifestants, soit de l’armée qui fait avancer ses tanks dans un vacarme qui brise le silence de cette ville confinée. L’armée, omniprésente dans la ville, a été envoyée afin de contrôler la situation le plus rapidement possible, et éviter que la colère ne s’étende à d’autres villes libanaises. “C’est trop tard ! s’enthousiasme AbdulRahmane, il y a des manifestations à Beyrouth, à Baalbek, et dans d’autres villes !” Mais les rassemblements qui ont eu lieu cette semaine à Nabatiyé ou Baalbek n’ont attiré qu’une dizaine de personnes. Seule Beyrouth a réussi à mobiliser une petite centaine de manifestants jeudi soir, qui ont lancé des slogans devant le lieu de résidence du ministre de l’Intérieur sortant.

Les journaliers, premières victimes du confinement

Le confinement strict décrété il y a plus de deux semaines interdit l’ouverture de tous les magasins, y compris les supermarchés qui doivent compter sur les livraisons. Les travailleurs pauvres, journaliers sont les premières victimes car ils se retrouvent du jour au lendemain sans salaire. “Personne n’a de travail ici, regardez autour de vous !” lance un manifestant, visiblement fatigué par les événements de ces derniers jours. “Je n’ai rien à manger à la maison, raconte Ahmad du haut de ses 11 ans, bonnet vissé sur la tête. J’habite là-bas, avec mes sœurs et ma mère, j’ai mangé ce matin, mais maintenant j’ai faim… Tu es sûre que tu n’as rien ?” me demande-t-il avant de partir en roulant, déçu, sur les talons de ses baskets, dans une des ruelles de la ville.

« Ne parlons pas de ça, d’accord ? »

Il est 21 heures, l’armée déloge les derniers manifestants. L’un d’entre eux refuse nonchalamment de s’en aller. Deux soldats le passent alors à tabac, un verre de ses lunettes est expulsé à quelques mètres de là. Lorsqu’il le récupère enfin, l’un des soldats s’approche du groupe de journalistes dont je fais partie, “ne parlons pas de ça, d’accord ? Nous explique-t-il, un grand sourire complice illuminant son visage non masqué. On l’a vu jeter des pierres tout à l’heure, il refusait de quitter la place…”. Ce vendredi soir, les manifestants sont dispersés sans coups de feu, rien n’aura brûlé, mais le rendez-vous pour samedi est pris.

 


L’Arabie saoudite salue l’annonce syrienne reconnaissant le Kosovo

Le président syrien Ahmed al-Chareh a fait cette annonce lors d'une réunion conjointe avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et la présidente kosovar Vjosa Osmani au palais d'Al-Yamamah. (SPA)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a fait cette annonce lors d'une réunion conjointe avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et la présidente kosovar Vjosa Osmani au palais d'Al-Yamamah. (SPA)
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  • Le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré espérer que cette reconnaissance « contribuera au renforcement de la coopération entre les deux pays »

RIYAD : L’Arabie saoudite a salué mercredi l’annonce faite par la Syrie reconnaissant l’État du Kosovo, lors d’une rencontre à Riyad.

Le président syrien Ahmed al-Chareh a formulé cette annonce au cours d’une réunion conjointe avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, au palais Al-Yamamah.

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a indiqué qu’il espérait que cette reconnaissance « contribuera au renforcement de la coopération entre les deux pays, favorisant ainsi la prospérité des deux nations et de leurs peuples ».

Le ministère a également affirmé l'engagement du Royaume à renforcer les cadres de coopération internationale de manière à promouvoir la paix et la prospérité pour tous.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président Ahmad al-Chareh discute de la relance économique de la Syrie avec des ministres saoudiens

Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Abdulaziz ben Saud ben Naif. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Abdulaziz ben Saud ben Naif. (SPA)
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  • Al-Chareh prendra la parole lors de la neuvième conférence de l’Initiative pour l’investissement futur à Riyad
  • Il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et le ministre de l’Intérieur, le prince Abdelaziz ben Saoud ben Nayef

LONDRES : Le président de la République arabe syrienne, Ahmad al-Chareh, et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, ont examiné les moyens de renforcer et de développer la coopération dans divers domaines lors d’une rencontre à Riyad.

Al-Chareh est arrivé mardi en Arabie saoudite pour participer à la neuvième édition de la conférence de l’Initiative pour l’investissement futur (FII), qui se tient jusqu’à jeudi et réunit dirigeants et ministres du monde entier.

Les deux parties ont également évoqué les opportunités de coopération économique dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des infrastructures et de la technologie, alors que la Syrie aspire à atteindre une stabilité économique, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assad Hassan Al-Shaïbani, ainsi que le Dr Mousaed ben Mohammed Al-Aiban, ministre d’État saoudien et membre du Conseil des ministres, ont assisté à la réunion.

Lors d’une autre rencontre, Al-Chareh a discuté avec le ministre saoudien de l’Intérieur, le prince Abdelaziz ben Saoud ben Nayef, des différents aspects de la coopération sécuritaire, économique, ainsi que du développement régional et international.

Il s’est également entretenu avec le ministre de l’Investissement, Khalid Al-Falih, accompagné d’Al-Shaïbani et du ministre syrien de l’Économie, Mohammad Nidal Al-Shaar, au sujet des partenariats en matière d’investissement, de développement et de reconstruction, ainsi que des efforts visant à soutenir la reprise économique de la Syrie.

Al-Chareh doit prendre la parole lors de la conférence FII9 et rencontrer des représentants de sociétés internationales d’investissement pour discuter de la coopération et de la croissance économique régionale.

Selon l’Agence arabe syrienne d’information (SANA), la visite officielle comprend également des entretiens avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.

Lancée en 2017, la FII — souvent surnommée « Davos du désert » — est devenue une plateforme clé pour l’Arabie saoudite afin de présenter sa stratégie de diversification économique dans le cadre de la Vision 2030.

L’édition de cette année, qui se poursuit jusqu’au 30 octobre, réunit décideurs mondiaux, investisseurs et dirigeants d’entreprise pour débattre des tendances qui façonnent l’économie mondiale et explorer les partenariats dans les secteurs émergents.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Le pape priera au port de Beyrouth au cours de son premier voyage

Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le pape Léon XIV effectuera son premier voyage à l’étranger depuis son élection en mai, visitant la Turquie pour le 1.700e anniversaire du Concile de Nicée et le Liban, où il priera sur le site de l’explosion du port de Beyrouth de 2020
  • Lors de ce voyage, il rencontrera des dirigeants politiques et religieux, célébrera des messes publiques et œcuméniques, et rendra hommage aux victimes et aux figures saintes du Liban

Cité du Vatican, Saint-Siège: Le pape Léon XIV priera sur le site de l'explosion il y a cinq ans au port de Beyrouth, après une rencontre avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors d'un voyage en Turquie et au Liban en novembre, a annoncé le Vatican lundi.

Ce sera le premier voyage à l'étranger du pape américain depuis qu'il est devenu chef des 1,4 milliard de catholiques en mai, après le décès du pape argentin François.

Le voyage de Léon débutera en Turquie, à l'occasion du 1.700e anniversaire du Concile de Nicée.

Le pape arrivera le 27 novembre à Ankara, où il rencontrera Recep Tayyip Erdogan ainsi qu'un groupe de responsables, d'organisations de la société civile et de diplomates, avant de se rendre à Istanbul.

Le 28 novembre, il effectuera une excursion d'une journée à Iznik, la ville actuelle où se trouvait Nicée, pour diriger une prière œcuménique.

En l'an 325, le premier concile œcuménique de l'histoire du christianisme avait rassemblé 300 évêques de l'Empire romain et établi des bases doctrinales toujours reconnues par de nombreuses confessions chrétiennes.

Le lendemain, le pape visitera la célèbre Mosquée Bleue d'Istanbul et rencontrera le patriarche orthodoxe Bartholomée Ier, avant de célébrer une messe publique.

Le pape Léon se rendra à Beyrouth le 30 novembre, où il rencontrera le président libanais, Joseph Aoun, et le Premier ministre, Nawaf Salam.

Il se rendra le 1er décembre sur la tombe du saint patron du Liban, Saint Charbel Makhlouf, au monastère Saint Maron d’Annaya, au nord de Beyrouth.

Dans ce qui sera probablement un moment chargé d'émotion, il tiendra le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion au port de Beyrouth en 2020, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une grande partie de la capitale libanaise. Il célébrera également une messe publique.

Le dernier pape à avoir visité le Liban était Benoît XVI en 2012, tandis que la dernière visite papale en Turquie remonte à 2014, lorsque François s'était rendu à Ankara et Istanbul.

Ce déplacement devait initialement être effectué fin mai par le pape François, mort le 21 avril à 88 ans.