Le Hezbollah a construit un empire de la drogue à travers une «stratégie narcoterroriste»

Le Hezbollah est accusé de tirer parti du chaos qui règne en Syrie pour produire de la drogue dans un pays déchiré par la guerre et de l'exporter à des fins lucratives. Les agences antidrogue ont déjoué ces derniers temps de nombreuses opérations de contrebande (Photo, AFP).
Le Hezbollah est accusé de tirer parti du chaos qui règne en Syrie pour produire de la drogue dans un pays déchiré par la guerre et de l'exporter à des fins lucratives. Les agences antidrogue ont déjoué ces derniers temps de nombreuses opérations de contrebande (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 03 mai 2021

Le Hezbollah a construit un empire de la drogue à travers une «stratégie narcoterroriste»

  • En raison des amphétamines détectées dans deux lots de marchandises, le Royaume s'est vu dans l'obligation d'interdire l'importation de fruits et de légumes en provenance du Liban
  • Les pilules proviennent probablement de Syrie, pays où la production de drogues a explosé dans les régions contrôlées par le régime d'Al-Assad au cours de la guerre

DUBAÏ: Les fruits et légumes du Liban ne sont plus les bienvenus en Arabie saoudite. Cette décision intervient après une tentative de contrebande de stupéfiants dissimulés dans des grenades, déjouée grâce à la vigilance des autorités portuaires du Royaume.

En effet, les douanes du Jeddah Islamic Port (port islamique de Djeddah) ont saisi le mois dernier plus de 5 millions de pilules de Captagon, astucieusement camouflées dans une cargaison de grenades en provenance du Liban. Par ailleurs, des pilules d'amphétamine dissimulées dans une cargaison de grenades venant également du Liban ont également été interceptées dans le King Abdulaziz Port (port du roi Abdelaziz) de Dammam.

Le Royaume a réagi à cet incident en bannissant l'importation et le transit de fruits et légumes arrivant du Liban.

Walid al-Bukhari, ambassadeur d'Arabie saoudite au Liban, a révélé que, au cours des six dernières années, plusieurs tentatives avaient eu lieu pour acheminer clandestinement plus de 600 millions de comprimés en provenance du Liban.

Soulignant l'impact considérable de la saisie des stupéfiants et de l'interdiction d'importation sur l’économie, Michel Moawad, un politicien libanais qui a démissionné du Parlement pour dénoncer les explosions du 4 août 2020 à Beyrouth, affirme que les agriculteurs et les importateurs légitimes «paient aujourd'hui un lourd tribut à cause des trafiquants de Captagon».

«Que gagnons-nous en exportant des missiles, des milices et des stupéfiants? Quel intérêt avons-nous à nous montrer hostiles à l'égard des Arabes et de la communauté internationale, et lorsque nous allons combattre au Yémen et dans d'autres endroits?», lance Michel Moawad.

M. Moawad n'a certes pas eu besoin de nommer explicitement le Hezbollah lorsqu'il a exigé que le Liban «reste totalement souverain, exempt de bastions sécuritaires, d'armes illégales, de missiles, de camps d'entraînement militaire pour les Houthis, et d'usines de Captagon».

Sur cette photo, on voit exposés les comprimés de Captagon interceptés par les agents du service antidrogue de l'État saoudien dans une cargaison de grenades en provenance du Liban (Photo, SPA).

En outre, il est fort probable que la tentative avortée pour introduire cette amphétamine en Arabie saoudite soit liée au groupe chiite affilié à l'Iran et qui dispose d'une branche militaire active, confie une source anonyme citée par The Independent Persian.

Selon cette source, le Hezbollah est réputé pour la contrebande de drogues, notamment du Captagon fabriqué en Syrie; le groupe réfute fermement cette accusation.

La même source précise également que le Hezbollah exerce un contrôle absolu sur l'ensemble des activités liées à la drogue, compte tenu de l'autorité qu'il exerce sur les postes de contrôle frontaliers, «tant légaux qu'illégaux», qui existent entre la Syrie et le Liban. À ce jour, les officiels et les politiciens du Hezbollah n'ont pas fait de commentaires au sujet de ces accusations.

Les services de sécurité du Liban ont interpellé à ce jour quatre personnes soupçonnées d'être liées à la cargaison confisquée. Selon les médias locaux, les grenades qui provenaient de Syrie seraient passées par le poste de contrôle frontalier d'Al-Masnaa ou par celui d'Al-Aboudieh, au nord du pays.

Ainsi, le certificat d'origine syrien a été remplacé par un certificat libanais et le lot a été expédié à destination de l'Arabie saoudite via le port de Beyrouth, qui ne possède aucun dispositif de détection des drogues. La source citée par The Independent Persian affirme que «le Captagon est fabriqué en Syrie, transporté à Beyrouth puis expédié dans le Royaume».

Grâce à un renseignement fourni par la Drug Enforcement Administration (DEA) [agence fédérale américaine chargée de lutter contre le trafic de drogue aux États-Unis, NDLR], les autorités grecques ont saisi au mois d’avril dernier au Pirée, le port principal du pays, plus de quatre tonnes de cannabis dissimulées dans une cargaison de machines servant à confectionner des desserts. Cette cargaison provenait également du Liban et se dirigeait vers la Slovaquie.

Les autorités grecques ont fait savoir que la valeur marchande de la drogue était estimée à 4 millions de dollars (1 dollar = 0,83 euro) et qu'elles avaient été aidées par l'Agence saoudienne de lutte contre la drogue pour mener à bien cette opération.

Des partisans du Hezbollah, mouvement chiite, circulent dans un convoi à Kfar Kila, à la frontière entre le Liban et Israël, le 25 octobre 2019 (Photo, AFP).

Au mois de janvier dernier, un documentaire diffusé par la BBC montre la police italienne en train de brûler 85 millions de pilules d'amphétamine de 14 tonnes confisquées en juin 2020. La police qui lutte contre les crimes financiers de l'Italie a révélé que cette marchandise provenait du port syrien de Lattaquié.

D'après le documentaire de la BBC, cette contrebande, initialement soupçonnée d'être acheminée par Daech, provenait en réalité de Syrie. Le documentaire avance en outre que le régime syrien et son allié, le Hezbollah, utilisent le commerce de la drogue comme principale source de financement.

La taille de la cargaison laisse présager que ces pilules d'amphétamine sont fabriquées à très grande échelle dans des usines en bonne et due forme; cela dépasse manifestement les capacités de Daech, qui a perdu la majeure partie de son territoire. Les régions contrôlées par le président syrien, Bachar al-Assad, constituent donc la source la plus probable de ces pilules.

Toutefois, le rapport de la BBC précise que le Captagon est illégalement produit au Liban. Pour leur part, les autorités italiennes n'ont pas révélé l'identité du fabricant éventuel de ces comprimés; elles ont néanmoins affirmé qu'ils provenaient de Lattaquié.

En effet, la production de stupéfiants illégale semble avoir augmenté de manière exponentielle en Syrie au cours de la guerre civile. Elle constitue désormais une source de revenus dont le régime d'Al-Assad a cruellement besoin. Ce dernier, ainsi que ses alliés étrangers, se servent des recettes générées par le trafic de drogue pour contourner les sanctions imposées par l'Occident.

Les stupéfiants tels que les comprimés de Captagon et le haschisch constituent des sources de revenus importantes pour le Hezbollah et le régime syrien (Photo, AFP).

L'amphétamine contenue dans le Captagon est également connue pour son efficacité à inhiber la peur et à stimuler l'esprit. Ces effets s’avèrent utiles au cours des combats interminables qui sévissent dans les régions du Moyen-Orient ravagées par la guerre.

Ces dernières années, les autorités d'Arabie saoudite, du Koweït, des Émirats arabes unis et de Jordanie, parmi d'autres pays, ont confisqué d'énormes quantités de Captagon dissimulées dans des cargaisons provenant le plus souvent de Syrie.

Au mois de janvier dernier, le dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré dans une allocution télévisée que les accusations selon lesquelles il serait impliqué dans la production d'amphétamines étaient «infondées».

«Notre position au sujet des drogues, quelles qu'elles soient, est [claire]. La religion nous interdit de les fabriquer, de les vendre, de les acheter, de les trafiquer et de les consommer. Dans certains cas, la punition peut même être l'exécution, selon les lois de la charia», a-t-il affirmé.

Néanmoins, les agences de lutte contre la drogue américaines et européennes restent persuadées pour leur part que le Hezbollah exploite le commerce de la drogue. Europol, une agence européenne chargée de faire appliquer la loi, a émis en 2020 un rapport dans lequel elle met en garde contre l'activité de membres du Hezbollah dans les villes européennes où ils vendent «de la drogue et des diamants» et blanchissent les profits obtenus par ce commerce.

En chiffres

10 100: nombre de paquets de haschisch saisis à la frontière entre la Syrie et la Jordanie en 2020.

4,1 millions: nombre de pilules de Captagon saisies à la frontière entre la Syrie et la Jordanie en 2020.

4 millions de dollars: valeur marchande des stupéfiants saisis en avril par la Grèce, avec le soutien de l'Arabie saoudite.

24 millions de dollars: valeur du commerce annuel de fruits et légumes du Liban avec l'Arabie saoudite avant la suspension.

85 millions de dollars: valeur des comprimés d'amphétamine saisis en Italie au mois de juin 2020.

En 2018, le département d'État américain a classé le Hezbollah parmi les cinq principales organisations criminelles au niveau mondial. Des rapports indiquent que le groupe islamiste a intensifié ses opérations criminelles ces derniers temps, agissant ainsi selon les directives de l'Iran qui souhaite générer des revenus afin de contourner les sanctions américaines.

Pour sa part, la police israélienne a accusé le Hezbollah de contrebande de haschisch en Israël.

En effet, le Liban compte parmi les principaux producteurs de cannabis, abondamment cultivé dans les bastions du Hezbollah, notamment à Baalbek et à Hermel.

L'année dernière, le département d'État américain et les services de renseignement de Washington ont annoncé que de nombreuses preuves étayaient les accusations qui lient le Hezbollah à des activités criminelles en Amérique du Sud et en Europe, et notamment au trafic de drogue.

Un agent saoudien de la brigade antidrogue expose les grenades et les comprimés de Captagon importés du Liban (Photo, SPA).

De nombreux Libanais font l'objet de sanctions imposées par le Trésor américain dès 2009 en raison de leurs connexions avec le crime organisé, en particulier le trafic de drogue et le blanchiment d'argent. Bon nombre des personnes sanctionnées sont liées au Hezbollah.

En outre, le Hezbollah entretient des liens étroits avec la région tri-frontalière que sont le Paraguay, l'Argentine et le Brésil en Amérique du Sud. Cette zone abrite plus de 5 millions d’individus originaires du Liban. Des personnes qui vivent dans cette région sont soupçonnées de faciliter et de dissimuler les opérations de trafic de drogue, de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme du Hezbollah.

Selon Antoine Kanaan, rédacteur en chef de la Lebanon Law Review, il ne fait aucun doute que le Hezbollah est derrière le Captagon retrouvé dans la cargaison de grenades qui a atterri à Djeddah.

Le journaliste soutient que la culture des grenades ne revêt pas un caractère commercial au Liban et qu'il s'agit d'un fruit secondaire, dont la culture se limite à «des parcelles de terre modestes, comme les vergers et les jardins privés».

Les grenades constituent l'une des principales exportations agricoles du Liban à destination de l'Arabie saoudite (Photo, SPA).

En revanche, la Syrie est réputée pour la production de grenades, notamment dans des régions comme Deraa, confie-t-il à Arab News.

«Les grenades ont donc transité du Liban vers l'Arabie saoudite depuis la Syrie», explique M. Kanaan, qui pense que c’est au Liban que le Captagon a été introduit dans les fruits.

La quantité de Captagon et l'ingéniosité du montage attestent de l'implication du Hezbollah, ou du moins de son consentement et de son implication dans le partage des bénéfices, selon ajoute le rédacteur en chef de la Lebanon Law Review. Il rappelle par ailleurs que, au Liban, tout est régi par le consensus, y compris les drogues.

«Le Hezbollah représente le premier fournisseur de Captagon dans la région et aucun commerçant libanais indépendant, ni même le gouvernement syrien, n'aurait osé monter ce coup sans faire appel au Hezbollah», affirme-t-il.

Pour ce qui est du motif du transfert de la drogue en Arabie saoudite, M. Kanaan explique qu’«on peut penser, mais c'est peu probable, qu'elle se dirigeait vers le Yémen pour alimenter les combattants [houthis soutenus par l'Iran]».

En vue de financer ses forces paramilitaires, le Hezbollah, mouvement chiite libanais soutenu par l'Iran, exporte de la drogue vers des pays qu’il considère comme non alliés, tels que l'Arabie saoudite (Photo, AFP).

Le général de brigade Adel Machmouchi, ancien responsable du département antidrogue au sein des Forces de sécurité intérieure du Liban, estime que la marchandise interceptée à Djeddah montre que le Liban ne coopère pas avec les organismes internationaux de lutte contre la drogue.

Dans une interview télévisée diffusée le week-end dernier, il a annoncé qu'il incombait aux ministères et aux organes de sécurité compétents du Liban d'exercer un «contrôle plus efficace et plus rigoureux» sur les zones de culture et de production illégales de drogues, dans la plaine de la Bekaa ainsi qu’au nord du Liban.

Il a conseillé au gouvernement de convertir ces activités illégales en projets légitimes et productifs.

Pour le général Machmouchi, les sanctions «ne sont pas suffisamment sévères pour réprimer les crimes liés à la production, au trafic et à la contrebande de drogues» et il convient de les durcir afin qu'elles jouent un rôle dissuasif.

Adel Machmouchi affirme que le Liban compte environ vingt usines de production de comprimés de Captagon.

«Les services antidrogue du Liban sont tenus de [joindre leurs forces] avec celles de leurs homologues en Arabie saoudite et dans d'autres pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) de manière à contrer ce crime et à éviter que le Liban ne serve de tremplin à la contrebande de drogues», prévient le général Machmouchi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
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  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".