Les principaux événements de l'année 2021 en France

Le 1er mars, Nicolas Sarkozy devient le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme, un an pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes". (AFP).
Le 1er mars, Nicolas Sarkozy devient le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme, un an pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes". (AFP).
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Publié le Jeudi 30 décembre 2021

Les principaux événements de l'année 2021 en France

  • Les Français ont encore vécu en 2021 au rythme effréné des mesures gouvernementales anti-Covid
  • Le 24 novembre, le naufrage d'une embarcation de fortune coûte la vie à au moins 27 migrants partis de Calais pour tenter de rejoindre clandestinement la Grande-Bretagne

PARIS: Ministres rattrapés par la justice, pass sanitaire contesté dans la rue et hôpitaux épuisés par l'épidémie de Covid-19... voici les principaux événements de l'année 2021. 

Covid : une année rythmée par les interdits

Les Français ont encore vécu en 2021 au rythme effréné des mesures gouvernementales anti-Covid, alors même que les hôpitaux souffraient d'un manque accru de personnel et de lits. 

La menace d'un variant plus contagieux pousse le gouvernement à prolonger le 7 janvier la fermeture des bars, restaurants et lieux culturels jusque mai-juin. La campagne de vaccination débute lentement, freinée par des problèmes d'approvisionnement.

Suivent un ouvre-feu à 18H00 généralisé le 16 janvier, des confinements régionaux ciblés en février et mars, une fermeture des écoles en avril, l'instauration en août d'un pass sanitaire contesté dans la rue et de l'obligation vaccinale pour les soignants, qui déclenche en novembre une violente crise sociale en Guadeloupe et en Martinique. 

A la fin de l'année, alors que sévit une cinquième vague de contaminations et qu'apparaît le variant Omicron, la France totalise 120 000 morts du Covid-19. Un rappel de 3e dose de vaccin est instauré et la vaccination ouverte aux enfants de 5-11 ans à risques. 

Algérie, Rwanda : la France face à son passé

Fort d'un rapport très attendu de l'historien Benjamin Stora sur la colonisation et la guerre d'Algérie, Emmanuel Macron décide le 20 janvier la tenue d'une série d'"actes symboliques" en France - hommage aux harkis, aux victimes algériennes de la répression du 17 octobre 1961 à Paris - mais ne prévoit "ni repentance, ni excuses". 

Il reconnait "au nom de la France" que l'avocat nationaliste algérien Ali Boumendjel a été "torturé et assassiné" par l'armée française, puis facilite l'accès aux archives classifiées. 

Ses propos sur une "rente mémorielle" entretenue par le pouvoir en Algérie avivent toutefois les tensions avec Alger, qui rappelle son ambassadeur à Paris le 2 octobre. 

Le 27 mars, un autre rapport d'historiens qualifie de "faillite" la politique de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 et souligne ses responsabilités "accablantes" dans le génocide des Tutsi. 

Deux mois plus tard à Kigali, Emmanuel Macron reconnaît les "responsabilités" de la France dans le génocide, sans toutefois présenter d'excuses.

Climat : objectifs non tenus

Le 3 février, la justice administrative, saisie par quatre ONG soutenues par une pétition ayant réuni plus de 2,3 millions de signatures, juge l’État "responsable" de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique. En octobre, elle ordonne à l’État de "réparer" d'ici au 31 décembre 2022 les conséquences de ses engagements non tenus.

Le 1er juillet, dans une autre procédure, le Conseil d’État donne neuf mois au gouvernement pour prendre "toutes les mesures utiles" pour atteindre son objectif de baisse de 40% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.

Le 20, le Parlement adopte un projet de loi climat qui marque selon le gouvernement un "tournant écologique", mais est vivement critiqué par les ONG pour son "manque d'ambition". L'exécutif a notamment renoncé à inscrire le climat dans la Constitution par référendum.

Prison ferme pour Sarkozy

Le 1er mars, Nicolas Sarkozy devient le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme, un an pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des "écoutes". 

Le 30 septembre, il est à nouveau condamné à trois ans d'emprisonnement, dont un ferme pour le financement illégal de sa campagne présidentielle de 2012 dans le dossier Bygmalion. 

Il fait appel.

Loi sécurité globale adoptée, mais censurée

Bien que très contestée, la proposition de loi LREM dite de "Sécurité globale" est adoptée le 15 avril au Parlement, mais censurée ensuite en plusieurs points par le Conseil constitutionnel, qui refuse notamment l'utilisation de drones par les forces de l'ordre lors de manifestations et le délit de provocation à l'identification de policiers. 

Le 10 juin, nouveau désaveu pour le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin : le Conseil d'État annule plusieurs dispositions phares du schéma du maintien de l'ordre, dont la technique controversée dite de la "nasse".

Policiers en colère

Le 23 avril, un Tunisien tue à coups de couteau une fonctionnaire de police non armée dans le commissariat de Rambouillet (Yvelines) et est abattu. 

Le 5 mai, un policier est tué par balles lors d'un contrôle à Avignon.

Les syndicats de police réclament une réponse pénale plus forte contre ceux qui s'attaquent aux forces de l'ordre. Le 10 mai, le Premier ministre Jean Castex annonce un durcissement des peines en ce sens. 

Le 19, des milliers de policiers se rassemblent à l'appel de leurs syndicats devant l'Assemblée nationale pour dénoncer l'inadéquation selon eux de la réponse judiciaire aux violences qu'ils subissent. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est présent, tout comme le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Le leader de La France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon dénonce une manifestation à caractère "factieux", l'institution judiciaire étant prise pour cible.

Fin de l'opération Barkhane au Sahel

La France annonce en juin qu'elle va mettre un terme d'ici au premier trimestre 2022 à l'opération antidjihadiste française Barkhane au Sahel, en quittant notamment les bases les plus au nord du Mali et en réduisant ses effectifs à 2 500-3 000 hommes contre plus de 5 000 aujourd'hui. 

52 soldats français ont été tués au combat au Sahel depuis 2013 dans les opérations antidjihadistes Serval puis Barkhane, auxquels s'ajoutent sept morts par accident.

Médias : Bolloré en coulisses

Grève de six jours en juin et départs en cascade à Europe 1 après le rapprochement annoncé avec la chaîne d'informations CNews qui a propulsé la carrière du polémiste d'extrême-droite Éric Zemmour, remaniements soudains à la tête de Paris Match et du JDD : à l'approche de la présidentielle, des journalistes dénoncent une forte influence en coulisses du milliardaire Vincent Bolloré qui menace leur indépendance.

Réforme contestée de l'assurance chômage  

Le 22 juin, revers pour le gouvernement, le Conseil d'État suspend la réforme controversée de l'assurance chômage qui devait entrer en vigueur le 1er juillet en raison de l'instabilité de l'emploi. Les syndicats saluent une "victoire", mais la ministre du Travail évoque un simple report.

Le 1er octobre, le durcissement des règles de calcul de l'allocation chômage entre finalement en vigueur et, le 27, le Conseil d’État rejette en référé les recours des syndicats qui jugent la réforme "injuste" pour les demandeurs d'emploi.

Des ministres dans la tourmente judiciaire

Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti mis en examen en juillet pour "prise illégale d'intérêts" par la Cour de justice de la République (CJR), Agnès Buzyn qui suit en septembre pour "mise en danger de la vie d'autrui" lors de sa gestion de l'épidémie de Covid-19, et Alain Griset (ministre des PME) condamné le 8 décembre à six mois de prison avec sursis pour des déclarations de patrimoine incomplètes et qui présente sa démission du gouvernement dans la foulée : un nombre impressionnant de ministres du gouvernement de Jean Castex se sont retrouvés aux prises avec la justice en 2021. 

Sébastien Lecornu (Outremer) et Olivier Dussopt (Fonction publique) sont aussi l'objet d'enquêtes du Parquet national financier (PNF).

Cinéma : les réalisatrices françaises à l'honneur 

En juillet, le Festival de Cannes couronne Julia Ducournau pour son film "Titane". A 37 ans, elle devient la deuxième réalisatrice de l'histoire du festival après Jane Campion à recevoir la Palme d'or.

Deux mois après, Audrey Diwan reçoit le Lion d’or à la Mostra de Venise pour "L'événement".

Procès des attentats du 13 novembre

Le 8 septembre, le procès très émouvant des attentats du 13 novembre 2015, les pires attaques djihadistes commises sur le sol français (130 morts et plus de 350 blessés), s'ouvre devant la cour d'assises spéciale de Paris en présence de 20 accusés, dont Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos.

Verdict attendu en mai 2022.

Crise des sous-marins

Le 15 septembre, le Premier ministre australien annonce que son pays va se doter de sous-marins à propulsion nucléaire dans le cadre d'un nouveau partenariat avec les États-Unis et le Royaume-Uni. 

Le contrat français passé avec Canberra en 2016, d'un montant de 56 milliards d'euros pour la fourniture de 12 sous-marins conventionnels, est de fait rompu. La France déplore "un coup dans le dos" et rappelle pendant quelques jours ses ambassadeurs à Canberra et Washington dans un geste sans précédent.

Ligue des Nations, JO : les points marqués

Après le fiasco de l'Euro, l'équipe de France remporte le 10 octobre la Ligue des nations face à l'Espagne (2-1).

Avant elle, en août, les handballeuses et les volleyeurs français remportent l'or à Tokyo pour la première fois aux JO. Les handballeurs pour la 3e fois.                               

En judo, la Française Clarisse Agbégnénou se distingue en raflant deux médailles d'or (solitaire et équipes mixtes).

Naufrage tragique de migrants

Le 24 novembre, le naufrage d'une embarcation de fortune coûte la vie à au moins 27 migrants partis de Calais pour tenter de rejoindre clandestinement la Grande-Bretagne, et entraîne une crise diplomatique entre Paris et Londres. Le 29, Gérald Darmanin demande un accord entre l'Union européenne et le Royaume-Uni pour endiguer les traversées de la Manche par des migrants illégaux.

Joséphine Baker au Panthéon

Résistante, militante antiraciste, l'artiste franco-américaine Joséphine Baker fait son entrée le 30 novembre au Panthéon, devenant la première femme noire à rejoindre les grandes personnalités qui y sont inhumées.

Présidentielle : des candidats se déclarent

Le taux d'abstention presque record depuis le début de la Ve République enregistré aux élections régionales de mars (66,7%) interroge l'engagement des électeurs français dans le scrutin de 2022.

Dans la course interne aux partis pour être candidat à la présidentielle, l'eurodéputé Europe Ecologie les Verts (EELV) Yannick Jadot bat d'une courte tête l'écoféministe Sandrine Rousseau lors d'une primaire fin septembre.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, est investie par le parti socialiste (PS) le 15 octobre, tandis que Marine Le Pen transmet à ses troupes la direction du Rassemblement national (RN) pour se consacrer à la campagne.

Fabien Roussel est investi par le Parti communiste (PCF) pour porter ses couleurs en 2022.

Le 30 novembre, le très médiatique polémiste d'extrême-droite Éric Zemmour annonce sa candidature après avoir troublé le jeu à droite pendant des mois, et les adhérents du parti Les Républicains (LR) élisent Valérie Pécresse (61%) face à Eric Ciotti (39%) comme candidate le 4 décembre. 

Accusé par ses opposants de faire déjà campagne, Emmanuel Macron n'a lui pas encore fait connaître son éventuelle candidature.


Macron donne le coup d'envoi du futur porte-avions lors du Noël avec les troupes

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux troupes françaises lors d'une cérémonie à la base du 5e régiment de cuirassiers à Zayed Military City, près d'Abou Dhabi, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Plus grand et plus puissant, ce bâtiment symbolise l’ambition stratégique et industrielle de la France, malgré les contraintes budgétaires et les débats sur l’évolution des menaces

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a donné dimanche le coup d'envoi de la construction du futur porte-avions français destiné à remplacer le Charles De Gaulle et qui doit entrer en service en 2038.

"Ce nouveau porte-avions sera l'illustration de la puissance de notre nation, puissance de l'industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps", a-t-il assuré.

L'annonce du lancement officiel de la construction était très attendue malgré l'impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement, alors que le mur d'investissements nécessaires et l'évolution des menaces mettent le projet sous pression.

"Conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen complet et minutieux, j'ai décidé de doter la France d'un nouveau porte-avions", a annoncé le chef de l'Etat français lors du Noël avec les troupes à Abou Dhabi.

"La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine", a-t-il ajouté.

Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l'actuel. Il fera près de 80.000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42.000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles De Gaulle. Avec un équipage de 2.000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat.

Le risque d'un "choc dans trois, quatre ans" face à la Russie évoqué par les armées fait craindre que les budgets ne filent vers des priorités plus pressantes.

De récents propos du chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, jugeant qu'on "ne peut pas se contenter de reproduire un outil qui a été conçu à la moitié du siècle dernier", semblent mettre aussi en question le concept du porte-avions.

Le général a notamment souligné le "besoin de permanence à la mer" du bâtiment et sa capacité d'emport de "drones de tous types".

Un seul bâtiment, en l'occurence le Charles De Gaulle, est disponible 65% du temps, selon la Marine. Un décalage de la construction et donc de l'entrée en service de son successeur laisserait la Marine sans porte-avions.

Une étude menée à l'occasion du prochain arrêt technique majeur du Charles De Gaulle permettra de dire en 2029 si le bâtiment peut être prolongé de quelques années au-delà de 2038, en fonction de l'état de ses chaufferies nucléaires et de sa structure.

Le président français Emmanuel Macron a fait cette annonce lors d'une visite aux Emirats arabes unis, allié militaire avec lequel Paris souhaite renforcer son "partenariat stratégique" et dont il espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.


Macron aux Emirats pour fêter Noël avec les forces françaises

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) serre la main du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une rencontre au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron est en visite aux Émirats arabes unis pour célébrer Noël avec les 900 soldats français déployés et renforcer le partenariat stratégique, notamment en matière de défense et de sécurité

ABOU DHABI: Emmanuel Macron a entamé dimanche matin une visite aux Emirats arabes unis pour célébrer Noël avec les forces françaises qui y sont déployées et vanter son partenariat avec ce pays du Golfe, dont Paris espère plus de coopération dans sa lutte contre le narcotrafic.

Le président français, accompagné notamment de sa ministre des Armées Catherine Vautrin, est arrivé en fin de matinée (en heure locale) à Abou Dhabi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Il doit tout d'abord visiter le musée national Zayed. Puis il aura un entretien avec le président émirati, Sheikh Mohammed ben Zayed Al Nahyane, afin d'évoquer "le renforcement du partenariat stratégique" entre leurs pays, selon la présidence française, qui souligne leur coopération "en matière de sécurité et de défense".

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Le président français Emmanuel Macron (à gauche) marche aux côtés du président des Émirats arabes unis, Sheikh Mohamed ben Zayed Al Nahyan, lors d'une visite au musée national Zayed à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, le 21 décembre 2025. (AFP)

La France travaille avec les Emirats sur le plan militaire, plus de 900 soldats français y étant déployés sur trois bases.

C'est devant eux qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer dimanche après-midi, avant de partager un dîner de Noël préparé par les chefs cuisiniers de l'Elysée.

Selon la tradition, le président français célèbre les fêtes de fin d'année auprès des troupes déployées à l'étranger. Les Emirats ont été choisis cette fois car "la région cristallise un ensemble de crises", a précisé la présidence française cette semaine.

- "Guerre" du narco -

La France coopère avec les Emirats sur un éventail de domaines allant de l'intelligence artificielle à la culture, en passant bien sûr par le commerce. Le pays pétrolier est son premier client en termes d'exportations au Proche et Moyen Orient, selon l'Elysée.

Paris veut désormais s'assurer de l'appui des Emirats dans la "guerre" déclarée par le gouvernement français au narcotrafic.

D'importants narcotrafiquants originaires de France s'y seraient installés, notamment à Dubaï, et se sont parfois constitué des patrimoines immobiliers imposants.

Le sujet est omniprésent en France depuis l'assassinat en novembre de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu en plein jour à Marseille.

Mardi, à Marseille, Emmanuel Macron a dit vouloir rechercher la coopération des pays où se trouvent certaines "têtes de réseau", afin de "pouvoir saisir leurs biens" et obtenir leur arrestation.

Son ministre de la Justice Gérald Darmanin a déjà réclamé en novembre aux Emirats arabes unis l'extradition d'une quinzaine de narcotrafiquants présumés recherchés par la France.

- Houthis -

Certains des soldats français déployés aux Emirats contribuent à la lutte contre le narcotrafic.

Sur l'imposante frégate "La Provence", des militaires de la marine tentent de repérer et d'intercepter des bateaux transportant de la drogue.

Ils se trouvent à proximité de l'océan Indien, une route importante. Les trafiquants passent souvent par le golfe d'Aden, vers la Somalie ou le Yémen, ou alors vers l'Afrique de l'Ouest.

En 2025, "plus d'une vingtaine de tonnes de drogue" ont déjà été saisies par la marine française dans la zone de l'Océan Indien, soit une valeur marchande pouvant atteindre plusieurs centaines de millions d'euros, selon le commandant de frégate Pascal Forissier.

Autant de stupéfiants sortis du marché. Mais, reconnaît le militaire, les saisies ne représentent "qu'une petite partie" de toute la drogue en circulation.

Le narcotrafic ne constitue qu'une facette de leurs responsabilités. La France participe à l'opération Aspides, qui protège les bateaux contre les frappes des Houthis en mer rouge.

En plus de cela, les soldats français aux Emirats sont engagés dans l'opération Chammal, au sein de la coalition contre le groupe Etat islamique.

D'après la présidence française, la présence des troupes aux Emirats illustre la volonté de la France de conserver une capacité "d'action autonome dans un contexte international tendu".

Lundi, Emmanuel Macron devrait être aux premières loges pour observer les moyens militaires français dans la zone au cours d'une démonstration organisée pour conclure sa visite.


Lancés vers 2027, Bardella et Mélenchon préparent leur lutte finale

Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
Jordan Bardella (à gauche), président du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN), posant lors d'une séance photo à Paris le 31 janvier 2024, et Jean-Luc Mélenchon, alors candidat du parti de gauche « La France insoumise » aux élections présidentielles françaises de 2017, posant lors d'une séance photo à Paris le 24 janvier 2017. (AFP)
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  • À un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà le récit d’un duel annoncé entre l’extrême droite et la gauche radicale
  • Tandis que le RN estime qu’un face-à-face avec Mélenchon faciliterait la victoire de Bardella, les Insoumis jugent au contraire le président du RN plus fragile que Marine Le Pen

PARIS: Quatre décennies les séparent. Vingt points dans les sondages, aussi. Favoris de leurs camps respectifs à un an et demi de la présidentielle, Jordan Bardella et Jean-Luc Mélenchon installent déjà à distance le récit de leur affrontement final.

Pour provoquer un duel, il faut désigner l'adversaire. Jordan Bardella a choisi le sien et ne manque pas une occasion ces derniers mois de cibler un Jean-Luc Mélenchon qui "met de l'huile sur le feu" et "veut l'implosion du pays", incarnation d'une "menace qui pèse sur nos valeurs".

Du haut de ses 30 ans, le jeune président du Rassemblement national cherche aussi à discréditer son aîné, âgé de 74 ans, en l'accusant systématiquement de "s'être allié" à Emmanuel Macron aux dernières législatives. L'épouvantail insoumis, "main dans la main" avec le président repoussoir "pour m'empêcher de devenir Premier ministre", se lamente presque le remplaçant désigné de Marine Le Pen - en cas d'inéligibilité confirmée en appel.

Un acharnement justifié par ce constat: "Il est à gauche celui qui a la possibilité d'emmener son camp au second tour de l'élection présidentielle". Le parti à la flamme étant, dans tous les pronostics, déjà qualifié pour la finale, inutile donc de s'épuiser contre des outsiders.

"À part Marine et Jordan, y a rien d'autre", résume un eurodéputé RN, qui reconnait quelques qualités au tribun de la gauche radicale: "Il sait s'exprimer, il a du talent", et surtout "il a un socle d'adhésion en dessous duquel il ne peut pas descendre".

La question n'est donc "pas de savoir s'il est le meilleur", de toute façon "c'est lui qui sera au second tour", ajoute ce cadre du mouvement d'extrême droite, pour qui ce scénario "rend plus simple l'élection". Chacun ayant en tête le récent sondage prédisant une victoire écrasante (74% contre 26%) de M. Bardella dans un second tour face à M. Mélenchon.

Un proche de Mme Le Pen faisait la même analyse au début de l'automne: "Pour gagner, il vaut mieux être contre un Mélenchon" jugé "très clivant", même si "une partie des gens votera moins pour nous que contre lui".

- "Bardella, c'est plus simple" -

Du côté des Insoumis, cela fait plus de 10 ans, avant même la création de LFI, que Jean-Luc Mélenchon prophétise: "à la fin ça se terminera entre eux et nous". Comprendre l'extrême droite et la gauche radicale.

Et ils sont persuadés que cette fois, leur fondateur pourrait accéder au second tour après trois échecs - à chaque fois derrière Marine Le Pen. Et que Jordan Bardella, en raison de son manque d'expérience et son profil plus libéral que la patronne du RN, ferait un meilleur adversaire que cette dernière.

"Bardella, c'est plus simple que Marine Le Pen au second tour. Il apprend par coeur mais il ne réfléchit pas par lui-même. Il peut s'effondrer pendant la campagne, comme lors des législatives l'année dernière", assure le coordinateur de LFI Manuel Bompard, alors que le mouvement mélenchoniste a acté que l'option Bardella était "la plus probable" pour le parti d'extrême droite en 2027.

Et suit de près son activité à Bruxelles.

"Sur cette dernière année, Bardella a déposé beaucoup plus d'amendements que lors tout son mandat précédent. Et il donne beaucoup plus de conférences de presse. Il fait ça pour la présidentielle, c'est évident", assure la cadre insoumise Manon Aubry, élue au Parlement européen depuis 2019 comme le président du RN.

"À LFI, je suis un peu l'anti-Bardella, je surveille de près ce qu'il fait au Parlement européen où il profite de la moindre médiatisation pour voter contre les droits des femmes ou les droits des LGBT", ajoute-t-elle, en précisant: "Il y aura de quoi avoir beaucoup de munitions pour Jean-Luc Mélenchon pour un éventuel débat d'entre-deux tours, s'ils sont tous les deux candidats".

Les Insoumis restent persuadés que la "magie du second tour" pourrait opérer, malgré les sondages très défavorables et à la faveur de la dynamique de campagne, pour qu'un "front républicain anti-RN" puisse se mettre en place.

Et tant pis si des responsables macronistes, comme Elisabeth Borne, refusent publiquement de choisir entre les deux. "Je suis incapable de voter pour Jean-Luc Mélenchon", a déclaré l'ancienne Première ministre, pourtant connue pour son engagement contre l'extrême droite.