Accord russo-ukrainien sur l'exportation des céréales, le bombardement de Kharkiv se poursuit

Les restes d'un char de combat russe, détruit lors de batailles ce printemps dans un potager du village de Velyka Dymerka (Photo, AFP).
Les restes d'un char de combat russe, détruit lors de batailles ce printemps dans un potager du village de Velyka Dymerka (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 22 juillet 2022

Accord russo-ukrainien sur l'exportation des céréales, le bombardement de Kharkiv se poursuit

  • La Russie va signer vendredi avec l'Ukraine un accord sur les exportations de céréales
  • Recep Tayyip Erdogan et Antonio Guterres participeront à la cérémonie de signature qui aura lieu à 13H30 GMT

KIEV: La Russie, dont l'armée a à nouveau bombardé Kharkiv, la deuxième plus grande ville ukrainienne, y faisant trois morts, va signer vendredi avec l'Ukraine un accord sur les exportations de céréales très attendu par la communauté internationale face aux risques de famines dans le monde.

Le document aux termes duquel une sortie par la mer Noire du blé ukrainien bloqué par la guerre et un allégement des entraves au transport de grains et d'engrais russes deviendront possibles sera paraphé à Istanbul, a annoncé la Turquie jeudi, le jour où les livraisons de gaz russe à l'Europe ont partiellement repris.

Un accord va être signé vendredi en Turquie

L'accord devrait permettre une sortie par la Mer noire des céréales ukrainiennes bloquées par la guerre et un allégement des entraves à l'exportation de grains et engrais russes.

Un accord est "possible dans les prochains jours", avait affirmé jeudi dans la matinée le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.

"Nous avons de l'espoir pour les céréales. Nous espérons donner de bonnes nouvelles dans les prochains jours", avait-il dit, se disant "optimiste", lors d'un entretien à la chaîne de télévision publique TRT.

A New York, le porte-parole adjoint de l'ONU, Farhan Haq, a annoncé qu'Antonio Guterres et ses deux négociateurs, à la manoeuvre depuis plus de deux mois, étaient attendus de manière imminente à Istanbul.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, ainsi que des représentants des deux belligérants, participeront à la cérémonie de signature qui aura lieu à 13H30 GMT au palais de Dolmabahçe.

"Nous saluons l'annonce de cet accord sur le principe, mais ce qui nous importe maintenant c'est (...) de permettre aux céréales ukrainiennes d'atteindre les marchés mondiaux", a commenté la diplomatie américaine.

"La délégation ukrainienne ne soutiendra que les solutions qui garantissent la sécurité des régions méridionales de l'Ukraine, une position forte des forces armées ukrainiennes en mer Noire et l'exportation sûre des produits agricoles ukrainiens", a également très prudemment réagi auprès de l'AFP le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères Oleg Nikolenko.

Washington salue l'accord entre la Russie et l'Ukraine sur les exportations de céréales

"Nous saluons l'annonce de cet accord sur le principe, mais ce qui nous importe maintenant c'est de tenir la Russie pour responsable de la mise en oeuvre de cet accord et de permettre aux céréales ukrainiennes d'atteindre les marchés mondiaux", a déclaré Ned Price porte-parole du Département d'Etat.

"Nous n'aurions jamais dû être dans cette situation pour commencer. Cela a été une décision délibérée de la part de la Russie d'utiliser les denrées alimentaires comme une arme", a-t-il ajouté.

Nouveau bombardement meurtrier à Kharkiv

Dans le même temps, un nouveau bombardement russe a fait jeudi trois morts et 23 blessés, dont quatre graves, à Kharkiv, une cité du nord-est de l'Ukraine pilonnée depuis des semaines, a annoncé le gouverneur régional Oleg Synegoubov. Déjà la veille, trois personnes y avaient été tuées, dont un adolescent près d'un d'arrêt de bus.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait quant à lui affirmé la veille que les objectifs de Moscou ne se limitaient plus uniquement à l'est de l'Ukraine, mais concernaient également d'"autres territoires" et pourraient encore s'étendre.

Parties à l'assaut de l'Ukraine le 24 février, les troupes russes étaient rapidement arrivées aux portes de la capitale Kiev, sans parvenir à la prendre. Dès la fin mars, la Russie avait dit vouloir se concentrer sur le Donbass, dans l'est, en partie contrôlé par des séparatistes prorusses depuis 2014.

Les soldats russes ont avancé ces dernières semaines dans ce bassin minier, faisant notamment sauter le double verrou de Severodonetsk et de Lyssytchansk, deux villes de la région de Lougansk, ce qui leur a dégagé la voie pour tenter de progresser vers les villes de Kramatorsk et de Sloviansk, plus à l'ouest dans la région de Donetsk.

Kiev a parallèlement affirmé jeudi que les Russes stockaient des armes lourdes et des munitions "à proximité immédiate" d'installations sensibles sur le site de la centrale nucléaire occupée depuis mars de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, s'alarmant d'un risque d'explosion accidentelle et d'incendie.

Moscou a de son côté évoqué des raids de drones ukrainiens lundi, à "quelques dizaines de mètres de structures vitales pour la sécurité de la centrale", puis à nouveau mercredi.

15.000 soldats russes tués ?

Human Rights Watch a accusé aussi bien les soldats russes qu'ukrainiens d'"inutilement" mettre en danger des civils en installant des troupes au coeur de zones habitées, comme un sous-sol d'école et un dispensaire.

La guerre en Ukraine doit cesser pour éviter le "précipice" d'un conflit "nucléaire", a pour sa part jugé dans un entretien exclusif avec l'AFP le président bélarusse, tout en considérant que c'était à Kiev et aux Occidentaux de céder au Kremlin.

Principal allié de Moscou, Alexandre Loukachenko a prêté le territoire de son pays à l'armée russe pour qu'elle puisse lancer son offensive sur l'Ukraine le 24 février.

Environ 15.000 militaires russes sont morts depuis le début de la guerre, ont par ailleurs estimé les agences de renseignement américaine et britannique.

"C'est à peu près" le même niveau de pertes que celui enregistré par les soldats soviétiques pendant les dix ans de leur intervention en Afghanistan, a noté Richard Moore, le chef du renseignement extérieur britannique (MI6).

Du gaz russe... avec parcimonie

Dernier épisode en date dans le bras de fer russo-occidental sur l'énergie, la Russie a remis en marche jeudi le gazoduc Nord Stream, qui relie directement les champs gaziers sibériens au nord de l'Allemagne, après un arrêt de dix jours pour des travaux d'entretien, selon Moscou.

Il ne fonctionne néanmoins qu'à 40% de sa capacité, comme avant la maintenance, a déploré l'opérateur allemand du réseau, Gascade.

L'Autriche et l'Italie ont aussi fait état d'une reprise des livraisons.

"Rien ne s'opposait techniquement à ce que Nord Stream revienne à une exploitation de plein régime après son entretien", s'est emporté le ministre allemand de l'Economie et du Climat Robert Habeck, pour qui "la Russie se révèle de plus en plus être un facteur d'incertitude dans le système énergétique".

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine utilise le gaz comme "une arme", avait martelé la veille la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Des soupçons de "chantage" balayés d'un revers de la main jeudi par le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, pour qui "ce sont ces restrictions (imposées par les Occidentaux, ndlr) qui empêchent d'effectuer les réparations d'équipements, notamment des turbines dans les stations de compression".

L'Ukraine, dont l'économie s'est effondrée depuis le début de l'invasion russe, a quant à elle annoncé le même jour la dévaluation de 25% de sa monnaie nationale, la hryvnia, face au dollar.

"Une telle mesure renforcera la compétitivité des producteurs ukrainiens" et "soutiendra la stabilité de l'économie dans les conditions de guerre", a expliqué dans un communiqué la banque centrale.


Vents violents en Grèce: mort de deux touristes vietnamiens, trafic maritime perturbé

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  • L'observatoire national d'Athènes a averti dans un communiqué qu'il existait un "risque très élevé d'incendies de forêt en raison du vent", en particulier dans l'est et le sud du pays
  • Le maire d'Athènes a également fermé les parcs de la capitale dont le jardin national dans le centre après qu'un arbre est tombé dans l'une des artères commerçantes les plus fréquentées de la ville, manquant de peu des passants

ATHENES: Deux touristes vietnamiens sont morts sur l'île de Milos en mer Egée, en Grèce, où des vents violents vendredi ont perturbé les liaisons maritimes avec les îles en pleine saison touristique, a-t-on appris auprès de la police portuaire.

"Un homme et une femme ont été retrouvés inconscients dans la mer" près de la plage de Sarakininiko à Milos, île des Cyclades, et "ont été transportés au centre de santé local", a indiqué à l'AFP une responsable de la police portuaire grecque.

"C'était des touristes vietnamiens faisant partie d'un groupe de croisière. La femme est tombée à l'eau et l'homme a apparemment essayé de la sauver, tous les deux sont morts", a-t-elle ajouté sans donner plus de détails sur la cause de cet accident. Des médias locaux ont rapporté que les victimes s'étaient noyées.

Les accidents maritimes et les noyades sont fréquents pendant l'été en Grèce où de nombreux touristes visitent les îles et les plages de Grèce continentale.

Les vents violents qui soufflent depuis vendredi matin surtout en mer Egée (est) ont contraint certains ferries à rester à quai au Pirée, grand port près d'Athènes, selon la police portuaire.

"Des ferries n'ont pas pu partir ce matin en raison de vents violents, surtout ceux desservant les îles des Cyclades ou du Dodecannèse", selon la même source.

Ainsi, certaines liaisons avec les Cyclades, dont les îles très touristiques de Mykonos et de Paros, ainsi que la Crète ont été annulées, empêchant les déplacements de nombreux touristes, au pic de la saison.

En fin de matinée au moins trois ferries sont finalement partis pour les Cyclades - plus particulièrement pour Paros et Santorin - ainsi que pour la Crète tandis que les itinéraires vers les îles du Dodecannèse (sud-est) prévus en fin d'après-midi, seront effectués, a assuré la police portuaire.

Les liaisons maritimes avec les îles proches d'Athènes, dans le golfe Saronique - Egine, Hydra, Poros ou Spetses - ainsi que celles avec les îles en mer Ionienne (ouest) n'ont en revanche pas été annulées, selon la même source.

Le vent fort du nord, appelé "meltem", est habituel en mer Egée surtout en août, entraînant souvent des annulations de liaisons maritimes.

"Très fort risque d'incendie" 

Par ailleurs, après une réunion d'urgence, le ministère de la Protection civile a placé certaines régions du pays, surtout l'Attique - agglomération d'Athènes -, l'est du Péloponnèse et la Crète, "en vigilance rouge" en raison d'"un très fort risque d'incendies".

Selon le service météorologique national (EMY), les rafales vendredi devraient atteindre 88 km/h.

L'observatoire national d'Athènes a averti dans un communiqué qu'il existait un "risque très élevé d'incendies de forêt en raison du vent", en particulier dans l'est et le sud du pays.

Le maire d'Athènes a également fermé les parcs de la capitale dont le jardin national dans le centre après qu'un arbre est tombé dans l'une des artères commerçantes les plus fréquentées de la ville, manquant de peu des passants.

Située en Méditerranée orientale, très exposée au changement climatique, la Grèce est chaque année touchée par de graves incendies.

De nombreux incendies ont eu lieu depuis juin dans le pays, dont un sur l'île de Chios (nord-est de l'Egée) qui avait dévasté plus de 4.000 hectares, et un autre dans l'ouest de Péloponnèse en juillet, plus de 1.000 hectares.

Il y a une semaine, à la suite d'une canicule prolongée avec des températures ayant dépassé les 45°C, de nombreux incendies s'étaient déclarés à travers le pays, dont l'un près d'Athènes, qui avait entraîné des évacuations d'habitants et endommagé des habitations.


Berlin annonce suspendre les exportations des armes qu'Israël pourrait utiliser à Gaza

Cette photo aérienne prise depuis un avion militaire allemand montre une vue de la capitale jordanienne Amman, sur le chemin vers la bande de Gaza palestinienne pour une mission de largage d'aide humanitaire le 5 août 2025. (AFP)
Cette photo aérienne prise depuis un avion militaire allemand montre une vue de la capitale jordanienne Amman, sur le chemin vers la bande de Gaza palestinienne pour une mission de largage d'aide humanitaire le 5 août 2025. (AFP)
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  • Cette décision marque un changement de cap majeur de la part du gouvernement allemand, l'un des plus fidèles alliés, avec les Etats-Unis, d'Israël en raison de la responsabilité historique de l'Allemagne dans la Shoah
  • "Le gouvernement allemand reste profondément inquiet de la souffrance continue de la population civile dans la bande de Gaza", a ajouté M. Merz

BERLIN: Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé vendredi la suspension des exportations d'armes qu'Israël pourrait utiliser à Gaza, après l'annonce du plan israélien pour le contrôle de la ville palestinienne.

Il devient "de plus en plus difficile de comprendre" en quoi le plan militaire israélien permettrait d'atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza et, "dans ces circonstances, le gouvernement allemand n'autorise pas, jusqu'à nouvel ordre, les exportations d'équipements militaires susceptibles d'être utilisés dans la bande de Gaza", a déclaré M. Merz, cité dans un communiqué.

Cette décision marque un changement de cap majeur de la part du gouvernement allemand, l'un des plus fidèles alliés, avec les Etats-Unis, d'Israël en raison de la responsabilité historique de l'Allemagne dans la Shoah.

"Le gouvernement allemand reste profondément inquiet de la souffrance continue de la population civile dans la bande de Gaza", a ajouté M. Merz.

"Avec l'offensive prévue, le gouvernement israélien porte une responsabilité encore plus grande" en ce qui concerne l'aide aux civils dans le territoire palestinien, a-t-il continué, réitérant son appel en faveur d'un accès complet pour "les organisations de l'ONU et d'autres institutions non gouvernementales".

La communauté internationale s'inquiète de plus en plus des souffrances des Palestiniens à Gaza, où une évaluation soutenue par les Nations unies a mis en garde contre la famine.

"Le gouvernement allemand demande instamment au gouvernement israélien de ne pas prendre de nouvelles mesures en vue d'annexer la Cisjordanie", a ajouté le chancelier.


L'ONU exige de «stopper immédiatement» le plan israélien de contrôle militaire de la bande de Gaza 

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  • Ce plan, adopté dans la nuit de jeudi à vendredi par le cabinet de sécurité israélien, "va à l'encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible
  • "Tout porte à penser que cette nouvelle escalade entraînera des déplacements forcés encore plus massifs, plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces"

GENEVE: Le plan du gouvernement israélien "visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé", a déclaré vendredi le Haut-Commissaire aux droits de l'homme Volker Türk dans un communiqué.

Ce plan, adopté dans la nuit de jeudi à vendredi par le cabinet de sécurité israélien, "va à l'encontre de la décision de la Cour internationale de justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible, de la réalisation de la solution à deux Etats et du droit des Palestiniens à l'autodétermination", accuse M. Türk.

"Tout porte à penser que cette nouvelle escalade entraînera des déplacements forcés encore plus massifs, plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces", dénonce le Haut-Commissaire, régulièrement accusé de tendances pro-palestiniennes par les autorités israéliennes et personna non grata dans le pays.

M. Türk demande au gouvernement israélien de laisser l'aide humanitaire entrer "sans entrave" dans la bande de Gaza "au lieu d'intensifier cette guerre" pour sauver les vies des civils.

Les otages, enlevés lors de l'attaque menée le 7 octobre 2023 par le Hamas en territoire israélien, "doivent être libérés immédiatement et sans condition par les groupes armés palestiniens", a exigé également le responsable onusien.

L'armée israélienne a riposté à cette attaque sans précédent en lançant une guerre qui a détruit une bonne partie de la bande de Gaza et fait plus de 60.000 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Les Palestiniens détenus arbitrairement par Israël doivent également être libérés immédiatement et sans condition", a ajouté M. Türk.