A Jérusalem-Est, un logement à démolir et l'éternel retour du conflit

Sur cette photo d'archive prise le 29 janvier 2023, des soldats israéliens regardent depuis un balcon dans un immeuble où se trouve la maison familiale de Khayri Alqam, dans le quartier majoritairement arabe de Jérusalem-Est, à al-Tur. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 29 janvier 2023, des soldats israéliens regardent depuis un balcon dans un immeuble où se trouve la maison familiale de Khayri Alqam, dans le quartier majoritairement arabe de Jérusalem-Est, à al-Tur. (AFP)
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Publié le Dimanche 26 février 2023

A Jérusalem-Est, un logement à démolir et l'éternel retour du conflit

  • Les autorités israéliennes défendent cette politique dite "dissuasive", qui consiste à raser les maisons de "terroristes" palestiniens ou de leurs proches
  • La famille Alqam avait construit le deuxième étage de sa maison dans le quartier d'Al-Tur avec une partie de l'argent reçu par Israël après la mort du grand-père de Khayri Alqam, tué en 1998 à Jérusalem

JERUSALEM: Après le meurtre d'un membre de leur famille en 1998, les Alqam ont construit leur domicile à Jérusalem-Est avec une indemnité accordée par Israël. Aujourd'hui, ces Palestiniens en craignent la démolition, l'un de leurs fils ayant mené une attaque meurtrière contre des Israéliens.

L'appartement a été placé sous scellés par les autorités israéliennes, peu de temps après l'attentat perpétré le 27 janvier par Khayri Alqam, 21 ans.

Celui-ci a abattu six Israéliens et une Ukrainienne un soir de shabbat près d'une synagogue d'un quartier de colonisation israélienne à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël, avant d'être lui même abattu.

Espérant empêcher la destruction de son domicile, la famille a fait appel, arguant qu'il s'agit d'une punition collective, une mesure décriée par des organisations palestiniennes et de défense des droits humains.

Les autorités israéliennes défendent cette politique dite "dissuasive", qui consiste à raser les maisons de "terroristes" palestiniens ou de leurs proches, ou à abattre des murs dans leurs appartements pour les rendre inhabitables.

La famille Alqam avait construit le deuxième étage de sa maison dans le quartier d'Al-Tur avec une partie de l'argent reçu par Israël après la mort du grand-père de Khayri Alqam, tué en 1998 à Jérusalem.

Elle avait à l'époque reçu la visite du président israélien Ezer Weizman. Et Khayri Alqam avait ensuite hérité du prénom de son grand-père.

En 2010, un activiste israélien, alors soutenu par la figure d'extrême droite Itamar Ben Gvir (devenu ministre de la Sécurité nationale en décembre), avait été arrêté pour ce meurtre et celui d'autres Palestiniens. Il avait ensuite été libéré sans jamais être inculpé, et personne n'a été condamné depuis lors.

Le meurtrier "doit être puni", lance l'oncle de Khayri Alqam, qui a souhaité préserver son anonymat pour s'éviter des ennuis.

"On s'est fait avoir en 1998 et on se fait avoir aujourd'hui", se lamente-t-il.

"Khairy avait 21 ans, il était responsable de sa vie", reconnaît l'oncle, tout en regrettant que toute la famille paie le prix de son acte. "Mais auprès de qui pourrait-on se plaindre?"

Mineurs 

La maison s'est depuis agrandie et est devenue un petit immeuble de quatre étages où résident les proches de Khayri Alqam, qui avec ses parents et ses frères et soeurs vivait au deuxième niveau.

"Nous espérons que la maison ne sera pas détruite, nous avons un avocat et nous attendons" que l'appel soit examiné par la justice israélienne, ajoute-t-il.

Le fait que les autorités israéliennes aient financé le logement des Alqam n'empêchera pas sa démolition, note auprès de l'AFP Nadia Daqqa, avocate au sein de l'organisation israélienne de défense des droits humains Hamoked.

"Pour elles, la maison est celle d'un terroriste palestinien", dit Me Daqqa, soulignant le récent durcissement des politiques de démolition après plusieurs attentats et l'investiture du gouvernement de Benjamin Netanyahu en décembre, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël.

Ces politiques s'appliquent désormais à des Palestiniens ayant perpétré des attaques non meurtrières ou lorsqu'ils étaient mineurs, note Mme Daqqa.

Le gouvernement a par exemple annoncé en janvier que le domicile d'un adolescent de 13 ans ayant blessé par balles deux Israéliens, un père et son fils, serait mis sous scellés.

Il a aussi annoncé la révocation des droits à la sécurité sociale des "familles de terroristes soutenant le terrorisme", sans préciser quelle forme de soutien pourrait être incriminée. Sur ce sujet, les droits de la famille Alqam n'ont pour l'heure pas été remis en cause.

«Chaos»

Mais cette famille est la première dont le domicile s'est retrouvé sous scellés sans préavis.

Pendant plus de deux semaines après l'attaque, les forces israéliennes sont restées sur place, donnant l'impression aux habitants de l'immeuble d'être entourés par un "barrage militaire", relate Moussa Alqam, père de Khayri.

Lui, son épouse Fatima et quatre de leurs enfants, âgés de 6 à 16 ans, ont temporairement emménagé au quatrième étage, chez sa mère.

Propriétaire des appartements, celle-ci se retrouve, comme le reste de la famille, victime de la "punition collective", regrette Me Daqqa.

Une autre famille palestinienne a récemment vécu une expérience similaire. Le gouvernement israélien a annoncé vouloir mettre sous scellés et démolir la maison de Hussein Qaraqa, qui a tué au début du mois trois Israéliens à Jérusalem-Est avant d'être abattu.

Selon Me Daqqa, lorsque les autorités ont découvert qu'il louait un appartement à un tiers, elles sont parties à la recherche d'un autre bien et ont jeté leur dévolu sur la maison des parents, scellée avant démolition.

Dans la confusion, celle de la soeur de l'assaillant a également été mise sous scellés, par erreur, avant d'être rouverte plusieurs jours plus tard.

Alors que le gouvernement cherche à multiplier les mesures de représailles, cette erreur témoigne du "chaos et de la folle période actuelle", estime Me Daqqa.


Israël réaffirme que le Hamas «sera désarmé», face à la proposition d'un «gel»

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
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  • Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien
  • "Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal

JERUSALEM: Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien, au lendemain de la proposition d'un dirigeant du mouvement islamiste palestinien de geler l'armement.

"Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal dans un entretien mercredi à la chaîne qatarie Al Jazeera.

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël.

 

 


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
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  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.