Ariane 5 tire sa révérence dans un climat morose pour l'Europe spatiale

Après 27 ans de carrière, la fusée européenne Ariane 5 décollera vendredi pour la dernière fois depuis Kourou, dans un climat atone pour l’Europe spatiale, quasiment privée d’accès indépendant à l’espace en attendant le relais d’Ariane 6. (AFP)
Après 27 ans de carrière, la fusée européenne Ariane 5 décollera vendredi pour la dernière fois depuis Kourou, dans un climat atone pour l’Europe spatiale, quasiment privée d’accès indépendant à l’espace en attendant le relais d’Ariane 6. (AFP)
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Publié le Mercredi 14 juin 2023

Ariane 5 tire sa révérence dans un climat morose pour l'Europe spatiale

  • Sur le plan commercial, la fusée a été «le fer de lance de l'Europe spatiale», souligne Daniel Neuenschwander, directeur du transport spatial de l'agence spatiale européenne
  • Douze pays ont participé à la fabrication du lanceur lourd qui prenait le relai d'Ariane 4, avec une capacité de lancement doublée

PARIS: Clap de fin après 27 ans de carrière: l'emblématique fusée européenne Ariane 5 fait ses adieux dans une difficile période de creux pour l'Europe spatiale, quasiment privée d'accès autonome à l'espace en attendant Ariane 6, tandis que la concurrence mondiale fait rage.

Le 117e et dernier vol d'Ariane 5, prévu vendredi entre 21h26 et 22h01 GMT depuis Kourou en Guyane française, embarquera un satellite de communications militaires français (Syracuse 4B) et un satellite expérimental allemand.

Un ultime décollage "chargé d'émotion" pour les équipes du Centre spatial guyanais (CSG), dont la fusée a rythmé la vie durant trois décennies, confie à l'AFP sa directrice, Marie-Anne Clair. En traversant l'immense base spatiale européenne, ses collègues ont eu un pincement au cœur devant le bâtiment d'intégration d'Ariane 5, définitivement vide.

La fusée phare de Kourou a connu des débuts difficiles: elle explose juste après le décollage lors de son vol inaugural en 1996. Elle subit un autre et unique échec cuisant en 2002.

Un "traumatisme" qui "nous a marqués au fer rouge", se souvient Hervé Gilibert, alors architecte du lanceur. "On a mis deux ans à revenir en vol", raconte l'actuel directeur technique du maître d’œuvre ArianeGroup.

Ariane 5 entre alors dans son âge d'or, enchaînant les succès. Les défaillances du démarrage avaient eu "l'effet vertueux de nous maintenir dans une vigilance absolue au fil des lancements", relève cet ingénieur.

James Webb, l'apothéose 

La fusée a ainsi gagné une telle réputation de fiabilité que la Nasa lui a confié l'envoi de son emblématique télescope James Webb, d'une valeur de 10 milliards de dollars. Ce lancement, le jour de Noël 2021, a marqué une apothéose pour celle qui a aussi envoyé les sondes Rosetta sur la comète Tchouri (2004) et Juice vers Jupiter (avril 2023).

Sur le plan commercial, elle a été "le fer de lance de l'Europe spatiale", souligne Daniel Neuenschwander, directeur du transport spatial de l'agence spatiale européenne (ESA).

Douze pays ont participé à la fabrication du lanceur lourd qui prenait le relai d'Ariane 4, avec une capacité de lancement doublée: un avantage compétitif qui a permis à l'Europe de s'imposer sur le marché des satellites de communication.

Le Vieux continent profitait aussi d'une "période de creux" de l'autre côté de l'Atlantique, la navette spatiale américaine "monopolisant énormément de ressources", reconnaît M. Neuenschwander.

"Aujourd'hui, poursuit-il, nous vivons exactement la situation inverse", et l'Europe se retrouve quasiment privée d'accès indépendant à l'espace.

En cause: la fin brutale de l'exploitation des fusées russes Soyouz, à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, qui a fait plonger l'activité de la base de Kourou d'où seuls six tirs sont partis en 2022, contre 15 l'année précédente.

L'échec du premier lancement commercial du lanceur léger italien Vega C, en décembre 2022, et les retards cumulés pour la future Ariane 6, ont aggravé la situation: après vendredi, il ne restera plus qu'un lancement de Vega en septembre, et un probable retour en vol de Vega-C en fin d'année.

Soit plusieurs mois de vide en attendant le relai d'Ariane 6, au mieux fin 2023.

«Pas un moment facile»

Plus puissante et plus compétitive avec des coûts divisés par deux par rapport à Ariane 5, Ariane 6 a été conçue pour résister à la féroce concurrence sur le marché des lanceurs, dominé par l'américain SpaceX, en pleine santé avec plus d'un lancement par semaine.

L'ESA a été contrainte de se tourner vers la société d'Elon Musk pour lancer sa mission scientifique Euclid, et n'est pas sûre d'assurer par elle-même le déploiement stratégique des prochains satellites Galileo, le système de navigation de l'Union européenne.

"Ça n'est pas un moment facile, mais ça ne va pas durer", a assuré le président d'Arianespace Stéphane Israël, lors d'une réunion de l'équipe d'Ariane 6, sous pression pour décoller au plus vite, le carnet de commandes étant déjà rempli.

D'ici là, les équipes à Kourou "prennent leur mal en patience", dit la directrice du CSG, qui prévoit une baisse d'effectifs d'environ 190 personnes sur 1.600.

La pause est mise à profit pour le plan de rénovation et de verdissement de la base. Et les essais pour la qualification d'Ariane 6 battent leur plein: dans deux semaines, le moteur Vulcain sera allumé sur son pas de tir, une étape majeure attendue avec impatience.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.