Sauvetage réussi: L'opération de déchargement du pétrolier Safer évite la catastrophe

Le FSO Safer, n'est plus une «bombe à retardement». Maintenant que la majeure partie du pétrole a été transférée, le navire en détérioration sera remorqué vers une «casse écologique» (Photo, AFP).
Le FSO Safer, n'est plus une «bombe à retardement». Maintenant que la majeure partie du pétrole a été transférée, le navire en détérioration sera remorqué vers une «casse écologique» (Photo, AFP).
Le navire de soutien Ndeavor en route vers la mer Rouge (Photo, Fournie).
Le navire de soutien Ndeavor en route vers la mer Rouge (Photo, Fournie).
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Publié le Dimanche 13 août 2023

Sauvetage réussi: L'opération de déchargement du pétrolier Safer évite la catastrophe

  • Un navire de stockage de pétrole en détérioration amarré en mer Rouge constitue une menace environnementale et humanitaire de grande ampleur
  • La première phase de l'opération a permis de retirer la majeure partie des 1,14 million de barils de pétrole brut contenus dans le Safer

DUBAÏ: La nouvelle selon laquelle la menace d'une marée noire massive en mer Rouge a diminué avec le transfert de plus d'un million de barils de pétrole du FSO Safer, un navire de stockage délabré gisant au large des côtes du Yémen, a constitué un énorme soulagement pour les pays voisins, les responsables de l'ONU et les écologistes.

Après des mois de travaux préparatoires sur place, l'opération de 143 millions de dollars américains (1 dollar américain = 0,90 euro) a démarré fin juillet, avec pour objectif de désamorcer ce que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait décrit comme «la plus grande bombe à retardement du monde».

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Une équipe de travailleurs engagés par les Nations Unies a commencé à transférer le pétrole du pétrolier rouillé FSO Safer au large du Yémen déchiré par la guerre, le 25 juillet (Photo, AFP/Archives).

Une équipe internationale a siphonné le brut du Safer vers un autre navire — le Nautica, rebaptisé plus tard Yemen — acheté par l'ONU pour la mission de sauvetage.

Dans un communiqué publié vendredi, le ministère des Affaires étrangères de l'Arabie saoudite a réitéré l'appréciation du Royaume pour les efforts de Guterres et de l'équipe de travail de l'ONU qui «ont œuvré pour mobiliser tous les efforts afin de mettre un terme au problème du pétrolier Safer».

L'Arabie saoudite a été l'un des premiers pays à accorder des subventions pour l'opération de déchargement par l'intermédiaire du Centre roi Salmane pour les secours et l'aide humanitaire (KSrelief).

Le ministère saoudien des Affaires étrangères a également remercié le commandement de la coalition pour le soutien de la légitimité au Yémen pour avoir «facilité le processus du plan opérationnel jusqu'à l'achèvement du déchargement du navire flottant Safer».

Si l'on avait laissé l'état du Safer se détériorer davantage, des quantités massives de pétrole auraient pu se déverser dans la mer Rouge, causant des dommages environnementaux et économiques incalculables.

«Dieu merci, c'est fini», a déclaré à Arab News depuis Beyrouth Walid Khadduri, analyste pétrolier et ancien rédacteur en chef du bulletin hebdomadaire Middle East Economic Survey. «L'équipe de travail de l'ONU a empêché une véritable catastrophe de se produire. Cela aurait pu être une catastrophe majeure.»

La mer Rouge et son «écosystème distinct», avec ses récifs coralliens et ses herbiers marins, auraient été les plus menacés, a-t-il ajouté.

Il a précisé: «L'environnement aurait été le plus durement touché par une marée noire, suivi par le trafic maritime.»

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Anticipant la possibilité d'un déversement au cours de l'opération de transfert de pétrole, les Nations Unies ont formé une équipe locale à Al-Hodeïda à l'utilisation des estacades flottantes (barrières temporaires) pour protéger la côte (Photo, AFP/Archives).

Maintenant que la majeure partie du pétrole a été transférée du Safer, sauvant ainsi les écosystèmes de la mer Rouge et les communautés de pêcheurs le long de la côte yéménite d'un désastre potentiel, un navire acheté par l'ONU remorquera le Safer jusqu'à une «casse écologique».

Achim Steiner, administrateur du programme de développement des Nations unies, a décrit l'opération de déchargement comme «l'une des actions préventives les plus importantes de ces dernières années».

Il a déclaré: «Certains d'entre vous ont écrit et qualifié le FSO Safer de bombe à retardement. Je pense qu'il est juste de dire qu'à partir d'aujourd'hui, cette bombe à retardement n'est plus une menace immédiate.»

Le Safer, un navire de stockage de pétrole flottant de 47 ans, était amarré en mer Rouge, au nord des ports yéménites d’Al-Hodeïda et de Ras Issa, une zone stratégique contrôlée par la milice Houthie.

Il a été construit dans les années 1970 et vendu par la suite au gouvernement yéménite pour contenir jusqu'à 3 millions de barils de pétrole brut pompés dans les champs de Marib, une province de l'est du Yémen.

Le navire mesurait 1 181 pieds de long et comportait 34 réservoirs de stockage. Il contenait plus de 1,14 million de barils de pétrole avant le début de l'opération de l'ONU, soit quatre fois plus que la quantité déversée lors de la catastrophe de l'Exxon Valdez en 1989 au large de l'Alaska, l'une des pires crises écologiques au monde, selon l'ONU.

La maintenance minimale depuis le début de la guerre civile au Yémen en 2015 a rendu le Safer vulnérable à la corrosion et a augmenté le risque de fuites.

Le déchargement du pétrole a été l'aboutissement de près de deux ans de travail politique, de collecte de fonds et de développement de projets.

Les dons de 23 États membres des Nations unies, de l'Union européenne, du secteur privé et de groupes publics pour financer l'opération de déchargement ont dépassé 121 millions de dollars, mais 20 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires pour mettre à la casse le Safer et éliminer toutes les menaces écologiques qui pèsent encore sur la mer Rouge.

Hasan Selim Ozertem, analyste en matière de sécurité et d'énergie, a décrit l'opération de l'ONU comme une «intervention critique pour prévenir une catastrophe écologique», ajoutant qu'«il n'est pas possible d'éliminer totalement le risque de marée noire, comme en témoignent les nombreuses catastrophes survenues dans le passé».

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La société internationale de dragage et de transport lourd Boskalis, des ouvriers pompent le pétrole du FSO Safer vers un navire-citerne de remplacement en juillet 2023 (Photo, Boskalis).

Il a déclaré à Arab News depuis Ankara qu'il est important de noter que la communauté internationale, représentée par le PNUD, a soutenu l'opération de déchargement du pétrole.

«Cette expérience est riche d'enseignements sur la manière d'éviter de telles situations à l'avenir. Compte tenu de la complexité de la situation au Yémen, aucune mission ne doit être considérée comme impossible», a-t-il ajouté.

«Qu'il s'agisse de la guerre en Syrie ou du conflit israélo-palestinien, chaque crise nécessite une volonté politique de la part des acteurs régionaux pour parvenir à une solution. Les Nations unies ne disposent pas des carottes et des bâtons nécessaires pour imposer des solutions; elles ne peuvent que faciliter le processus.»

En Bref

Le FSO Safer a été amarré au large des côtes yéménites avec un minimum d'entretien.

Le navire contenait 4 fois plus de pétrole que celui déversé lors de la catastrophe de l'Exxon Valdez en 1989.

L'Arabie saoudite a fourni des subventions pour l'opération de déchargement.

Dans des déclarations adressées aux médias vendredi, David Gressly, coordinateur résident des Nations unies au Yémen, a souligné que les deux capitaines du Safer avaient été invités à se rendre à Aden pour participer au projet, qu'il a décrit comme «une indication de l'importance d'aller au-delà des préoccupations quotidiennes qui existent dans la guerre civile qui se poursuit encore ici».

Il a mentionné que le succès de la mission de sauvetage, au niveau régional, a remonté le moral du peuple yéménite et a exprimé l'espoir que la capacité des adversaires à travailler ensemble pour résoudre un problème critique pourrait jeter les bases d'une coopération plus large et de négociations de paix.

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Sur cette photo fournie par la société internationale de dragage et de transport lourd Boskalis, des ouvriers pompent le pétrole du FSO Safer vers un navire-citerne de remplacement en juillet 2023 (Photo, Boskalis).

«Le succès de l'opération de déchargement du pétrole témoigne du pouvoir de la diplomatie, de la patience et de la transparence dans les efforts visant à favoriser la collaboration, même dans les situations les plus difficiles», a-t-il ajouté.

«C'est un bon vendredi», a signalé Gressly à Arab News. «Nous sommes satisfaits de ce que nous avons vu aujourd'hui. Il est agréable de voir quelque chose progresser comme cela a été le cas ici. En termes de dialogue politique plus large, bien sûr, la contribution ne sera pas directement. Mais je dois dire que cela crée un peu d'espoir pour les gens qui croient qu'il y a une voie à suivre.»

«Et, bien que les parties soient des adversaires, elles ont trouvé un moyen de mettre de côté leurs différences suffisamment longtemps pour s’occuper de ce problème particulier. Et cela peut créer, je pense, des conditions plus propices aux négociations», a-t-il estimé.

«Par ailleurs, je suis convaincu que le fait que le protocole d'accord signé en mars de l'année dernière ait été respecté jusqu'à présent par Sanaa est un bon signe de la possibilité de mener des négociations fructueuses dans ce contexte», a jugé Gressly.

«Ce n'est pas une garantie, mais cela crée un sentiment d'espoir qui n'existait peut-être pas auparavant. Et j'espère que ceux qui sont en mesure de le faire profiteront de l'élan que cela crée pour aller de l'avant», a-t-il ajouté.

De même, Steiner, du PNUD, a déclaré que dans le contexte plus large de la situation humanitaire au Yémen, le succès de l'opération Safer offre «une lueur d'espoir», en particulier dans le cadre de changements plus importants dans la dynamique de la région et au sein du Yémen lui-même.

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Photo du personnel du navire chargé de décharger le pétrole du navire FSO Safer en détérioration au large de Ras Issa, au Yémen (Photo, AFP).

«Le PNUD, qui travaille dans pratiquement toutes les régions du pays, a estimé que le Yémen avait perdu 20 à 22 ans de développement au cours des huit dernières années», a-t-il dévoilé à Arab News. «Je pense donc que le contexte dans lequel cette opération a été montée était tout à fait unique.»

«Mais je crois que l'on peut au moins spéculer sur la capacité des deux parties à ce conflit — qui manquent de confiance l'une envers l'autre, qui sont même très sceptiques à l'égard de la communauté internationale — à trouver en elles-mêmes, et finalement avec un très fort sentiment de soutien de la part du public, qu'il s'agissait d'une opération qui bénéficiait à tous les citoyens et qui nécessitait donc des mesures exceptionnelles et inhabituelles.

«Et l'histoire de la façon dont nous en sommes arrivés là pourrait donner un peu d'espoir à ceux qui pensent qu'il y a plus à faire dans les prochains mois», a reconnu Steiner.

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Après l'enlèvement du pétrole restant à bord du FSO Safer, le navire en détérioration sera remorqué vers une casse, une opération qui devrait être achevée dans un délai de 10 jours (Photo, AFP/Archives).

Bien que la majeure partie du pétrole ait été retirée du Safer, l'opération de déchargement n'est pas encore terminée; il reste une petite quantité de pétrole visqueux à bord et le navire pourrait encore se briser.

«Le pétrole résiduel sur le Safer est mélangé à des sédiments et ne peut pas être pompé à ce stade», a expliqué Gressly. «Il sera enlevé lors du nettoyage final.»

La deuxième et dernière phase de l'opération, consistant à enlever les débris et à nettoyer le Safer et à le préparer pour le remorquage et la casse, devrait durer entre une semaine et dix jours.

 

- Ephrem Kossaify a contribué à l’article depuis New York.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Lors d'une cérémonie en Irak, les premiers combattants kurdes du PKK ont brûlé leurs armes

Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences. (Reuters)
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  • Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak
  • Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé

SOULEIMANIYEH: Une trentaine de combattants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan en guerre contre Ankara depuis quatre décennies, ont entamé vendredi en Irak le début d'un désarmement censé mettre fin à quatre décennies de violences.

Selon une journaliste de l'AFP, quatre commandants du mouvement et leurs hommes ont déposé et brûlé leurs armes lors d'une cérémonie, vendredi matin, à 50 km à l'ouest de Souleimaniyeh, dans la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak.

Celle-ci s'est déroulée dans la grotte de Casene, connue pour avoir notamment abrité une imprimerie qui a publié l'un des premiers journaux kurdes, a-t-elle précisé.

Le PKK a salué une "opération historique et démocratique".

Les combattants devaient ensuite regagner les montagnes proches où ils sont basés, avait indiqué précédemment à l'AFP un responsable du PKK.

Des représentants du gouvernement autonome du Kurdistan irakien et de son président Nechirvan Barzani ont assisté aux opérations, mais il n'a pas été précisé qui avait été dépêché par Ankara, hormis des membres des services de renseignements selon les médias turcs.

Les autorités locales kurdes avaient annoncé peu avant avoir abattu deux drones à proximité des positions des forces kurdes, quelques heures avant le début des opérations.

Un processus de paix initié depuis l'automne doit permettre de tourner la page de plus de quatre décennies de violences qui ont fait au moins 40.000 morts, et résoudre la question kurde tant au niveau national que régional, selon les experts.

"Responsabilité historique" 

Le 27 février, le chef du PKK Abdullah Öcalan, 76 ans dont vingt-six en prison, a appelé le mouvement à "déposer les armes et (...) à se dissoudre", affirmant "assumer la responsabilité historique de cet appel".

Parmi un nombre restreint d'invités conviés vendredi, officiellement pour des raisons de sécurité, figurent des élus du parti turc prokurde DEM, médiateur entre le PKK et le gouvernement turc.

Pour la Turquie, comme pour ses alliés occidentaux, le PKK est considéré comme un mouvement terroriste.

C'est paradoxalement l'allié du président turc Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti nationaliste MHP, Devlet Bahceli, qui a tendu la main à l'ennemi public, lui proposant d'appeler les combattants à renoncer à la lutte armée et à "venir s'exprimer devant le Parlement".

Mercredi, dans un message vidéo en turc, "Apo" (oncle) comme l'appellent ses fidèles, a confirmé l'imminence du désarmement.

"Je crois au pouvoir de la politique et de la paix sociale et non des armes. Et je vous appelle à mettre ce principe en pratique", insistait-il dans cette longue adresse.

Le chef de l'Etat turc a récemment exprimé sa confiance de voir "une Turquie sans terroriste", espérant que "ce processus prometteur se conclurait avec succès le plus rapidement possible, sans obstacle, ni risque de sabotage".

"Geste de bonne volonté" 

Selon un commandant du PKK, cette première cérémonie était un "geste de bonne volonté".

Abdullah Öcalan, lui, est toujours détenu sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul, et ne réclame pas d'en sortir, alors que ses commandants faisaient de sa libération un des termes de l'équation.

"La situation de notre chef, Apo, affecte le processus et le ralentit", jugeait la semaine dernière un haut responsable du PKK, Mustafa Karasu.

En refusant de lier son sort personnel à l'avenir du processus de paix, M. Öcalan "contredit les conditions posées par le Parti qui demandait son élargissement afin qu'il puisse mener à bien le processus de paix", note l'historien des mouvements kurdes Boris James.

Le chercheur relève par ailleurs l'absence "d'acteur tiers pour garantir la probité du processus" et insiste: "Une très forte défiance subsiste entre le PKK et l'Etat turc, or l'Etat a donné peu de gages" aux combattants kurdes.

Ces derniers ont régulièrement dénoncé la poursuite des bombardements turcs sur leurs positions en Irak malgré le processus en cours.

Depuis les derniers violents combats qui avaient ensanglanté la ville turque à majorité kurde de Diyarbakir (sud-est) en 2015, les combattants du PKK sont principalement restés cantonnés dans les montagnes de Qandil, en Irak, soumis également aux opérations de ratissage de l'armée turque.

 


Dix personnes secourues après l'attaque meurtrière d'un navire en mer Rouge

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments. (Reuters)
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  • Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments
  • Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X

DUBAI: Dix personnes ont été secourues après l'attaque d'un navire en mer Rouge par les rebelles houthis du Yémen, tandis que trois autres ont été tuées et douze sont toujours portées disparues, selon la mission européenne Aspides déployée dans la zone.

Cette attaque, l'une des plus meurtrières menées par les Houthis contre la marine marchande, marque une escalade dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, menaçant une trêve conclue en mai avec les Etats-Unis censée préserver la liberté de navigation.

Après plusieurs mois d'accalmie, les Houthis ont attaqué le navire Magic Seas dimanche, dont l'équipage a été évacué par la marine émiratie, puis l'Eternity C lundi et mardi, coulant les deux bâtiments.

Trois membres d'équipage philippins et un membre grec de l'équipe de sécurité à bord du Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, "portant le nombre total de personnes secourues à 10", a indiqué jeudi la mission navale de l'Union européenne sur X.

Au total, 25 personnes se trouvaient à bord de ce vraquier battant pavillon libérien.

Mardi, Aspides avait déclaré à l'AFP que trois personnes avaient été tuées et au moins deux blessées, parmi lesquelles un électricien russe qui a perdu une jambe, lors de l'attaque menée par les rebelles yéménites.

Le sort des autres membres de l'équipage reste incertain.

Mercredi, les Houthis ont affirmé avoir "secouru" un nombre indéterminé de personnes à bord du navire et les avoir emmenés dans un " lieu sûr". L'ambassade des Etats-Unis au Yémen les a accusés d'avoir enlevé les survivants.

Les insurgés ont également diffusé une vidéo montrant une puissante explosion sur le pont du cargo, qui a ensuite coulé.

"Profonde inquiétude" 

Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué des dizaines de navires qu'ils estiment liés à Israël, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, en proie aux bombardements israéliens depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.

Ces attaques ont contraint de nombreux armateurs à éviter la mer Rouge, par où transite 12% du commerce mondial, d'après la Chambre internationale de la marine marchande (ICS).

Les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du Yémen, en proie à une guerre civile depuis 2014, avaient interrompu leurs attaques maritimes cette année après un cessez-le-feu à Gaza conclu en janvier et qui a pris fin deux mois plus tard.

En mai, ces rebelles proches de l'Iran avaient averti qu'ils continueraient à s'en prendre aux navires israéliens ou liés à Israël, malgré une trêve avec les Etats-Unis qui a mis fin à des semaines de bombardements américains des cibles rebelles au Yémen.

Leur chef, Abdel Malek al-Houthi, a répété jeudi que ces opérations se poursuivront "tant que l'agression et le siège de Gaza perdureront", en affirmant que les navires visés appartiennent à des compagnies "violant l'interdiction" de se rendre en Israël.

Selon le Centre conjoint d'information maritime, géré par une coalition navale occidentale, le Magic Seas et l'Eternity C ont probablement été attaqués "en raison de précédents passages dans des ports israéliens ou de liens entre leurs propriétaires ou gestionnaires et d'autres navires ayant fréquenté Israël".

L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a fait part de sa "profonde inquiétude", en déplorant des "pertes civiles, des blessés, ainsi qu'un risque potentiel de dommages environnementaux".

L'attaque contre l'Eternity C est la plus meurtrière depuis l'attaque de missile contre le navire marchand True Confidence en mars de l'année dernière, qui avait fait trois morts.

Les Houthis ont également capturé le Galaxy Leader en novembre 2023 et coulé le Rubymar, qui transportait 21.000 tonnes d'engrais, en février 2024.


Gaza: la Défense civile annonce 66 morts dont des enfants devant une clinique

La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas. (AFP)
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  • La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes
  • "Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition"

GAZA: La Défense civile locale a fait état de 66 morts jeudi dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 17, y compris des enfants, dans une frappe devant une clinique de Deir al-Balah où l'armée a dit avoir visé un combattant du Hamas.

Un raid aérien a touché en matinée un groupe de personnes qui patientaient devant un établissement médical de Deir al-Balah, a indiqué à l'AFP Mohammad al-Moughayyir, un responsable de l'organisation de premiers secours. Parmi les 17 morts figurent huit enfants au moins, selon lui.

L'armée israélienne a indiqué à l'AFP avoir ciblé à Deir al-Balah un membre d'une unité d'élite du mouvement islamiste palestinien Hamas, la Noukhba, ayant participé selon elle "au massacre du 7 octobre" 2023, à l'origine de la guerre à Gaza.

Elle a dit regretter "tout dommage causé à des personnes non impliquées" et oeuvrer "autant que possible à limiter les atteintes aux civils".

"Il n'y a eu aucun avertissement, juste une frappe directe au milieu des civils", a raconté à l'AFP Mohamed Abou Ouda, qui était dans la file d'attente devant la clinique. "Qu'avons-nous fait et qu'ont fait nos enfants pour mériter cela?"

"Nous étions des dizaines à attendre", a déclaré un autre témoin, Youssef Al-Aydi. "Soudain, nous avons entendu le bruit d'un avion s'approcher, puis l'explosion a retenti. Le sol a tremblé sous nos pieds et autour de nous ce n'était que sang et cris déchirants".

"Familles innocentes" 

La clinique de Deir al-Balah est gérée par l'ONG humanitaire Project HOPE, qui a rapporté de son côté la mort de 15 personnes, dont dix enfants et deux femmes.

"Les cliniques de Project HOPE sont des lieux de refuge à Gaza, où les gens amènent leurs jeunes enfants, où les femmes reçoivent des soins pendant et après leur grossesse, où l'on traite la malnutrition", a commenté dans un communiqué le responsable de l'ONG, Rabih Torbay.

"Pourtant, ce matin, des familles innocentes ont été attaquées sans pitié alors qu'elles faisaient la queue en attendant l'ouverture des portes", a-t-il ajouté, appelant à un cessez-le-feu immédiat.

Selon l'Unicef, l'un des enfants tués devant la clinique avait tout juste un an et venait de prononcer ses premiers mots quelques heures plus tôt d'après sa mère.

"Aucun parent ne devrait avoir à faire face à une telle tragédie", a commenté la directrice de l'agence onusienne Catherine Russell. "Tuer des familles qui tentent d'avoir accès à une aide vitale est quelque chose d'inconcevable".

L'armée israélienne n'a pas commenté les autres incidents rapportés par la Défense civile, dont l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les affirmations compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Au moins 57.762 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne de représailles militaires israéliennes à Gaza, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.