Soudan du Sud: Pas de répit pour les personnes fuyant le conflit soudanais

Les personnes cherchant à échapper aux privations de la guerre et aux catastrophes naturelles au Soudan ont peu de chances de trouver de l'aide au Soudan du Sud (Photo, AFP/Archives).
Les personnes cherchant à échapper aux privations de la guerre et aux catastrophes naturelles au Soudan ont peu de chances de trouver de l'aide au Soudan du Sud (Photo, AFP/Archives).
Des personnes attendent à côté de bus de passagers alors que de la fumée s'échappe dans une zone de Khartoum où les combats entre l'armée soudanaise et les Forces paramilitaires se poursuivent encore aujourd'hui (Photo, AFP/Archives).
Des personnes attendent à côté de bus de passagers alors que de la fumée s'échappe dans une zone de Khartoum où les combats entre l'armée soudanaise et les Forces paramilitaires se poursuivent encore aujourd'hui (Photo, AFP/Archives).
De la fumée noire s'échappe des bâtiments lors des combats à Khartoum  (Photo, AFP).
De la fumée noire s'échappe des bâtiments lors des combats à Khartoum (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 01 octobre 2023

Soudan du Sud: Pas de répit pour les personnes fuyant le conflit soudanais

  • Le Soudan du Sud n'est pas étranger aux crises humanitaires, puisqu'il en a connu quelques-unes depuis son accession à l'indépendance en 2011
  • Les experts estiment que le pays n'est pas en mesure de faire face à l'afflux massif et soudain de personnes déplacées en provenance du Soudan

NAIROBI: Les civils déplacés par le conflit au Soudan ont trouvé refuge dans le plus jeune pays voisin, la République du Soudan du Sud, mais ils sont confrontés à une nouvelle série de défis redoutables.

On estime que 250 000 personnes — dont un grand nombre de Soudanais du Sud qui vivaient au Soudan — ont franchi la frontière depuis que les combats ont éclaté au Soudan en avril, et que beaucoup sont désormais hébergées dans des camps surpeuplés, dépourvus de nourriture, d'installations sanitaires et de services de soins de santé de base.

Les taux élevés de malnutrition et les épidémies de maladies telles que le choléra et la rougeole parmi les nouveaux arrivants témoignent des conditions sanitaires désastreuses, ce qui, selon les agences d'aide opérant dans la région, constitue l'une des nombreuses et sérieuses causes d’inquiétude.

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Des bagages sont transportés sur une charrette tirée par un âne au poste frontière de Qalabat, au Soudan, avec l'Éthiopie, le 31 juillet 2023, au milieu de combats entre les Forces armées soudanaises et les Forces paramilitaires de soutien rapide (Photo, AFP/Archives).

Les Nations unies ont averti que le nombre de personnes fuyant le Soudan pourrait doubler d'ici la fin de l'année si un accord n'est pas rapidement trouvé entre les parties belligérantes.

Outre le fait que le Soudan du Sud n'est pas préparé à absorber cette marée humaine à la recherche d'un abri et de subsistance, les propres lacunes politiques et économiques du Soudan du Sud en font un intermédiaire inefficace pour mettre fin au conflit au Soudan.

Et ce, malgré les efforts de médiation du président du Soudan du Sud, Salva Kiir, qui a récemment accueilli le dirigeant de facto du Soudan et chef des Forces armées soudanaises, le général Abdel Fattah al-Burhan, dans la capitale Juba.

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Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir Mayardit, accueille le général Abdel Fattah al-Burhan, président du Conseil de souveraineté soudanais et chef des Forces armées soudanaises, à Juba, au Soudan du Sud, le 04 septembre 2023 (Photo via Getty Images).

Le Soudan du Sud n'est pas étranger aux difficultés et à l'adversité, ayant connu ses propres conflits sanglants depuis son accession à l'indépendance en 2011. Comme son voisin du nord, dont il s'est séparé, le Soudan du Sud est également confronté à l'instabilité politique et aux conflits ethniques.

Si l'on ajoute à cela les ressources limitées et les infrastructures primitives du Soudan du Sud, le pays n'est pas en mesure de faire face à un afflux aussi important et soudain de personnes démunies.

«La majorité de ces réfugiés sont des femmes, des enfants et de jeunes adultes, avec une concentration notable de jeunes âgés de 12 à 22 ans», a déclaré à Arab News, John Dabi, commissaire adjoint aux affaires des réfugiés du Soudan du Sud.

EN CHIFFRES

• 250 000 réfugiés soudanais et rapatriés du Soudan du Sud qui ont franchi la frontière depuis le début du conflit.

• 5 millions = nombre total de personnes déracinées par le conflit, dont 1 million ont fui vers les pays voisins.

• 7 500 personnes tuées depuis le début des violences, selon les estimations prudentes de l’Armed Conflict Location & Event Data Project.

En particulier, Juba et la ville frontalière de Renk ont subi la pression d'une explosion démographique soudaine, qui a entraîné une pénurie aiguë de produits de première nécessité, notamment de nourriture, de médicaments et d'abris.

À cela s'ajoute l'impact d'un climat instable, la saison des pluies au Soudan du Sud entraînant l'inondation de zones entières et transformant les routes en pistes de boue impraticables, ce qui entrave l'acheminement de l'aide et l'accès aux camps de réfugiés les plus reculés.

Comme on pouvait s'y attendre, l'économie du Soudan du Sud est en ruine, malgré le lancement récent de la Conférence économique nationale, censée accélérer le développement.

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Un garçon marche dans un camp de personnes déplacées à Bentiu, au Soudan du Sud (Photo, AFP/Archives).

Firas Raad, le représentant de la Banque mondiale au Soudan du Sud, a récemment exhorté le gouvernement à s'efforcer d'obtenir des conditions macroéconomiques plus stables, une gestion solide des finances publiques et des réformes efficaces en matière de gouvernance afin d'améliorer les conditions de vie de la population.

L'état lamentable de l'économie du pays remet en question la crédibilité de Juba en tant que médiateur dans le conflit soudanais, a déclaré à Arab News, Suzanne Jambo, analyste politique sud-soudanaise et ancienne conseillère du gouvernement.

«Le Soudan du Sud a encore du mal à assurer une transition stable vers un statut permanent, notamment une armée unifiée, des dispositions constitutionnelles convenues et des représentants élus de manière équitable, sans parler de l'organisation des élections», a-t-elle précisé.

L'instabilité au Soudan du Sud n'est pas seulement influencée par la gouvernance et l'économie. Les éléments ethniques et tribaux du conflit soudanais ne sont que très évidents, des millions de personnes ayant fui vers les pays voisins, exposant les divisions politiques au sein du Soudan et le long de ses frontières poreuses.

Par exemple, le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR) a recruté des combattants parmi les tribus arabes du Darfour.

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Des femmes déplacées à l'intérieur du pays vont chercher de l'eau dans un puits à Bentiu, au Soudan du Sud (Photo, AFP/Archives).

Étant donné la possibilité d'une nouvelle escalade des tensions ethniques, les experts estiment que des efforts coordonnés sont essentiels pour la distribution adéquate de l'aide humanitaire ainsi que pour les stratégies de prévention et de résolution des conflits.

Les civils soudanais arrivant au Soudan du Sud représentent une mosaïque d'origines reflétant la diversité ethnique, raciale et religieuse du pays. Afin de minimiser les risques de violence intercommunautaire, des installations séparées ont été créées, plutôt que des camps de réfugiés traditionnels.

«Un aspect essentiel de la gestion de la crise des réfugiés est la prévention des conflits intercommunautaires», a affirmé Dabi, commissaire adjoint aux affaires des réfugiés. Cependant, le problème le plus urgent auquel sont confrontés les Soudanais déplacés au Soudan du Sud est la pénurie de ressources essentielles, a-t-il ajouté.

La situation des personnes qui ont traversé le Soudan pour se rendre dans d'autres pays voisins semble tout aussi désastreuse.

Au Tchad, où plus de 400 000 personnes ont fui les violences au Darfour, l'organisation humanitaire Médecins sans frontières affirme que la situation est devenue si désespérée que «les gens nourrissent leurs enfants avec des insectes, de l'herbe et de feuilles d’arbres».

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Des femmes et des enfants fuient les zones de conflits à dos d’ânes et à pied (Photo, AFP/Archives).

Au milieu de graves pénuries, «certaines personnes sont restées cinq semaines sans recevoir de nourriture», a déclaré Susana Borges, coordinatrice d'urgence de MSF à Adre. Les camps manquent également d'eau, d'assainissement, d'abris et de soins médicaux.

«Les besoins sanitaires les plus urgents auxquels nous sommes confrontés sont le paludisme, la diarrhée et la malnutrition», a ajouté Borges. Selon l'ONU, des dizaines d'enfants de moins de cinq ans sont déjà morts de malnutrition dans les camps tchadiens.

Le conflit au Soudan, qui en est à son cinquième mois, a été déclenché par un projet d'intégration de la force de soutien rapide dans les Forces armées soudanaises.

Le 15 avril, une lutte de pouvoir de longue haleine entre Al-Burhan et son ancien adjoint, Mohamed Hamdan «Hemedti» Dagalo, chef de la force de soutien rapide, s'est soudainement intensifiée, entraînant l'évacuation des ressortissants étrangers et du personnel des ambassades.

Au moins 7 500 personnes ont été tuées depuis le début du conflit, selon une estimation prudente de l’Armed Conflict Location & Event Data Project.

Khartoum, la capitale du Soudan, et la région tourmentée du Darfour occidental, où se déroulent les pires violences, ont connu une «intensification des bombardements», les Forces armées soudanaises et la force de soutien rapide ciblant mutuellement leurs bases par des «tirs d'artillerie et de roquettes».

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Des volutes de fumée s'élèvent dans une zone de Khartoum où les combats entre l'armée soudanaise et les Forces paramilitaires se poursuivent encore aujourd'hui (Capture d’écran)

Dans le centre de Khartoum, les Forces armées soudanaises contrôlent le ciel et mènent régulièrement des frappes aériennes, tandis que les combattants de la force de soutien rapide dominent les rues.

Dans la capitale régionale du Sud-Darfour, Nyala, les habitants affirment que les avions de combat ont pris pour cible les «leaders de la FSR». Cependant, les rapports de terrain indiquent que les civils sont régulièrement pris entre deux feux.

Les chiffres de l'ONU montrent que les combats ont déraciné plus de cinq millions de personnes, dont un million ont franchi les frontières internationales pour se réfugier dans les pays voisins.

Au cours du week-end, une épidémie de choléra a été signalée dans l'est du Soudan et des enquêtes ont été lancées pour vérifier si elle s'était propagée à Khartoum et à l'État du Kordofan méridional.

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Un vendeur de rue vend des chaussures et des pantoufles à Port-Soudan, au Soudan, le 26 septembre 2023 (Photo, REUTERS).

Le conflit a également entraîné une hausse de la violence sexiste, comme le confirment de nombreux rapports crédibles faisant état de viols, de traite d'êtres humains et d'une augmentation des mariages précoces.

Malgré de multiples efforts diplomatiques pour négocier une trêve, le conflit s'est poursuivi et intensifié, laissant aux personnes déplacées peu de chances de rentrer chez elles dans un avenir proche.

Alors que le Soudan du Sud s'efforce d'accueillir ses propres citoyens qui vivaient auparavant au Soudan, une récente visite dans le pays de Filippo Grandi, le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, indique que la communauté internationale en prend note.

Toutefois, Peter Van der Auweraert, coordinateur humanitaire des Nations unies au Soudan du Sud, a mis en garde contre une baisse significative de l'aide humanitaire dans le pays l'année prochaine.

Le HCR, l'agence des Nations unies pour les réfugiés, affirme que les organisations d'aide humanitaire ont du mal à répondre aux besoins des personnes déplacées, puisque seulement 19% du milliard de dollars américains (1 dollar américain = 0,94 euro) demandé aux donateurs ont été reçus jusqu'à présent.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

 


Le ministre saoudien et l'envoyé américain ont discuté des événements récents lors d'un appel téléphonique

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, lors d'une réunion avec l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, à Riyad, le 28 mai 2025. (SPA)
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  • les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

RIYAD : L'agence de presse saoudienne rapporte que le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a reçu samedi un appel téléphonique de l'envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack.

Au cours de cet appel, les deux diplomates ont discuté des mesures à prendre pour soutenir le peuple syrien sur les plans humanitaire et économique.

Leurs discussions ont également porté sur l'actualité régionale et internationale.  

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Égypte : une marche internationale vers Gaza avortée, des militants restent retenus par les forces de l'ordre

Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
Des Tunisiens se rassemblent à un point de rendez-vous à Tunis le 9 juin 2025, avant le départ d'un convoi terrestre baptisé « Steadfastness » (Fermeté) pour briser le siège de Gaza. (Photo de FETHI BELAID / AFP)
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  • Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza
  • « Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

LE CAIRE, EGYPTE : Selon les organisateurs, les autorités égyptiennes ont contrecarré une action du collectif Global March vers Gaza en bloquant plusieurs dizaines d'activistes pro-palestiniens à la sortie du Caire pendant plusieurs heures, avant de relâcher certains d'entre eux.

Selon la même source, certains sont toujours retenus par les forces de l'ordre.

Vendredi, plusieurs groupes avaient quitté le Caire en voiture pour se diriger vers la ville d'Ismailia, première étape vers la bande de Gaza, leur destination finale.

Ils ont été interceptés, bloqués, leurs passeports confisqués, parfois molestés, avant d'être embarqués de force dans des bus, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ou adressées à l'AFP.

« Nous avons été bloqués pendant six à sept heures, avant que les forces de l’ordre ne dispersent violemment le groupe », a déclaré un organisateur. 

« Beaucoup de rumeurs circulaient sur les réseaux sociaux, affirmant que nous voulions créer le désordre dans la capitale », a déclaré Seif Abu Kishk, l'un des organisateurs de la Global March to Gaza.

Des dizaines de participants ont été refoulés ou expulsés ces derniers jours.

Les autorités égyptiennes n’ont fait aucun commentaire sur ces interpellations ni sur ces expulsions.

La Global March comptait traverser le Sinaï, une région désertique sous haute surveillance militaire, pour rallier la ville d'al-Arich, à environ 350 km à l'ouest du Caire, puis marcher sur les 50 derniers kilomètres jusqu’à la partie égyptienne de Rafah.

M. Abu Kishk a précisé que la marche comptait parmi ses participants plusieurs personnalités publiques, dont des parlementaires étrangers, ainsi que le petit-fils de Nelson Mandela.

Malgré les signaux négatifs des autorités, les responsables du collectif soulignent que « leur objectif reste Gaza » et qu’ils entendent continuer « à agir de manière pacifique ».

En Libye voisine, le convoi « Soumoud », réunissant selon les organisateurs un millier de participants tunisiens, algériens, marocains et mauritaniens, est bloqué depuis vendredi matin à l'entrée de la ville libyenne de Syrte, sous le contrôle des forces du maréchal Khalifa Haftar, au pouvoir dans l’Est libyen.


Le pape appelle l'Iran et Israël à la « responsabilité et à la raison »

Le pape Léon XIV (Photo AFP)
Le pape Léon XIV (Photo AFP)
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  • « Dans un moment aussi délicat, je désire renouveler avec force un appel à la responsabilité et à la raison », a-t-il affirmé lors d'une audience publique à la basilique Saint-Pierre.
  • « Nul ne devrait jamais menacer l'existence de l'autre et c'est le devoir de tous les pays de soutenir la cause de la paix [...] »

CITE DU VATICAN, SAINT SIEGE : Le pape Léon XIV a appelé samedi l'Iran et Israël « à la responsabilité et à la raison » ainsi qu'à « soutenir la cause de la paix », après les attaques israéliennes contre l'Iran et les ripostes de ce dernier.

« Dans un moment aussi délicat, je désire renouveler avec force un appel à la responsabilité et à la raison », a-t-il affirmé lors d'une audience publique à la basilique Saint-Pierre.

« Nul ne devrait jamais menacer l'existence de l'autre et c'est le devoir de tous les pays de soutenir la cause de la paix en empruntant des voies de réconciliation et en favorisant des solutions garantissant la sécurité et la dignité pour tous », a estimé le pape.

« L'objectif de construire un monde plus sûr et libéré de la menace nucléaire doit être poursuivi à travers un face-à-face respectueux et un dialogue sincère pour édifier une paix durable fondée sur la justice, la fraternité et le bien commun », a-t-il aussi déclaré.