RIYAD : chaque année, le 9e jour du mois de Dhul-Hijjah, des millions de pèlerins venus du monde entier se rassemblent sur le mont Arafat, près de La Mecque. Ce lieu sacré, connu sous le nom de Jabal Arafat ou « Mont de la Miséricorde », est le point culminant du pèlerinage et incarne la quête de pardon, de foi et de renouveau spirituel.
« J’ai compris à Arafat que le vrai pèlerinage était intérieur. Ce moment a changé ma vie », explique Laila, 48 ans, venue d’Algérie.
Le Mont Arafat occupe une place essentielle dans le déroulement du pèlerinage. C’est ici que les fidèles observent la waqfa, la station debout, de midi jusqu’au coucher du soleil. Ce moment solennel est consacré à la prière, aux invocations et à la recherche du pardon divin. Le Prophète Mohammad a souligné l'importance de ce moment en déclarant : « Le Hajj, c’est Arafat. »
« Sous ce soleil accablant, j’ai oublié la fatigue. Tout ce que je voulais, c’était demander pardon et prier pour mes proches. C’était un moment entre moi et Allah, hors du temps », raconte Amina, 35 ans, originaire de France.
Même ceux qui ne participent pas au pèlerinage peuvent profiter de cette journée exceptionnelle. Le jeûne du jour d’Arafat est fortement recommandé pour les non-pèlerins, car, selon les paroles prophétiques, il efface les péchés de l’année écoulée et de l’année à venir. C’est un jour de miséricorde, d’espoir et de renouveau spirituel pour toute la communauté musulmane.
Le mont Arafat est également le lieu où le Prophète a prononcé son célèbre sermon d’adieu. Ce discours, porteur de valeurs universelles telles que l’égalité, la justice et le respect mutuel, continue de résonner dans les cœurs et les esprits. Pour les pèlerins, se tenir sur ce sol sacré est l'occasion de renouer avec l’essence même de l’islam.
« Je ne trouve pas les mots pour exprimer ce que j’ai ressenti à Arafat. Depuis que j'ai atteint le mont Arafat, je pleure comme un enfant. C’est comme si mon cœur avait été lavé. Je me sens plus proche de Dieu que jamais », confie Ahmed, âgé de 42 ans, venu du Maroc.
Face à l’immensité de la foule et au silence intérieur, de nombreux fidèles vivent à Arafat un moment de transformation profonde. Le mont devient alors un lieu de vérité intérieure, où chaque prière est une confidence et chaque larme une libération.
« Le silence, malgré l'immensité de la foule, m’a profondément marqué. On ressent une fraternité unique. Voir des millions de personnes unies dans la foi est bouleversant », témoigne Moussa, âgé de 50 ans, originaire du Sénégal.
En fin de journée, ils quittent Arafat pour rejoindre Muzdalifah, une plaine située à mi-chemin entre les deux lieux. Ils y passent la nuit à la belle étoile, dans un esprit d’humilité et de dépouillement, priant et collectant les petits cailloux nécessaires au rituel suivant.
Le lendemain, ces pierres seront lancées symboliquement sur les stèles représentant Satan à Mina, un geste fort qui marque le rejet du mal et l'allégeance à Dieu.
Ce rituel s'accompagne également du sacrifice d’un animal (ou de sa délégation), de la coupe des cheveux et du retour vers La Mecque pour le Tawaf al-Ifada, un autre pilier majeur du Hajj.
Ces étapes, denses et codifiées, prolongent l’effort spirituel entamé à Arafat et incarnent la purification complète du croyant.