BRUXELLES: À l’occasion de la Fête nationale, le Roi Philippe de Belgique a livré un discours à la fois grave et porteur d’espoir, dans lequel il a exhorté à la défense du droit international et rappelé la nécessité de rester fidèles aux valeurs fondamentales de justice, de démocratie et de dignité humaine.
Alors que les conflits se multiplient à travers le monde, le Souverain a mis en garde contre les remises en cause croissantes du droit international, qu’il a qualifié de « clé de voûte » de l’ordre mondial. « Quand le droit international est bafoué, le monde entier est perdant », a-t-il déclaré, soulignant que cette dérive ouvre la voie à l’instabilité et à la violence.
Face à cette recrudescence des tensions, le Roi a salué le choix de l’Europe de privilégier la coopération plutôt que la confrontation. « C’est un choix remarquable, parfois difficile, et qui demande du courage », a-t-il affirmé, soulignant que l’Union européenne constitue une force stabilisatrice indispensable, notamment pour relever les défis numériques, sécuritaires et climatiques.
Le discours du roi Philippe dans son intégralité
Mesdames et messieurs,
Pendant des décennies, le droit international a été la clé de voûte sur laquelle pouvaient se reposer les Etats. Aujourd’hui, il est ouvertement remis en question.
Or, quand le droit international est bafoué, le monde entier est perdant. On laisse libre cours à l’instabilité et à la violence.
Le monde connait une recrudescence de conflits, que l’on croyait appartenir à une époque révolue. Dans ce contexte, l’Europe continue de faire le choix de la coopération et non de la confrontation. Le choix de l’ouverture et non de l’exclusion.
C’est un choix remarquable, parfois difficile, et qui demande du courage.
Mais c’est aussi un choix qui a permis à l’Europe de prospérer et de trouver sa voie.
Avec l’Europe, nous sommes mieux préparés pour faire face aux évolutions en cours dans le monde numérique, renforcer nos armées, ou encore lutter contre le changement climatique. Ce ne sont là que trois exemples de l’inestimable plus-value de l’Union européenne.
Mais l’Europe doit encore affirmer davantage son leadership. Elle doit s’imposer comme un rempart et une alternative fiable au rapport de force brutal dont nous sommes les témoins aujourd’hui. En restant fidèle à ses valeurs : la démocratie, la justice et le droit.
Respecter le droit des gens et les droits fondamentaux, c’est assurer la dignité de chacun. Et c’est permettre d’instaurer la confiance dont nous avons tant besoin.
Heureusement, alors que bien des droits sont violés chaque jour, il reste des personnes qui honorent notre humanité.
Il y a quelques semaines, j’ai rencontré deux pères de famille, l’un palestinien, l’autre israélien. Tous deux partagent une souffrance indescriptible : celle d’avoir perdu un enfant, victimes du même conflit.
J’ai été bouleversé par leur témoignage. Ils ont renoncé à tout esprit de vengeance et choisi de porter un message de paix. Une paix qui allégerait leur souffrance. Ces pères nous rappellent que, au-delà de la dimension politique, c’est toujours la dignité humaine qui est en jeu.
Je m’associe pleinement à leur plaidoyer et joins ma voix à tous ceux qui dénoncent les graves dérives humanitaires à Gaza, où des innocents meurent de faim et tombent sous les bombes, étouffés dans leur enclave.
La situation actuelle n’a que trop duré. Elle est une honte pour l’humanité toute entière. Nous soutenons l’appel du Secrétaire général des Nations unies à mettre fin immédiatement à cette crise insoutenable.
En Ukraine, où la population résiste avec un courage remarquable, la guerre poursuit ses ravages. Il est essentiel de continuer à soutenir avec détermination les Ukrainiens, qui luttent pour leur souveraineté, et ce faisant, défendent aussi la nôtre.
Mesdames et messieurs,
Face à la violence et l'agitation qui grondent dans le monde, nos préoccupations internes peuvent sembler dérisoires.
Mais rien n'est moins vrai. Elles méritent toute notre attention – et celle de nos élus. Elles doivent être prises à bras le corps parce qu'elles ont un impact direct sur les citoyens.
A Bruxelles en particulier, il est urgent qu’un nouveau gouvernement se mette enfin au travail.
En ces temps troublés, la Reine et moi trouvons précieux de pouvoir célébrer, avec vous, notre Fête nationale.
Non pas pour oublier ce qui se passe ailleurs, mais pour nous rappeler qui nous sommes – et ce que nous pouvons réaliser ensemble, en tant que Belges et en tant qu'Européens.
Puisons de cette journée de connexion et de célébration l’énergie nécessaire pour affronter demain avec confiance et enthousiasme.
Un plaidoyer pour la dignité humaine
Le discours royal a pris un ton particulièrement humain et engagé lorsqu’il a évoqué la situation à Gaza. Le Roi a partagé une rencontre poignante avec deux pères de famille, l’un palestinien, l’autre israélien, ayant chacun perdu un enfant dans le conflit. Un témoignage marquant, porteur d’un message de paix et de renoncement à la vengeance. « Ces pères nous rappellent que, au-delà de la dimension politique, c’est toujours la dignité humaine qui est en jeu », a insisté le Roi.
Il a dénoncé sans détour les « graves dérives humanitaires à Gaza », affirmant que « des innocents meurent de faim et tombent sous les bombes, étouffés dans leur enclave ». Qualifiant cette situation de « honte pour l’humanité tout entière », il a soutenu l’appel du Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu immédiat.