En Algérie, la grogne sociale aggrave la crise politique

Le Hirak manifeste chaque semaine en Algérie (Photo, AFP).
Le Hirak manifeste chaque semaine en Algérie (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 27 avril 2021

En Algérie, la grogne sociale aggrave la crise politique

  • Grèves, chômage et paupérisation, flambée des prix et pénuries de denrées de base: en Algérie, un front social en ébullition s'ajoute désormais à une profonde crise économique
  • Elle se conjugue avec l'impasse politique qui perdure depuis le soulèvement populaire du Hirak il y a deux ans

ALGER: Grèves, chômage et paupérisation, flambée des prix et pénuries de denrées de base: en Algérie, un front social en ébullition s'ajoute désormais à une profonde crise économique née de la chute de la rente pétrolière et aggravée par la pandémie de coronavirus.

Et il se conjugue avec l'impasse politique qui perdure depuis le soulèvement populaire du Hirak il y a deux ans. 

« La situation économique de l’Algérie s’aggrave jour après jour et entraîne la paupérisation de couches entières de la population, un chômage important et en bref tous les indicateurs économiques sont au rouge », souligne Dalia Ghanem, chercheuse au Carnegie Middle East Center.

Selon le ministre chargé de la Prospective, Mohamed Cherif Benmihoub, la crise sanitaire a causé la perte de « 500 000 emplois minimum ».

Et ce n'est pas fini. La récente décision de fermer 16 ports secs (terminaux connectés par route ou par chemin de fer à un port maritime) devraient occasionner la perte de 4.000 emplois directs.

La fermeture des usines de montage automobile, à la suite d'un scandale tentaculaire de népotisme, et l’arrêt des importations de composants d’appareils électroménagers ont coûté plus de 50 000 emplois en 2020, a reconnu le ministre du Travail, El Hachemi Djaâboub.

Le Fonds monétaire international (FMI) évalue à plus de 14% le taux de chômage.

Signe inquiétant pour un régime paralysé face au retour du mouvement de protestation populaire dans la rue : la multiplication des conflits sociaux dans les services publics (poste, éducation, administration fiscale, chemins de fer, pompiers et secteur de la santé éreinté par la Covid-19).

« La question sociale, absente lors de la première vague du Hirak en 2019, se greffe à la contestation politique », relève Dalia Ghanem.

« Réguler le marché »

En cette fin avril, au mécontentement social se mêlent les maux habituels du mois de jeûne du ramadan : pénuries et explosion des prix organisées par des spéculateurs de plus en plus voraces.

« Chaque année, le gouvernement se réunit plusieurs mois avant (le ramadan) et nous annonce que, cette fois, tout se passera bien. Mais chaque année c'est kif kif. Spéculation et pénuries au menu », lance, dépité, Omar, un septuagénaire retraité de l'Education nationale.

Aujourd'hui, beaucoup d'Algériens doivent se serrer la ceinture comme rarement auparavant.

Nombre de familles en situation de précarité ne trouvent réconfort qu'auprès d'associations de bienfaisance qui distribuent gratuitement des produits de première nécessité aux plus démunis.

Devant l'inflation du prix de la pomme de terre, vendue 100 dinars (0,62 euro) le kilo, les autorités ont dû déstocker d’importantes quantités de cette fécule de base, afin de permettre aux Algériens de s’approvisionner à moins de 50 dinars le kilo.

Interrogé par des médias locaux, l'économiste Boubekeur Salami rappelle que « des lois existent mais ne sont pas appliquées » et que « l'absence de contrôle et de mesures dissuasives à l'encontre des fraudeurs favorisent la spéculation ».

L'impuissance de l'Etat est pointée du doigt.

Le président de l’Association de protection du consommateur (APOCE), Mustapha Zebdi, plaide ainsi pour une « régulation du marché », afin de « diversifier l'économie ».

« La gravité de la situation se mesure à l'incapacité des gouvernants à juguler l'inflation (2,4% en 2020, ndlr), à stabiliser la monnaie nationale et à sauvegarder l’emploi et le pouvoir d’achat des citoyens, » a accusé le Front des forces socialistes (FFS), doyen de l'opposition, au moment où se profilent les élections législatives anticipées convoquées par le président Abdelmadjid Tebboune.

Alors que le salaire national minimum garanti (SNMG) stagne à 20 000 dinars (un peu plus de 125 euros), la Confédération des syndicats algériens (CSA) considère qu’un salaire minimum décent devrait atteindre quatre fois plus.

Mais comment préserver le pouvoir d’achat avec un dinar qui ne cesse de se déprécier ?

« Si le gouvernement fait le choix d’une dévaluation en dehors d’une politique économique réfléchie, cela risque d'avoir des conséquences fâcheuses sur le pouvoir d’achat des citoyens qui sera durablement affecté », avertit l'économiste Mansour Kedidir.


Syrie: frappes israéliennes sur le QG de l'armée syrienne à Damas

La télévision officielle syrienne a fait état de nouvelles frappes israéliennes mercredi après-midi à Damas sur le secteur du quartier général de l'armée, dans le centre de la capitale, peu après une première frappe contre ce bâtiment. (AFP)
La télévision officielle syrienne a fait état de nouvelles frappes israéliennes mercredi après-midi à Damas sur le secteur du quartier général de l'armée, dans le centre de la capitale, peu après une première frappe contre ce bâtiment. (AFP)
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  • Des images de la télévision ont montré des militaires quitter précipitamment le bâtiment, contigu au ministère de la Défense sur la place de Omeyyades
  • Mercredi matin, l'armée israélienne a annoncé une frappe sur l'entrée du quartier général de l'armée et le renforcement de ses troupes à la frontière avec la Syrie, après une menace du gouvernement israélien d'intensifier ses frappes

DAMAS: La télévision officielle syrienne a fait état de nouvelles frappes israéliennes mercredi après-midi à Damas sur le secteur du quartier général de l'armée, dans le centre de la capitale, peu après une première frappe contre ce bâtiment.

Des journalistes de l'AFP ont entendu de fortes explosions qui ont secoué la capitale et de la fumée s'élevait au-dessus du secteur visé, selon des images de l'AFPTV.

L'agence officielle Sana a affirmé que "plusieurs personnes ont été atteintes par les frappes israéliennes sur Damas", sans préciser de nombre ou s'il s'agissait de tués ou de blessés.

Des images de la télévision ont montré des militaires quitter précipitamment le bâtiment, contigu au ministère de la Défense sur la place de Omeyyades, et au moins un blessé a été évacué dans une voiture.

Mercredi matin, l'armée israélienne a annoncé une frappe sur l'entrée du quartier général de l'armée et le renforcement de ses troupes à la frontière avec la Syrie, après une menace du gouvernement israélien d'intensifier ses frappes pour protéger les druzes.

La télévision d'Etat syrienne a de son côté rapporté que deux personnes avaient été blessées dans le centre de Damas dans la première frappe, sans préciser l'emplacement exact des faits.


Syrie: les violences ont fait 248 morts à Soueida, des dizaines de druzes traversent la frontière entre Israël et la Syrie

Des dizaines de druzes ont traversé mercredi la frontière entre la Syrie et Israël dans les deux sens, peu après des mises en garde et frappes d'Israël qui exige de Damas qu'il retire ses troupes du sud de la Syrie. (AFP)
Des dizaines de druzes ont traversé mercredi la frontière entre la Syrie et Israël dans les deux sens, peu après des mises en garde et frappes d'Israël qui exige de Damas qu'il retire ses troupes du sud de la Syrie. (AFP)
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  • Les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés se sont déployés mardi dans la ville jusque là tenue par des combattants druzes locaux
  • L'ONG, des témoins et des groupes druzes les ont accusés de nombreuses exactions

DAMAS: Le bilan des violences à Soueida, dans le sud de la Syrie, s'élève à 248 morts depuis dimanche, a annoncé une ONG selon laquelle les affrontements se poursuivent dans la ville à majorité druze, où deux correspondants de l'AFP ont entendu des tirs mercredi matin.

Les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés se sont déployés mardi dans la ville jusque là tenue par des combattants druzes locaux. L'ONG, des témoins et des groupes druzes les ont accusés de nombreuses exactions.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 248 personnes ont été tuées depuis le début des combats dimanche entre combattants druzes et tribus bédouines, qui ont provoqué l'intervention des forces gouvernementales aux côtés de ces dernières.

Un bilan précédent de cette ONG faisait état de 203 morts mardi. L'OSDH a comptabilisé mercredi 64 combattants druzes et 28 civils druzes tués, dont "21 civils exécutés sommairement" par des membres des forces gouvernementales.

En outre, 138 membres des forces de sécurité et 18 combattants bédouins ont été tués, a indiqué l'ONG selon laquelle des bombardements intermittents sont signalés mercredi matin.

Deux correspondants de l'AFP dans la ville ont entendu des tirs alors que de la fumée s'élevait de certains quartiers.

L'un des correspondants a vu une trentaine de corps gisant par terre, certains de membres des forces gouvernementales et d'autres de combattants en civil, sans pouvoir identifier leur appartenance.

Un autre a vu des forces gouvernementales tirer des obus depuis l'une de leurs positions.

Le site local Suwayda 24 a rapporté "un violent bombardement à l'artillerie et au mortier" sur la ville et ses environs depuis l'aube.

Les forces gouvernementales avaient annoncé mardi un cessez-le-feu qui n'a pas été respecté.

Le ministère syrien de la Défense a affirmé que "des groupes hors-la-loi ont recommencé à attaquer les forces de l'armée et de la sécurité intérieure dans la ville", après la proclamation du cessez-le-feu.

"L'armée continue de répondre aux sources de tirs dans la ville", a ajouté le ministère, cité par l'agence officielle Sana, appelant les habitants à rester chez eux.


Israël demande à la Syrie de «laisser tranquilles» les druzes à Soueida

L'armée israélienne "augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris". (AFP)
L'armée israélienne "augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris". (AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a exigé mercredi du pouvoir syrien qu'il "laisse tranquilles" les druzes de Soueida
  • "Comme nous l'avons clairement indiqué et averti, Israël n'abandonnera pas les druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a exigé mercredi du pouvoir syrien qu'il "laisse tranquilles" les druzes de Soueida, où cette communauté est majoritaire, et qu'il retire ses forces de cette ville du sud de la Syrie.

"Comme nous l'avons clairement indiqué et averti, Israël n'abandonnera pas les druzes en Syrie et imposera la politique de démilitarisation" dans le sud du pays annoncée après la chute de Bachar al-Assad, a déclaré le ministre, cité par ses services. L'armée israélienne "augmentera l'intensité de ses réponses contre le régime si le message n'est pas compris", a-t-il ajouté.