Le FMI au secours de la Tunisie

L'économie tunisienne était déjà en difficulté bien avant l'arrivée de la Covid-19, mais l'impact de la pandémie sur l'économie nationale et sur les petites entreprises locales leur a porté un coup de grâce. (AFP)
L'économie tunisienne était déjà en difficulté bien avant l'arrivée de la Covid-19, mais l'impact de la pandémie sur l'économie nationale et sur les petites entreprises locales leur a porté un coup de grâce. (AFP)
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Le FMI au secours de la Tunisie

  • L'agence de notation Fitch avait souligné que les troubles politiques en Tunisie risquaient de retarder davantage un programme du FMI qui permettrait d’alléger les importantes pressions du pays
  • La Tunisie doit rembourser 4,5 milliards d'euros sur l'année en cours. Avant cette crise politique, elle avait déjà besoin d'une rallonge de 5,7 milliards d'euros pour boucler son budget 2021

BEYROUTH : Le Fonds monétaire international (FMI) a assuré mardi qu'il restait favorable à l’idée de fournir son expertise technique à la Tunisie. Le pays, empêtré dans une tourmente politique et financière, s’est vu allouer par le FMI des droits de tirages spéciaux (DTS) de 744,1 millions de dollars. L’allocation de droits de tirage spéciaux est «une injection dans le bras de l’économie mondiale» et pourrait être une occasion de surmonter cette crise sans précédent. Les DTS permettent de fournir des liquidités supplémentaires en limitant la dépendance des pays à l’égard d’une dette, qu'elle soit intérieure ou extérieure.

Le 23 août 2021, la Tunisie renouait en effet avec le FMI. Après avoir suspendu, le 18 décembre 2019, un programme de coopération avec la Tunisie – initié en 2015 et portant sur 2,9 milliards de dollars –, à cause de réformes non engagées par le gouvernement tunisien, le FMI revient à de meilleurs sentiments en débloquant 745 millions de dollars au profit de la Tunisie.

L'économie tunisienne était déjà en difficulté bien avant l'arrivée de la Covid-19, mais l'impact de la pandémie sur l'économie nationale et sur les petites entreprises locales leur a porté le coup de grâce.

 

EN BREF

Les DTS sont alloués à chaque pays au prorata de leur quote-part. Les pays peuvent les vendre ou les acheter pour accroître leurs réserves, amortir un prêt, etc.

Le FMI a décidé d’allouer à ses pays membres des droits de tirages spéciaux (DTS) d'une somme de 650 milliards de dollars afin d’augmenter les liquidités de ses pays membres dans le contexte de crise sanitaire.

«Nous avons eu des discussions techniques avec les autorités sur leur programme de réforme économique», a évoqué une porte-parole du FMI. «Nous poursuivons notre engagement sur les questions techniques. De même que n'importe quel autre pays membre du FMI, la Tunisie a reçu son allocation de droits de tirages spéciaux en proportion de sa quote-part.»

«Nous suivons de près l'évolution de la situation en Tunisie, qui continue de faire face à des pressions socio-économiques extraordinaires, notamment en raison de la pandémie de Covid-19», a poursuivi la porte-parole du Fonds, en s’abstenant toutefois de commenter la crise. 

À la suite de la décision du président Kaïs Saïed, qui s'est octroyé les pleins pouvoirs en Tunisie, de suspendre les activités du Parlement, l'agence de notation Fitch avait souligné que les troubles politiques en Tunisie risquaient de retarder davantage un programme du FMI qui permettrait d’alléger les importantes pressions du pays.

Saïed considère les efforts de lutte contre la corruption, l'évasion fiscale et l'économie informelle comme des priorités, a-t-il ajouté. Alors que le FMI a appelé à des efforts pour remédier à ces trois problèmes, le président tunisien considère de son côté qu'il est plus urgent de s'attaquer aux salaires et aux subventions publiques.

Le chef d’État est désormais chargé de résoudre les problèmes économiques chroniques de la Tunisie, ce qui risque de compromettre la transformation politique envers laquelle il semble le plus intéressé.

Sauver des vies et stabiliser l'économie

La Tunisie doit rembourser 4,5 milliards d'euros sur l'année en cours. Avant cette crise politique, elle avait déjà besoin d'une rallonge de 5,7 milliards d'euros pour boucler son budget 2021. 

Selon le FMI, sur le plan socio-économique, «la priorité immédiate est de sauver des vies, les moyens de subsistance, et de stabiliser l'économie. La politique économique devrait également se concentrer sur le rétablissement de la viabilité de la dette budgétaire et publique et sur la promotion d'une croissance inclusive et tirée par le secteur privé».

Une délégation tunisienne s'était rendue à Washington, au début du mois de mai, pour négocier un nouveau prêt de 4 milliards de dollars, le quatrième en dix ans. En échange: un vaste plan de réformes pour lutter principalement contre la corruption.

Car en pratique, une corruption et un népotisme généralisés, ainsi que des régimes douaniers et fiscaux prohibitifs font obstacle aux petites et moyennes entreprises. Mais d’autre part, de difficiles réformes, comme la réduction de la masse salariale publique, pourraient exacerber les tensions politiques et sociales.

Selon le rapport du gouvernement tunisien, l'une des réformes phares consiste à remplacer les subventions des prix des produits de première nécessité par des aides directes aux familles. Le but étant d'éliminer ces subventions d'ici à 2024. 

Le chômage a grimpé à près de 18%, selon les statistiques officielles, et celui des jeunes a bondi au-dessus de 36% à la fin de 2020.

L'un des plus gros problèmes est que le tourisme, un secteur crucial pour l'économie tunisienne, a été particulièrement touché par la Covid-19. Le secteur manufacturier a également été durement touché.


Au sommet Choose France, dorures versaillaises et 15 milliards d'euros d'investissements

Le ministre français des Forces armées, Sébastien Lecornu (G), et le PDG français du groupe Iliad et de Free Telecom, Xavier Niel, assistent au septième « Sommet Choose France », qui vise à attirer les investisseurs étrangers dans le pays, au Château de Versailles, près de Paris, le 13 mai 2024. (AFP)
Le ministre français des Forces armées, Sébastien Lecornu (G), et le PDG français du groupe Iliad et de Free Telecom, Xavier Niel, assistent au septième « Sommet Choose France », qui vise à attirer les investisseurs étrangers dans le pays, au Château de Versailles, près de Paris, le 13 mai 2024. (AFP)
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  • Au total, l'Elysée a dévoilé un nombre "record" aussi de 56 projets créant potentiellement 10.000 emplois, après les 28 annonces et 13 milliards de l'édition 2023
  • "Ce genre de sommets a une très grande importance", a estimé Taavi Madiberk, cofondateur de la société Skeleton Technologies en marge du sommet

VERSAILLES: L'un des plus beaux écrins français pour attirer les patrons étrangers: le gouvernement recevait lundi 180 dirigeants au château de Versailles, traditionnelle vitrine du sommet Choose France au cours duquel plus de 15 milliards d'euros d'investissements étrangers, un record, ont été annoncés.

Au total, l'Elysée a dévoilé un nombre "record" aussi de 56 projets créant potentiellement 10.000 emplois, après les 28 annonces et 13 milliards de l'édition 2023.

"Ce genre de sommets a une très grande importance", a estimé Taavi Madiberk, cofondateur de la société Skeleton Technologies en marge du sommet, où cette entreprise s'est engagée à investir 600 millions d'euros pour développer des batteries de nouvelle génération en Occitanie.

Ce dirigeant estonien est présent pour la troisième fois à ce sommet annuel: "cela augmente la visibilité de nos projets" et met "l'ensemble des décideurs clés autour de la table", ministres et patrons d'envergure internationale, dit-il.

Les patrons étrangers ont pu déguster au déjeuner, présidé par le Premier ministre Gabriel Attal, du suprême de poulet et des macarons garnis de pamplemousse en attendant l'arrivée du président Macron à 15H.

Celui-ci a ensuite présidé deux tables rondes à format "exclusif" - moins de 15 patrons - sur les thèmes de la décarbonation et de l'intelligence artificielle, avant de clore une table ronde avec des investisseurs potentiels venus d'Inde, pays avec lequel la France veut accroître ses liens.

Kunal Bajaj, direction de la section aérospatiale du groupe indien Motherson, qui acquiert à Brive (Corrèze) AD Industries pour 150 millions d'euros, a dit prévoir à cette occasion de présenter à ses compatriotes "le parcours fantastique" de son entreprise en France depuis 2009, notamment grâce à l'esprit selon lui "pro-investissement" de l'exécutif.

« Poids lourds »

Après quelques entretiens en tête-à-tête, et avant le dîner dans la prestigieuse galerie des Glaces, M. Macron a vanté devant tous les invités les avancées économiques de la France, tout en réitérant ses inquiétudes sur l'Europe.

Il a observé que les règles de l'Organisation mondiale du travail (OIT) "n'étaient plus respectées par les deux poids lourds" que sont la Chine et les Etats-Unis, à force de subventions à leurs entreprises.

Pour la France, il a annoncé la mise en place en 2025 d'une garantie d'Etat allant jusqu'à la moitié de l'emprunt pour un projet industriel.

Il s'est ensuite livré, hors la présence de la presse, à une séance de questions-réponses avec l'assistance, entamée par le patron de la banque américaine JPMorgan, Jamie Deamon.

Le plus gros investisseur cette année est Microsoft. Le groupe américain consacrera 4 milliards d'euros à un nouveau centre de données dans l'est de la France et à l'agrandissement d'autres en région parisienne et près de Marseille : "l'investissement le plus important que nous ayons jamais réalisé" en France, a déclaré son président Brad Smith à l'AFP.

Le président Macron a salué un investissement qui met la France "dans la compétition des données en même temps que nous voulons être dans celle du calcul pour l'IA".

Il a aussi défendu la "constance" de sa politique économique, qui "produit des résultats", en référence au dernier baromètre EY qui sacre la France championne d'Europe de l'attractivité pour la cinquième année consécutive.

Même si sa plus grande entreprise en matière de chiffre d'affaires, TotalEnergies, envisage de déménager à New York sa cotation boursière principale. Ce projet ne plairait "pas du tout" au président de la République, a-t-il déclaré à l'agence Bloomberg, tout en indiquant qu'il en serait "très surpris" et "attendait la confirmation".

« Clichés qui persistaient »

La plupart des annonces "sont des projets qui auraient vu le jour avec ou sans le sommet", tempère Sylvain Bersinger, économiste en chef au cabinet Asterès. "Le cœur de l'attractivité française" réside davantage selon lui dans le système éducatif, le cadre "juridique, fiscal, l'environnement d'innovation, le marché local".

Outre Microsoft, figurent parmi les projets une nouvelle usine d'engrais bas carbone dans la Somme (FertigHy, 1,3 milliard d'euros) et des investissements d'Amazon pour développer ses infrastructures cloud en région parisienne et son infrastructure logistique en Auvergne-Rhône-Alpes (1,2 milliard).

S'ajoutent également des lignes de production de frites et pommes de terre de McCain (350 millions) dans le Pas-de-Calais et dans la Marne, où s'est rendu M. Macron lundi. Dans le secteur pharmaceutique, Pfizer, AstraZeneca et GSK ont également fait des annonces.

"Nous avons réussi à mettre fin à bon nombre des clichés qui persistaient" en France, a affirmé Gabriel Attal en inaugurant lundi matin le nouveau campus de la banque américaine Morgan Stanley, en référence à la fiscalité ou aux normes.


56 projets annoncés à Choose France, avec la perspective de 10 000 créations d'emplois

Le président français Emmanuel Macron s'exprime au siège français de Microsoft à Issy-les-Moulineaux, au sud de Paris, le 13 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron s'exprime au siège français de Microsoft à Issy-les-Moulineaux, au sud de Paris, le 13 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Le géant américain Microsoft apporte à lui seul 4 milliards d'euros, avec un nouveau centre de données à Mulhouse
  • Le géant canadien des frites surgelées McCain, qui accueille lundi le président Macron dans son usine de la Marne, va investir plus de 350 millions d'euros pour moderniser et augmenter la capacité de ses trois sites français

PARIS: Avec une moisson "record" selon l'Elysée de 56 projets pour 15 milliards d'euros, et la perspective de 10.000 emplois créés, les annonces du 7ème sommet Choose France lundi touchent aux domaines-phares de l'intelligence artificielle, de la décarbonation, mais aussi de la santé et de la finance

IA: Microsoft et Amazon en pointe

Sept projets portent sur ce domaine.

Le géant américain Microsoft apporte à lui seul 4 milliards d'euros, avec un nouveau centre de données à Mulhouse et l'agrandissement d'autres à Paris et Marseille. Il veut aussi former un million de Français à l'intelligence artificielle et 2.500 start-up dans leur adoption de l'IA.

Amazon annonce plus de 1,2 milliard d'euros d'investissements permettant de créer plus de 3.000 emplois directs en CDI. Ils visent à renforcer son réseau logistique et soutenir le développement de l'infrastructure cloud d'Amazon Web Services (AWS).

Le Japonais Telehouse, leader mondial des data-centers à forte connectivité, allouera 1 milliard d'euros pour construire et opérer trois nouveaux data-centers éco-responsables dans le sud et en Ile-de-France (100 emplois).

Décarbonation: engrais, frites, terres rares

Onze projets sont annoncés au sommet.

FertigHy (Espagne) veut investir 1,3 milliard d'euros à Languevoisin (Somme) dans une usine d'engrais qui réduirait fortement les rejets de dioxyde de carbone.

Le géant canadien des frites surgelées McCain, qui accueille lundi le président Macron dans son usine de la Marne, va investir plus de 350 millions d'euros pour moderniser et augmenter la capacité de ses trois sites français, dans le Pas-de-Calais et la Marne.

Le groupe chimique belge Solvay consacrera 100 millions d'euros à reconvertir son usine de La Rochelle pour lancer la première phase d'une unité de production à grande échelle de terres rares, indispensables aux moteurs des voitures électriques.

Mobilité verte

Dix annonces concernent ce secteur.

En particulier, l'allemand Lilium doit investir 400 millions d'euros en Nouvelle-Aquitaine pour produire un avion régional électrique et reconditionner les batteries de cet avion. 850 emplois seraient créés.

Le groupe européen Skeleton Technologies compte investir 600 millions d'euros et créer 300 emplois pour développer à Toulouse des batteries de nouvelle génération puis les construire.

La start-up suisse KL1 compte implanter une usine de raffinage de nickel à Blanquefort (Gironde), pour 300 millions d'euros, représentant 200 emplois.

Le seul investisseur indien du sommet, Motherson, mettra 150 millions d'euros dans AD Industries (aérospatial) à Brive-la-Gaillarde (Corèze).

 


Le Programme du quartier historique de Djeddah et Cruise Saudi s’associent pour augmenter le nombre de visiteurs

Al-Balad, le quartier historique de Djeddah et site du patrimoine mondial de l’Unesco, accueillera des œuvres d’artistes régionaux et internationaux. (Agence de presse saoudienne)
Al-Balad, le quartier historique de Djeddah et site du patrimoine mondial de l’Unesco, accueillera des œuvres d’artistes régionaux et internationaux. (Agence de presse saoudienne)
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  • Depuis son lancement, le programme a accueilli plus de 300 000 croisiéristes
  • L’initiative devrait favoriser la création d’emplois, soutenir les petites entreprises et promouvoir des activités économiques à long terme

DJEDDAH: Le Programme du quartier historique de Djeddah et Cruise Saudi sont convenus de travailler ensemble pour augmenter le nombre de croisiéristes internationaux dans la ville tout en préservant son intégrité culturelle et historique.

Le programme, mis en place en 2018 sous les auspices du ministère de la Culture, supervise diverses initiatives au sein de la région dite «historique» de Djeddah dans le but de la promouvoir en tant que centre culturel.

Cruise Saudi appartient au Fonds public d’investissement et gère les services et les infrastructures en lien avec les croisières, y compris le développement de terminaux et l’organisation d’excursions à terre.

Depuis son lancement, le programme a accueilli plus de 300 000 croisiéristes.

Les deux parties ont signé un protocole d’accord pour stimuler l’activité économique et promouvoir la région, en utilisant l’expertise du secteur privé pour améliorer l’expérience des visiteurs.

L’initiative devrait favoriser la création d’emplois, soutenir les petites entreprises et promouvoir des activités économiques à long terme qui seraient bénéfiques pour l’ensemble de la communauté.

«Le secteur du tourisme connaît une période de croissance et de prospérité, ce qui contribue à renforcer la présence du Royaume sur la carte touristique mondiale, conformément à l’initiative Vision 2030», déclare Abdelaziz ben Ibrahim al-Issa, directeur général du Programme du quartier historique de Djeddah.

«Notre partenariat stratégique avec Cruise Saudi vise non seulement à stimuler la croissance économique, mais également à participer activement à la régénération du quartier. Nous nous engageons à protéger le patrimoine matériel et immatériel qui a valu au quartier son classement sur la liste de l’Unesco.»

Lars Clasen, PDG de Cruise Saudi, soutient: «Ce partenariat est essentiel dans la régénération stratégique et la durabilité du quartier. Grâce à cette alliance, nous nous engageons à présenter aux touristes de Cruise Saudi une expérience inspirante au moyen du patrimoine enrichi du quartier.»

«Le quartier historique de Djeddah est l’une de nos destinations les plus populaires en termes d’excursions terrestres et nous constatons à quel point les voyageurs internationaux aiment explorer ses sites historiques uniques à travers les visites et les expériences que nous proposons.»

«Ce protocole d’entente représente notre vision commune et marque une nouvelle étape passionnante, ouvrant la voie à des efforts de collaboration pour attirer davantage de visiteurs vers cette destination enchanteresse tout en protégeant son patrimoine et son authenticité.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com