Dispersion musclée des manifestations anti-Saïed dans le centre-ville de Tunis

Des manifestants tunisiens se sont mis à l'abri lors d'affrontements avec la police alors qu'ils protestaient contre le président Kais Saied, à l'occasion du 11e anniversaire de la révolution tunisienne dans la capitale Tunis. (Photo, AFP)
Des manifestants tunisiens se sont mis à l'abri lors d'affrontements avec la police alors qu'ils protestaient contre le président Kais Saied, à l'occasion du 11e anniversaire de la révolution tunisienne dans la capitale Tunis. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 15 janvier 2022

Dispersion musclée des manifestations anti-Saïed dans le centre-ville de Tunis

  • La , qui marquaient également le 11e anniversaire de la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, a donné lieu à des scènes de violence rarement vues dans la capitale
  • « Lle peuple veut la fin du coup d'Etat », ont crié les manifestants rassemblés sur l'avenue Mohamed V, dans le centre-ville de Tunis

TUNIS: Lacrymogènes, canons à eau et arrestations. Les forces de sécurité ont dispersé manu militari vendredi à Tunis des manifestations organisées contre le président en dépit d'une interdiction des rassemblements pour des raisons sanitaires.

La dispersion musclée des manifestations, qui marquaient également le 11e anniversaire de la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, a donné lieu à des scènes de violence rarement vues dans la capitale depuis la révolte qui a renversé le dictateur en 2011 et donné le coup d'envoi des soulèvements du Printemps arabe dans la région.

"A bas le coup d'Etat, le peuple veut la fin du coup d'Etat", ont crié les manifestants rassemblés sur l'avenue Mohamed V, dans le centre-ville de Tunis.

Les opposants de M. Saied qualifient de "coup d'Etat" son accaparement des pouvoirs le 25 juillet lorsqu'il avait limogé le gouvernement et suspendu le Parlement pour gouverner par décrets.

Le ministère de l'Intérieur qui avait déployé un dispositif policier massif, à grand renfort de barrières métalliques et unités anti-émeutes, a affirmé dans un communiqué que près de 1.200 personnes avaient participé aux manifestations.

Les manifestants ont réussi à briser plusieurs cordons policiers et ont été refoulés à coups de matraques et gaz lacrymogènes et par des jets d'eau sale. Empêchés d'accéder à l'artère principale, l'avenue Habib Bourguiba, ils se sont éparpillés en plusieurs groupes distincts.

Des dizaines d'interpellations ont eu lieu, plusieurs personnes dont au moins un adolescent de 15 ans étant frappées et traînées au sol, selon des journalistes de l'AFP. 

Des motards ont foncé sur certains groupes pour les disperser, et des tirs de sommation ont été entendus par une journaliste de l'AFP.

Au moins deux journalistes étrangers ont été interpellés et malmenés par la police, selon des témoignages de collègues.

« Le diktat d'un dictateur »

"C'est l'intervention des forces de sécurité la plus violente que nous ayons vue, aussi bien sur le plan des moyens utilisés que des arrestations", a indiqué à l'AFP Fathi Jarai, président de l'instance pour la prévention de la torture, expliquant que cette autorité indépendante est chargée depuis un an d'observer les manifestations.

Une cinquantaine de personnes sont parvenues à se rapprocher des bâtiments du ministère de l'Intérieur dans une rue adjacente de l'avenue Habib Bourguiba. 

"Tu travailles pour (Abdel Fattah) al-Sissi et les Emirats" arabes unis, a lancé une femme à l'adresse d'un policier. Le président égyptien et les Emirats sont accusés par les détracteurs de M. Saied d'avoir soutenu son coup de force

Malgré l'interdiction décrétée par les autorités en raison d'une forte résurgence de l'épidémie de Covid-19, plusieurs partis politiques, dont la formation d'inspiration islamiste Ennahdha, ont maintenu les rassemblements de vendredi, accusant le pouvoir d'instrumentaliser la situation sanitaire pour empêcher les manifestations.

"La révolution a été gommée du calendrier par le diktat d'un dictateur", a protesté auprès de l'AFP la célèbre militante Sihem Bensedrine, après la suppression par M. Saied du jour férié du 14 janvier, au motif que, selon lui, la révolution serait "inachevée" et qu'il aurait pris le relais.

Elle a dénoncé l'interdiction des rassemblements comme "une tactique policière et sécuritaire pour spolier les Tunisiens de leur droit de manifester". "Ce peuple qui a fait chuter une dictature ayant duré 23 ans ne laissera pas une dictature se réinstaller", a-t-elle ajouté.

« Entrave aux droits »

Même colère de la part de Sofiane Ferhani, frère d'une victime de la révolution de 2011 et responsable d'une association de blessés. "De quel droit le président s'est permis de toucher au 14 janvier? On ne laissera pas faire, ce jour est trop cher à nos yeux", a-t-il dit.

Les nouvelles manifestations contre le président surviennent alors que les tensions entre Ennahdha et M. Saied --déjà très vives depuis le coup de force de juillet-- sont montées d'un cran après l'arrestation le 31 décembre et l'hospitalisation sous surveillance policière de l'un des hommes forts du parti, l'ancien ministre de la Justice Noureddine Bhiri.

Jawhar Ben Mbarek, une figure de la gauche tunisienne à la tête d'un collectif d'opposants à ce qu'ils dénoncent comme un "coup d'Etat" du président Saied, était également présent vendredi aux manifestations.

L'organisation des droits humains Amnesty International a dénoncé dans un communiqué vendredi les interdictions de manifester comme "une entrave aux droits à la liberté d'expression et aux rassemblements pacifiques".


Bethléem renoue avec l'esprit de Noël à la faveur de la trêve à Gaza

Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À Bethléem, Noël retrouve une dimension festive après deux ans de guerre, porté par un message de paix, de solidarité et de renouveau, malgré une crise humanitaire persistante à Gaza
  • Du Vatican au Moyen-Orient, les célébrations de Noël sont marquées par des appels forts à la justice, à la trêve et à l’espérance dans un monde traversé par les conflits

BETHLÉEM: Bethléem, ville de Cisjordanie occupée et berceau du christianisme, a célébré mercredi son premier Noël festif depuis le début de la guerre à Gaza, alors qu'à des milliers de kilomètres de là, le pape Léon XIV célébrait au Vatican la première messe de Noël de son pontificat.

Sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, le pape a délivré dans son homélie un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Le chef de l'Eglise catholique devrait renouveler jeudi, en prononçant sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) ses appels à la paix. Mardi soir, il avait demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

A Bethléem, des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.

Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

- "Solidarité" et "justice" -

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, arrivé mercredi, y a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".

"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, était présent à la messe de Bethléem.

Dans la journée, des centaines de personnes ont envahi les rues de la ville pour assister au défilé des scouts sur l'emblématique place de la Mangeoire, égrenant les chants traditionnels.

"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.

Des hommes déguisés en Père Noël vendaient des pommes d'amour et des jouets, tandis que des familles se faisaient photographier devant une crèche encadrée par une étoile géante.

"Je suis venue en Terre sainte pour réaliser le rêve de toute une vie : passer Noël ici", a déclaré Ursula Whalen, venue de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

- Crise humanitaire -

Comme ailleurs au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185.000 personnes en Israël et 47.000 dans les Territoires palestiniens.

Malgré l'esprit de fête qui règne dans la ville, la municipalité de Bethléem a tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.

La grande majorité des plus de 2 millions de Gazaouis ont été déplacés par le conflit et vivent dans des conditions très difficiles. Des centaines de milliers d'entre eux sont encore sous des tentes, impuissants face aux pluies hivernales.

Carmelina Piedimonte, venue d'Italie avec un groupe catholique, a estimé qu'il était essentiel que les pèlerins et les touristes reviennent dans la ville sainte afin d'aider à relancer son économie en difficulté, qui dépend quasi exclusivement du tourisme.

En Syrie, la communauté chrétienne de Damas a fêté Noël sous haute surveillance dans la vieille ville, après un attentat suicide perpétré en juin dans une église de la capitale.

En Australie, les festivités sont particulièrement assombries par l'attentat antisémite survenu le 14 décembre sur la plage de Bondi, à Sydney.

"Noël sera différent cette année", a écrit sur X le Premier ministre Anthony Albanese, évoquant "une profonde tristesse".


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.