«Le peuple iranien» comme alternative à l'accord sur le nucléaire affirme John Bolton à Arab News

L’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton est interviewé par Arab News (Capture d'écran).
L’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis John Bolton est interviewé par Arab News (Capture d'écran).
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Publié le Mercredi 15 février 2023

«Le peuple iranien» comme alternative à l'accord sur le nucléaire affirme John Bolton à Arab News

  • Selon Bolton, les menaces contre les responsables américains et les dissidents étrangers démontrent «la nature fondamentalement terroriste du régime»
  • Il soutient que l’accord sur le nucléaire de 2015 avec l’Occident permet lui-même à l’Iran «de se frayer un chemin vers les armes nucléaires»

NEW YORK: Depuis qu’un agent du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a tenté d’assassiner John Bolton en août 2022, l’ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis et ancien ambassadeur auprès de l’ONU est sous la protection des Services secrets.
«Le fait de se promener en toute liberté est une toute autre vie», affirme Bolton à Arab News dans une interview exclusive de grande envergure. «Mais compte tenu de l’alternative, je suis très reconnaissant de la protection des services secrets.»
Connu pour ses opinions bellicistes sur le régime iranien et réputé être un élément moteur de la stratégie de «pression maximale» de l’ex-président américain Donald Trump, la tentative d’assassinat n’a, en tout cas, fait qu’intensifier les opinions de Bolton.
«C’est une petite raison de plus de vouloir voir le régime remplacé en Iran par un gouvernement qui reflète réellement la volonté du peuple iranien», ajoute-t-il.
L’été dernier, le ministère américain de la Justice a accusé le militaire iranien Chahram Poursafi d’avoir tenté d’assassiner Bolton, probablement en représailles à la frappe de drone de l’administration Trump en janvier 2020 qui a tué Qassem Soleimani, selon des documents judiciaires.
Soleimani était le commandant de la force extraterritoriale Al-Qods du CGRI. Cette unité d’élite est chargée d’exporter la révolution islamique dans tout le Moyen-Orient et au-delà, en recourant à la violence et aux subterfuges pour réaliser les objectifs du régime.
Peu de temps après l’arrestation de Poursafi, le romancier Salman Rushdie a été poignardé à plusieurs reprises alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence publique à New York. L’attaque, si elle n’est pas directement liée à l’Iran, a au moins été provoquée par la fatwa lancée par le régime en 1989 contre l’écrivain.
Par ailleurs, à la fin du mois de janvier de cette année, le ministère de la Justice a inculpé trois Iraniens pour une tentative présumée de meurtre de la journaliste américaine d’origine iranienne et militante des droits de l’homme Masih Alinejad, critique virulent des abus du régime.
Lors de son interview avec Arab News, Bolton qualifie de «sans précédent» le niveau des menaces iraniennes à l'égard de responsables américains et d'opposants étrangers au régime.

Des officiers du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) prenant part à un exercice militaire dans la région d’Aras en Iran (Photo, AFP).

«(Ces menaces) démontrent vraiment la nature fondamentalement terroriste du régime lui-même, (et) explique pourquoi on ne peut pas leur faire confiance, concernant l’accord nucléaire ou autre chose, pour qu’ils fassent réellement ce à quoi ils s’engagent.»
Par ailleurs, ce «caractère fondamental» du régime iranien se manifeste «chaque jour dans la répression du peuple iranien et dans les groupes terroristes qu’il soutient dans sa région».
Bolton estime que la campagne d’assassinats ciblés du régime, qui est devenue plus audacieuse depuis le début des manifestations antigouvernementales à l’échelle nationale en septembre, est trop peu remarquée ou reconnue.
«Les gens n’ont pas encore compris que le gouvernement iranien tente systématiquement d’éliminer toute opposition virulente à ses politiques», souligne-t-il.
Les dirigeants occidentaux ont durci leur rhétorique contre l’Iran ces derniers mois, depuis que le régime a lancé une sévère répression des manifestations antigouvernementales.
Les Iraniens descendent dans la rue depuis septembre dernier, date à laquelle Mahsa Amini, 22 ans, est morte sous la garde de la police des mœurs iranienne, déclenchant un mouvement plus large contre le traitement des femmes par la théocratie et la baisse générale du niveau de vie.
Les États-Unis et plusieurs gouvernements européens ont également critiqué Téhéran pour avoir fourni des drones de combat à l’armée russe, qui seraient utilisés contre des installations civiles en Ukraine.
Reflétant la détérioration des relations déjà difficiles entre l’Occident et Téhéran au cours des derniers mois, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’UE ont imposé de nouvelles sanctions à des dizaines de responsables et d’organisations iraniens, dont des unités du CGRI.
Les parties sanctionnées ne peuvent plus se rendre dans l’UE, et les actifs qu’elles détiennent dans l’UE peuvent être gelés. De même, des discussions sont en cours au Parlement européen pour déterminer s’il convient ou non de considérer le CGRI comme une organisation terroriste.
Malgré cela, l’administration Biden et ses alliés européens tentent toujours de relancer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, également connu sous le nom de Plan d’action global commun (PAGC), en vue de faire bénéficier l’Iran d’un allègement des sanctions en échange de l’abandon par le régime de son programme nucléaire.

Une photo fournie par le bureau présidentiel iranien en 2021, montrant un ingénieur à l’intérieur de l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz en Iran (Photo, AFP).

Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a qualifié l’accord sur le nucléaire de «coquille vide», dans le cadre duquel «chaque limite qui existait dans le PAGC a été enfreinte à plusieurs reprises».
L’administration Trump s’est retirée de l’accord en 2018, estimant qu’il n’allait pas assez loin pour maîtriser les ambitions nucléaires du régime, ni son programme de missiles balistiques et les activités des milices alliées dans toute la région.
«Il est clair pour moi que l’administration Biden veut toujours revenir à cet accord», indique Bolton à Arab News.
«Ils peuvent dire que ce n’est pas à l’ordre du jour, que c’est figé. Mais (comme) nous disons en Amérique, il n’est pas encore six pieds sous terre. Il est toujours vivant. Je pense que pour de nombreux membres de l’administration Biden, la résistance que nous observons en Iran aujourd’hui constitue un obstacle à leur objectif supérieur, qui est de revenir à l’accord sur le nucléaire.»
Selon les analystes, laisser la porte ouverte à la diplomatie ne reflète pas tant les espoirs de l’Occident de réaliser une véritable percée avec l’Iran, mais plutôt le dilemme auquel les puissances occidentales sont confrontées, étant à court d’alternatives pour maîtriser les ambitions nucléaires de l’Iran.
Le statu quo semble de rigueur, les parties prenantes s'accomodant implicitement qu’il n’y a pas d’accord, mais pas non plus de crise.
Bien que ce ne soit pas un scénario idéal pour l’Iran — avec des sanctions toujours en place et des actifs gelés — John Bolton estime que le statu quo profite à la République islamique.

L’administration Biden et ses alliés européens tentent toujours de relancer l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien (Photo, AFP).

«Les exportations iraniennes de pétrole sont aujourd’hui à leur plus haut niveau depuis la réimposition des sanctions en 2018 par l’administration Trump après notre retrait de l’accord sur le nucléaire. Et l’Iran n’a pas été sanctionné. Ils vendent du pétrole à la Chine. (De plus), l’Iran tire des recettes dont elle a désespérément besoin des achats de pétrole par la Chine», explique-t-il.
«Ainsi, (l’Iran) peut vivre avec le statu quo pendant longtemps alors que ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques continuent de progresser, qu’il continue de financer des groupes terroristes dans la région et des attaques terroristes contre ses ennemis dans le monde, et qu’il tente toujours de réprimer la résistance au régime lui-même à l’intérieur de l’Iran.»
L’Iran enrichit actuellement de l’uranium à un niveau de pureté de 60%, proche de la qualité militaire. Les nations occidentales craignent que le PAGC soit le seul moyen de dissuasion qui reste pour empêcher l’Iran de fabriquer une arme nucléaire.
Bolton estime que cette logique est «fondamentalement erronée».
«C’est l’accord lui-même, pas même les violations de l’accord par l’Iran, mais l’accord lui-même qui permet à l’Iran de se frayer un chemin vers les armes nucléaires», souligne-t-il.
Selon lui, la «plus grosse erreur» commise par les États-Unis et d’autres pays lors de la période précédant la conclusion de l’accord de 2015 est de ne pas avoir insisté pour que l’Iran prenne la décision claire et sans équivoque de renoncer à se doter de l’arme nucléaire.
«C’est exactement le contraire qui s’est produit. L’Iran s’est réaffirmé qu’il voulait des armes nucléaires et qu’il utiliserait cet accord afin de relancer l’économie et de fournir plus de ressources, non seulement pour le programme d’armement, mais aussi pour le programme de missiles, pour le terrorisme et pour d’autres activités malveillantes.»

EN BREF SELON JOHN BOLTON

* La révolution des femmes est une situation intenable pour les ayatollahs
* Le régime iranien est dans la position la plus faible qu’il ait connue depuis la révolution de 1979
* L’administration Biden «n’écoute pas» le point de vue arabe
* Une des erreurs fondamentales du PAGC a été l’exclusion des pays de la région

Bolton estime que l’autre erreur majeure du PAGC était de croire qu’il était possible d’isoler le programme nucléaire du soutien de l’Iran au terrorisme international et de ses activités militaires conventionnelles dans la région.
«Cependant, une erreur encore plus fondamentale était la négociation avec les ayatollahs, sans que les pays de la région ne soient à la table des négociations», poursuit-il.
«L’administration Biden reprochait à Trump de ne pas prendre davantage en compte nos alliés en n’étant pas plus inclusif dans notre politique étrangère. Pourtant, c’est toujours l’administration Biden qui ne veut pas faire participer les pays du CCG, Israël ou qui que ce soit d’autre aux négociations.
«Ce sont les pays les plus proches géographiquement de l’Iran, les plus vulnérables aux attaques terroristes et à la menace des missiles balistiques iraniens, ainsi qu’à la (menace) nucléaire.
«L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont tous deux été la cible de drones et d’obus de mortiers iraniens lancés par la milice houthie au Yémen. (Les Iraniens ont) attaqué des infrastructures civiles comme l’industrie pétrolière. Ils ont attaqué des aéroports civils.»
«L’Iran a fourni aux milices en Irak des drones et des mortiers qui ont attaqué des positions américaines et d’autres positions étrangères, attaqué des lieux sunnites, (et) vraiment essayé de déstabiliser le gouvernement. Ils aident le Hezbollah et le Hamas.
«C’est un régime qui menace tout le monde. Pourtant, aucun des pays qui ont fait les frais de ces activités terroristes n’a son mot à dire dans la négociation. Donc, je pense que s’il y avait une chance de négocier avec les ayatollahs, et à mon avis, cela ne réussirait jamais, un bon chef d’alliance devrait tenir compte des intérêts de tous ses membres.»
«Je ne pense pas que l’administration Biden écoute le point de vue arabe dans cette équation.»

Des manifestants en colère sont descendus dans les rues des grandes villes d’Iran pendant huit nuits consécutives après la mort de Mahsa Amini, 22 ans (Photo, AFP).

Dans une tribune publiée dans le New York Times en 2015, Bolton éstimait que «si quelqu’un avait cru le mantra du président Obama selon lequel “toutes les options sont sur la table” pour lutter contre le programme d’armes nucléaires de l’Iran, l’accord de Vienne aurait peut-être émergé de manière moins avantageuse pour Téhéran. Cependant, personne n’a pris au sérieux la menace de force militaire de M. Obama — un manque de crédibilité que (...) l’Iran exploite toujours. En dépit de cela, le vice-président, Joseph R. Biden Jr, tente toujours de rassurer les démocrates inquiets du Congrès en leur disant que l’accord de Vienne n’exclut pas le recours à la force par les États-Unis.»
Aujourd’hui, Bolton affirme que la menace de recourir à la force n’est plus nécessaire, car l’alternative au PAGC réside dans «le peuple iranien».
«Ils sont dans les rues de tout le pays, et ils ne scandent plus “Mort à l’Amérique”, mais plutôt “Mort à l’ayatollah Khamenei”.
«Le régime n’est plus maintenu au pouvoir par le soutien du peuple. Cela a pratiquement disparu. Il règne désormais par la force des armes, et je pense que la façon la plus probable de faire tomber le régime est de diviser le haut commandement militaire.
«Je suis convaincu que cela a plus de chances de se produire ici en raison de la nature des manifestations menées par les femmes iraniennes. Dans le CGRI et dans l’armée régulière, chacun des généraux a une mère. Ils ont des sœurs, des épouses et des filles, et ils entendent la même chose tous les jours.
«À mon avis, cela signifie qu’ils comprennent à quel point leur famille et d’autres personnes pensent que le régime est intolérable. C’est une situation insoutenable pour les ayatollahs.»

La journaliste américaine d’origine iranienne et militante des droits de l’homme Masih Alinejad à Davos, le 19 janvier (Photo, AFP).

Bolton estime que l’administration Biden et ses alliés doivent déployer davantage d’efforts pour soutenir le mouvement de protestation, «peut-être en fournissant un matériel de communication (afin) que les personnes qui soutiennent la résistance en Iran puissent mieux communiquer».
«La résistance n’a pas vraiment de direction centrale, ce qui montre à quel point elle est répandue, à quel point elle était spontanée. Toutefois, une meilleure coordination leur permettrait de se situer plus puissamment dans leur opposition au régime et leur permettrait également de communiquer avec la diaspora hors d’Iran.»
«Je crois que nous pouvons demander à l’opposition ce dont ils ont vraiment besoin. Probablement de ressources, d’aide financière, mais peut-être aussi d’autres choses. Je pense que nous devrions essayer d’amener d’autres pays dans le monde, et certainement des pays de la région, mais aussi des pays d’Europe et d’ailleurs, à s’unir pour affirmer qu’il s’agit d’une véritable opportunité d’obtenir un Iran libre.
«Vous savez, ce n’est pas seulement une manifestation contre l’oppression des femmes en Iran. En réalité, c’est une attaque directe contre la légitimité des fondements idéologiques de la révolution elle-même. Si l’on ajoute à cela le mécontentement économique qui sévit dans tout le pays depuis de nombreuses années, je pense que le régime est dans la position la plus faible qu’il ait connue depuis sa prise de pouvoir en 1979.»
«Donc, si le reste du monde ou certainement les États-Unis font clairement savoir que nous soutenons le peuple et que nous ne l’oublierons pas, et s’il y a des choses que nous pouvons faire pour l’aider, nous sommes prêts à le faire», ajoute Bolton.
«S’ils divisent le CGRI et l’armée, et que le régime tombe, nous agirons rapidement pour les réintégrer dans la communauté internationale, éliminer les sanctions, et autoriser les investissements étrangers pour ressusciter l’industrie pétrolière en Iran. Nous les aiderons également à démanteler le programme d’armes nucléaires, comme nous l’avons fait dans le cas de la Libye, et à le sortir du pays, afin d’assurer, vraiment, une meilleure sécurité pour les Iraniens.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Hamas dément que la libération d'un otage soit liée à une «pression militaire» israélienne

Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. (AFP)
Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. (AFP)
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  • Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu
  • M. Netanyahu avait estimé lundi que la libération du soldat de 21 ans était le résultat d'une "combinaison gagnante" alliant la pression militaire d'Israël et celle, politique, de l'administration de Donald Trump

GAZA: Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Le retour d'Edan Alexander est le résultat de communications sérieuses avec l'administration américaine et des efforts des médiateurs, et non une conséquence de l'agression israélienne ou de l'illusion d'une pression militaire", a affirmé le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.

"Netanyahu induit son peuple en erreur et a échoué à ramener ses prisonniers (otages, ndlr) par la force", a-t-il ajouté.

Après des discussions avec des représentants des Etats-Unis, le Hamas a libéré lundi Edan Alexander, jusqu'alors le seul otage vivant ayant la nationalité américaine à être encore retenu dans la bande de Gaza depuis l'attaque sanglante perpétrée par le mouvement palestinien dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

M. Netanyahu avait estimé lundi que la libération du soldat de 21 ans était le résultat d'une "combinaison gagnante" alliant la pression militaire d'Israël et celle, politique, de l'administration de Donald Trump.

"Cela a été rendu possible grâce à notre pression militaire et à la pression politique exercée par le président Trump. C'est une combinaison gagnante", avait-il affirmé dans une vidéo diffusée par ses services.

Mardi, M. Netanyahu s'est entretenu au téléphone avec Edan Alexander qui rencontrait alors l'émissaire américain Steve Witkoff dans un hôpital de Tel-Aviv.

"Toute la nation israélienne est remplie de joie", a-t-il dit.

"Nous sommes reconnaissants du soutien américain et exprimons notre profonde gratitude envers les soldats de (l'armée) prêts à agir par tous les moyens nécessaires si les otages restants ne sont pas libérés", a-t-il ajouté.

Après deux mois de trêve ayant permis l'échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens en début d'année, Israël a repris le 18 mars son offensive contre le Hamas disant vouloir le contraindre à libérer les otages encore retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque du 7 octobre 2023.

Depuis, les négociations indirectes entre Israël et le Hamas pour mettre fin aux combats n'ont pas débouché, les parties s'accusant mutuellement de bloquer le processus.

M. Netanyahu a décidé d'envoyer une délégation à Doha mardi pour des négociations sur les otages, a annoncé son bureau lundi, alors que Donald Trump effectue cette semaine une visite au Moyen-Orient.

Sur les 251 personnes enlevées en Israël lors de l'attaque du Hamas qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023, 57 sont encore retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Le Hamas retient également la dépouille d'un soldat israélien tué lors d'une précédente guerre dans le territoire palestinien, en 2014.


Le chef de l’ONU salue la libération d’un otage américano-israélien par le Hamas

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, salue la libération d'Edan Alexander, citoyen américano-israélien enlevé lors de l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas. (X/@antonioguterres)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, salue la libération d'Edan Alexander, citoyen américano-israélien enlevé lors de l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas. (X/@antonioguterres)
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  •  Antonio Guterres renouvelle son appel à un cessez-le-feu immédiat à Gaza
  •  Le groupe militant a accepté de libérer le soldat dans un geste de bonne volonté envers le président Trump

NEW YORK: Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, salue la libération d'Edan Alexander, citoyen américano-israélien enlevé lors de l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas.

Le groupe militant a déclaré dimanche qu'il libérerait Alexander, 21 ans, dans le cadre des efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu avec Israël.

Alexander était considéré comme le dernier otage américain vivant détenu à Gaza.

Guterres «est profondément soulagé qu'Alexander ait été libéré et qu'il puisse retrouver sa famille et ses proches après cette dure épreuve», a déclaré lundi le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric.

«Le secrétaire général renouvelle son appel urgent en faveur d'un cessez-le-feu permanent immédiat et de la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages restants. Les otages doivent être traités avec humanité et dignité», a-t-il ajouté.

Les parents d'Alexander, qui vivent aux États-Unis, se sont rendus en Israël pour la remise des clés et ont déclaré qu'ils étaient reconnaissants à l'administration du président américain Donald Trump d'avoir obtenu la libération de leur fils.

L'envoyé du président Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a déclaré dimanche que le Hamas avait accepté de libérer Alexander dans un geste de bonne volonté envers le président, qui effectue cette semaine une visite très médiatisée en Arabie saoudite.

Alexander, un soldat israélien qui a grandi dans le New Jersey, a été enlevé dans sa base militaire lors de l'attaque menée par le Hamas contre le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

Dans sa déclaration, António Guterres a appelé toutes les parties à «assurer immédiatement une aide humanitaire rapide, sans entrave et en toute sécurité, y compris la fourniture de services essentiels, pour tous les civils dans le besoin».

«L'aide n'est pas négociable», a-t-il ajouté.

Le secrétaire général a salué les «efforts soutenus» des médiateurs égyptiens, qataris et américains pour mettre fin au conflit entre Israël et le Hamas.

Toutes les parties doivent «s'appuyer sur la libération d'aujourd'hui pour parvenir à un accord global qui garantira la libération de tous les otages, la fin des hostilités, l'acheminement de l'aide humanitaire et l'allègement tant attendu des souffrances humaines à Gaza», a-t-il ajouté.

Le Hamas a été en contact direct avec le gouvernement américain au sujet de la libération, a déclaré Khalil al-Hayya, un haut responsable du groupe militant à Gaza.

Il a ajouté que le Hamas était prêt à «entamer immédiatement des négociations intensives» pour obtenir une trêve à long terme avec Israël.

Le groupe militant a déclaré dans un communiqué: «Les Brigades Izz ad-Din al-Qassam (branche militaire du Hamas) ont libéré il y a peu le soldat israélien capturé, Edan Alexander, un citoyen américain, à la suite de contacts avec l'administration américaine.»

«Cela s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par les médiateurs pour parvenir à un cessez-le-feu, ouvrir les points de passage et permettre à l'aide et aux secours de parvenir à notre peuple dans la bande de Gaza.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Trump en Arabie saoudite: une nouvelle ère de diplomatie économique

Le mois dernier, le Conseil d'affaires américano-saoudien s'est réuni avec des entrepreneurs saoudiens jeunes et à mi-parcours pour leur expliquer sa mission et ses méthodes de promotion des partenariats commerciaux entre l'Arabie saoudite et les États-Unis. (Photo fournie)
Le mois dernier, le Conseil d'affaires américano-saoudien s'est réuni avec des entrepreneurs saoudiens jeunes et à mi-parcours pour leur expliquer sa mission et ses méthodes de promotion des partenariats commerciaux entre l'Arabie saoudite et les États-Unis. (Photo fournie)
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  • Les deux pays envisagent des investissements pouvant dépasser 1 000 milliards de dollars, alors que le président américain revient pour renforcer une alliance économique historique
  • La visite met l'accent sur le commerce, la confiance et la transformation, alors que la coopération en matière de défense, d'énergie et de technologies émergentes prend de l'ampleur

RIYAD: Alors que le président Donald Trump entame la première, et probablement la plus importante, tournée internationale de son second mandat, les États-Unis et l’Arabie saoudite envisagent des investissements conjoints de plusieurs milliards de dollars.

Lors d’un appel téléphonique en janvier, peu après l’investiture de M. Trump, le prince héritier Mohammed ben Salmane a indiqué que le Royaume comptait augmenter de 600 milliards de dollars (1 dollar = 0,90 euro) la valeur de ses échanges commerciaux et de ses investissements avec les États-Unis sur les quatre prochaines années. Un objectif qui pourrait porter le volume total des accords économiques entre les deux pays à près de 1 000 milliards de dollars, marquant le début d’une nouvelle phase dans les relations bilatérales.

La diplomatie personnelle, les intérêts commerciaux stratégiques et une vision commune de l'alignement géopolitique sont les moteurs de ce nouveau chapitre des relations.

La première visite à l'étranger de Trump en tant que président des États-Unis au cours de son premier mandat a eu lieu à Riyad en mai 2017. Cela a marqué le début d'un partenariat économique transformateur entre les États-Unis et l'Arabie saoudite et d'une nouvelle ère de coopération centrée sur la défense, l'énergie et les accords d'infrastructure d'une valeur de centaines de milliards de dollars.

Aujourd'hui, alors que le président américain retourne dans le Royaume, première étape d'une tournée qui le mènera également au Qatar et aux Émirats arabes unis, les fondations posées en 2017 sont appelées à être renforcées.

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La première visite à l'étranger de M. Trump en tant que président américain lors de son premier mandat à Riyad en mai 2017 a marqué le début d'un partenariat économique transformateur entre les États-Unis et l'Arabie saoudite. (AFP)

Le premier mandat de Trump (2017-2021) a été caractérisé par une politique étrangère axée sur l'intérêt national. L'Arabie saoudite s'est rapidement imposée comme un allié essentiel, tant sur le plan économique que stratégique, une dynamique cimentée lors du sommet historique de Riyad en mai 2017, au cours duquel le roi Salmane a réservé un accueil exceptionnellement chaleureux au président.

Ce sommet a débouché sur une vague d'accords historiques, notamment un accord sur les armes de 110 milliards de dollars, qui fait partie d'un ensemble économique plus large de 350 milliards de dollars englobant des initiatives en matière de défense, d'énergie et d'infrastructures.

Outre les engagements pris au niveau des États, d'importants accords commerciaux ont été conclus. Saudi Aramco a signé des accords d'une valeur d'environ 50 milliards de dollars avec des entreprises américaines de premier plan telles que General Electric, Schlumberger et Halliburton.

Le ministre saoudien de l'Énergie, Khalid al-Falih, a ensuite souligné le rôle croissant du secteur privé en déclarant: «Beaucoup d'entre nous, assis à cette table, supervisent des investissements substantiels aux États-Unis.»

Pour renforcer encore le partenariat économique, le Fonds d'investissement public du Royaume s'est engagé à verser 20 milliards de dollars à une initiative d'infrastructure américaine dirigée par Blackstone.

Cet engagement a permis d'ancrer un fonds de 40 milliards de dollars destiné à revitaliser les routes, les ponts et les aéroports américains. Simultanément, l'Arabie saoudite a annoncé un investissement de 45 milliards de dollars dans le SoftBank Vision Fund, qui oriente les capitaux vers des entreprises technologiques américaines de pointe.

Le président Trump, s'adressant aux dignitaires réunis à l'occasion du sommet, a souligné l'importance de l'événement.

«Ce rassemblement historique et sans précédent de dirigeants – unique dans l'histoire des nations – est un symbole pour le monde de notre détermination commune et de notre respect mutuel», a-t-il déclaré. «Les États-Unis sont désireux de resserrer les liens d'amitié, de sécurité, de culture et de commerce.»

Le secrétaire d'État Rex Tillerson a déclaré que les investissements devraient créer des centaines de milliers d'emplois dans les deux pays au cours de la décennie à venir.

«Ils conduiront à un transfert de technologie des États-Unis vers l'Arabie saoudite, renforceront notre économie et les investissements américains en Arabie saoudite, qui sont déjà les plus importants de tous les pays», a-t-il déclaré.

Tout au long de sa présidence, Trump a constamment mis en avant les investissements saoudiens comme une victoire pour l'industrie américaine. En 2018, il a accueilli le prince héritier Mohammed ben Salmane à la Maison-Blanche, où il a affiché publiquement des tableaux détaillés des achats d'armes saoudiennes et souligné les avantages en termes de création d'emplois dans plusieurs États américains.

«Nous sommes devenus de très bons amis sur une période assez courte», a remarqué M. Trump.

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Tout au long de sa présidence, M. Trump a constamment mis en avant les investissements saoudiens comme une victoire pour l'industrie américaine. (SPA)

Revenant sur cette période, Albara'a al-Wazir, directeur de la recherche économique au Conseil d'affaires américano-saoudien, a décrit la visite de 2017 comme un «point d'inflexion» dans les relations économiques bilatérales.

«Ce n'était pas seulement le volume des accords – c'était l'alignement des priorités stratégiques entre les deux gouvernements et le secteur privé qui définissait le succès de ce moment», a-t-il déclaré à Arab News lors d'un entretien.

«Il a marqué le passage d'une diplomatie transactionnelle à une intégration commerciale à long terme.»

La réélection de Trump en 2024 a relancé l'élan économique bilatéral et, selon Al-Wazir, cette prochaine vague d'engagement reflète l'évolution des priorités du Royaume.

«Les accords récents ont porté sur des secteurs traditionnels comme la défense et l'énergie, mais nous observons également une croissance dans la fabrication de pointe, l'intelligence artificielle, les biotechnologies et les services financiers», a-t-il déclaré, soulignant un programme plus large et plus diversifié que lors du premier mandat de Trump.

Lors du Forum économique mondial de Davos en janvier, M. Trump a laissé entrevoir des ambitions encore plus grandes. Il a laissé entendre qu'il demanderait au prince héritier saoudien de porter l'objectif d'investissement à 1 000 milliards de dollars, le décrivant comme une extension naturelle d'un partenariat solide et de confiance.

Le ministre saoudien de l'économie, Faisal Alibrahim, a confirmé lors du forum que la promesse de 600 milliards de dollars englobait à la fois les marchés publics et les investissements du secteur privé dans des domaines clés tels que la défense, l'énergie, les infrastructures et la technologie.

arabie saoudite
Une photo prise dans la ville côtière saoudienne de Djeddah, sur la mer Rouge, le 14 juillet 2022, avant la visite du président américain dans le Royaume, montre un hôte saoudien s'adressant à des invités lors d'une présentation de l'Initiative verte saoudienne. (AFP)

Le ministère saoudien de l'Investissement classe désormais les États-Unis parmi les cinq premières sources d'investissements directs étrangers, en particulier dans les secteurs alignés sur la Vision 2030, tels que les infrastructures, la technologie et les énergies renouvelables.

En janvier 2025, l'Arabie saoudite détenait 126,9 milliards de dollars en titres du Trésor américain, ce qui en fait le seul pays du Conseil de coopération du Golfe parmi les 20 premiers détenteurs étrangers de la dette américaine. Cette participation substantielle souligne la confiance continue de Riyad dans la stabilité fiscale des États-Unis et reflète une stratégie de longue date visant à diversifier les réserves par le biais d'actifs fiables libellés en dollars.

Les avoirs actuels comprennent 105,3 milliards de dollars d'obligations à long terme et 21,6 milliards de dollars d'instruments à court terme, ce qui témoigne d'une approche équilibrée entre liquidité et préservation du capital.

Alors que le Forum d'investissement américano-saoudien se tiendra mardi au Centre de conférence international du roi Abdelaziz à Riyad, la coopération économique entre les deux pays sera une fois de plus sous les feux de la rampe.

Prévu pour coïncider avec la visite de M. Trump, le forum vise à mettre en lumière près d'un siècle de partenariat bilatéral. Il réunira d'éminents investisseurs, chefs d'entreprise et décideurs politiques des deux pays afin de renforcer les liens commerciaux et d'explorer de nouvelles pistes de collaboration.

Selon les chiffres publiés en amont de l'événement, les États-Unis restent le premier investisseur étranger en Arabie saoudite, avec un stock d'IDE totalisant 54 milliards de dollars en 2023, ce qui représente environ 23% de l'ensemble des IDE dans le Royaume.

Actuellement, 1 266 entreprises américaines détiennent des licences actives pour opérer en Arabie saoudite, dont 440 nouvelles licences délivrées au cours de la seule année écoulée. Ces entreprises sont actives dans des secteurs essentiels tels que les transports, la fabrication, la vente au détail, les technologies de l'information et de la communication et les services professionnels. Ensemble, elles emploient plus de 80 000 travailleurs dans le Royaume, dont plus de 44 000 ressortissants saoudiens.

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La chambre de commerce de Riyad a organisé en février des réunions bilatérales avec une délégation commerciale américaine. (Photo fournie)

Les investissements saoudiens aux États-Unis sont également en hausse, le stock d'IDE dépassant désormais 75 milliards de dollars. Les institutions clés telles que le PIF, Aramco et SABIC ouvrent la voie, tandis que les sociétés financières américaines continuent de jouer un rôle central dans la canalisation des capitaux mondiaux vers les grandes initiatives saoudiennes.

Le commerce bilatéral entre les deux pays est resté solide en 2024. Les exportations saoudiennes vers les États-Unis ont atteint 12,8 milliards de dollars, dont près de 3 milliards de dollars de biens non pétroliers, ce qui témoigne des efforts continus de diversification économique du Royaume.

Dans le même temps, les exportations américaines vers l'Arabie saoudite ont totalisé 19,7 milliards de dollars, avec en tête les machines et appareils (5,1 milliards de dollars), les véhicules (2,6 milliards de dollars) et les équipements médicaux et optiques (1,5 milliard de dollars).

Du côté saoudien, les principales exportations vers les États-Unis comprennent les produits minéraux (10 milliards de dollars), les engrais (830 millions de dollars) et les produits chimiques organiques (526 millions de dollars).

Le forum de cette année devrait mettre l'accent sur l'expansion des relations commerciales et d'investissement en tant que pierre angulaire de la diplomatie économique moderne entre les deux alliés stratégiques.

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Le commerce bilatéral entre les deux pays est resté solide en 2024. Les exportations saoudiennes vers les États-Unis ont atteint 12,8 milliards de dollars, dont près de 3 milliards de dollars de biens non pétroliers, ce qui témoigne des efforts continus de diversification économique du Royaume. (Photo fournie)

La visite de M. Trump à Riyad devrait également porter sur de nouveaux contrats de défense et sur l'approfondissement de la coopération économique.

La politique énergétique est également revenue sur le devant de la scène, M. Trump exhortant l'Arabie saoudite à augmenter sa production de pétrole afin de stabiliser les marchés mondiaux et de réduire la pression sur les prix des carburants, liant ainsi l'alignement économique à des objectifs géopolitiques plus larges, y compris les efforts visant à réduire les revenus de la Russie.

M. Al-Wazir estime que la visite pourrait également accélérer les progrès dans le domaine des technologies émergentes et du développement industriel: «Les entreprises américaines sont particulièrement bien placées pour soutenir les objectifs de diversification de l'Arabie saoudite dans le cadre de Vision 2030, notamment en ce qui concerne les technologies de transition énergétique, l'automatisation et l'analyse des données», a-t-il déclaré.

Certains signes montrent que les investisseurs du Golfe réagissent déjà positivement au renouvellement du partenariat. Après l'élection américaine de 2024, Yasir al-Rumayyan, gouverneur du PIF, a été photographié aux côtés du président Trump et d'Elon Musk, qui occupe désormais le poste de conseiller principal à la Maison Blanche. Bloomberg a interprété cette image comme un signal de la confiance renouvelée du Golfe dans l'administration Trump.

Alors que Trump retourne en Arabie saoudite, l'alliance économique américano-saoudienne semble non seulement intacte, mais également sur le point de s'étendre – motivée par des intérêts mutuels, des liens personnels de plus en plus étroits et une conviction partagée que le commerce reste un pilier de la diplomatie dans un ordre mondial en mutation rapide.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com