Au Soudan, la guerre fait rage... pour l'information aussi

Un bâtiment endommagé lors de combats entre les forces de deux généraux soudanais rivaux dans la partie sud de Khartoum, le 23 avril 2023 (Photo, AFP).
Un bâtiment endommagé lors de combats entre les forces de deux généraux soudanais rivaux dans la partie sud de Khartoum, le 23 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 24 avril 2023

Au Soudan, la guerre fait rage... pour l'information aussi

  • Depuis le 15 avril, début des hostilités, les habitants, barricadés chez eux par peur des balles perdues, s'informent sur internet
  • Deux jours après, ils ont découvert avec surprise les communiqués dans un anglais châtié du général Daglo puis des FSR

LE CAIRE: Au Soudan, deux généraux rivaux ont transformé les rues en champ de bataille et les réseaux sociaux en arène pour leur guerre de l'information. Mais dans ce domaine au moins, ils ne se battent pas à armes égales.

Le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et son rival Mohamed Hamdane Daglo , dit "Hemedti", à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), "inondent les médias de fausses informations", affirme Raghdan Orsud, co-fondatrice de Beam Reports, qui enquête sur la désinformation au Soudan.

Depuis le 15 avril, début des hostilités, les habitants, barricadés chez eux par peur des balles perdues, s'informent sur internet.

Deux jours après, ils ont découvert avec surprise les communiqués dans un anglais châtié du général Daglo puis des FSR.

Sur Facebook et Twitter, les FSR comme leur chef prétendent combattre "pour la démocratie" contre "les islamistes radicaux".

Sûrement la preuve que les FSR "bénéficient des services d'experts en image et en communication en ligne", confie à l'AFP un spécialiste de la région, sous couvert d'anonymat.

Bataillons de faux comptes 

Dans la guerre de l'information, les paramilitaires "distancent" l'armée et ses "vieilles tactiques", explique Mohamed Suliman, de l'Université de Boston.

Sur des comptes non vérifiés, à peine actifs avant la guerre, le général Burhane et l'armée déversent leur propagande trompeuse, comme l'a révélé le service fact-checking de l'AFP.

Frappes aériennes sur les FSR, montagnes de billet trouvées chez Hemedti et combats à l'avantage de l'armée: toutes ces vidéos se sont révélées tournées au Yémen et en Libye et, dans un cas... extraite d'un jeu vidéo.

Mercredi, les FSR ont accusé l'armée d'avoir piraté leur site officiel, hébergé sur un domaine gouvernemental et inaccessible depuis.

Le lendemain, les paramilitaires et le général Burhane perdaient comme tout le monde leur coche bleue gratuite sur Twitter --jusqu'alors réservée aux personnalités reconnues, brouillant un peu plus les pistes.

Vendredi, un compte se réclamant des FSR, avec une faute d'orthographe dans le nom, achetait le précieux badge et postait un message annonçant... la mort de Hemedti!

Ce dernier a conservé le badge --gris-- de son compte, réservé aux comptes gouvernementaux.

Le laboratoire de recherche américain Digital Forensic Research Lab (DFRLab) a repéré "au moins 900 comptes Twitter potentiellement piratés" utilisés par les paramilitaires depuis décembre.

Avec d'autres, ils relayent les contenus des FSR et de Hemedti et "amplifient artificiellement" leur popularité.

Lisser l'image des paramilitaires

Selon Beam Reports, l'armée utilise également des faux comptes. Mais les FSR ont l'avantage d'avoir "déjà fait cela auparavant", affirme à l'AFP Tessa Knight, du DFRLab.

Beam Reports dénonce "une campagne systématique pour lisser l'image des paramilitaires" entamée en 2019 sur Facebook, dans la foulée de l'éviction du dictateur Omar el-Béchir.

Alors numéro deux du Conseil de transition militaire censé mener à un pouvoir civil, Hemedti s'efforçait de faire oublier le passé des FSR: la guerre du Darfour qui a valu à Béchir deux mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) notamment pour "génocide".

Plusieurs pays évacuent leurs ressortissants

La France, l'Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d'autres pays ont commencé dimanche à évacuer leurs ressortissants ou leur personnel diplomatique du Soudan où les combats meurtriers entre armée et paramilitaires font rage depuis plus d'une semaine.

Deux avions militaires français transportant 200 personnes de différentes nationalités ont ainsi atterri à Djibouti.

L'armée allemande a annoncé avoir évacué par avion militaire 101 personnes du Soudan. "Le premier Airbus A400M est sur le chemin de la Jordanie avec ses 101 évacués", a indiqué l'armée sur Twitter, précisant que deux autres avions avaient été dépêchés au Soudan pour participer aux évacuations.

Le gouvernement espagnol a aussi expliqué avoir évacué dimanche une centaine de personnes par avion militaire, avec une trentaine d'Espagnols et quelque 70 ressortissants d'autres pays à bord.

L'Italie a elle procédé, le même jour, à l'évacuation "d'environ 200 personnes" selon les Affaires étrangères, la Première ministre Giorgia Meloni précisant plus tard que tous les Italiens "qui avaient demandé à partir ont été évacués" du Soudan, avec des "citoyens étrangers".

L'Egypte, grand voisin du nord, a annoncé l'évacuation "par voie terrestre de 436 ressortissants" alors que tirs et explosions ont encore secoué dimanche la capitale soudanaise Khartoum, selon des témoins.

Le pape François a appelé au "dialogue" face à la "grave" situation dans le pays, où, depuis le 15 avril, les deux généraux au pouvoir depuis leur putsch de 2021 se sont lancés dans une guerre sans merci.

En mai 2019, quelques semaines avant un massacre à Khartoum au cours duquel les FSR ont été accusées d'avoir tué au moins 128 manifestants, Hemedti signait un contrat de six millions de dollars avec la société de relations publiques Dickens & Madson. Basée à Montréal, elle est dirigée par l'Israélo-canadien Ari Ben-Menashe, accusé d'avoir soutenu la répression en Birmanie et au Zimbabwe.

 

 


Trump annonce la levée des sanctions contre la Syrie

Le président américain Donald Trump s'exprime lors du forum d'investissement américano-saoudien au centre de conférence international King Abdul Aziz à Riyad, le 13 mai 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'exprime lors du forum d'investissement américano-saoudien au centre de conférence international King Abdul Aziz à Riyad, le 13 mai 2025. (AFP)
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  • La décision de lever les sanctions a été prise à la suite de discussions avec le prince héritier Mohammed ben Salmane

RIYAD: Donald Trump a créé la surprise mardi en annonçant depuis Riyad qu'il levait les sanctions américaines contre la Syrie, à la veille de rencontrer au moins brièvement le président Ahmad al-Chareh en Arabie saoudite.

"Je vais ordonner l'arrêt des sanctions contre la Syrie pour leur donner une chance de grandeur", a dit le président américain, en indiquant être parvenu à cette décision après des demandes pressantes de son hôte, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.


Le prince héritier saoudien et Trump signent un accord de partenariat économique

Le président américain Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salman se rencontrent à Riyad. (SPA)
Le président américain Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed Bin Salman se rencontrent à Riyad. (SPA)
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  • Le partenariat comprend des accords sur l'énergie, l'exploitation minière et la défense
  • La coopération en matière de défense entre les deux pays est axée sur la modernisation des capacités des forces armées saoudiennes, ainsi que sur un accord entre l'Agence spatiale saoudienne et la NASA

RIYADH : Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le président américain Donald Trump ont signé mardiun accord de partenariat économique stratégique à Riyad, à l'occasion de la visite régionale de M. Trump.

Le partenariat comprend la signature de protocoles d'accord dans les secteurs de l'énergie, des mines et de la défense.

La coopération en matière de défense entre les deux pays est axée sur la modernisation des capacités des forces armées saoudiennes, ainsi que sur un accord entre l'Agence spatiale saoudienne et la NASA.

Parmi les autres accords figurent un protocole d'accord sur les ressources minérales, un accord avec le ministère de la justice et une coopération sur les maladies infectieuses.

M. Trump est arrivé mardi en Arabie saoudite pour une tournée qu'il a qualifiée d'"historique" au Moyen-Orient, au cours de laquelle il mêlera une diplomatie urgente sur Gaza à d'importantes transactions commerciales.

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a chaleureusement accueilli M. Trump lorsqu'il est descendu d'Air Force One à l'aéroport international King Khalid dans la capitale saoudienne et a donné le coup d'envoi de sa tournée au Moyen-Orient.

Les deux dirigeants se sont ensuite retirés dans un grand hall de l'aéroport de Riyad, où M. Trump et ses assistants se sont vu servir un café arabe traditionnel par des préposés à l'attente portant des ceintures d'armes de cérémonie.

Des F-15 de l'armée de l'air royale saoudienne ont fourni une escorte honorifique à Air Force One à l'approche de la capitale du royaume. M. Trump et le prince Mohammed ont également participé à un déjeuner à la cour royale, en compagnie d'invités et d'assistants.

Plus tard, le prince héritier fêtera M. Trump lors d'un dîner officiel. M. Trump doit également participer mardi à une conférence américano-saoudienne sur l'investissement.

Air Force One a décollé pour un voyage qui comprendra des visites au Qatar et aux Émirats arabes unis, et peut-être des discussions en Turquie sur la guerre en Ukraine.

* Avec AFP et AP


Le Hamas dément que la libération d'un otage soit liée à une «pression militaire» israélienne

Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. (AFP)
Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. (AFP)
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  • Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu
  • M. Netanyahu avait estimé lundi que la libération du soldat de 21 ans était le résultat d'une "combinaison gagnante" alliant la pression militaire d'Israël et celle, politique, de l'administration de Donald Trump

GAZA: Le Hamas a démenti mardi que la libération de l'otage israélo-américain Edan Alexander la veille ait été liée à une "pression militaire" israélienne comme l'a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Le retour d'Edan Alexander est le résultat de communications sérieuses avec l'administration américaine et des efforts des médiateurs, et non une conséquence de l'agression israélienne ou de l'illusion d'une pression militaire", a affirmé le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué.

"Netanyahu induit son peuple en erreur et a échoué à ramener ses prisonniers (otages, ndlr) par la force", a-t-il ajouté.

Après des discussions avec des représentants des Etats-Unis, le Hamas a libéré lundi Edan Alexander, jusqu'alors le seul otage vivant ayant la nationalité américaine à être encore retenu dans la bande de Gaza depuis l'attaque sanglante perpétrée par le mouvement palestinien dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

M. Netanyahu avait estimé lundi que la libération du soldat de 21 ans était le résultat d'une "combinaison gagnante" alliant la pression militaire d'Israël et celle, politique, de l'administration de Donald Trump.

"Cela a été rendu possible grâce à notre pression militaire et à la pression politique exercée par le président Trump. C'est une combinaison gagnante", avait-il affirmé dans une vidéo diffusée par ses services.

Mardi, M. Netanyahu s'est entretenu au téléphone avec Edan Alexander qui rencontrait alors l'émissaire américain Steve Witkoff dans un hôpital de Tel-Aviv.

"Toute la nation israélienne est remplie de joie", a-t-il dit.

"Nous sommes reconnaissants du soutien américain et exprimons notre profonde gratitude envers les soldats de (l'armée) prêts à agir par tous les moyens nécessaires si les otages restants ne sont pas libérés", a-t-il ajouté.

Après deux mois de trêve ayant permis l'échange d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens en début d'année, Israël a repris le 18 mars son offensive contre le Hamas disant vouloir le contraindre à libérer les otages encore retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque du 7 octobre 2023.

Depuis, les négociations indirectes entre Israël et le Hamas pour mettre fin aux combats n'ont pas débouché, les parties s'accusant mutuellement de bloquer le processus.

M. Netanyahu a décidé d'envoyer une délégation à Doha mardi pour des négociations sur les otages, a annoncé son bureau lundi, alors que Donald Trump effectue cette semaine une visite au Moyen-Orient.

Sur les 251 personnes enlevées en Israël lors de l'attaque du Hamas qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023, 57 sont encore retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Le Hamas retient également la dépouille d'un soldat israélien tué lors d'une précédente guerre dans le territoire palestinien, en 2014.