Au Yémen, la trêve négociée par l’ONU suscite une vague d’optimisme

La milice houthie, soutenue par l’Iran, et le gouvernement internationalement reconnu du Yémen espèrent que la navette diplomatique entre l’envoyé de l’ONU, Hans Grundberg, et les médiateurs omanais pourra au moins aboutir à la résolution des problèmes épineux qui entravent le renouvellement de la trêve. (Reuters)
La milice houthie, soutenue par l’Iran, et le gouvernement internationalement reconnu du Yémen espèrent que la navette diplomatique entre l’envoyé de l’ONU, Hans Grundberg, et les médiateurs omanais pourra au moins aboutir à la résolution des problèmes épineux qui entravent le renouvellement de la trêve. (Reuters)
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Publié le Mercredi 18 janvier 2023

Au Yémen, la trêve négociée par l’ONU suscite une vague d’optimisme

  • Les Houthis ont déclaré qu’ils ne prolongeraient pas la trêve et ne rouvriraient pas les autoroutes à Taïz sauf si le gouvernement yéménite paie les fonctionnaires dans l’ensemble du pays
  • Mohammed al-Salehi, rédacteur en chef du site Internet Marib Press, a mis en garde contre tout accord de paix qui légitimerait la prise de pouvoir militaire par les Houthis et leur permettrait de s’enrichir encore plus

AL-MOUKALLA: Les efforts diplomatiques actuellement déployés par les médiateurs régionaux et internationaux aboutiront-ils au renouvellement du cessez-le-feu négocié par l’ONU ou à la conclusion d’un accord de paix plus durable pour mettre fin au conflit? Face à cette question, les factions belligérantes du Yémen expriment un optimisme prudent. 

La milice houthie, soutenue par l’Iran, et le gouvernement internationalement reconnu du Yémen espèrent que la navette diplomatique entre l’envoyé de l’ONU, Hans Grundberg, et les médiateurs omanais pourra au moins aboutir à la résolution des problèmes épineux qui entravent le renouvellement de la trêve. Cela comprend la rémunération des agents de la fonction publique dans les zones contrôlées par les Houthis et la réouverture des routes dans la ville assiégée de Taïz et dans d’autres provinces. 

«Nous attendons l’envoyé, qui fera part de la position des Houthis. Il y a des signes de progrès depuis que le groupe a soumis sa proposition finale pour prolonger la trêve et étendre l’application de ses conditions», a déclaré à Arab News un responsable du gouvernement yéménite qui a préféré garder l’anonymat. 

Les dirigeants houthis de Sanaa ont rencontré les médiateurs omanais avant de quitter la capitale du Yémen. Ils ont exprimé le même espoir d’un règlement du conflit. 

Mehdi al-Machat, président du Conseil politique suprême des Houthis, a affirmé lundi que les propositions des Omanais étaient «positives». Elles concernent la rémunération des fonctionnaires dans les régions sous leur contrôle, l’exploitation complète de l’aéroport de Sanaa et du port de Hodeïda ainsi que l’échange de prisonniers. 

La rémunération des agents de la fonction publique dans les zones contrôlées par les Houthis et la réouverture des routes à Taïz sont les deux questions litigieuses qui ont contribué à l’effondrement de la trêve négociée par l’ONU en octobre, qui a menacé de raviver une guerre violente à l’échelle du pays. 

Les Houthis ont déclaré qu’ils ne prolongeraient pas la trêve et qu’ils ne rouvriraient pas les autoroutes à Taïz sauf si le gouvernement yéménite paie les fonctionnaires dans l’ensemble du pays en utilisant les revenus des ventes de pétrole et de gaz et qu’il assouplit les prétendues restrictions sur l’aéroport de Sanaa et le port de Hodeïda. 

Contrairement aux demandes des Houthis, le gouvernement a indiqué qu’il ne paierait que les employés de l’État dans les territoires houthis sur la base d’une paie révisée de 2014 qui n’incluait pas les combattants houthis ni les partisans du mouvement ajoutés au système de paie. 

Le responsable a déclaré que le gouvernement yéménite pourrait accorder davantage de concessions pour promouvoir la paix et atténuer le sort de la population de Taïz en proposant de rémunérer les fonctionnaires dans le territoire contrôlé par les Houthis, étant donné que l’Arabie saoudite couvrirait tout déficit. 

«Oui, nos frères saoudiens peuvent couvrir tout déficit en échange de la prolongation de la trêve. Le gouvernement n’a eu aucun problème à payer les salaires sur la base des déclarations de 2014. Le problème concerne toujours les processus de mise en œuvre de cet engagement», a-t-il indiqué. 

Lors de son exposé au Conseil de sécurité de l’ONU, lundi dernier, M. Grundberg s’est montré optimiste : selon lui, il est possible que les efforts diplomatiques se traduisent par un changement significatif dans l’évolution de la guerre civile. 

«Nous assistons actuellement à une intensification de l’activité diplomatique régionale et internationale pour résoudre le conflit au Yémen. Je tiens à réitérer ma reconnaissance envers les efforts de l’Arabie saoudite et d’Oman à cet égard. Nous observons un changement potentiel dans la trajectoire de ce conflit, qui dure depuis huit ans», a ajouté M. Grundberg. 

Mohammed al-Salehi, rédacteur en chef du site Internet Marib Press, met en garde contre tout accord de paix qui légitimerait la prise de pouvoir militaire par les Houthis et qui leur permettrait de s’enrichir encore plus compte tenu des violations répétées des accords par la milice. 

«Les problèmes existants doivent être fondamentalement résolus. M. Al-Houthi a remodelé la mentalité de la société yéménite, modifié le programme scolaire et endoctriné la prochaine génération au cours de ces longues années de conflit», a affirmé M. Al-Salehi, qui a appelé au désarmement de la milice et à sa transformation en une entité politique. «M. Al-Houthi doit participer à la politique en formant un parti.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Bateau pour Gaza: une initiative "irresponsable", selon Jean-Noël Barrot

Des militants à bord du Madleen, un bateau d'aide humanitaire à destination de Gaza, les mains en l'air, alors qu'ils sont interceptés par les forces israéliennes dans les eaux internationales avant d'atteindre le territoire palestinien de Gaza sous blocus. (AFP)
Des militants à bord du Madleen, un bateau d'aide humanitaire à destination de Gaza, les mains en l'air, alors qu'ils sont interceptés par les forces israéliennes dans les eaux internationales avant d'atteindre le territoire palestinien de Gaza sous blocus. (AFP)
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  • L'expédition de militants propalestiniens qui transportent de l'aide à destination de Gaza, est « irresponsable » et « ne peut contribuer en rien à résoudre la catastrophe humanitaire en cours », a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères.
  • Parmi les 18 militants figurent six Français, quatre Américains, deux Australiens, deux Espagnols, un Israélo-Américain, un Italien, une Norvégienne et un Tunisien.

PARIS : L'expédition de militants propalestiniens, dont deux élues de La France insoumise (LFI), qui transportent de l'aide à destination de Gaza, est « irresponsable » et « ne peut contribuer en rien à résoudre la catastrophe humanitaire en cours », a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

Le Handala, navire du mouvement « Flotille pour la liberté », a quitté le port sicilien de Syracuse le 13 juillet, soit un peu plus d'un mois après l'interception d'un précédent voilier, le Madleen, à bord duquel se trouvaient la militante écologiste Greta Thunberg et l'élue du parti de gauche radicale LFI, Rima Hassan.

Au total, 18 militants et trois journalistes se trouvent à bord du Handala, dont deux élues de La France insoumise (LFI) qui ont embarqué le 18 juillet sur le navire en escale à Gallipoli, dans le sud-est de l'Italie : l'eurodéputée Emma Fourreau et la députée Gabrielle Cathala, élue du Val-d'Oise.

Cette dernière a appelé dimanche ses abonnés sur les réseaux sociaux à interpeller Emmanuel Macron, Jean-Noël Barrot et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, pour qu'ils assurent leur sécurité. 

« Les conseils aux voyageurs s'appliquent à tous, y compris aux députés LFI. Se rendre à Gaza est dangereux, strictement déconseillé et ne peut en rien contribuer à résoudre la catastrophe humanitaire en cours sur place », a répondu M. Barrot sur X.

« Les équipes du ministère des Affaires étrangères, déjà très mobilisées, assureront comme toujours leur mission consulaire pour gérer au mieux les conséquences de cette initiative irresponsable », a-t-il ajouté.

L'expédition du Handala, financée par des campagnes de dons, a pour but d'apporter « une aide certes symbolique, mais c'est une mission humanitaire pacifique, et nous voulons garder les yeux rivés sur Gaza en cette période estivale », avait expliqué le 10 juillet à l'AFP Gabrielle Cathala.

Parmi les 18 militants figurent six Français, quatre Américains, deux Australiens, deux Espagnols, un Israélo-Américain, un Italien, une Norvégienne et un Tunisien, a déclaré l'élue. 

Dans la nuit du 8 au 9 juin, le voilier Madleen, avec à son bord douze militants français, allemands, brésiliens, turcs, suédois, espagnols et néerlandais, a été arraisonné par les forces israéliennes à environ 185 kilomètres à l'ouest de la côte de Gaza. Ils avaient ensuite été expulsés, certains après avoir été brièvement détenus.

Israël, dont l'offensive sur Gaza a débuté le lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas, le 7 octobre 2023, a imposé un blocus humanitaire au territoire palestinien début mars. Ce blocus provoque de très graves pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres biens de première nécessité, et n'a été que partiellement assoupli.


Gaza: l'armée israélienne étend ses opérations terrestres au centre du territoire

Des hommes font des gestes alors qu'ils roulent ensemble à l'arrière d'un tricycle le long de la route Salaheddin à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 21 juillet 2025. (Photo par Eyad BABA / AFP)
Des hommes font des gestes alors qu'ils roulent ensemble à l'arrière d'un tricycle le long de la route Salaheddin à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 21 juillet 2025. (Photo par Eyad BABA / AFP)
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  • La Défense civile de la bande de Gaza et des témoins ont fait état, lundi, de tirs d'artillerie sur Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, au lendemain d'un appel israélien à évacuer la zone.
  • Des familles entières ont alors pris la route, transportant leurs affaires à bout de bras ou sur des charrettes tirées par des ânes, en direction du sud,

GAZA, TERRITOIRES PALESTINIENS : La Défense civile de la bande de Gaza et des témoins ont fait état, lundi, de tirs d'artillerie sur Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, au lendemain d'un appel israélien à évacuer la zone.

L'armée israélienne avait annoncé lundi qu'elle allait étendre ses opérations militaires dans cette zone, y compris « dans une zone où elle n'était jamais intervenue auparavant » depuis le début de la guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, il y a plus de 21 mois, sommant les habitants d'évacuer les lieux.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), entre 50 000 et 80 000 personnes se trouvaient dans cette zone.

Des familles entières ont alors pris la route, transportant leurs affaires à bout de bras ou sur des charrettes tirées par des ânes, en direction du sud, selon des correspondants de l'AFP sur place.

« Pendant la nuit, nous avons entendu des explosions énormes », témoigne Abdallah Abou Slim, un habitant de 48 ans, faisant état de tirs d'artillerie.

« Nous avons peur que l'armée israélienne prépare une opération terrestre à Deir al-Balah et dans les camps du centre de la bande de Gaza, où s'entassent des centaines de milliers de déplacés », a-t-il poursuivi.

Hamdi Abou Moughsib, âgé de 50 ans, a déclaré à l'AFP qu'il avait fui avec sa famille dès l'aube, quittant leur tente installée au sud de Deir al-Balah, après une nuit de bombardements intenses.

« Nous avons vu des chars avancer sur plus d'un kilomètre depuis Khan Younès (sud) en direction du sud-est de Deir al-Balah », a-t-il dit.

« Il n'y a aucun endroit sûr dans la bande de Gaza », note-t-il. « Je ne sais pas où nous pouvons aller. »

« Nous avons reçu des appels de familles assiégées dans la zone de Baraka, à Deir al-Balah, à cause des tirs de chars israéliens », a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile de Gaza.

« Il y a plusieurs blessés, mais personne ne peut accéder à la zone pour les évacuer », a-t-il ajouté.

Mai Elawawda, responsable de la communication à Gaza pour l'ONG médicale britannique Medical Aid for Palestinians, a qualifié la situation d'« extrêmement critique ».

« Les bombardements ont lieu tout autour de notre bureau et les véhicules militaires se trouvent à seulement 400 mètres de nos collègues et de leurs familles », a-t-elle déclaré, ajoutant que « tout le monde est en train d'évacuer, la plupart sans savoir où aller ».

Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas souhaité commenter dans l'immédiat.


En Syrie, le cessez-le-feu tient et des civils sont évacués de Soueida

Des membres de la communauté bédouine évacués voyagent à l'arrière d'un camion qui s'arrête à un poste de contrôle de sécurité à Taarah, dans la province de Sweida, au sud de la Syrie, sur le chemin de Daraa, le 21 juillet 2025. (Photo de Rami al SAYED / AFP)
Des membres de la communauté bédouine évacués voyagent à l'arrière d'un camion qui s'arrête à un poste de contrôle de sécurité à Taarah, dans la province de Sweida, au sud de la Syrie, sur le chemin de Daraa, le 21 juillet 2025. (Photo de Rami al SAYED / AFP)
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  • Ces violences, survenues après le massacre de centaines de membres de la communauté alaouite en mars, fragilisent encore davantage le pouvoir islamiste d'Ahmad al-Chareh.
  • Le cessez-le-feu, annoncé samedi par les autorités, est entré en vigueur dimanche, après le retrait des combattants bédouins et des tribus sunnites d'une partie de la ville de Soueida, dont les groupes druzes ont repris le contrôle.

SOUEIDA, SYRIE :  Les autorités syriennes ont évacué lundi des familles bédouines de la ville de Soueida, à majorité druze, à la faveur d'un cessez-le-feu qui a mis un terme à des affrontements intercommunautaires ayant fait plus de 1 100 morts en une semaine, selon une ONG.

Ces violences, survenues après le massacre de centaines de membres de la communauté alaouite en mars, fragilisent encore davantage le pouvoir islamiste d'Ahmad al-Chareh, qui s'était pourtant engagé à protéger les minorités dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile.

Le cessez-le-feu, annoncé samedi par les autorités, est entré en vigueur dimanche, après le retrait des combattants bédouins et des tribus sunnites d'une partie de la ville de Soueida, dont les groupes druzes ont repris le contrôle.

La trêve était globalement respectée lundi, à l'exception de tirs signalés dans des localités au nord de Soueida, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Un correspondant de l'AFP posté aux abords de Soueida a vu des civils, dont des femmes et des enfants, évacués de la ville à bord de cars affrétés par les autorités et de véhicules privés.

Selon l'agence officielle Sana, 1 500 personnes appartenant à des tribus bédouines doivent être évacuées.

Les forces de sécurité ont érigé des barricades de sable aux entrées ouest et sud de la ville, selon le correspondant de l'AFP.

Derrière ces barricades, des membres des forces de sécurité circulent tandis que des combattants des tribus sunnites, équipés de mitraillettes, sont assis sous les arbres bordant la route. 

- Corps non identifiés

Des affrontements ont éclaté le 13 juillet entre des groupes druzes et des Bédouins sunnites, avant l'intervention des forces de sécurité et de combattants de tribus venues d'autres régions de Syrie, qui ont pris le parti des Bédouins, selon des ONG et des témoins.

Les deux parties ont été accusées par des ONG et des témoins d'avoir commis des exactions massives, dont des exécutions sommaires, principalement à l'encontre de druzes.

Lundi, des dizaines de cadavres attendaient d'être identifiés à l'hôpital principal de Soueida, où flottait une odeur de mort, tandis que des corps étaient encore collectés dans les rues et les maisons de la ville.

« Nous avons remis 361 corps à des membres de leur famille, mais nous en avons 97 autres non identifiés », a déclaré à l'AFP un responsable de la morgue.

Dimanche, un premier convoi d'aide humanitaire, chargé de vivres, de matériel médical, de carburant et de sacs mortuaires, est entré dans la ville de quelque 150 000 habitants, privée d'eau et d'électricité, et où la nourriture commençait à manquer.

- 128 000 déplacés 

Samedi, des combattants tribaux sont entrés dans l'ouest de la ville. Un correspondant de l'AFP a vu des dizaines de maisons et de voitures brûler, ainsi que des hommes armés mettre le feu à des magasins après les avoir pillés.

« Porcs de druzes », « Nous venons vous égorger », peut-on lire sur les murs.

L'annonce du cessez-le-feu est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël, qui affirme vouloir protéger les Druzes.

Cet accord a permis le déploiement des forces gouvernementales dans la province, mais pas dans la ville de Soueida même, ce que refusait jusqu'alors Israël.

Israël, qui abrite une minorité druze, avait bombardé la semaine dernière le palais présidentiel et le quartier général de l'armée syrienne à Damas, ainsi que des positions des forces gouvernementales à Soueida, afin de les contraindre à quitter la région.

Selon l'OSDH, les violences ont fait plus de 1 100 morts, dont 427 combattants et 298 civils druzes, dont 194 « exécutés sommairement » par les forces gouvernementales. Dans l'autre camp, 354 membres des forces gouvernementales et 21 Bédouins ont été tués.

Près de 128 000 personnes ont été déplacées par les violences, d'après l'Organisation internationale pour les migrations.

La communauté druze de Syrie, présente principalement à Soueida, comptait avant la guerre civile quelque 700 000 personnes. Mais en raison de la vague d'émigration massive provoquée par le conflit, ils ne seraient plus que 600 000 aujourd'hui.