PARIS: Donner aux entreprises "des preuves d'amour": les ministres de Bercy ont réuni lundi les principales organisations patronales lors d'un "conseil des entreprises", le troisième depuis avril, désireux de leur assurer de la "prévisibilité" dans un environnement politiquement et commercialement "instable".
Les ministres Eric Lombard (Economie), Amélie de Montchalin (Comptes publics), Marc Ferracci (Industrie et Energie) et Véronique Louwagie (Commerce et PME) se sont entretenus avec les patrons et représentants du Medef, de l'Afep, de la CPME, de l'U2P sur le projet de budget 2026, les droits de douane américains, la compétitivité européenne et le chantier de simplification.
Ce "conseil des entreprises", nouvel outil de dialogue qui s'était réuni pour la première fois en avril, "nous permet de dialoguer avec les représentants des entreprises dans un moment difficile pour notre économie", a déclaré Eric Lombard, avant le début de la réunion.
Il a évoqué "une concurrence très forte de l'ensemble des pays", notamment des Etats-Unis et de la Chine, et des négociations "difficiles" de l'Union européenne avec Washington, qui menace d'imposer au bloc des droits de douane de 30% le 1er août.
"C'est la raison pour laquelle, dans le budget que le Premier ministre a présenté la semaine dernière, c'est absolument essentiel de protéger les entreprises, de ne pas augmenter la fiscalité, de ne pas augmenter les charges qui pèsent sur elles. Parce que la compétitivité, c'est la meilleure façon de développer notre économie, de continuer à créer des emplois et à protéger l'avenir", a argumenté Eric Lombard.
Le Premier ministre François Bayrou a dévoilé, le 15 juillet, un plan de redressement des finances publiques prévoyant un effort budgétaire de 43,8 milliards d'euros en 2026 pour réduire le déficit public.
Ce projet de budget, s'il est adopté au Parlement, envisage un gel des prestations sociales, des retraites et des dépenses budgétaires hors Défense. Instaurée de manière exceptionnelle en 2025, une surtaxe sur l'impôt sur les sociétés n'est pas reconduite.
"Le premier moteur de la croissance, ce sont les entreprises. Dans un monde qui est particulièrement instable (...), nous devons garantir cette croissance. Pas seulement dire aux entreprises qu'on les aime, mais bien leur donner des preuves d'amour", a déclaré Amélie de Montchalin.
"Ces preuves, c'est la stabilité que nous pouvons leur offrir. C'est les conditions d'investissement que nous pouvons leur garantir. C'est aussi de travailler sur leurs conditions de financement", a-t-elle ajouté, estimant "essentiel" de leur apporter "de la prévisibilité" dans le prochain budget.
Alors que les syndicats seront à leur tour reçus à Bercy mardi, le ministre de l'Industrie Marc Ferracci réunira de son côté un Conseil national de l’industrie (CNI) "exceptionnel" face aux incertitudes créées par les menaces de surtaxes douanières américaines.
Au niveau européen, "ce dont on a besoin, c'est de sortir de la naïveté (commerciale), c'est-à-dire de mieux protéger nos industriels" des secteurs de l'acier et de la chimie notamment, "et en particulier de mettre en place ce qu'on appelle des clauses de sauvegarde, c'est-à-dire des quotas d'importation", a-t-il déclaré.
Eric Lombard a pour sa part rappelé que "si nous ne parvenons pas à un accord équilibré avec les Etats-Unis d'Amérique, nous nous réservons le droit de prendre des contre-mesures, équilibrées naturellement, mais visant à faire prévaloir l'intérêt de l'Union européenne".