Une famille veut poursuivre le Liban en justice pour l’emprisonnement du père décédé

Trois des quatre filles d'Amer Fakhoury se sont réunies le 5 novembre 2019 à Salem. Les Fakhoury tentent de poursuivre le Liban en justice, ainsi que l'Iran, alléguant des mauvais traitements infligés à leur père. (Photo, AP)
Trois des quatre filles d'Amer Fakhoury se sont réunies le 5 novembre 2019 à Salem. Les Fakhoury tentent de poursuivre le Liban en justice, ainsi que l'Iran, alléguant des mauvais traitements infligés à leur père. (Photo, AP)
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Publié le Jeudi 20 janvier 2022

Une famille veut poursuivre le Liban en justice pour l’emprisonnement du père décédé

  • Le père de famille aurait souffert de problèmes médicaux graves alors qu'il avait été emprisonné lors d'une visite effectuée au Liban
  • L'avocat des Fakhoury, Robert Tolchin, a demandé à un juge l'autorisation de poursuivre officiellement le Liban et l'Iran

CONCORD: Les enfants d'un Libano-Américain, qui ont déposé une plainte ambitieuse l'année dernière alléguant que la Sûreté générale libanaise avait kidnappé et torturé leur père avant sa mort aux États-Unis, espèrent atteindre une issue favorable. L'organisme de sécurité visé a récemment été entendu par un tribunal américain.
Amer Fakhoury est décédé aux États-Unis en août 2020 à l'âge de 57 ans, après avoir souffert d'un lymphome de stade 4. Selon le procès intenté par sa famille, il aurait souffert de problèmes médicaux graves alors qu'il était emprisonné lors d'une visite effectuée au Liban, pour des accusations de meurtre et de torture vieilles de plusieurs décennies, qu'il a niées.
La détention de Fakhoury en 2019 et sa libération en 2020 ont marqué une nouvelle tension dans les relations entre les États-Unis et le Liban, pays en proie à l'une des pires catastrophes économiques au monde, pris en étau dans les tensions régnant entre Washington et l'Iran.
Des avocats de la Sûreté générale, ont récemment demandé à intervenir dans le procès, afin que soient levées les allégations portées contre l'organisme. Le Liban n’a pas été désigné comme défendeur dans le procès qui vise l'Iran.
La Sûreté générale et son directeur affirment être accusés à tort de «crimes graves d'enlèvement, de torture et de meurtre sous la direction ou avec l'aide d'organisations terroristes présumées».
L'avocat des Fakhoury, Robert Tolchin, a quant à lui demandé à un juge l'autorisation de poursuivre officiellement le Liban et l'Iran. Il a qualifié l'action du Liban au niveau de la réponse de la famille de «requête très étrange et inhabituelle déposée par une partie non prenante».
L’action en justice de la famille intentée à Washington en mai a d'abord fait valoir qu'il était possible de poursuivre l'Iran en vertu d'une exception à la Foreign Sovereign Immunities Act (loi sur l’'immunité souveraine des États étrangers), du fait que l’Iran soit désigné depuis 1984 comme un «État parrainant le terrorisme». Au procès, le Hezbollah, force politique et milice dominante au Liban, a également été qualifié d'«instrument» de l'Iran.
Téhéran n'a pour le moment pas réagi aux développements du procès. Le régime iranien a pour habitude d'ignorer les plaintes déposées à son encontre devant les tribunaux américains, que ce soit à la suite de la révolution islamique de 1979 ou de la crise des otages à l'ambassade des États-Unis. La mission iranienne auprès des Nations unies n'a pas non plus souhaité faire de commentaires.
De précédentes poursuites contre l'Iran ont cependant remporté des compensations financières, bien que le fait de toucher ce paiement puisse s’avérer compliqué. Toute compensation pourrait provenir du United States Victims of State Sponsored Terrorism Fund, qui distribue des fonds aux personnes détenues et/ou touchées par la crise des otages.
En ce qui concerne le Liban, Tolchin a déclaré que le procès des Fakhoury n'aurait aucun poids sans les allégations contre la Sûreté générale.
«Nous interprétons cela comme une renonciation à l'immunité souveraine», a-t-il déclaré à l'Associated Press (AP) à propos de la demande de la Sûreté générale. «Vous ne pouvez demander réparation sur le fond et en même temps prétendre être immunisé.»
Dans une déclaration communiquée à l'AP, David Lin, avocat de la Sûreté générale, a précisé que la position des Fakhoury selon laquelle «le Liban ou notre client ait en quelque sorte renoncé à l'immunité souveraine en cherchant à supprimer des éléments sans fondement de la plainte est incompréhensible et erronée en matière de droit».
Un juge a repoussé le délai imparti aux avocats représentant la Sûreté générale pour répondre à la demande des Fakhoury d’aller en justice avant le 26 janvier.
Mary Ellen O'Connell, professeur à la Notre Dame Law School, a déclaré qu'il serait probablement difficile d'intenter une action contre le Liban, qui n'est pas désigné comme «État parrainant le terrorisme».
«Il sera difficile de poursuivre en justice le Liban, du fait qu’il ne se trouve pas sur cette liste, contrairement à l'Iran», a-t-elle précisé.
O'Connell a également indiqué que la décision du Liban de rejeter les allégations «n'est généralement pas considérée par les tribunaux comme une renonciation» à l'immunité souveraine.
Fakhoury a été arrêté au Liban en septembre 2019, peu de temps après qu'il ait obtenu la nationalité américaine. Il s'était rendu dans son pays d'origine qu'il retrouvait pour la première fois en près de vingt ans. Une semaine après son arrivée, il été emprisonné et son passeport saisi, a raconté sa famille.
La veille de son arrestation, un journal proche du Hezbollah, groupe chiite soutenu par l'Iran, a publié un article l'accusant d'avoir joué un rôle dans la torture et le meurtre de détenus dans une prison dirigée par une milice libanaise soutenue par Israël pendant l'occupation israélienne du Liban, il y a deux décennies. Fakhoury était alors membre de l'Armée du Liban-Sud.
L'article le qualifiait de «boucher» du Centre de détention de Khiam, affirmant qu'il était connu pour ses violations des droits humains. La famille de Fakhoury a affirmé qu'il avait travaillé à la prison en tant que membre de la milice, mais qu'il avait peu de contacts avec les détenus. Lorsqu'Israël s'est retiré du Liban en 2000, Fakhoury a quitté le pays comme de nombreux autres membres de la milice qui craignaient des représailles.
À son retour au Liban en 2019, Fakhoury a été détenu pendant cinq mois avant d'être officiellement inculpé, a déclaré sa famille. À ce moment-là, il avait perdu une trentaine de kilos, souffrait d'un lymphome, et avait des fractures aux côtes, entre autres problèmes de santé graves, ont-ils précisé.
Dans sa demande d'intervention, la Sûreté générale a affirmé que Fakhoury n'avait pas été kidnappé, mais avait été «légalement détenu» à des fins d'enquête, puis «remis» à une autre institution chargée de poursuivre les crimes présumés. Elle a qualifié les allégations de «scandaleuses, irrespectueuses et préjudiciables».
Les accusations de la famille prétendent que les agents de sécurité auraient obligé Fakhoury à les regarder battre des prisonniers et l'ont gardé isolé dans une salle d'interrogatoire, où il a subi des violences verbales et physiques, avec un sac noir sur la tête. Fakhoury aurait également été menacé d'exécution s'il ne signait pas une déclaration affirmant qu'il était coupable des accusations mentionnées dans l'article du journal.
Finalement, la Cour suprême libanaise a abandonné les charges retenues contre Fakhoury. Il a été renvoyé aux États-Unis le 19 mars 2020 à bord d'un avion Osprey du corps des marines des États-Unis. Il est décédé cinq mois plus tard.
Le procès a également lié la mise en liberté finale de Fakhoury à la décision du gouvernement américain en juin 2020 de libérer Kassim Tajideen, un homme d'affaires libanais condamné à cinq ans de prison pour avoir fourni des millions de dollars au Hezbollah.
Le procès des Fakhoury a qualifié ceci d'«échange de prisonniers». Cependant, l'avocat de Tajideen et le Département d'État américain à cette période ont nié que c’était le cas.
Fakhoury est arrivé aux États-Unis pour la première fois en 2001. Il a ouvert un restaurant à Dover, dans le New Hampshire, avec sa femme, et a envoyé leurs quatre filles à l'université. Selon sa famille, le Liban était toujours sa patrie, même si d'autres membres de la milice à laquelle il appartenait avaient été pris pour cible dans les années qui ont suivi la guerre.
Dès 2018, Fakhoury avait demandé au Département d'État américain et au gouvernement libanais l'assurance de pouvoir se rendre librement au Liban. Il n'avait connaissance d'aucune accusation ou affaire juridique au Liban susceptible d'interférer avec son retour, a soutenu sa famille.
Après sa mort, les Fakhoury ont créé une fondation portant son nom, consacrée à l’aide aux familles des otages.
«Ce n'est pas seulement un combat pour nous», a déclaré Guila Fakhoury, l'aînée des quatre filles de Fakhoury, dans une interview sur le procès. «C'est un combat pour notre père et un combat pour chaque Américain détenu illégalement, et pour chaque personne détenue illégalement.»
L’action en justice demande des dommages et intérêts, ainsi qu’un procès devant un jury.
«Je sais que mon père ne reposera pas en paix tant que justice n’aura pas été rendue pour ce qu’il a subi», a déclaré Fakhoury.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Bateau pour Gaza: une initiative "irresponsable", selon Jean-Noël Barrot

Des militants à bord du Madleen, un bateau d'aide humanitaire à destination de Gaza, les mains en l'air, alors qu'ils sont interceptés par les forces israéliennes dans les eaux internationales avant d'atteindre le territoire palestinien de Gaza sous blocus. (AFP)
Des militants à bord du Madleen, un bateau d'aide humanitaire à destination de Gaza, les mains en l'air, alors qu'ils sont interceptés par les forces israéliennes dans les eaux internationales avant d'atteindre le territoire palestinien de Gaza sous blocus. (AFP)
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  • L'expédition de militants propalestiniens qui transportent de l'aide à destination de Gaza, est « irresponsable » et « ne peut contribuer en rien à résoudre la catastrophe humanitaire en cours », a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères.
  • Parmi les 18 militants figurent six Français, quatre Américains, deux Australiens, deux Espagnols, un Israélo-Américain, un Italien, une Norvégienne et un Tunisien.

PARIS : L'expédition de militants propalestiniens, dont deux élues de La France insoumise (LFI), qui transportent de l'aide à destination de Gaza, est « irresponsable » et « ne peut contribuer en rien à résoudre la catastrophe humanitaire en cours », a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

Le Handala, navire du mouvement « Flotille pour la liberté », a quitté le port sicilien de Syracuse le 13 juillet, soit un peu plus d'un mois après l'interception d'un précédent voilier, le Madleen, à bord duquel se trouvaient la militante écologiste Greta Thunberg et l'élue du parti de gauche radicale LFI, Rima Hassan.

Au total, 18 militants et trois journalistes se trouvent à bord du Handala, dont deux élues de La France insoumise (LFI) qui ont embarqué le 18 juillet sur le navire en escale à Gallipoli, dans le sud-est de l'Italie : l'eurodéputée Emma Fourreau et la députée Gabrielle Cathala, élue du Val-d'Oise.

Cette dernière a appelé dimanche ses abonnés sur les réseaux sociaux à interpeller Emmanuel Macron, Jean-Noël Barrot et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, pour qu'ils assurent leur sécurité. 

« Les conseils aux voyageurs s'appliquent à tous, y compris aux députés LFI. Se rendre à Gaza est dangereux, strictement déconseillé et ne peut en rien contribuer à résoudre la catastrophe humanitaire en cours sur place », a répondu M. Barrot sur X.

« Les équipes du ministère des Affaires étrangères, déjà très mobilisées, assureront comme toujours leur mission consulaire pour gérer au mieux les conséquences de cette initiative irresponsable », a-t-il ajouté.

L'expédition du Handala, financée par des campagnes de dons, a pour but d'apporter « une aide certes symbolique, mais c'est une mission humanitaire pacifique, et nous voulons garder les yeux rivés sur Gaza en cette période estivale », avait expliqué le 10 juillet à l'AFP Gabrielle Cathala.

Parmi les 18 militants figurent six Français, quatre Américains, deux Australiens, deux Espagnols, un Israélo-Américain, un Italien, une Norvégienne et un Tunisien, a déclaré l'élue. 

Dans la nuit du 8 au 9 juin, le voilier Madleen, avec à son bord douze militants français, allemands, brésiliens, turcs, suédois, espagnols et néerlandais, a été arraisonné par les forces israéliennes à environ 185 kilomètres à l'ouest de la côte de Gaza. Ils avaient ensuite été expulsés, certains après avoir été brièvement détenus.

Israël, dont l'offensive sur Gaza a débuté le lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas, le 7 octobre 2023, a imposé un blocus humanitaire au territoire palestinien début mars. Ce blocus provoque de très graves pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres biens de première nécessité, et n'a été que partiellement assoupli.


Gaza: l'armée israélienne étend ses opérations terrestres au centre du territoire

Des hommes font des gestes alors qu'ils roulent ensemble à l'arrière d'un tricycle le long de la route Salaheddin à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 21 juillet 2025. (Photo par Eyad BABA / AFP)
Des hommes font des gestes alors qu'ils roulent ensemble à l'arrière d'un tricycle le long de la route Salaheddin à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 21 juillet 2025. (Photo par Eyad BABA / AFP)
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  • La Défense civile de la bande de Gaza et des témoins ont fait état, lundi, de tirs d'artillerie sur Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, au lendemain d'un appel israélien à évacuer la zone.
  • Des familles entières ont alors pris la route, transportant leurs affaires à bout de bras ou sur des charrettes tirées par des ânes, en direction du sud,

GAZA, TERRITOIRES PALESTINIENS : La Défense civile de la bande de Gaza et des témoins ont fait état, lundi, de tirs d'artillerie sur Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, au lendemain d'un appel israélien à évacuer la zone.

L'armée israélienne avait annoncé lundi qu'elle allait étendre ses opérations militaires dans cette zone, y compris « dans une zone où elle n'était jamais intervenue auparavant » depuis le début de la guerre contre le mouvement islamiste palestinien Hamas, il y a plus de 21 mois, sommant les habitants d'évacuer les lieux.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), entre 50 000 et 80 000 personnes se trouvaient dans cette zone.

Des familles entières ont alors pris la route, transportant leurs affaires à bout de bras ou sur des charrettes tirées par des ânes, en direction du sud, selon des correspondants de l'AFP sur place.

« Pendant la nuit, nous avons entendu des explosions énormes », témoigne Abdallah Abou Slim, un habitant de 48 ans, faisant état de tirs d'artillerie.

« Nous avons peur que l'armée israélienne prépare une opération terrestre à Deir al-Balah et dans les camps du centre de la bande de Gaza, où s'entassent des centaines de milliers de déplacés », a-t-il poursuivi.

Hamdi Abou Moughsib, âgé de 50 ans, a déclaré à l'AFP qu'il avait fui avec sa famille dès l'aube, quittant leur tente installée au sud de Deir al-Balah, après une nuit de bombardements intenses.

« Nous avons vu des chars avancer sur plus d'un kilomètre depuis Khan Younès (sud) en direction du sud-est de Deir al-Balah », a-t-il dit.

« Il n'y a aucun endroit sûr dans la bande de Gaza », note-t-il. « Je ne sais pas où nous pouvons aller. »

« Nous avons reçu des appels de familles assiégées dans la zone de Baraka, à Deir al-Balah, à cause des tirs de chars israéliens », a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile de Gaza.

« Il y a plusieurs blessés, mais personne ne peut accéder à la zone pour les évacuer », a-t-il ajouté.

Mai Elawawda, responsable de la communication à Gaza pour l'ONG médicale britannique Medical Aid for Palestinians, a qualifié la situation d'« extrêmement critique ».

« Les bombardements ont lieu tout autour de notre bureau et les véhicules militaires se trouvent à seulement 400 mètres de nos collègues et de leurs familles », a-t-elle déclaré, ajoutant que « tout le monde est en train d'évacuer, la plupart sans savoir où aller ».

Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas souhaité commenter dans l'immédiat.


En Syrie, le cessez-le-feu tient et des civils sont évacués de Soueida

Des membres de la communauté bédouine évacués voyagent à l'arrière d'un camion qui s'arrête à un poste de contrôle de sécurité à Taarah, dans la province de Sweida, au sud de la Syrie, sur le chemin de Daraa, le 21 juillet 2025. (Photo de Rami al SAYED / AFP)
Des membres de la communauté bédouine évacués voyagent à l'arrière d'un camion qui s'arrête à un poste de contrôle de sécurité à Taarah, dans la province de Sweida, au sud de la Syrie, sur le chemin de Daraa, le 21 juillet 2025. (Photo de Rami al SAYED / AFP)
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  • Ces violences, survenues après le massacre de centaines de membres de la communauté alaouite en mars, fragilisent encore davantage le pouvoir islamiste d'Ahmad al-Chareh.
  • Le cessez-le-feu, annoncé samedi par les autorités, est entré en vigueur dimanche, après le retrait des combattants bédouins et des tribus sunnites d'une partie de la ville de Soueida, dont les groupes druzes ont repris le contrôle.

SOUEIDA, SYRIE :  Les autorités syriennes ont évacué lundi des familles bédouines de la ville de Soueida, à majorité druze, à la faveur d'un cessez-le-feu qui a mis un terme à des affrontements intercommunautaires ayant fait plus de 1 100 morts en une semaine, selon une ONG.

Ces violences, survenues après le massacre de centaines de membres de la communauté alaouite en mars, fragilisent encore davantage le pouvoir islamiste d'Ahmad al-Chareh, qui s'était pourtant engagé à protéger les minorités dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile.

Le cessez-le-feu, annoncé samedi par les autorités, est entré en vigueur dimanche, après le retrait des combattants bédouins et des tribus sunnites d'une partie de la ville de Soueida, dont les groupes druzes ont repris le contrôle.

La trêve était globalement respectée lundi, à l'exception de tirs signalés dans des localités au nord de Soueida, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Un correspondant de l'AFP posté aux abords de Soueida a vu des civils, dont des femmes et des enfants, évacués de la ville à bord de cars affrétés par les autorités et de véhicules privés.

Selon l'agence officielle Sana, 1 500 personnes appartenant à des tribus bédouines doivent être évacuées.

Les forces de sécurité ont érigé des barricades de sable aux entrées ouest et sud de la ville, selon le correspondant de l'AFP.

Derrière ces barricades, des membres des forces de sécurité circulent tandis que des combattants des tribus sunnites, équipés de mitraillettes, sont assis sous les arbres bordant la route. 

- Corps non identifiés

Des affrontements ont éclaté le 13 juillet entre des groupes druzes et des Bédouins sunnites, avant l'intervention des forces de sécurité et de combattants de tribus venues d'autres régions de Syrie, qui ont pris le parti des Bédouins, selon des ONG et des témoins.

Les deux parties ont été accusées par des ONG et des témoins d'avoir commis des exactions massives, dont des exécutions sommaires, principalement à l'encontre de druzes.

Lundi, des dizaines de cadavres attendaient d'être identifiés à l'hôpital principal de Soueida, où flottait une odeur de mort, tandis que des corps étaient encore collectés dans les rues et les maisons de la ville.

« Nous avons remis 361 corps à des membres de leur famille, mais nous en avons 97 autres non identifiés », a déclaré à l'AFP un responsable de la morgue.

Dimanche, un premier convoi d'aide humanitaire, chargé de vivres, de matériel médical, de carburant et de sacs mortuaires, est entré dans la ville de quelque 150 000 habitants, privée d'eau et d'électricité, et où la nourriture commençait à manquer.

- 128 000 déplacés 

Samedi, des combattants tribaux sont entrés dans l'ouest de la ville. Un correspondant de l'AFP a vu des dizaines de maisons et de voitures brûler, ainsi que des hommes armés mettre le feu à des magasins après les avoir pillés.

« Porcs de druzes », « Nous venons vous égorger », peut-on lire sur les murs.

L'annonce du cessez-le-feu est intervenue quelques heures après une déclaration de Washington affirmant avoir négocié une trêve entre la Syrie et Israël, qui affirme vouloir protéger les Druzes.

Cet accord a permis le déploiement des forces gouvernementales dans la province, mais pas dans la ville de Soueida même, ce que refusait jusqu'alors Israël.

Israël, qui abrite une minorité druze, avait bombardé la semaine dernière le palais présidentiel et le quartier général de l'armée syrienne à Damas, ainsi que des positions des forces gouvernementales à Soueida, afin de les contraindre à quitter la région.

Selon l'OSDH, les violences ont fait plus de 1 100 morts, dont 427 combattants et 298 civils druzes, dont 194 « exécutés sommairement » par les forces gouvernementales. Dans l'autre camp, 354 membres des forces gouvernementales et 21 Bédouins ont été tués.

Près de 128 000 personnes ont été déplacées par les violences, d'après l'Organisation internationale pour les migrations.

La communauté druze de Syrie, présente principalement à Soueida, comptait avant la guerre civile quelque 700 000 personnes. Mais en raison de la vague d'émigration massive provoquée par le conflit, ils ne seraient plus que 600 000 aujourd'hui.